
« Je lui demande :
- Qu'est-ce que je fais ici ? Si tout a une raison d'être, quelle est la mienne sur ce navire ?
Le navigateur retourne à ses cartes, écrit quelques mots et ajoute de nouvelles flèches par-dessus ce qui est déjà inscrit, déposant ses pensées en couches si épaisses que lui seul peut les déchiffrer.
- Raison d'être, finalité, fenêtre, porte, ouverte. Tu es la porte ouverte au salut de l'univers.
- Moi ? Tu en es certain ?
- Aussi certain que nous sommes à bord de ce train. »
- Qu'est-ce que je fais ici ? Si tout a une raison d'être, quelle est la mienne sur ce navire ?
Le navigateur retourne à ses cartes, écrit quelques mots et ajoute de nouvelles flèches par-dessus ce qui est déjà inscrit, déposant ses pensées en couches si épaisses que lui seul peut les déchiffrer.
- Raison d'être, finalité, fenêtre, porte, ouverte. Tu es la porte ouverte au salut de l'univers.
- Moi ? Tu en es certain ?
- Aussi certain que nous sommes à bord de ce train. »
• TITRE V.O. : Challenger Deep.
• AUTEUR : Neal Shusterman.
• ANNÉE : 2017 (USA) ; 2018 (FRANCE).
• GENRE (S) : Récit semi-autobiographique.
• THÈMES : Maladie mentale, schizophrénie, folie, illusions, réalité, désespoir, abandon, peur, courage, lycée, adolescence, normalité, famille, angoisse, incompréhension, amitié, amour, drame, deuil, force, survivre, voyage dans le subconscient, hôpital psychiatrique, mensonges, choix,...
• PAGES : 408.
• AUTEUR : Neal Shusterman.
• ANNÉE : 2017 (USA) ; 2018 (FRANCE).
• GENRE (S) : Récit semi-autobiographique.
• THÈMES : Maladie mentale, schizophrénie, folie, illusions, réalité, désespoir, abandon, peur, courage, lycée, adolescence, normalité, famille, angoisse, incompréhension, amitié, amour, drame, deuil, force, survivre, voyage dans le subconscient, hôpital psychiatrique, mensonges, choix,...
• PAGES : 408.
Dès 14 ans - 16,95¤.
Un roman bouleversant qui nous plonge au c½ur de la schizophrénie.
« Si tu plonges longtemps ton regard dans l'abîme, l'abîme te regarde aussi. Espérons que l'abîme ne voie rien qui l'intéresse. »
A priori, Caden Bosch est un adolescent de quinze ans ordinaire, qui invente des jeux vidéos avec ses meilleurs amis et veut faire partie de l'équipe d'athlétisme. Mais dans son esprit, il est aussi le passager d'un vaisseau lugubre voguant sur des mers déchaînées. Marchant seul et pieds nus dans les rues, craignant que ses camarades de classe ne veuillent le tuer, Caden se perd petit à petit entre hallucinations et réalité.
Le début d'un long voyage au plus profond des abysses, au c½ur de la schizophrénie, où il risquerait bien de se noyer.
Le début d'un long voyage au plus profond des abysses, au c½ur de la schizophrénie, où il risquerait bien de se noyer.
Inspiré d'une histoire vraie, un roman d'une justesse incroyable sur les maladies mentales, qui nous fait naviguer entre rêve et hallucination.
« Ce roman est bouleversant car écrit avec amour, mais il est aussi plein d'humour, un humour grinçant et subtil. »
Hornbook
« Neal Shusterman déploie avec grandeur deux récits enchâssés qui s'entremêlent peu à peu pour se fondre en un roman extraordinaire. »
Booklist
L'AUTEUR : Né en 1962 à New York, Neal Shusterman est l'auteur de romans pour Jeunes Adultes, dont La Faucheuse (Robert Laffont, Collection R, 2017), et a été récompensé par de nombreux prix. Il écrit également pour la télévision et le grand écran.
Avec Le goût amer de l'abîme, il a replongé dans sa propre histoire pour mettre en mots la schizophrénie avec laquelle s'est battu son propre fils pendant des années.
Avec Le goût amer de l'abîme, il a replongé dans sa propre histoire pour mettre en mots la schizophrénie avec laquelle s'est battu son propre fils pendant des années.

