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FICHE LECTURE : Les larmes du bouddha de pierre

FICHE LECTURE : Les larmes du bouddha de pierre
• AUTEUR : S.P. Somtow.
• ANNÉE : 2012 (THAÏLANDE) ; 2019 (FRANCE).
• GENRE(S) : Roman d'apprentissage, contemporain, réalisme magique.
• THÈMES : Société - Monastère - Bouddhisme - Religion - Enfance - Innocence - Pauvreté - Rencontres décisives - Amitié - Révolte - Classes sociales - Inégalités - Illégalité - Corruption - Politique - Hypocrisie - Violence - Espoir - Lumière...
• PAGES : 136.

Les vies de deux garçons originaires des classes sociales les plus opposées se croisent à cause d'un mur. Le protagoniste, un mendiant, connu sous le seul nom de Boy, rencontre un moine novice que son père, politicien corrompu, a envoyé dans un monastère pour obtenir une belle série de photos en vue de sa campagne électorale.
À eux deux, les garçons réunissent gosses des rues, chauffeurs de taxi et cornacs pour réaliser un projet fou : mettre fin à l'alliance sombre nouée par le monde des adultes entre crime organisé et politique.
Traitant de l'innocence et de l'espoir, Les larmes du bouddha de pierre raconte une histoire irrésistible sur l'amitié, les classes sociales, la société et le pouvoir qu'ont les enfants de dire la vérité dans un monde où les adultes ont oublié comment le faire.

L'AUTEUR : Compositeur et chef d'orchestre thaïlandais de renommée internationale, S.P. Somtow est né à Bangkok en 1952. C'est également un écrivain très prolifique (science-fiction, horreur), pour adultes et jeunes adultes, récompensé par plusieurs prix littéraires.
Les larmes du bouddha de pierre a été écrit dans le cadre d'un projet international visant à donner aux enfants du monde entier un aperçu de la vie quotidienne dans différents pays sans toutefois occulter les questions sérieuses de société.
Avec Galant de nuit, roman d'apprentissage semi-autobiographique teinté de réalisme magique et d'érotisme, cet ouvrage fait partie de la production siamoise de l'auteur.

ஜ MON AVIS :

Coucou les petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour ma chronique sur le roman Les larmes du bouddha de pierre écrit par S.P. Somtow. Je remercie du fond du c½ur les éditions Gope pour ce très bel envoi qui s'est révélé aussi instructif qu'émouvant, même si... Oui, oui, je garde une petite part de suspens, soyez patients mes agneaux !

Pour avoir déjà lu l'une des titres issus de la bibliographie de S.P. Somtow, à savoir Galant de nuit (voir ma chronique ici), je dirais que Les larmes du bouddha de pierre complète à merveille ce dernier, dans le sens où, si l'auteur a préféré s'attarder sur l'occidentalisation croissante de la Thaïlande, et plus particulièrement de sa capitale Bangkok, dans les années 60 en opposition au mysticisme ancestral de cette dernière et à la beauté brute et majestueuse de son exceptionnelle faune et flore, dans Les larmes du bouddha de pierre, c'est un autre visage de Bangkok que l'on nous présente, justement celui d'un bouddha de pierre ruisselant de larmes, sanglots silencieux et irrépressibles de toute une partie de la population thaïlandaise et immigrée meurtrie par l'existence souvent clandestine qu'elle mène dans des bidonvilles insalubres et tout bonnement immondes (je n'aime pas utiliser cet adjectif-là car il s'agit de l'unique lieu de vie, foyer de nombreuses personnes) pour quiconque se soucie un tant soit peu du respect des droits de l'Homme et de l'humanité qui est censée caractériser chacun d'entre nous.

S.P Somtow explore donc ici un peu plus la dimension sociale de son ½uvre phare Galant de nuit, aussi appelée L'année du caméléon dans les premières traductions françaises, en la liant intrinsèquement aux croyances spirituelles bouddhistes profondément ancrées en Thaïlande mais qui, et je l'ai constaté avec un grand désarroi dans les deux publications alors que plus de trente ans séparent leur parution respective et à peu près une cinquantaine d'années le cadre temporel de leurs intrigues, tendent à être purement et simplement relayées aux oubliettes au profit d'une bienséance d'une hypocrisie sans nom visant à asseoir d'autant plus l'individualisme et le capitalisme de notre société mondiale. La leçon que nous donne S.P. Somtow avec Les larmes du bouddha de pierre en particulier m'a frappée de plein fouet tant elle est à la fois claire comme de l'eau de roche, criante de vérité et de simplicité, et malgré cela ignorée de tous (ou presque) : quelque soit l'endroit d'où nous tenons nos racines ou notre religion, nous avons tous sans exception aucune une voix intérieure que l'on appelle conscience qui nous encourage à agir, à ne plus se laisser faire, à ne plus contempler passivement le cours des choses se dérouler sans rien en changer, sinon il ne nous restera que nos yeux scandalisés, et ce à raison, pour pleurer.

