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5 articles taggés Éditions Grasset

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FICHE LECTURE : Le cerf-volant

FICHE LECTURE : Le cerf-volant
• AUTRICE : Lætitia Colombani.
• ANNÉE : 2021 (FRANCE).
• GENRE (S) : Contemporain.
• THÈMES : Inde - France - Destin de femme - Reconstruction - Redécouverte de soi - Drame - Deuil - Résilience - Amour - Amitié - Courage - Education - Volonté - Rêves - Espoir - Famille - Enfance - Innocence - Traditions - Mariages arrangés - Précarité - Solidarité - Générosité - Bienveillance - Combativité - Renaissance...
• PAGES : 224.

Ma chronique de La Tresse : ici.
Ma chronique des Victorieuses : ici.

Brisée par un drame personnel, Léna abandonne la France et son poste d'enseignante pour partir en Inde, au bord du golfe du Bengale. Un matin, alors qu'elle nage dans l'océan, elle manque de se noyer. Une petite fille qui jouait au cerf-volant court chercher de l'aide.
Comment la remercier ? Agée de dix ans, la petite travaille dans un restaurant et ne sait ni lire, ni écrire. Entourée d'un groupe de filles du village et de leur cheffe, la tumultueuse Preeti, Léna se lance dans un incroyable projet : fonder une école pour tous les enfants du quartier qui en sont privés.
Au c½ur d'une Inde tourmentée commence une aventure où se mêlent l'espoir et les désillusions, la volonté face aux traditions, et le rêve de changer la vie par l'éducation.

ஜ MON AVIS :

Coucou mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour ma chronique du Cerf-Volant, la dernière petite pépite contemporaine signée par Laëtitia Colombani. Je remercie infiniment les éditions Grasset pour ce merveilleux envoi !

Dès que j'ai appris qu'un nouvel ouvrage de Laëtitia Colombani allait paraître, je n'ai pas hésité une seconde : il me le fallait absolument entre les mains, j'en avais pour ainsi dire un besoin presque vital. Ayant déjà dévoré et été complètement chamboulée par les deux précédents titres de l'autrice, je savais d'ores et déjà que Le cerf-volant n'allait lui non plus pas me laisser de marbre, qu'il allait au contraire provoquer en moi un véritable raz-de-marée - tsunami, ouragan, appelez cela comme vous le souhaitez, et ça n'a effectivement pas loupé.

Laëtitia Colombani a en effet à chaque fois l'art et la manière de déclencher en mon fort intérieur un maelström d'émotions extrêmement intenses qui me laissent en fin de lecture toujours lessivée mais aussi pleinement rassasiée.

Rassasiée de quoi, me direz-vous ? Rassasiée d'humanité, d'amour inconditionnel pour mes semblables, rassasiée de détermination, revigorée de cette énergie miraculeuse dont seule l'autrice sait invariablement me recharger pour mieux arpenter mon chemin et allumer mon propre feu de Bengale. Une fois n'est pas coutume, je me suis profondément retrouvée dans ce récit empreint de souffrance mais aussi de joie et d'abnégation qui défend avec toujours autant de justesse et de sincérité brute mais aussi d'une douce et touchante pudeur des valeurs qui me sont chères et qui devraient nous être à tous fondamentales : la solidarité, l'entraide, le partage des ressources matérielles et spirituelles, l'accès à l'éducation à tous et toutes quelque soit notre sexe, notre couleur de peau ou notre extraction sociale ; pour que chacun puisse mener sa barque comme il l'entend et changer le monde à sa façon, le rendre plus beau grâce à sa propre existence et ce qu'il a décidé d'en faire.

Enfin, ce roman m'a bouleversée outre mesure de par la magnifique connexion qui se tresse, c'est le cas de le dire, entre lui et La tresse, premier écrit de l'autrice juste magistrale et à la popularité largement méritée. Cela peut vous sembler idiot mais je n'avais pas forcément fait le rapprochement entre les deux titres au départ. Je m'étais jetée les yeux fermés dans la lecture du Cerf-volant en faisant l'impasse sur ce détail pourtant essentiel. Laissez-moi vous dire qu'une fois que je me suis rendue compte du lien entre les deux ½uvres, cela a été pour moi un authentique enchantement autant qu'une douloureuse blessure qui se réouvre. Je ne vous dirai pas en quoi Le cerf-volant et La tresse se rejoignent, ce sera à vous de le découvrir par vous-même.

Vous l'aurez compris sans doute, ce voyage inoubliable au large du golfe du Bengale valait amplement le détour à mes yeux, même s'il aura réouvert d'anciennes blessures issues de mes précédentes rencontres avec la plume de l'autrice, toujours aussi remarquable de sagesse et de tendresse, et brisé une énième fois mon petit c½ur sensible et indigné face à autant d'injustice, de cruauté et d'ignorance. Cependant, la plus belle des leçons que l'autrice nous donne, c'est ce que ces fléaux peuvent être battus ; il nous faudra certainement encore bien de la patience mais nous ne devons sous aucun prétexte abandonner le combat. Une chose est sûre : avec des livres aussi beaux et importants que ceux de Laetitia Colombani, je ne risque pas de déserter. C'est dans ces moments-là en particulier que je me dis que je suis fière d'être une lectrice car les livres sont des puits de savoir et de connaissance qui nous rappellent à quel point les êtres humains et le monde en général valent la peine que l'on se batte pour eux, encore et toujours. Sur cette déclaration d'amour à la lecture et ces paroles fleurant bon la philosophie (je lance ce sujet, vous avez quatre heures), je rends l'antenne. J'espère que ma chronique aura su vous convaincre, chers visiteurs, de laisser sa chance à ce roman et surtout, un grand merci à Laetitia Colombani. Votre plume me redonne sincèrement foi en l'humanité. Merci pour tout. COUP DE FOUDRE ϟ

Nanette ♥
Tags : Fiche lecture, service de presse, Éditions Grasset, Le cerf-volant, Laetitia Colombani, 2021, Littérature française, Contemporain, Inde, France, destin de femme, reconstruction, redécouverte de soi, drame, deuil, résilience, amour, Amitié ♥, courage, éducation, volonté, rêves, espoir, Famille ♥, Enfance, innocence, traditions, mariages arrangés, précarité, solidarité, générosité, bienveillance, combativité, renaissance, Coup de foudre ♥
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#Posté le lundi 07 juin 2021 03:26

Modifié le vendredi 11 juin 2021 04:12

FICHE LECTURE : Les Victorieuses

FICHE LECTURE : Les Victorieuses
• AUTRICE : Lætitia Colombani.
• ANNÉE : 2019 (FRANCE).
• GENRE (S) : Contemporain.
• THÈMES : Liberté, espoir, humanité, solidarité, portraits de femmes, force, courage, révolte, détermination, persévérance, abnégation, foi, générosité, lutte contre la précarité, croyance, espérance, combat d'une vie, amour de son prochain, colère, indignation, désarroi, impuissance, être utile, bonté, tendresse, chagrin, chaleur humaine, dépression, se réinventer, trouver un sens à sa vie, histoire vraie, destins extraordinaires, bienfaiteurs de l'ombre, reconnaissance, faire le bien autour de soi, se battre pour un monde meilleur...
• PAGES : 222.

A 40 ans, Solène a tout sacrifié à sa carrière d'avocate : ses rêves, ses amis, ses amours. Un jour, elle craque, s'effondre. C'est la dépression, le burn-out.