ஜ MON AVIS :
Bonjour mes petits amis ! Aujourd'hui, on se retrouve pour une chronique que j'ai repoussée pendant longtemps, tout simplement parce que le livre dont je vais vous parler m'avait à ce point laissé sans voix que j'avais sans cesse la sensation de ne pas trouver les bons mots quand il s'agissait d'organiser mes sentiments le concernant. Je vais faire de mon mieux afin d'exprimer mon avis sur Le goût amer de l'abîme le plus clairement possible, mais je vous préviens que cette tâche ne sera pas aisée, tout simplement car ce roman nous laisse sens dessus dessous une fois la lecture terminée, c'est le cas de le dire. Mais une fois n'est pas coutume, je tiens à sincèrement remercier les éditions Nathan pour leur envoi des Épreuves non corrigées (ENC) de ce livre, cela m'avait extrêmement touchée d'être ainsi "privilégiée" et je tenais à ce qu'ils sachent que cette marque d'attention et de gentillesse n'avait pas été considérée à la légère. J'étais extrêmement curieuse de découvrir cette nouvelle parution de leur catalogue, non seulement pour son titre que je trouvais si poétique, presque onirique, mais qui s'est révélé être en réalité extrêmement concret avec cette saveur amère de sel qui se retrouve dans notre bouche au cours de la lecture, mais aussi et surtout pour son auteur, Neal Shusterman, que j'avais découvert grâce à la Collection R et au premier tome de la géniale saga de La Faucheuse, dont vous pouvez lire ma chronique ici. J'étais très intriguée de lire un autre roman de cet auteur dans un registre totalement facilement, même si l'on reste dans une certaine noirceur, celle des profondeurs de la mer remplaçant la sombre aura de la mort. Quoique, ces dernières se rejoignent bien souvent... Qui plus est, il s'agit du premier titre de Neal Shusterman publié chez la maison Nathan, que je ne peux qu'applaudir pour son choix éditorial fort judicieux. En effet, Le goût amer de l'abîme sait s'adresser à un jeune public tout en le faisant grandir et mûrir grâce à des thématiques fortes et à une écriture puissante et captivante, qui sait sortir des sentiers battus, mais il ne laissera personne indifférent, peu importe l'âge ou la situation. Dernier point qui a achevé de me convaincre de me jeter sur ce roman : Neal Shusterman a mis à contribution les talents d'illustrateur de son fils Brendan pour l'élaboration de ce livre si spécial. J'ai remarqué que cet auteur accordait une importance toute particulière à sa famille et je trouve cela profondément beau et inspirant. Entre Le goût amer de l'abîme et le livre à vocation écologique Dry écrit à quatre mains avec un autre de ses fils, Jarrod, la famille est définitivement au c½ur de l'oeuvre littéraire de Neal Shusterman et je constate grâce à lui que c'est la plus vraie et la plus splendide des sources d'inspiration. La plus parlante aussi. Dans le cas du Goût amer de l'abîme, son fils qui se trouve être... au c½ur même du livre. Si Neal Shusterman nous faisait déjà part d'un morceau de lui-même dans La Faucheuse en abordant de plein fouet le sentiment universel du deuil, qui nous atteint tous sans exception à un moment donné de notre existence, avec Le goût amer de l'abîme, il nous livre sans retenue un chapitre fondamental de son histoire personnelle, celui qui a pour personnage principal son fils atteint de schizophrénie, Brendan. Un tel acte de courage et d'amour, à la fois de la part du père et du fils, ne méritait que la considération qui lui était naturellement due. Je me suis donc plongée entre les pages de ce livre qui promettait un océan d'émotions à l'état brute, aussi irritantes que le sel de mer qui colle à la peau et à l'intérieur de la gorge, qui vous imprègne la bouche de sa saveur quand vous buvez la tasse. Plus qu'un océan, j'ai eu l'impression de vivre un raz-de-marée et, en tant que survivante de ce grand moment, je suis là pour en témoigner et vous inviter à frôler le danger tout comme je l'ai fait. A vos risques et périls si, telle Calypso, je parviens à vous envoûter et donc à vous convaincre.
Dans ce livre, nous allons suivre le personnage de Caden Bosch. Avatar de Brendan Shusterman au sein de ce roman semi auto-biographique, Caden est un adolescent de quinze ans à première vue comme vous et moi : il aime la course, les jeux vidéos, il est très inventif et a un don pour le dessin. Cependant, on ne s'y laisse pas tromper. Dès les premières lignes, Neal Shusterman nous place dans le vif du sujet et nous fait comprendre que Caden est en réalité loin d'être comme les autres. L'auteur prend le parti de consacrer la narration aux pensées du héros de son histoire. On est constamment dans la tête de ce dernier et on prend ainsi pleinement conscience de ce qui le tourmente à longueur de journée, de ce qui ne lui laisse aucun repos. Je tiens à vous prévenir que cela peut être profondément perturbant et même vous refroidir à l'idée de lire ce livre. Quand on commence une nouvelle lecture, on s'attend souvent à des pages d'introduction qui nous permettent une entrée en matière en douceur, même si les sujets abordés dans le roman vont se révéler dur. Ici, dès le départ, dès la toute première ligne, c'est brutal, c'est inattendu, ça se jette sur vous tel un étau qui se referme et ne laisse pas vous échapper. C'est comme si un froid presque létal s'était insinué dans vos veines et vous empêchait le moindre mouvement, le moindre libre arbitre. La narration interne de Caden est semblable à une prison, impossible de s'en échapper, impossible de raisonner autrement. Cette façon de penser en passant du coq à l'âne et en floutant sérieusement les frontières entre chimère et réalité va devenir notre mode de fonctionnement, et ce jusqu'à la fin du roman. Telles qu'on les lit retranscrites sur le papier, les