Je peux vous assurer que Les larmes du bouddha de pierre m'a véritablement ébranlée. Ce roman m'a permis grâce aux informations qu'il a su m'apporter sur l'état de la Thaïlande actuelle combinées aux enseignements que j'avais retenus de Galant de nuit de me dresser mentalement un portrait global d'une nation qui, comme beaucoup d'autres dans le monde, n'est considérée que dans son intérêt purement touristique, économique, superbe et grandiose sans que l'on ait au fond cure de la perversion de son âme dans ce procédé qui dure dans le cas présent depuis près de soixante ans (point de départ de Galant de nuit justement, voyez comme les deux titres, sans le vouloir j'imagine, s'imbriquent parfaitement l'un avec l'autre, je ne le répéterai jamais assez) ni de la survie (pas du bien-être, attention), ne serait-ce que de la simple survie, de son peuple muré dans les sentiments de honte et d'impuissance suscités par la pauvreté. Pour une contrée plus connue sous les appellations « Pays du sourire » et « Pays des hommes libres », n'est-ce pas là le comble des combles ?

Très sincèrement, mon c½ur a hurlé de souffrance face au niveau de vie et aux choix pitoyables qui s'offrent à Boy, un jeune garçon qui n'a même pas eu la chance de se voir donner en cadeau un malheureux prénom, éternel serviteur d'un monde pétri d'injustice et de crasse qui ne cesse de vouloir l'écraser de tout le poids de son ignominie et de sa cruauté et j'ai également partagé l'intense culpabilité et l'immense dégoût ressenti par le personnage bien né de Lek, qui ne supporte plus ce système résolument dysfonctionnel et abjecte. Leur relation à eux deux m'a émue au-delà des mots et par ailleurs, si j'ai au départ été extrêmement étonnée par la petite taille de ce récit (Galant de nuit fait office d'authentique roman-fleuve à côté), je me suis ensuite rendue compte au fur et mesure que les pages se tournaient qu'il n'en fallait in fine pas plus pour comprendre les motivations et les sentiments qui animent les différents personnages ainsi que pour assimiler tout ce qu'ils ont vécu.

Mais alors, qu'est-ce qui cloche avec ce bouquin au fond (bravo si vous vous êtes souvenus du « même si... » du paragraphe d'introduction de cet article et que vous avez ainsi patiemment attendu jusque là, vous obtenez un bon point) ? Je ne saurais mettre le doigt dessus mais je dirais qu'avant toute chose, c'est avec la fin que ça coince... parce qu'elle m'a justement laissée sur ma faim ! Je ne déblatérerais pas plus à ce propos si ce n'est qu'en déclarant la chose suivante : en refermant ce livre, je me suis exclamée (véridique) « MAIS C'EST QUOI CETTE FIN ?? » Fin de citation, no comment, sur ce, je vais aller me noyer dans ma gigantesque frustration qui ne semble pas être prête à s'assagir.

Pour conclure, je dirais que Les larmes du bouddha de pierre est un roman limpide, d'une grande sagesse et d'un réalisme aussi saisissant qu'effarant. Je vous recommande chaudement de lire ce roman après avoir découvert Galant de nuit du même auteur, vous ne le regretterez pas et en sortirez d'autant plus grandi et instruit sur les atrocités économiques et sociales (les unes ne vont pas sans les autres) de notre monde mais aussi sur la beauté de notre foi à tout un chacun qui, loin d'être une source de division majeure tel qu'on a tendance à la décrire, cherche au contraire à nous rassembler dans ce que nous avons de meilleur et à réveiller l'être humain véritable qui sommeille en nous. J'escomptais certes un autre dénouement à cette histoire-ci (le concept de fin ouverte ne m'a absolument pas satisfaite pour le coup) ; ma lecture s'en est retrouvée un tant soit peu gâchée et ternie mais je ne regrette rien car ce roman m'a appris des choses, m'a donné envie de me regarder dans le miroir et à voir au-delà des apparences, à transcender ces dernières pour mieux renouer avec l'essentiel, j'ai nommé notre être intérieur, et c'est là tout ce qui compte. ★★★★★

Nanette ♥
Tags : Fiche lecture, service de presse, Les larmes du bouddha de pierre, Gope éditions, 2012, 2019, Littérature thaïlandaise, roman d'apprentissage, contemporain, réalisme magique, société, monastère, bouddhisme, religion, enfance, innocence, pauvreté, rencontres décisives, Amitié ♥, révolte, classes sociales, inégalités, illégalité, corruption, politique, hypocrisie, violence, espoir, lumière, Bonne lecture
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#Posté le mardi 19 novembre 2019 16:50