Tandis qu'elle cherche à remonter la pente, son psychiatre l'oriente vers le bénévolat : sortez de vous-même, tournez-vous vers les autres, lui dit-il. Peu convaincue, Solène répond pourtant à une petite annonce : « association cherche volontaire pour mission d'écrivain public ». Elle déchante lorsqu'elle est envoyée dans un foyer pour femmes en difficultés... Dans le hall de l'immense Palais de la Femme où elle pose son ordinateur, elle se sent perdue. Loin de l'accueillir à bras ouverts, les résidentes se montrent distantes, insaisissables. A la faveur d'un cours de Zumba, d'une lettre à la Reine d'Angleterre ou d'une tasse de thé à la menthe, Solène va découvrir des femmes aux parcours singuliers, issues de toutes les traditions, venant du monde entier. Auprès de Binta, Sumeya, Cynthia, Iris, Salma, Viviane, La Renée et les autres, elle va se révéler étonnamment vivante, et comprendre le sens de sa vocation-: l'écriture.

Près d'un siècle plus tôt, Blanche Peyron a un combat. Capitaine de l'Armée de Salut, elle rêve d'offrir un toit à toutes les femmes exclues de la société. Sa bataille porte un nom : le Palais de la Femme.

Le Palais de la Femme existe. Lætitia Colombani nous invite à y entrer pour découvrir ses habitantes, leurs drames et leur misère, mais aussi leurs passions, leur puissance de vie, leur générosité.

ஜ MON AVIS :

Coucou les petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique des Victorieuses, ou un livre que j'avais une envie folle de dévorer à l'instant même où j'ai découvert son existence. La raison à cela est simple : il y a un peu plus de deux ans, j'avais eu un énorme COUP DE C¼UR ♥ pour le premier roman de Laetitia Colombani, à savoir La Tresse (que tout le monde devrait avoir déjà lu, soit dit en passant), dont vous pouvez consulter ma chronique ici. J'étais donc juste impatiente à l'idée de retrouver la plume lumineuse, pleine de sagesse et de justesse, de cette autrice selon moi incontournable de la littérature française contemporaine actuelle. Je remercie infiniment les éditions Grasset de m'avoir fait une nouvelle fois confiance en me faisant parvenir ce merveilleux roman qu'est Les Victorieuses et sur ce, place à ma critique littéraire qui, je l'espère fortement, sera à la hauteur de ce magnifique récit de vie(s) que nous offre à lire Lætitia Colombani et vous donnera le désir irrépressible de découvrir cette petite pépite par vous-même !

Ce que j'ai particulièrement apprécié avec ce livre, c'est le fait que Lætitia Colombani nous propose de suivre de façon parallèle deux récits rondement bien menés qui, pardonnez-moi l'expression, nous prennent aux tripes dès le départ. On reconnait bien là toute l'intelligence et la sensibilité de l'autrice qui a décidé une fois encore, et à raison, de nous parler de destins fictifs ou non (par ailleurs, ici, l'un d'entre eux, et certainement le plus époustouflant de tous de surcroît, ne relève guère de la fiction) de femmes extraordinaires qui nous touchent en plein c½ur et qui nous bouleversent l'âme. J'ajouterai que ce qui rend ce roman si beau et poignant, c'est que Lætitia Colombani nous narre l'histoire de ces figures féminines d'exception avec un naturel déconcertant. Ce que je souhaite dire par là, c'est que la romancière dépeint ses protagonistes de telle façon que c'est comme si elles étaient là, sous nos yeux, sans fard et sans artifice, avec leurs sentiments complètement mis à nus, plus magnifiques et victorieuses que quiconque, c'est le cas de le dire. Comme pour La Tresse, j'ai trouvé son écriture limpide, claire comme de l'eau de roche ; dans ce qu'elle a à dire, à poser sur le papier tel un véritable épanchement du c½ur, Lætitia Colombani va droit au but, au fond des choses, elle nous présente et décrit le réel tel qu'il est vraiment, avec toutes ses horreurs qu'on considère depuis belle lurette comme "acceptables", ce qui est à mon sens une véritable infamie, mais aussi avec ses instants de grâce au goût de petit miracle. Une chose est sûre : en lisant ce roman, je me suis sentie directement concernée, interpellée. J'avais la sensation que Lætitia Colombani avait su briser son quatrième mur d'encre et de papier pour mieux nous prendre à parti et nous faire comprendre que, cette histoire qu'elle nous livre avec beaucoup de clairvoyance et de grandeur d'âme et d'esprit, c'est la nôtre aussi. On peut en être les acteurs au lieu de jouer constamment aux spectateurs passifs. Ce monde qui déraille complètement, il nous appartient comme nous lui appartenons et c'est donc à nous qu'il incombe de faire changer les choses si c'est cela que nous souhaitons de tout notre être.

Pour ce qui est des personnages, je me suis instantanément attachée à eux tous. Il ne pouvait tout simplement pas en être autrement. Ils n'existent peut-être pas exactement tels que Lætitia Colombani les a inventés mais, si on y réfléchit rapidement et simplement, ils pourraient être n'importe qui de notre connaissance directe ou indirecte. Au fond, pour la plupart d'entre eux, j'ai même envie de vous dire pour l'ensemble des personnages de ce récit, on les rencontre tous les jours ou presque mais on ne les REGARDE jamais. A bien y repenser, Les Victorieuses est à mes yeux une sorte d'équivalent en version roman de la superbe chanson Another Day in Paradise ♫ de Phil Collins qui nous prêche (je ne pouvais pas utiliser meilleur verbe pour cette chronique je pense) d'ouvrir les yeux sur la cruauté sans nom et l'injustice effarante du monde dans lequel nous vivons et d'apprécier à leur juste valeur les plus petites choses de la vie, celles qui nous semblent garanties comme avoir un toit au-dessus de la tête et de quoi s'acheter ce que l'on veut en courses sans trop se restreindre alors qu'en réalité, nous avons une chance inouïe de pouvoir bénéficier d'un tel confort et d'éprouver une telle sensation de sécurité. Mais avant toute chose, cette musique et ce livre nous apprennent à voir l'autre, le miséreux, non pas comme un repoussoir auquel se comparer afin de se sentir mieux dans sa peau car on sait que l'on a beaucoup plus que lui ou comme un déchet, dommage collatéral d'une société de surconsommation et du chacun pour soi qui sature à tous les niveaux, mais comme un individu qui possède son identité qu'on ne peut pas lui arracher contrairement à tout le reste (et encore, même ça, cela se vole ou se nie, c'est tout bonnement monstrueux), ses rêves, ses espoirs, son passé qui l'a mené dans cette fort mauvaise passe et qui, comme tout un chacun, a le droit de tourner son regard vers l'avenir et d'y croire encore. Certes, c'est aller un peu vite en besogne que de tout de suite faire l'amalgame avec ce morceau légendaire, l'un de mes grands favoris, pour ne pas dire mon préféré de tous les temps, de Phil Collins. Bien sûr que les deux ½uvres ont leurs caractéristiques et leur personnalité qui leur sont propres ; en revanche, ce qui est certain, c'est qu'elles nous font toutes deux ressentir un similaire sentiment d'authentiques indignation et désarroi, de culpabilité, de honte et de dégoût de soi-même aussi. Que ce soit la vieille femme aux pieds calleux qui ne semblent même pas digne de porter des chaussures aux yeux des ignobles âmes qui se croient soit-disant bien-pensantes d'Another Day in Paradise ou les laissées-pour-comptes, écorchées vives des Victorieuses, chaque expérience de vie narrée par le biais d'une douce et tragique mélodie ou grâce à la plume brutale mais éclairante de Laetitia Colombani m'a purement et simplement brisé le c½ur en mille morceaux et m'a rappelé également l'importance, la nécessité de voir au-delà des apparences et des préjugés qui nous polluent l'esprit afin de mieux nous rendre aveugles à la souffrance et aux besoin d'autrui, afin de nous épargner à nous-même de porter ce fléau qu'on laisse volontiers sur les épaules de personnes bien plus courageuses et honorables que nous. Ce roman m'a rappelé que, plus que jamais, nous ne prenons la peine de regarder plus loin que le bout de notre nez. Qui plus est, nous faisons généralement montre d'une condescendance, voire pire, d'une indifférence, indubitablement insupportable alors que ces personnes dites "marginales" (parce qu'on le veut bien, soyons-en au moins conscients) telles que l'immigrée Binta, l'orpheline Cynthia, la transsexuelle Iris, l'ancienne SDF La Renée ou encore l'enfant déracinée pour son propre bien Sumeya pour ne citer qu'elles ont énormément à nous inculquer, notamment en ce qui concerne le respect de notre dignité et de celle d'autrui, ainsi que l'écoute de notre conscience. En clair, en lisant Les Victorieuses, on se prend UNE CLAQUE EN PLEINE FIGURE. Et ce n'est pas plus mal car il serait grand temps qu'on se réveille et qu'on agisse sérieusement, et ce à tous les points de vues.