pensées de Caden sont telles des vagues qui vous emportent jusqu'au fond de l'eau et refusent de vous laisser partir. Elles vous mettent à terre, elles vous suffoquent, elles remplissent vos poumons d'eau salée jusqu'à ce que l'air, le bon oxygène, n'y ait plus sa place. Je peux comprendre que vous ayez envie de fuir face à l'incompréhension et à l'angoisse que ces premières phrases du récit vont faire naître en vous. Mais ne le faites pas, surtout pas. Restez. Caden a besoin de vous pour se sortir de sa prison mentale, vous êtes sa seule chance d'évasion et de ne pas devenir fou. La folie est le propre de l'écriture de Neal Shusterman avec ce livre. Je connaissais déjà la plume de cet auteur comme étant corrosive, comme allant droit au but, sans fard, sans chichis, comme étant percutante et même foudroyante. Mais là, je crois qu'elle a atteint un stade d'authenticité comme jamais jusqu'alors. J'ai été littéralement bluffée par la prouesse que l'auteur réussit à accomplir : mettre en mots tous les parasites qui hantaient la tête de son fils jour et nuit. De saisir toutes les nuances de cette maladie qu'est la schizophrénie grâce à son don pour l'écriture. J'avais déjà connu ce sentiment avec le remarquable roman de John Green Tortues à l'infini, mais c'est dans le cas du Goût amer de l'abîme tout simplement prodigieux ; incisif aussi car on ressent entre les lignes l'impuissance que Neal Shusterman en tant que père a dû éprouver en voyant son fils sombrer dans des méandres que l'on ne s'imagine même pas. Cependant, j'ai envie de sincèrement dire à l'auteur que son propre combat ne fut pas inutile, bien au contraire : ce livre-testament en est la preuve qu'il a réussi à gravir cette montagne que la vie avait érigé sur le chemin de sa famille. Ou plutôt, pour rester dans les métaphores maritimes, Brendan et Neal, le père et le fils, ont survécu au naufrage du bateau que représente la schizophrénie dans la tête et les rêves de Caden. On ne leur a pas faites, à eux. Leur amour étouffé par le grondement de l'océan, incapable d'être exprimé "normalement" dans ces temps de tempête, a été plus fort que tout.
Au fond, que puis-je dire face à un tel miracle ? Je me suis énormément attachée au personnage de Caden, qui voit sa vie se briser en mille morceaux le jour où ses pensées paranoïaques se mettent à faire de plus en plus de bruit dans sa caboche et à le rendre aveugle à ce qui est vrai : son crayon qui court sur le papier, ses meilleurs amis avec qui il partage une passion et un merveilleux projet créatif, sa famille qu'il aime plus que tout au monde et qui le lui rend bien. Caden était simplement lui avant de devenir moussaillon de l'odieux capitaine. Caden était un simple jeune homme, un adolescent avec beaucoup de potentiel et de lumière en lui. Pourquoi a-t-il fallu que tout se ternisse d'un coup comme ça, que cette saveur amère se loge dans sa bouche telle une noyade constante, comme si on ne parvenait jamais vraiment à recracher toute l'eau ingurgitée ? Pourquoi a-t-il fallu qu'un satané perroquet de malheur vienne se loger sur son épaule et ainsi la broyer, produire un tel vacarme dans ses oreilles sourde à toute parole réelle, à laquelle on peut se raccrocher ? Pourquoi lui ? Je pense que je ne cesserai jamais de me poser la question, pour Caden, pour Brendan. Ce qui est sûr, c'est que je ne veux plus reposer un pied sur ce bateau de toute ma vie. Le capitaine et le perroquet sont clairement à mes yeux persona non grata. Alors que j'avais cru comprendre les pensées les plus insensées de Caden au fur et à mesure du roman, le mystère de ces deux antagonistes n'a fait que s'épaissir pour moi. Il était clair à mes yeux qu'ils étaient des métaphores, deux oppositions qui permettaient à Caden d'un tant soit peu s'y retrouver dans ce mic-mac perpétuel. La lumière se fera brusquement, vous verrez. Tout ce qui se trouve dans la tête de Caden, les choses comme les gens, sont une déformation gigantesque de la réalité. C'est comme si on essayait de regarder cette dernière en face, mais dans un miroir grotesque de fête foraine. Ou dans une glace brisée en une infinité d'éclats, autrement dit un reflet de malheur. Le capitaine et le perroquet étaient les parallèles les moins évidents à dresser, à décrypter. Encore un autre signe du talent évident de Neal Shusterman à imager des thématiques fortes et loin d'être agréables de la réalité de notre monde. Ça vous en fera presque mal au crâne d'essayer de discerner le vrai du faux, le bien du mal, mais si vous n'aviez qu'une chose à retenir, ce serait celle-ci : ne faites confiance à aucun des deux. Le capitaine et le perroquet vous paraîtront à certains moments dignes de confiance, et symboles d'espoir, mais ce n'est qu'un leurre abjecte. Ne tombez pas entre leurs serres ou sous leur crochet. Moi-même, comme Caden, j'avais envie de les croire, de me placer sous leur aile, de leur obéir. Cela paraissait tellement plus facile, plutôt que d'avoir la peur au ventre et de ressentir une peur lancinante à chaque instant. Mon conseil à moi, ce serait que vous embrassiez cette peur, que vous vous en serviez comme d'un punching-ball, que vous lui disiez NON, de tout votre être, de toute votre âme. Ne la laissez pas vous terrasser. Les peurs de Caden ne sont pas si dissemblables des nôtres que ça. J'ai été surprise de parfaitement les comprendre à beaucoup de moments. Je les ai ressenties aussi, à un moment dans ma vie, et elles me sont revenues de plein fouet au cours de ma lecture. Je dirais simplement que la différence entre Caden et nous, c'est qu'il s'est immergé dans ses peurs jusqu'au cou. Il s'est laissé couler dans ces eaux profondes, insondables, d'une noirceur que nous sommes souvent bien incapables d'affronter. C'est là que la différence de ce personnage devient une force : il parvient à toucher le fond de l'eau et à remonter à la surface. La maladie n'a pas fait de lui une épave échouée dans les plus noires abysses des mers. Tous n'ont pas cette chance de sortir ainsi la tête hors de l'eau. Certains connaissent des destins tragiques, injustifiés ; d'autres ne parviennent pas à se faire à cette idée (et on les comprend) qu'ils sont prisonniers de leur corps, de leurs pensées, que leur âme est perdue à l'intérieur de cette carcasse immense qui fait office de bâtiment carcéral et qu'ils en sont la propre clé. Pour ce qui est de Caden/Brendan, le chemin vers une vie apaisée et à peu près normale est encore long. Les deux sont de véritables rescapés d'une monstruosité de notre corps humain, de notre psychisme, qui dépasse l'entendement. Cependant, entendons-nous bien : la monstruosité n'est pas la personne, la personne est victime de cette monstruosité qui l'engloutit comme les eaux affamées de l'océan ou la baleine Monstro, d'accord ? Ne faisons pas de jugements trop hâtifs en mettant des étiquettes aux gens trop rapidement. Je vois mon petit Caden comme le garçon courageux et bienveillant qui a réussi à sortir du ventre de la baleine. Comme un héros, comme un survivant. Comme un être humain extraordinaire. Baisser les bras n'est pas dans sa nature, aussi terrifié et perdu soit-il. Abandonner les autres non plus. J'ai ressenti un tel élan de tendresse pour lui que j'en avais envie de le serrer de toutes mes forces dans mes bras. De lui montrer de tout mon être que j'étais là, qu'il n'était pas seul. Que moi aussi je doutais de la tangibilité de ce monde, tout comme lui. Notre réalité telle que nous la connaissons est-elle véritablement normale ? Existe-t-il une normalité parfaite ? Je crois qu'il est bien plus dur qu'il n'y paraît de répondre à de telles questions. Pas étonnant que Caden en ait eu des sueurs froides et des maux de crâne. Je ne peux que compatir à cette folie empreinte de mélancolie, de colère brûlante et de peur panique qui lui collait à la peau et qui ne voulait et ne voudra sans doute jamais le laisser s'en aller. Elle me cause souvent bien des tourments à moi aussi. Nous étions deux dans cette galère. Et nous en sommes sortis vivants. Si vous prenez la peine de lire ce magnifique livre, vous en réchapperez vous aussi. Vous sentirez certes toujours le sel de mer vous faire comme une seconde peau et cette "croisière" (quel mot peu approprié ! J'aurais mille fois mieux préféré le kitsch de La croisière s'amuse) obnubilera vos pensées, à tel point que vous vous direz que « vous n'avez pas signé pour ça ». Mais dans la foulée, vous vous ferez un ami à la valeur inestimable qui vous apprendra beaucoup plus de choses sur vous même que ce que vous croyiez savoir, et dont les dessins d'une abstraction désormais chaotique (la contribution en tant qu'illustrateur de Brendan lui-même à l'ouvrage de son père était tout bonnement nécessaire afin de donner à cette histoire son véritable poids) faits essentiellement de lignes entremêlées représenteront pour vous à la fois le pire des cauchemars et le fil conducteur salvateur vers la sortie. Dans le change, vous y gagnez beaucoup.
Et le véritable Caden, Brendan, aussi, au fond. Son histoire mérite d'être connue, le livre que son père lui a dédié d'être mis entre toutes les mains. Aujourd'hui, vous pouvez trouver sur Internet des photographies d'un Brendan souriant et en bonne santé se tenant aux côtés de son père. Qui sait ce qui se cache derrière ce sourire. Pour ma part, ce qui est certain, vous ne me l'enlèverez pas de l'idée, c'est que l'éclat de ce sourire est réel, bien réel. Il n'y a pas de mensonges ou de faux semblants là-dedans. J'en applaudis à deux mains Brendan. Je n'ose imaginer les épreuves qu'il a dû traverser pour en arriver là, à ce sourire qui le fait paraître normal, et mener une vie normale. Le goût amer de l'abîme ne nous en donne qu'un bref aperçu et c'est déjà suffisant pour nous épouvanter et nous donner la sensation écrasante que cela est insurmontable. Brendan est la preuve irréfutable du contraire. Il est tout simplement admirable, et je souhaite à toutes les personnes dans son cas de s'en sortir aussi bien que lui. De s'en sortir tout court. L'injustice de la chose m'oppresse et me donne envie de hurler jusqu'à en tomber à genoux. Ce pourquoi ? m'étranglera jusqu'au bout, décidément. En tout cas Brendan, sache que tu forces le respect. Je t'admire à en avoir eu les cils tout mouillés et le souffle coupé une fois le livre refermé. J'admire aussi immensément ton père d'avoir réussi à t'offrir le plus beau cadeau qui soit : le sentiment d'être compris, comme si à travers ces quatre cent huit pages, ton père te disait sans s'en cacher : « Je sais exactement tout ce que tu as traversé mon fils, je le comprends, et je t'aime. » C'est exactement ça, ce livre est une déclaration d'amour d'un père à son enfant, une déclaration qui se fait aux yeux du monde entier grâce au pouvoir résolument magique et sans bornes de la littérature. Impossible de rester insensible face à un tel roman pétri d'émotions à l'état brute et d'humanité. Alors lisez-le, c'est tout. Challenger Deep, le titre originel du roman, se trouve aussi être l'appellation qui désigne le point le plus profond jamais mesuré dans les océans. On peut dire que jamais un roman n'a porté aussi bien son nom. C'est là que Neal Shusterman, Brendan/Caden et moi-même nous vous invitons à vous rendre. Serez-vous capable de défier la profondeur des océans ? Ce roman parviendra à vous prouvez que oui, vous le pouvez, et que vous êtes capables de bien d'autres choses encore. Vous êtes beaucoup plus forts que vous ne le pensez. Ayez confiance et lisez. Juste, lisez.