Concernant les deux héroïnes centrales de l'histoire, je me suis énormément identifiée à Solène qui, au début du roman, était encore une femme résolument moderne, brillante, pressée, qui prenait tout sur elle afin de ne pas décevoir ses proches et sa clientèle, toujours à faire des concessions et à mettre ses véritables désirs et aspirations entre parenthèses et qui, par la suite, va se révéler être une personne fatiguée, esseulée, perdue, anéantie, brisée, lessivée par une existence qui ne lui convient plus, par les colossales et abrutissantes attentes de ses proches qui l'enfermaient jusque là dans un carcan étouffant, insoutenable, à l'empathie néanmoins extrême et tout ce qu'il y a de plus affectée par ce qui se passe autour d'elle, par ce qu'elle entend et assimile (ou plutôt justement, n'accepte pas et se bat de toutes ses forces pour que de telles effroyables réalités ne subsistent plus), et qui souhaite avant tout se rendre UTILE. Avec nos nombreux points communs, je ne pouvais que profondément et sincèrement affectionner Solène et l'encourager du fond du c½ur dans sa nouvelle voie vers une meilleure, une version beaucoup plus fidèle et saine d'elle-même à la volonté inébranlable d'aider les autres et de faire de son maximum pour leur rendre ce qu'ils sont parvenus à lui apporter de précieux et d'inestimable. Néanmoins, ma véritable révélation avec ce roman a été le personnage de Blanche Peyron qui a bel et bien existé. Et j'ai envie de dire heureusement car cela réchauffe le c½ur. Comment vous résumer le parcours résolument atypique et hors du commun de cette femme qui se passe de mots, de superlatifs pour la décrire ? Eh bien, je ne le ferai point car il suffit de lire ce roman pour faire la connaissance de ce bon ange, de cette soldate dont les armes étaient la générosité et la persévérance. Persévérance dans son chemin de foi menant à un monde égalitaire où la pauvreté serait enfin nulle et non avenue, comme elle aurait dû toujours l'être depuis la nuit des temps. Rien que pour m'avoir fait découvrir le tempérament assurément inspirant et exemplaire de Blanche ainsi que son incroyable (mais vrai) destin, ce roman est devenu de façon foudroyante et immédiate une valeur sûre de ma bibliothèque vers laquelle je retournerai sans cesse afin d'obtenir des réponses à la multitude de questions qui m'assaillent infatigablement. Très sérieusement, je me demande comment j'ai fait pour vivre vingt-et-un ans de ma vie sans avoir connaissance du vécu de cette femme et de son remarquable époux qui forcent l'admiration. A vrai dire, je considère cette bévue de ma part, et de celle de la plupart d'entre nous, je n'en doute pas, comme le plus abominable des scandales. J'adresse toute ma gratitude à Laetitia Colombani d'avoir été celle qui a rectifiée le tir en rendant, près d'un siècle plus tard, enfin justice avec Les Victorieuses à cet admirable couple et à tout ce qu'ils ont accompli de gigantesque au nom de leur honneur et de leur devoir. Une grande femme qui rend hommage à une autre, je dirais qu'on ne pouvait faire mieux.

Pour conclure, je dirais que Les Victorieuses est un roman à lire ABSOLUMENT, séance tenante, au moins une fois dans sa vie. Ou même plusieurs fois, après tout, pourquoi s'en priver ? Ne vous gênez surtout pas. Je le dis très sincèrement, vous ne pourrez que tomber amoureux de ce livre pétri d'humanité et dont chaque phrase, chaque mot choisi, est criante de vérité. Vous l'aurez compris, Les Victorieuses est un diamant brut, un véritable petit bijou qui ne vous laissera certainement pas de marbre. En effet, il aurait de quoi faire fondre le c½ur de glace le plus résistant tant il parvient à nous frapper en plein c½ur et tant sa beauté compatissante est violente, indéniable, prodigieuse, croyez-m'en sur parole. Pour ma part, j'ai été véritablement saisie et séduite face une telle sensibilité et lucidité. J'espère sincèrement qu'une adaptation cinématographique des Victorieuses sera envisagée comme c'est le cas présentement pour La Tresse car il y a de quoi en faire un film coup de poing et définitivement mémorable. Mais en attendant qu'un éventuel scénariste (Lætitia Colombani herself, qui sait, personne ne saurait faire cela mieux qu'elle) se penche sur la question et polisse ce petit joyau pour le rendre conforme au domaine du septième art, il y a un long-métrage qui, lui, ne se laisse pas prier et c'est bien celui de notre vie quotidienne qui n'espère qu'une chose : qu'on la prenne en main et qu'on en fasse quelque chose qui en vaille considérablement la peine ! COUP DE FOUDRE ϟ

Nanette ♥
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#Posté le mercredi 11 septembre 2019 04:26

Modifié le mercredi 11 septembre 2019 09:58

FICHE LECTURE : Requiem pour un chat

FICHE LECTURE : Requiem pour un chat

• AUTEUR : Olivier Bellamy.
• ANNÉE : 2018 (FRANCE).
• GENRE (S) : Contemporain.
• THÈMES : Animal de compagnie, relation fusionnelle, amour inconditionnel, félins, chats, maladie, famille, nostalgie, souvenirs, passé, présent, avenir, flashbacks, musique, lettre M, nombre 13, douleur, souffrance, perte, mélancolie, chagrin, espoir, continuation, lien, complicité, journalisme radio, sensibilité, sincérité, récit de vie...
• PAGES : 243.

La mort d'un animal de compagnie nous bouleverse parfois au-delà de ce que nous aurions pu imaginer. Pourtant c'est encore un sujet tabou, difficile à partager par peur des moqueries, et rare en littérature...
Apprenant la disparition imminente de sa jeune chatte Margot, Olivier Bellamy confie dans ce Requiem ce qu'il a ressenti avec la sensibilité à vif non dénuée d'humour qui le caractérise, et qui lui vaut l'affection de ses nombreux auditeurs.
Dévoilant des blessures anciennes que ce drame a réveillées en lui, et ne se privant pas d'associations inattendues qui font notamment voisiner sa mère et Mozart, il nous livre en confiance le récit d'une authentique et déchirante histoire d'amour.

Olivier Bellamy anime sur Radio Classique une émission quotidienne de référence, plusieurs fois récompensée. Il est l'auteur d'ouvrages marquants sur la musique, dont le Dictionnaire amoureux du piano (Plon, 2014) et Un hiver avec Schubert (Buchet-Chastel, 2016).
FICHE LECTURE : Requiem pour un chat
ஜ MON AVIS :

« Les larmes sont comme l'amour : inutile de les maîtriser ou de chercher à les analyser, c'est un irrépressible abandon. »


Tout d'abord, je remercie du fond du c½ur les éditions Grasset pour cet envoi. A chaque fois, je me sens extrêmement honorée de chaque nouvelle lecture qui s'offre à moi. C'est une aventure toute neuve et pleinement de sentiments que chaque livre nous donne à vivre. Et dans celui-ci, ce n'est pas rien de le dire... J'aimerais donc aussi les remercier pour leur extrême patience car, pour x raisons, j'ai mis beaucoup de temps avant de pouvoir lire et chroniquer ce livre, et je m'en excuse sincèrement.

L'histoire que nous propose Olivier Bellamy, c'est la sienne. Du moins, celle de son narrateur qui porte le même prénom et exerce le même métier que lui. C'est celle d'un amour si inconditionnel entre un être humain et son animal qu'ils en viennent à ne plus faire qu'un tant leur complicité et leur besoin dévorant l'un de l'autre sont évidents. Cela ne peut que nous transpercer en plein c½ur, qu'on soit propriétaire d'un animal ou non. Cet amour-là, increvable, on l'éprouve tous et on en est tous aussi la victime.

Je suis si heureuse d'avoir pu découvrir l'écriture d'Olivier Bellamy, ainsi que l'ingéniosité de cette plume. En effet, tout tourne autour de la lettre M dans ce récit. M comme Maman, M comme Mozart, comme Moïse, comme Monde, mais surtout M comme Margot, la prunelle des yeux de l'écrivain, son bébé, son animal. J'ai été tout simplement impressionnée qu'en partant de ce simple M, milieu de l'alphabet (M comme Milieu, voyez ?), l'auteur réussisse à faire, à établir autant de connections entre la famille, la musique classique qui lui est si chère, la religion, l'Amour, la Vie, la Mort, tout ce cycle ; le monde... Tant de liens qui se révèlent inébranlables et véridiques. Olivier Bellamy a écrit son roman comme un compositeur l'aurait fait d'une partition où chaque note est parfaitement accordée à la suivante, et où celles-ci justement se suivent sans aucune dissonance. Tout est exactement à sa place et fonctionne à merveille. La magie de ce requiem a totalement opéré sur ma personne et c'est purement et tout simplement brillant. Merci au chef d'orchestre d'exception qu'est Olivier Bellamy pour ce délice exquis qui nous enveloppe tout entier.

Là où Olivier Bellamy sait trouver les mots exacts pour décrire une palette d'émotions et de vérités qui nous dépassent et qui pourtant nous enveloppent tout entier, à moi justement les mots me manquent pour rendre un digne hommage à ce roman de vie. Cela vous arrive-t-il d'éprouver un sentiment tel qu'à la fin d'une lecture, vous vous sentez baigné d'une lumière révélatrice, sans pour autant réussir à trouver les bons mots pour le décrire car ce que vous avez vécu lors de la dite expérience de lecture se suffit à lui-même et parce que tout a été dit ? Il n'y a rien à ajouter, tout est à sa place et marche à la perfection, de façon naturelle, telle la démarche chaloupée et irrésistiblement féline de Margot. Je ne saurais trouver les mots justes pour vous expliquer ce que j'ai ressenti en lisant ce livre car Olivier Bellamy nous narre si bien son histoire d'amour fusionnel avec Margot, il nous dresse un portrait si authentique et beau de cet animal fascinant et maître de son monde qu'est Margot, que cela s'impose comme une évidence à nous. Il n'y a pas à tergiverser. Olivier Bellamy nous fait éprouver ses sentiments pour Margot, la reine de son univers, de manière si naturelle, qu'on s'en retrouve tout chamboulés, en émoi : l'animal de compagnie devient le maître, celui qui nous apprivoise à coups de rituels du soir avec la danse lascive et obsédante du pied de table de chevet, il fait de notre chambre, de notre lit, de nos bras avides de caresser et d'aimer, comme une drogue, son territoire privilégié. Et on le laisse faire, parce que c'est notre petit bébé, on veut le protéger à l'aide de nos maigres forces, et l'amour qu'il fait naître en nous nous consume tout entier, de notre tête à la raison défaillante quand il s'agit de le sauver ou de tempérer notre amour débordant et carrément vital jusqu'à nos doigts de pied frémissants sous l'effet des câlins prolongés, ces retrouvailles tant désirées. Grâce à Olivier Bellamy, j'ai pu vraiment faire l'expérience de ce sentiment d'appartenance que peut ressentir un maître envers son animal, et inversement, cette empreinte indélébile qui marque deux êtres vivants au lien incassable, réunis dans une bulle de bonheur et d'amour éternelle rien que pour eux deux, que l'extérieur ne saurait briser. Ou du moins, ne se risquerait pas à le faire. Comment oser ruiner, menacer l'existence, aussi dispensable que l'air qu'on respire, de Margot et de son maître ? Impensable, et pourtant... Je me suis amourachée de cette chatte si farouche, câline, féminine, séduisante, au charme imparable de chatte fatale, aux yeux et à la frimousse si expressifs qu'ils en rendent le langage parlé obsolète. Margot ne peut être prise pour une imbécile : elle affronte sa dégradation de santé avec beaucoup de dignité et de courage, sans en perdre sa superbe. Force et honneur jusqu'au bout. Olivier Bellamy nous dépeint le portrait d'une guerrière, d'une battante que l'impuissance ne met pas à genoux, là où nous, humains lamentables, avons juste envie de nous rouler en boule, de pleurer toutes les larmes de notre corps et de ne plus jamais lâcher le corps amaigri de Margot tant elle va nous manquer. Mais Margot est tel un souvenir immuable. Je ne suis pas prête d'oublier cette chatte admirable, unique, exceptionnelle, centre de son univers à tout jamais, comme si elle avait été mon animal à moi, qui n'en ai jamais eu. Ce lien noué avec elle, si spécial, ne se brisera jamais. Grâce à la plume d'Olivier Bellamy, je sais enfin ce qu'un propriétaire d'animal peut ressentir. Son animal est à lui et il appartient à son animal, corps et âme. Cela dépasse les strates des relations humaines pour atteindre un tout autre sentiment de connexion entre deux âmes s½urs qui ne font plus qu'une. Cet extase amoureux, cette tendresse sans bornes et cette complicité de tous les instants m'en ont fait exploser le c½ur dans ma poitrine. WAW. Juste WAW.