Bonjour mes petits amis ! Aujourd'hui, on se retrouve pour une chronique que j'ai repoussée pendant longtemps, tout simplement parce que le livre dont je vais vous parler m'avait à ce point laissé sans voix que j'avais sans cesse la sensation de ne pas trouver les bons mots quand il s'agissait d'organiser mes sentiments le concernant. Je vais faire de mon mieux afin d'exprimer mon avis sur Le goût amer de l'abîme le plus clairement possible, mais je vous préviens que cette tâche ne sera pas aisée, tout simplement car ce roman nous laisse sens dessus dessous une fois la lecture terminée, c'est le cas de le dire. Mais une fois n'est pas coutume, je tiens à sincèrement remercier les éditions Nathan pour leur envoi des Épreuves non corrigées (ENC) de ce livre, cela m'avait extrêmement touchée d'être ainsi "privilégiée" et je tenais à ce qu'ils sachent que cette marque d'attention et de gentillesse n'avait pas été considérée à la légère. J'étais extrêmement curieuse de découvrir cette nouvelle parution de leur catalogue, non seulement pour son titre que je trouvais si poétique, presque onirique, mais qui s'est révélé être en réalité extrêmement concret avec cette saveur amère de sel qui se retrouve dans notre bouche au cours de la lecture, mais aussi et surtout pour son auteur, Neal Shusterman, que j'avais découvert grâce à la Collection R et au premier tome de la géniale saga de La Faucheuse, dont vous pouvez lire ma chronique ici. J'étais très intriguée de lire un autre roman de cet auteur dans un registre totalement facilement, même si l'on reste dans une certaine noirceur, celle des profondeurs de la mer remplaçant la sombre aura de la mort. Quoique, ces dernières se rejoignent bien souvent... Qui plus est, il s'agit du premier titre de Neal Shusterman publié chez la maison Nathan, que je ne peux qu'applaudir pour son choix éditorial fort judicieux. En effet, Le goût amer de l'abîme sait s'adresser à un jeune public tout en le faisant grandir et mûrir grâce à des thématiques fortes et à une écriture puissante et captivante, qui sait sortir des sentiers battus, mais il ne laissera personne indifférent, peu importe l'âge ou la situation. Dernier point qui a achevé de me convaincre de me jeter sur ce roman : Neal Shusterman a mis à contribution les talents d'illustrateur de son fils Brendan pour l'élaboration de ce livre si spécial. J'ai remarqué que cet auteur accordait une importance toute particulière à sa famille et je trouve cela profondément beau et inspirant. Entre Le goût amer de l'abîme et le livre à vocation écologique Dry écrit à quatre mains avec un autre de ses fils, Jarrod, la famille est définitivement au c½ur de l'oeuvre littéraire de Neal Shusterman et je constate grâce à lui que c'est la plus vraie et la plus splendide des sources d'inspiration. La plus parlante aussi. Dans le cas du Goût amer de l'abîme, son fils qui se trouve être... au c½ur même du livre. Si Neal Shusterman nous faisait déjà part d'un morceau de lui-même dans La Faucheuse en abordant de plein fouet le sentiment universel du deuil, qui nous atteint tous sans exception à un moment donné de notre existence, avec Le goût amer de l'abîme, il nous livre sans retenue un chapitre fondamental de son histoire personnelle, celui qui a pour personnage principal son fils atteint de schizophrénie, Brendan. Un tel acte de courage et d'amour, à la fois de la part du père et du fils, ne méritait que la considération qui lui était naturellement due. Je me suis donc plongée entre les pages de ce livre qui promettait un océan d'émotions à l'état brute, aussi irritantes que le sel de mer qui colle à la peau et à l'intérieur de la gorge, qui vous imprègne la bouche de sa saveur quand vous buvez la tasse. Plus qu'un océan, j'ai eu l'impression de vivre un raz-de-marée et, en tant que survivante de ce grand moment, je suis là pour en témoigner et vous inviter à frôler le danger tout comme je l'ai fait. A vos risques et périls si, telle Calypso, je parviens à vous envoûter et donc à vous convaincre.
Dans ce livre, nous allons suivre le personnage de Caden Bosch. Avatar de Brendan Shusterman au sein de ce roman semi auto-biographique, Caden est un adolescent de quinze ans à première vue comme vous et moi : il aime la course, les jeux vidéos, il est très inventif et a un don pour le dessin. Cependant, on ne s'y laisse pas tromper. Dès les premières lignes, Neal Shusterman nous place dans le vif du sujet et nous fait comprendre que Caden est en réalité loin d'être comme les autres. L'auteur prend le parti de consacrer la narration aux pensées du héros de son histoire. On est constamment dans la tête de ce dernier et on prend ainsi pleinement conscience de ce qui le tourmente à longueur de journée, de ce qui ne lui laisse aucun repos. Je tiens à vous prévenir que cela peut être profondément perturbant et même vous refroidir à l'idée de lire ce livre. Quand on commence une nouvelle lecture, on s'attend souvent à des pages d'introduction qui nous permettent une entrée en matière en douceur, même si les sujets abordés dans le roman vont se révéler dur. Ici, dès le départ, dès la toute première ligne, c'est brutal, c'est inattendu, ça se jette sur vous tel un étau qui se referme et ne laisse pas vous échapper. C'est comme si un froid presque létal s'était insinué dans vos veines et vous empêchait le moindre mouvement, le moindre libre arbitre. La narration interne de Caden est semblable à une prison, impossible de s'en échapper, impossible de raisonner autrement. Cette façon de penser en passant du coq à l'âne et en floutant sérieusement les frontières entre chimère et réalité va devenir notre mode de fonctionnement, et ce jusqu'à la fin du roman. Telles qu'on les lit retranscrites sur le papier, les pensées de Caden sont telles des vagues qui vous emportent jusqu'au fond de l'eau et refusent de vous laisser partir. Elles vous mettent à terre, elles vous suffoquent, elles remplissent vos poumons d'eau salée jusqu'à ce que l'air, le bon oxygène, n'y ait plus sa place. Je peux comprendre que vous ayez envie de fuir face à l'incompréhension et à l'angoisse que ces premières phrases du récit vont faire naître en vous. Mais ne le faites pas, surtout pas. Restez. Caden a besoin de vous pour se sortir de sa prison mentale, vous êtes sa seule chance d'évasion et de ne pas devenir fou. La folie est le propre de l'écriture de Neal Shusterman avec ce livre. Je connaissais déjà la plume de cet auteur comme étant corrosive, comme allant droit au but, sans fard, sans chichis, comme étant percutante et même foudroyante. Mais là, je crois qu'elle a atteint un stade d'authenticité comme jamais jusqu'alors. J'ai été littéralement bluffée par la prouesse que l'auteur réussit à accomplir : mettre en mots tous les parasites qui hantaient la tête de son fils jour et nuit. De saisir toutes les nuances de cette maladie qu'est la schizophrénie grâce à son don pour l'écriture. J'avais déjà connu ce sentiment avec le remarquable roman de John Green Tortues à l'infini, mais c'est dans le cas du Goût amer de l'abîme tout simplement prodigieux ; incisif aussi car on ressent entre les lignes l'impuissance que Neal Shusterman en tant que père a dû éprouver en voyant son fils sombrer dans des méandres que l'on ne s'imagine même pas. Cependant, j'ai envie de sincèrement dire à l'auteur que son propre combat ne fut pas inutile, bien au contraire : ce livre-testament en est la preuve qu'il a réussi à gravir cette montagne que la vie avait érigé sur le chemin de sa famille. Ou plutôt, pour rester dans les métaphores maritimes, Brendan et Neal, le père et le fils, ont survécu au naufrage du bateau que représente la schizophrénie dans la tête et les rêves de Caden. On ne leur a pas faites, à eux. Leur amour étouffé par le grondement de l'océan, incapable d'être exprimé "normalement" dans ces temps de tempête, a été plus fort que tout.
Au fond, que puis-je dire face à un tel miracle ? Je me suis énormément attachée au personnage de Caden, qui voit sa vie se briser en mille morceaux le jour où ses pensées paranoïaques se mettent à faire de plus en plus de bruit dans sa caboche et à le rendre aveugle à ce qui est vrai : son crayon qui court sur le papier, ses meilleurs amis avec qui il partage une passion et un merveilleux projet créatif, sa famille qu'il aime plus que tout au monde et qui le lui rend bien. Caden était simplement lui avant de devenir moussaillon de l'odieux capitaine. Caden était un simple jeune homme, un adolescent avec beaucoup de potentiel et de lumière en lui. Pourquoi a-t-il fallu que tout se ternisse d'un coup comme ça, que cette saveur amère se loge dans sa bouche telle une noyade constante, comme si on ne parvenait jamais vraiment à recracher toute l'eau ingurgitée ? Pourquoi a-t-il fallu qu'un satané perroquet de malheur vienne se loger sur son épaule et ainsi la broyer, produire un tel vacarme dans ses oreilles sourde à toute parole réelle, à laquelle on peut se raccrocher ? Pourquoi lui ? Je pense que je ne cesserai jamais de me poser la question, pour Caden, pour Brendan. Ce qui est sûr, c'est que je ne veux plus reposer un pied sur ce bateau de toute ma vie. Le capitaine et le perroquet sont clairement à mes yeux persona non grata. Alors que j'avais cru comprendre les pensées les plus insensées de Caden au fur et à mesure du roman, le mystère de ces deux antagonistes n'a