Ce à quoi je m'attendais moins en ouvrant ce livre, ce que le récit de la vie de Margot soit entremêlé à des souvenirs de l'enfance du narrateur, de sa vie de famille et des différents chats que le narrateur avait eus avant l'arrivée de la seule et unique Margot. En effet, je pensais tout bêtement que cette histoire ne se focaliserait que sur le chat désigné par le titre sacrément accrocheur et singulier de l'oeuvre. Mais que nenni, ce que j'étais bête ! (ne te flagelle pas Anaïs, voyons !) Ce requiem a été savamment composé par Olivier Bellamy, ce chef d'orchestre hors-pair, en l'honneur de la vie même, et de toutes les formes d'Amour qui peuvent la peupler. Tout cet amour XXL qui prend toutes les intensités et visages possibles se concentre en chacun de nous et se transmet au fur et à mesure que le cycle de la vie suit son cours. Notre âme, notre mémoire et nos sentiments continuent à exister et à briller de toutes leurs forces. The show must go on, le rythme tantôt doux, tantôt endiablé de la musique ne cesse jamais de nous embarquer, de résonner à nos oreilles. Cet air est sempiternel. L'air de la vie, de l'Amour, de la Beauté, du Bonheur et de la peine, telle une bulle de chaleur qui nous rassemble tous et qui nous fait garder espoir en l'Humanité, en l'existence et sa lumière vacillante. Merci Olivier Bellamy de m'avoir rappelé tout cela.

Sur ce, amis des animaux ou non, que vous en possédiez un ou non, je vous encourage de tout c½ur à lire la partition du requiem d'Olivier Bellamy. C'est beau, c'est raffiné, ça coule de source, ça nous pénètre et ça nous transporte vers d'autres sphères. Je n'ai pas été déçue d'entendre cette mélodie ; au contraire, je me suis sentie privilégiée. Pénétrez-vous aussi en tant que voyeur invité (ooouuuh, la belle oxymore !) dans la vie de chat de la ravissante Margot. Mais, dites-moi, un chat, ça a neuf vies, n'est-ce pas ?

Nanette ♥

FICHE LECTURE : Requiem pour un chat

★★★★★
Très bonne lecture, excellente découverte !

✓ - L'écriture élégante, fluide, absolument envoûtante d'Olivier Bellamy. Ca se lit tout naturellement et mes sept heures dans le train vers mes vacances dans le Sud vous disent : « Merci » !
- Margoooot ♥
- Tout cet amour et cet espoir qui nous inondent, tel un bain de lumière réconfortant et vivifiant.


✗ Eh bien... Ce roman s'intitule bien "Requiem", non ? Je vous laisse deviner ce qui me chafouine dans tout ça...

« Quand je repense à ces jours heureux, je regrette de ne pas avoir pris de notes, comme j'en ai pris tout au long de la maladie de Margot. Il ne nous reste qu'un souvenir ébloui avec quelques détails touristiques, mais tout ce qui en constituait le cours, le contenu de nos échanges, la raison de nos fous rires, tout a disparu. Et si nous refaisions les mêmes plats, avec les mêmes ingrédients, et que nous rejouions la scène de ce tourbillon éphémère, jamais nous ne retrouverions le goût de ces mets succulents que nous partageâmes goulûment.
A croire que seul le malheur trouve refuge dans les méandres du passé et s'enroule dans les herbes folles de notre histoire, tandis que le bonheur se perd dans un océan d'oubli d'où ne surnagent que des impressions vagues, comme des bouteilles jetées à la mer, ballottées par les flots, indifférents à l'idée de trouver ou non un destinataire. »
Tags : Fiche lecture, service de presse, Éditions Grasset, 2018, Requiem pour un chat, Olivier Bellamy, Contemporain, Animal de compagnie, relation fusionnelle, amour inconditionnel, félins, chats, maladie, famille, nostalgie, souvenirs, passé, présent, avenir, flashbacks, musique, lettre M, nombre 13, douleur, souffrance, perte, mélancolie, chagrin, espoir, continuation, lien, complicité, journalisme radio, sensibilité, sincérité, récit de vie, Très bon roman
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#Posté le vendredi 29 juin 2018 11:00

Modifié le lundi 02 juillet 2018 07:18

FICHE LECTURE : Le Jour d'Avant

FICHE LECTURE : Le Jour d'Avant

• AUTEUR : Sorj Chalandon.
• ANNÉE : 2017.
• GENRE (S) : Contemporain.
• THÈMES : Drame, fait divers, mines, Nord, porion, deuil, meurtres, assassinat, responsabilités, silence, justice, traumatisme, procès, enfance, retour au pays, hantise, corons, famille brisée, fraternité, noirceur, gueules noires, années soixante-dix, silicose, catastrophe, ventilation, vengeance, crime, culpabilité, ouvriers...
• PAGES : 336.

Suite au décès de son frère Joseph, mineur, à cause d'un coup de grisou survenu à la fosse Saint-Amé à Liévin le 27 décembre 1974, Michel Flavent quitte le nord de la France pour Paris dans l'attente du moment propice pour venger cette mort. Quarante ans après la catastrophe, veuf et sans attaches, il rentre au pays pour punir le dernier survivant, un vieux contremaître, et enfin tourner la page.

ஜ MON AVIS : Venge-nous de la mine...

Tout d'abord, je tiens à remercier chaleureusement les éditions Grasset pour ce très bel envoi, comme toujours j'ai envie de dire. Bah, voilà, ça y est, c'est dit. Merci aussi à la fabuleuse Piko Books, qui m'a fortement donné l'envie de découvrir cet autre titre de la foisonnante et éclectique rentrée littéraire du cru 2017. Aujourd'hui, on va s'intéresser à un roman qui m'a saisi le c½ur pour me le broyer. Littéralement. Bien sûr que non, me dirait Lemony Snicket, sinon tu ne serais pas encore là.

Mais peu importe, mon c½ur en a pris pour son grade et je ne m'attendais pas à ce que ce roman me coupe le sifflet à ce point-là. Enfin si, c'est une recommandation de Piko après tout, et vu la façon dont elle en a parlé, de ce roman, je ne pouvais que me trouver face à un livre intense et poignant entre les mains. Néanmoins, rien ne peut véritablement nous préparer à cette tornade qui débarque dans notre vie sans prévenir, plus précisément dans mon existence paisible, qui avait bien besoin d'être bousculée, et, pour le coup, j'en suis ressortie carrément bluffée.

J'aurais dû plutôt dire que c'est une explosion qui s'est produite alors que je tournais les pages avec frénésie, les pages addictives de ce récit qui m'a entraînée bien loin de mon environnement extérieur, de sa lumière blafarde de froid d'hiver, pour m'amener jusqu'aux tréfonds de la mine de Liévin, où s'est déroulée une catastrophe dont je n'étais jusqu'alors guère consciente.

J'avais eu connaissance de ce fait divers du Nord de notre pays à cause du funèbre quarantième anniversaire de cette tragédie, justement point d'orgue de l'intrigue, mais j'en étais jusqu'alors restée là. En ouvrant ce livre aux pages métaphoriquement souillées par la houille jusque dans leurs moindres recoins, je souhaitais devenir familière de cette réalité qui a poussé de vaillants jeunes hommes à descendre jusqu'au plus profond des mines de charbon pour être payé une misère, subvenir aux besoins des bouches à nourrir, et en ressortir conscient de la chance d'être vivant chaque jour en pouvant remonter, mais aussi avec les poumons empoisonnés par cet air vicié.

J'avais la volonté de découvrir, à travers le quotidien des ouvriers de Liévin, ce pan de l'histoire industrielle du Nord, celle notamment de ma région, moi fille de Lorraine, où se trouvait également un bassin minier. Mais au-delà de l'aspect et de la reconstitution historiques, passé des houillères encore pas si lointain, ce qui m'a frappée indubitablement, c'est la résonance humaine de ce roman.