fait que s'épaissir pour moi. Il était clair à mes yeux qu'ils étaient des métaphores, deux oppositions qui permettaient à Caden d'un tant soit peu s'y retrouver dans ce mic-mac perpétuel. La lumière se fera brusquement, vous verrez. Tout ce qui se trouve dans la tête de Caden, les choses comme les gens, sont une déformation gigantesque de la réalité. C'est comme si on essayait de regarder cette dernière en face, mais dans un miroir grotesque de fête foraine. Ou dans une glace brisée en une infinité d'éclats, autrement dit un reflet de malheur. Le capitaine et le perroquet étaient les parallèles les moins évidents à dresser, à décrypter. Encore un autre signe du talent évident de Neal Shusterman à imager des thématiques fortes et loin d'être agréables de la réalité de notre monde. Ça vous en fera presque mal au crâne d'essayer de discerner le vrai du faux, le bien du mal, mais si vous n'aviez qu'une chose à retenir, ce serait celle-ci : ne faites confiance à aucun des deux. Le capitaine et le perroquet vous paraîtront à certains moments dignes de confiance, et symboles d'espoir, mais ce n'est qu'un leurre abjecte. Ne tombez pas entre leurs serres ou sous leur crochet. Moi-même, comme Caden, j'avais envie de les croire, de me placer sous leur aile, de leur obéir. Cela paraissait tellement plus facile, plutôt que d'avoir la peur au ventre et de ressentir une peur lancinante à chaque instant. Mon conseil à moi, ce serait que vous embrassiez cette peur, que vous vous en serviez comme d'un punching-ball, que vous lui disiez NON, de tout votre être, de toute votre âme. Ne la laissez pas vous terrasser. Les peurs de Caden ne sont pas si dissemblables des nôtres que ça. J'ai été surprise de parfaitement les comprendre à beaucoup de moments. Je les ai ressenties aussi, à un moment dans ma vie, et elles me sont revenues de plein fouet au cours de ma lecture. Je dirais simplement que la différence entre Caden et nous, c'est qu'il s'est immergé dans ses peurs jusqu'au cou. Il s'est laissé couler dans ces eaux profondes, insondables, d'une noirceur que nous sommes souvent bien incapables d'affronter. C'est là que la différence de ce personnage devient une force : il parvient à toucher le fond de l'eau et à remonter à la surface. La maladie n'a pas fait de lui une épave échouée dans les plus noires abysses des mers. Tous n'ont pas cette chance de sortir ainsi la tête hors de l'eau. Certains connaissent des destins tragiques, injustifiés ; d'autres ne parviennent pas à se faire à cette idée (et on les comprend) qu'ils sont prisonniers de leur corps, de leurs pensées, que leur âme est perdue à l'intérieur de cette carcasse immense qui fait office de bâtiment carcéral et qu'ils en sont la propre clé. Pour ce qui est de Caden/Brendan, le chemin vers une vie apaisée et à peu près normale est encore long. Les deux sont de véritables rescapés d'une monstruosité de notre corps humain, de notre psychisme, qui dépasse l'entendement. Cependant, entendons-nous bien : la monstruosité n'est pas la personne, la personne est victime de cette monstruosité qui l'engloutit comme les eaux affamées de l'océan ou la baleine Monstro, d'accord ? Ne faisons pas de jugements trop hâtifs en mettant des étiquettes aux gens trop rapidement. Je vois mon petit Caden comme le garçon courageux et bienveillant qui a réussi à sortir du ventre de la baleine. Comme un héros, comme un survivant. Comme un être humain extraordinaire. Baisser les bras n'est pas dans sa nature, aussi terrifié et perdu soit-il. Abandonner les autres non plus. J'ai ressenti un tel élan de tendresse pour lui que j'en avais envie de le serrer de toutes mes forces dans mes bras. De lui montrer de tout mon être que j'étais là, qu'il n'était pas seul. Que moi aussi je doutais de la tangibilité de ce monde, tout comme lui. Notre réalité telle que nous la connaissons est-elle véritablement normale ? Existe-t-il une normalité parfaite ? Je crois qu'il est bien plus dur qu'il n'y paraît de répondre à de telles questions. Pas étonnant que Caden en ait eu des sueurs froides et des maux de crâne. Je ne peux que compatir à cette folie empreinte de mélancolie, de colère brûlante et de peur panique qui lui collait à la peau et qui ne voulait et ne voudra sans doute jamais le laisser s'en aller. Elle me cause souvent bien des tourments à moi aussi. Nous étions deux dans cette galère. Et nous en sommes sortis vivants. Si vous prenez la peine de lire ce magnifique livre, vous en réchapperez vous aussi. Vous sentirez certes toujours le sel de mer vous faire comme une seconde peau et cette "croisière" (quel mot peu approprié ! J'aurais mille fois mieux préféré le kitsch de La croisière s'amuse) obnubilera vos pensées, à tel point que vous vous direz que « vous n'avez pas signé pour ça ». Mais dans la foulée, vous vous ferez un ami à la valeur inestimable qui vous apprendra beaucoup plus de choses sur vous même que ce que vous croyiez savoir, et dont les dessins d'une abstraction désormais chaotique (la contribution en tant qu'illustrateur de Brendan lui-même à l'ouvrage de son père était tout bonnement nécessaire afin de donner à cette histoire son véritable poids) faits essentiellement de lignes entremêlées représenteront pour vous à la fois le pire des cauchemars et le fil conducteur salvateur vers la sortie. Dans le change, vous y gagnez beaucoup.