Bien sûr, on en apprend plus sur notre pays que ce que l'on pensait en connaître. L'exploitation minière en France n'a cessée qu'en 2004. J'avais six ans. Et pourtant, j'en avais des images d'antan, brunies par l'âge, et issus des livres régionaux regorgeant d'images de la Lorraine début vingtième, que ma maman est si fière d'avoir en sa possession. Mon arrière grand-père doit sûrement apparaître sur ces précieuses photographies des mineurs de nos régions du Nord/Nord-Est.

Ce qui n'était que la suggestion idéalisée d'une époque aux gens travailleurs et se salissant définitivement les mains, vieux avant l'âge, est devenue à mes yeux d'adulte une réalité tangible et sombre. La plume affirmée de Sorj Chalandon n'est pas avare en détails, loin de là. La peinture qu'il fait du monde minier serait presque digne d'être appelée héritière du naturalisme presque documentaire de Zola, évoqué dans le roman par l'un des personnages vivant cette réalité pour son fameux Germinal.

Néanmoins, Sorj Chalandon a sa patte à lui, ses phrases courtes et incisives font mouche et nous entraînent dans tous les méandres de la mine : les ouvriers craignant quotidiennement le coup de grisou fatal, dont l'espace de travail est souvent mal ventilé, étouffant de chaleur et de cette poussière gris-noir qui vous enfume les poumons jusqu'à en perdre définitivement la notion de bonne santé, ces soirs à la douche où vos frères de houille vont savonnent le dos pour vous enlever cette crasse qui pénètre in fine votre peau jusqu'à l'os, vos vêtements pendus à un crochet qui vous rappellent constamment que votre vie ne tient qu'à un fil. Cette excursion dans le monde minier m'a véritablement terrifiée et donné l'envie de remonter au plus vite à la surface, même si mes poumons étaient déjà écrasés sous le poids de l'inspiration de la satanée houille.

Et pourtant, qu'est-ce que la surface ? On finit toujours par redescendre. Michel, le personnage principal de cette histoire désarmante de tristesse et de tourments, n'est jamais remonté. On ne peut que le plaindre et s'identifier à lui car on a tous notre croix à porter, nos rêves irréalisés et nos drames à surmonter. Et pourtant, on y replonge toujours tête baissée car le passé se ressasse, nous consume, nous écrase les épaules d'un poids insurmontable.

Pour Michel, la mine représente son tombeau. Le tombeau de cette vie gâchée, brisée par le deuil et la perte de l'être qu'on aime le plus au monde. Source des angoisses les plus dévorantes de sa famille et de toutes les autres touchées de près ou de loin par l'exploitation minière, la mine n'aura de cesse de hanter Michel toute sa vie durant. Lui qui rêvait d'y rejoindre son frère en tant que galibot, jeune garçon minier, pour éprouver cette solidarité dans ce travail à la dur et face à ce charbon qui ne part pas simplement sous la douche, qui vous imprègne jusqu'au plus profond de votre âme, la mine va devenir un cauchemar de tous les instants pour ce personnage instantanément attachant et qui m'a profondément bouleversée.

Michel va aussi réussir à me berner comme un bleu, mais ça, je lui pardonne, car c'est la faute à l'écriture manipulatrice et trompeuse de Sorj Chalandon au fond. Oui, parfaitement, c'est lui que je blâme. C'est moche hein ? Et pourtant, n'est-ce pas lui qui, maîtrisant son récit à la façon d'un parfait marionnettiste, a réussi à me mener en bateau concernant le procès de Liévin, qui n'a jamais eu lieu et que je me fantasmais déjà, concernant la responsabilité de l'émouvant "Pépé Bowette", Lucien Dravelle, et des autres chefs-porions, concernant cette justice indignée, bafouée et vengeresse, qui n'attend que de frapper ? Si, c'est lui, et il a franchement bien réussi son coup.

On va dire que Michel était un complice. Mais cependant un complice sans repères, complètement désorienté, qui a perdu pied le jour où son bien-aimé et beau grand frère, au sourire ravageur et à la bienveillance amusée, a perdu la vie. Au-delà du simple fait divers, qui se résume en une simple statistique du nombre de personnes mortes, 42 dénombrées, un chiffre insolant et qui ne nous laisse pas en paix, au-delà des solennelles commémorations histoire d'avoir bonne conscience aux yeux de l'ensemble de la population, c'est l'être humain qui est au c½ur de ce récit.

L'être humain qui a aimé de toutes ses forces ses proches, celui ravagé par le deuil, par la cruauté qui laisse estomaqué des employeurs qui retirent de la paie le prix des vêtements de travail abîmés par la mort, celui qui fuit la terre maudite par la houille, le malheur qui frappe à votre porte sans vous le demander, qui n'épargne rien sur son passage, ni les corps carbonisés, fondus par la chaleur, ni les enfants orphelins, ni les veuves, ni les parents qui voient leur enfant partir avant eux, ni le frère dépourvu du sien, ni les blessures que le temps ne pourra jamais réparer, ni la ferme des Flavent et ce monde rural qui n'existe déjà plus à cause de cette terre envahie par le gris de la ville, ni la culpabilité des supérieurs impuissants.

L'écriture se fait silencieuse et sans filtre, et pourtant, ses enfants de papier et d'encre hurlent leur désarroi, leur soif de justice, de bon sens, leur colère qui ne parvient pas à se tarir, qui ne leur laissera au fond jamais de répit. « Pourquoi ? » semble résonner en des milliers d'échos dans ce roman. Pourquoi tant de souffrances, pourquoi tant de haine de la part de la mine, pourquoi cette avidité de profit de la part de l'Homme, qui a collaboré à ce désastre. Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

Tout comme Michel, qui n'était qu'un adolescent de seize ans admiratif de son grand frère adoré et désirant lui aussi répondre à l'appel meurtrier de la sirène minière, qui a entraîné tant d'hommes de diverses générations à sa suite, mais tous reconnaissables entre mille à cause de leur silicose sifflante et empêchant la bon fonctionnement des branches respiratoires et leurs mains noircies jusqu'au bout des ongles, à la façon de la culpabilité d'Anne avec le rouge sang sur la clé confiée par l'odieux Barbe Bleue, j'en suis allée jusqu'à perdre toutes mes certitudes concernant la vie, qui ne semblait déjà plus valoir la peine d'être vécue.

Dans la réalité de Michel, tout est figé : la photo de Joseph, bravache en bleu de travail ; l'affiche du film Le Mans, avec Steve McQueen en Michael Delaney/Michel Delanet épinglée sur le mur, alter-ego fantasmé et enfin celle du bourreau, Lulu Dravelle, vigoureux chef-porion pourtant tant respecté par Joseph, qui le considérait comme son mentor. Le tour de force du roman va m'apporter une lumière aveuglante et pourtant bienfaitrice sur ce que je croyais déjà acquis. Une belle erreur de ma part.

Mais le lecteur est amené à la commettre, dans ce processus d'hommage aux miniers tombés sous la fatalité du patronat, car il voit l'histoire à travers les yeux de Michel, personnage intensément complexe et désireux de vengeance, pour sa jeunesse bénie des années soixante-dix fauchée, pour ce frère qui était son monde, pour sa famille anéantie par ce soi-disant coup du sort. Mais vengeance prise sur qui ? Posez-vous bien la question.

Pour conclure, je dirais que Sorj Chalandon signe ici un récit humble, certes mélancolique, mais d'une grande justesse, sans jamais larmoyer ou s'apitoyer. C'est le récit des mineurs tombés mais aussi de ceux qui étaient déjà morts dès la première descente, car leur vie fut souillée par la houille jusqu'à la fin. Pas de répit pour les mineurs. Pas de répit pour leurs proches non plus.