Et le véritable Caden, Brendan, aussi, au fond. Son histoire mérite d'être connue, le livre que son père lui a dédié d'être mis entre toutes les mains. Aujourd'hui, vous pouvez trouver sur Internet des photographies d'un Brendan souriant et en bonne santé se tenant aux côtés de son père. Qui sait ce qui se cache derrière ce sourire. Pour ma part, ce qui est certain, vous ne me l'enlèverez pas de l'idée, c'est que l'éclat de ce sourire est réel, bien réel. Il n'y a pas de mensonges ou de faux semblants là-dedans. J'en applaudis à deux mains Brendan. Je n'ose imaginer les épreuves qu'il a dû traverser pour en arriver là, à ce sourire qui le fait paraître normal, et mener une vie normale. Le goût amer de l'abîme ne nous en donne qu'un bref aperçu et c'est déjà suffisant pour nous épouvanter et nous donner la sensation écrasante que cela est insurmontable. Brendan est la preuve irréfutable du contraire. Il est tout simplement admirable, et je souhaite à toutes les personnes dans son cas de s'en sortir aussi bien que lui. De s'en sortir tout court. L'injustice de la chose m'oppresse et me donne envie de hurler jusqu'à en tomber à genoux. Ce pourquoi ? m'étranglera jusqu'au bout, décidément. En tout cas Brendan, sache que tu forces le respect. Je t'admire à en avoir eu les cils tout mouillés et le souffle coupé une fois le livre refermé. J'admire aussi immensément ton père d'avoir réussi à t'offrir le plus beau cadeau qui soit : le sentiment d'être compris, comme si à travers ces quatre cent huit pages, ton père te disait sans s'en cacher : « Je sais exactement tout ce que tu as traversé mon fils, je le comprends, et je t'aime. » C'est exactement ça, ce livre est une déclaration d'amour d'un père à son enfant, une déclaration qui se fait aux yeux du monde entier grâce au pouvoir résolument magique et sans bornes de la littérature. Impossible de rester insensible face à un tel roman pétri d'émotions à l'état brute et d'humanité. Alors lisez-le, c'est tout. Challenger Deep, le titre originel du roman, se trouve aussi être l'appellation qui désigne le point le plus profond jamais mesuré dans les océans. On peut dire que jamais un roman n'a porté aussi bien son nom. C'est là que Neal Shusterman, Brendan/Caden et moi-même nous vous invitons à vous rendre. Serez-vous capable de défier la profondeur des océans ? Ce roman parviendra à vous prouvez que oui, vous le pouvez, et que vous êtes capables de bien d'autres choses encore. Vous êtes beaucoup plus forts que vous ne le pensez. Ayez confiance et lisez. Juste, lisez.
Nanette ♥

COUP DE C¼UR ♥ aussi profond que l'abîme...

Source des images : dustypalms, darklingaleks.
« - Je ne bois pas, OK ? Peut-être une bière en soirée, une fois de temps en temps, tu vois, quoi, mais c'est tout. Je ne me soûle pas.
- Eh bien, peu importe ce que tu prends. Tu peux me le dire. Je comprendrai. Max aussi - c'est juste qu'il ne sait pas comment te le dire.
Soudain, mes mots se déversent sur Shelby en dures consonnes.
- Je vais bien ! Je ne prends rien. Je ne fume pas de crack, je ne sniffe pas de Ritaline, je n'aspire pas le gaz des bouteilles de crème chantilly et je ne me shoote pas avec du Destop.
- OK, lâche Shelby qui ne me croit pas une minute. Quand tu auras envie d'en parler, je serai là. »
- Eh bien, peu importe ce que tu prends. Tu peux me le dire. Je comprendrai. Max aussi - c'est juste qu'il ne sait pas comment te le dire.
Soudain, mes mots se déversent sur Shelby en dures consonnes.
- Je vais bien ! Je ne prends rien. Je ne fume pas de crack, je ne sniffe pas de Ritaline, je n'aspire pas le gaz des bouteilles de crème chantilly et je ne me shoote pas avec du Destop.
- OK, lâche Shelby qui ne me croit pas une minute. Quand tu auras envie d'en parler, je serai là. »
« On est devant la sortie. La première porte s'ouvre et on entre dans le petit sas de sécurité. Ma mère passe un bras autour de moi et je sens qu'elle le fait au moins autant pour elle que pour moi. Elle a besoin du réconfort d'être enfin capable de me réconforter ; ce qu'elle n'a pas pu faire pendant longtemps.
Ma maladie nous a tous plongés dans les abysses, et même si moi, eh bien, j'ai exploré Challenger Deep, je ne peux pas minimiser ce que ma famille a traversé. Je n'oublierai jamais que mes parents sont venus me voir à l'hôpital tous les jours, même quand j'étais clairement ailleurs. Je n'oublierai jamais que ma petite s½ur m'a tenu la main et qu'elle a essayé de comprendre ce que c'était que de se trouver dans cet ailleurs. »
Ma maladie nous a tous plongés dans les abysses, et même si moi, eh bien, j'ai exploré Challenger Deep, je ne peux pas minimiser ce que ma famille a traversé. Je n'oublierai jamais que mes parents sont venus me voir à l'hôpital tous les jours, même quand j'étais clairement ailleurs. Je n'oublierai jamais que ma petite s½ur m'a tenu la main et qu'elle a essayé de comprendre ce que c'était que de se trouver dans cet ailleurs. »
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