Et pourtant, ces gens ont mené une vie digne, jusqu'au bout. Ils ressentaient une grande fierté pour ce métier si difficile et éreintant, ils ont porté cette peau salie mais qui a finie aussi brunie par le soleil et les tâches de vieillesse. L'auteur nous parle avec une puissance qui nous déstabilise totalement de nos rapports à notre père, à notre famille, à cette vie que nous menons, à cette injustice qui nous éc½ure chaque jour, à cette culpabilité qui nous ronge quand nous sommes encore là et que d'autres ne sont plus. Son récit vous secoue comme un prunier, vous chamboule et vous laisse lessivé et presque abandonné.

Et pourtant, je ne regrette rien, car cette aventure livresque fut authentique, brutale et en même temps subtile, sensible, réconfortante et d'une grande ingéniosité. Cela ne peut que m'engager à lire d'autres romans de cet auteur, à commencer par le déjà phare Quatrième mur. Si vous souhaitez une lecture qui vous fasse sentir humain dans chacun de vos pores, dans toute la simplicité et complexité des sentiments qui vous agitent et qui vous constituent, avec une écriture toujours dotée d'une grande poésie et sagesse pour décrire vos blessures les plus inavouables, alors cette lecture est faite pour vous. Ce récit peut trouver son écho en chacun de nous, au-delà de cette réalité bien précise de la mine.

... mais est-ce vraiment elle la coupable ? A vous de le découvrir,
je ne peux que vous y encourager. Coup de grisou dans 3, 2, 1...

« Tout le monde savait, aux pas heurtés d'un homme, qu'il avait passé sa vie à la taille. On l'identifiait à sa respiration de poisson échoué sur la grève, à ses tremblements, ses gestes lents, son dos saccagé, ses yeux désolés, à ses oreilles mortes.

- Et aussi à sa fierté, a ajouté mon frère d'une voix douce.»
Tags : Fiche lecture, service de presse, Sorj Chalandon, Éditions Grasset, Rentrée Littéraire 2017, Contemporain, Roman, Drame, fait divers, mines, Nord, porion, deuil, meurtres, assassinat, responsabilités, silence, justice, traumatisme, procès, enfance, retour au pays, hantise, corons, famille brisée, fraternité, noirceur, gueules noires, années soixante-dix, silicose, catastrophe, ventilation, vengeance, crime, culpabilité, ouvriers
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#Posté le lundi 05 février 2018 14:02

Modifié le samedi 10 février 2018 04:53

FICHE LECTURE : Tous les âges me diront bienheureuse

FICHE LECTURE : Tous les âges me diront bienheureuse
• AUTRICE : Emmanuelle Caron.
• ANNÉE : 2017 (FRANCE).
• GENRE(S) : Contemporain.
• THÈMES : Destin de femme, Russie, France, Angleterre, bolchévisme, mafia russe, violence, mort, drame, secrets, mystères, Histoire, bouleversements, confession, vérité,...
• PAGES : 272.

Qui est Ilona Serginski ? Qui est cette vieille femme, que sa petite fille, Eva, croit si bien connaître, et qui vit recluse dans une maison de retraite bretonne ? Aux portes de la mort, Ilona se met à parler une langue inconnue et réclame un prêtre pour confesser les crimes d'une existence dont il apparaît soudain que personne n'a démêlé les secrets. D'où vient-elle vraiment, quelle est son histoire ? Pour y répondre, il faudra plonger dans les replis de la tragédie russe et soviétique, et suivre la lignée d'Ilona, depuis les remous de la guerre civile en 1917, jusqu'à aujourd'hui. Traversant tous les âges, Ilona sera tour à tour la fille adorée d'un assassin, l'idole prostituée d'un ogre mafieux et la mère sacrifiée d'une enfant trop brillante. Ce premier roman dévoile le destin d'une femme, emblème de son siècle passionné et violent.

FICHE LECTURE : Tous les âges me diront bienheureuse
ஜ MON AVIS :

Que dire, que dire...

Tout d'abord, un immense merci aux éditions Grasset de m'avoir à nouveau accordé leur confiance et pour ce chaleureux envoi qui me faisait grande envie (merci Emilie aka Bulledop d'avoir présenté ce livre dans C'est au Programme). Paru à cette rentrée littéraire, ce premier roman signé Emmanuelle Caron m'a donc permis de découvrir une nouvelle autrice au sein du paysage littéraire, par le biais de l'histoire rocambolesque, teintée de faibles lueurs de lumière jusqu'à la sortie tant attendue de ce tunnel de mort, de fuite, d'errance et de soumission pour une femme à la beauté glacée de Russie prénommée Ilona.

Cette histoire de toute une vie va nous ramener loin de notre époque actuelle, dans une URSS bolchévique, violente et sanglante, où l'on tue ou bien l'on est tué. C'est dans cette environnement particulièrement hostile et malsain que va grandir la jeune Ilona Serginski. Suivant l'idéal de son père, un pope dévoué au communisme, elle va devenir assassine et vendre son corps et son âme à une cause qui la dépasse entièrement. La vie ne lui aura fait aucun cadeau, si ce n'est en la personne du petit poupon Eva, mais à quel prix... En tout cas, Ilona ne lui pardonne pas, à cette existence tâchée, et elle ne se le pardonne pas non plus. Ce passé qui lui ronge les entrailles et qui continue à hanter sa conscience, Eva, sa petite-fille bien aimée, n'en sait strictement rien. A ses yeux, Ilona est sa baba chérie, sa Babouchka à laquelle elle est tant attachée, et qu'elle relie dans son esprit à la Bretagne de son enfance, faite de douceur, de crêpes, et d'une atmosphère paisible et rassurante. Mais derrière le soleil, se cache la lune...

Ce récit avait toute l'étoffe pour en devenir un grand, une épopée humaine spectaculaire qui nous amène sur le chemin à reculons de la rédemption d'une femme, de sa prise de conscience qu'elle était manipulée et abîmée entre les mains d'un marionnettiste effarant et terriblement séducteur qui en avait fait sa poupée de chair et de sang. Or, ce combat de femme sur lequel l'épée de Damoclès plane constamment ne m'a pas entièrement convaincue. Je refais mon expérience de lecture avec beaucoup de "si". Je me dis que, si j'avais été dans de meilleures dispositions, moins fatiguée de ma semaine d'études (qui m'ont fait repoussé cette lecture à beaucoup plus tard que prévu par ailleurs, toutes mes plus sincères excuses), si je n'avais pas lu ce roman de moins de trois cent pages d'une traite, si j'avais pris le temps d'étudier plus en profondeur les spécimens humains qui y sont présentés, en m'arrêtant plus sur les détails, peut-être que mon ressenti en demi-teinte aurait été différent. En tout cas, je retiens une chose importante, et un bon point sur ce roman : il nous donne envie de le redécouvrir. Rares sont les livres qui nous font un tel effet dans notre société de consommation.

Je déplore néanmoins une narration trop fragmentaire à mon goût, avec quelques allers-retours et la suite d'une autre trame qui m'ont soit semblé inutiles, soit m'a déroutée. Je m'attendais à un récit plus linéaire, avec un flashback permanent entre le passé tumultueux et traumatisant d'Ilona, son cheminement semé d'embûches et de souffrance vers la libération émotionnelle, physique et morale, et le passé entre la Babouchka et sa petite fille adorée, la reconstruction d'une femme forte au c½ur et l'âme meurtris, qui peut enfin goûter à un amour et à un mode de vie purs. Tel était ma vision des choses. Or, le récit ne nous présente qu'une infime partie de la relation entre la Baba et sa petite Eva, qui a permis à la Eva désormais adulte de grandir choyée et forgée pour affronter le réel, éduquée par une femme aimante, reconnaissante, et si brave. Même si cela peut sembler évident, cet amour si enraciné et puissant que les deux femmes se portent, d'une génération à une autre, ces moments de tendresse et de bonheur entre elles m'ont manqués, cela aurait alloué un parallèle frappant et intéressant entre le pan d'Histoire sombre et tragique qu'a vécu la Russe sur le territoire soviétique et l'autre moitié de sa vie, nettement plus lumineuse et gratifiante.

D'autre part, j'ai trouvé qu'Eva avait une place infime dans l'intrigue, excepté pour la fin de la narration des malheurs d'Ilona, qui est juste déchirante, à fendre le c½ur et qui rattrape largement les trois quarts de l'histoire qui m'ont laissée mi-figue mi-raisin, avec des étincelles dans cette trame de narration inhabituelle, parfois brouillonne et la plupart du temps brumeuse, de moments forts, durs, intenses, bouleversants et absolument saisissants, qui ne peuvent PAS vous laisser de marbre, par-ci par-là. Des instants de récit criant de vérité, de cruauté qui vous glace le sang dans les veines et qui vous foudroie le c½ur et votre sensibilité.

Je sais qu'Ilona est le personnage central du roman, la femme "bienheureuse" du titre (qui est, par ailleurs, diantrement bien choisi et marquant), elle a su vaincre dans l'adversité et aimer brutalement, quitte à s'embraser, mais Eva est un personnage-clé dans l'histoire de son existence, elle constitue le moteur qui lui a donné la force inexorable d'aller de l'avant. On en revient donc au fait que ces moments de l'enfance d'Eva, de l'après épisode traumatique (je ne suis pas prête de m'en remettre pour ma part), étaient nécessaires à mes yeux pour faire la lumière sur ce passé qui ne passe pas et dont la vieille femme a le besoin indispensable de confesser avant de mourir de sa bonne mort, et pour mieux le mettre en connexion avec le présent.

Oui, on sait quand même des choses d'Eva, qu'elle a été actrice, qu'à sa façon elle a été une femme remarquable comme sa grand-mère, à la beauté inoubliable, puis qu'elle a perdu son aura, sa flamme, qui commence seulement à renaître, et cela nous permet de mieux comprendre la personnalité énigmatique d'Ilona, mais j'en aurai voulu tellement plus ! Je crie haut et fort ma frustration ! Je sais que, quand l'auteur nous donne toutes les clés de son récit, ce n'est pas drôle. C'est presque rebutant. Mais là, c'est comme si on m'avait donné une miette de pain alors que la miche est juste sous mes yeux, si alléchante (les métaphores de nourriture et moi, c'est une grande histoire d'amour). J'ai l'impression d'être passé à un côté d'une potentiel pépite, à tous les niveaux, et cela m'énerve. Et cette amourette avec un autre personnage, pourtant fort sympathique, je ne dis pas, qui arrive comme un cheveu sur la soupe, NON NON NON ! Quel est l'intérêt ? De dire que la vie continue, "the show must go on" dans le cadre du spectacle et du théâtre ici, qu'on peut trouver l'amour même avec les personnes les plus improbables ? C'est un très joli discours, mais soit on le développe suffisamment, au point qu'il empiète sur la trame principale ou qu'il la complémente (ce qui serait tout de même mieux), soit on l'évoque le temps d'un minuscule chapitre, comme c'est le cas présent, et pour ma part, je ne vois pas ce que ça vient faire là.

Et enfin la chose, ou plutôt la personne, la plus incompréhensible, qui m'a clairement décontenancée, pour mon petit esprit malmené : Siméon. OK, Ilona a besoin d'un prêtre pour se confesser. OK, le fait qu'il parle russe, la langue maternelle que la vieille femme ne cesse plus de déblatérer à cause de son esprit rongé de remords, j'avoue que c'est un bon point pour lui. Mais j'ai eu l'amère sensation qu'il ne servait UNIQUEMENT qu'à ça dans toute cette aventure sens-dessus dessous. Certes, on a le droit à quelques chapitres de son background personnel, mais cela m'a plus mis dans la panade et dans l'ennui qu'autre chose. J'ai trouvé que ce personnage manquait particulièrement de consistance pour qu'on s'attache, que son histoire, qui avait pourtant de quoi nous parler et nous émouvoir, était mal ficelée, mal amenée et donc qu'elle m'est restée hermétique et froide. Impossible de compatir ou de comprendre quel était l'enjeu de cette sous-intrigue. A part le fait que Siméon arrive comme une fleur à la fin dans la chambre d'hôpital, sur les talons d'Eva, dans l'unique visée de recueillir la confession d'Ilona. Point barre. Un personnage en somme très plat, qui a pourtant sa place de choix dans le récit, et auquel je ne me suis ni identifiée, ni attachée un tant soit peu. Le néant total.

Pour conclure, je dirais que Tous les âges me diront bienheureuse est un roman en définitive assez inégal, avec des éclairs de moments narratifs qui sauront marquer l'imaginaire et la mémoire du lecteur, mais aussi avec des phases d'incompréhension qui nous laissent perplexes et incertains, faites de métaphores peut-être trop élaborées pour mon cerveau bouillonnant et de réminiscences qui restent dans le flou, et un ramdam de cavales en tous genres, de la Russie au Caucase en passant par le sud de la France et l'Angleterre, à l'issue qui se dessine assez rapidement et facilement, tout en ne nous laissant pas au bout de nos peines. Cet oscillation constante entre désapprobation, déception et frustration d'un côté et surprise, voir stupéfaction, chamboulement de la petite âme fragile et admiration face à cette femme aux multiples facettes et à la force de caractère impressionnante, tant face à la relation nocive entretenue avec un mafieux russe, aux deux tempéraments de feu mère/fille qui vont s'affronter, qu'à son amour dévorant et empli de bienveillance et de calme pour la petite fille Eva, ce yo-yo émotionnel m'a désemparée et fait donc que je suis à moitié convaincue. Néanmoins, je ne regrette pas cette lecture car elle m'a fait découvrir une écriture forte et fragile à la fois, qui n'hésite pas à prendre des risques et à nous manipuler par le bout du nez, une écriture pleine de douceur et d'âpreté que j'ai hâte de retrouver. Je salue tout de même Emmanuelle Caron pour ce premier roman, première pierre à l'édifice qui sera constitué de romans plus aboutis, polis encore par la suite au fur et à mesure que cette plume singulière s'aiguisera et se fera plus mordante, structurée et généreuse. La gemme a besoin de travail et de patience avant de briller mais son éclat se fait déjà remarquer. Je ne peux vous dire qu'une chose : laissez sa chance à cet ouvrage, tout comme moi je lui en laisserai une seconde, afin qu'on fasse plus ample connaissance et qu'on soit plus tolérants l'un envers l'autre.

« Je me suis donnée au Mal. J'ai tué beaucoup de gens. »
Tags : Fiche Lecture, Éditions Grasset, Tous les âges me diront bienheureuse, Emmanuelle Caron, Rentrée Littéraire 2017, Roman contemporain français, Destin de femme, Russie, Bolchévisme, Mafia russe, violence, mort, drame, Secrets, mystère, Histoire, bouleversements, confession, vérité, Angleterre ♥
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#Posté le jeudi 16 novembre 2017 04:40

Modifié le mardi 28 novembre 2017 09:02

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