Modifié le mercredi 20 novembre 2019 15:38

FICHE LECTURE : Une histoire des abeilles

FICHE LECTURE : Une histoire des abeilles

• TITRE VO : Bienes Historie.
• AUTRICE : Maja Lunde.
• ANNÉE : 2015 (NORVEGE) ; 2017 (FRANCE).
• GENRE (S) : Contemporain.
• THÈMES : Abeilles, écologie, fresque familiale, famille, drame, XIXème siècle, Angleterre, XXIème siècle, Etats-Unis, récit d'anticipation, futur post apocalyptique, dystopie, société, politique, mystère, enquête, littérature scandinave...
• PAGES : 396.

Un triptyque écologiste qui raconte l'amour filial à travers le destin des abeilles.

Angleterre, 1851. Père dépassé et époux frustré, William a remisé ses rêves de carrière scientifique. Cependant, la découverte de l'apiculture réveille son orgueil déchu : pour impressionner son fils, il se jure de concevoir une ruche révolutionnaire.

Ohio, 2007. George, apiculteur bourru, ne se remet pas de la nouvelle : son unique fils, converti au végétarisme, rêve de devenir écrivain. Qui va donc reprendre les rênes d'une exploitation menacée par l'inquiétante disparition des abeilles ?

Chine, 2098. L'Effondrement de 2045 a laissé la planète exsangue. Les insectes ont disparu. Comme tous ses compatriotes, Tao passe ses journées à polliniser la nature à la main. Pour son petit garçon, elle rêve d'un avenir meilleur, réservé à l'infime élite. Mais, lorsque ce dernier est victime d'un accident, Tao doit se plonger dans les origines du plus grand désastre de l'humanité.

ஜ MON AVIS :

♫ Allongeons-nous dans l'herbe
Et regardons vivre ces drôles de petites abeilles ♫

Tout d'abord, un grand merci aux éditions Presses de la Cité pour ce premier partenariat avec eux. Cela faisait quelque temps déjà que je brûlais de vous parler de ce roman et le moment propice est enfin arrivé ! Je dois vous avouer que je me surprends moi-même à m'intéresser aux publications de la rentrée littéraire de cette année alors que cela n'a jamais trop été ma tasse de thé.

J'ai toujours préféré suivre le gré de mes envies au fil des saisons mais, pour une fois, je me suis dis qu'incorporer un peu de miel à cette mixture ne serait pas trop mal. Qui plus est du nectar en provenance de la Scandinavie, une région de l'Europe qui m'est injustement inconnue. Laissons nous donc conter l'incroyable et intéressante histoire des abeilles, par Maja Lunde, apprenons à connaître ces drôles de petites abeilles, ces petits êtres qui m'ont fait peur d'une manière complètement absurde, voir insultante, un peu mieux que ça...

J'ai en effet découvert que les abeilles étaient des créatures magnifiques, qui avaient de la valeur, que l'utilité de leur sauvegarde était cruciale et qu'elles ne méritaient pas d'être traitées avec peu d'importance ou d'être écrasées de façon insignifiante et cruelle. Allons donc à leur rencontre dans ce livre à la couverture et au titre équivoque.

Nous allons vite nous rendre compte que cette histoire est intrinsèquement liée à celle des hommes, à travers les relations filiales qui s'entremêlent dans cette odyssée jaune pollen. L'autrice fait ici le pari de nous sensibiliser à l'écologie, avec un message passionnant et précieux, et au destin que ces petites créatures si cruciales au bon fonctionnement de la biodiversité en nous peignant la fresque de trois générations d'êtres humains, étalée sur trois siècles différents et pourtant pas si séparés que cela. Le but : nous montrer que le travail si zélé des abeilles conditionne jusqu'à notre mode d'existence même. Plus d'abeilles équivaut à plus d'agriculture, plus de céréales, plus de fruits,...

Il s'agit d'un véritable néant alimentaire en somme et nous sommes bien peu reconnaissants envers ces jolis insectes jaunes striés de noir. Maja Lunde va nous offrir de côtoyer les abeilles le temps d'une lecture, de découvrir comment fut crée leur habitat, comment elles s'organisent, quelle importance elles revêtent pour la Terre et les sept milliards d'âmes qui la peuplent, sans pour autant tomber dans un aspect trop scientifique et moralisateur.

Tout se fait naturellement, de manière subtile qui nous donne à réfléchir sur notre comportement au quotidien, nos actions et notre rapport aux abeilles après coup. Le roman apporte une vraie réflexion et on en sort grandi et enrichi, ici sur le sujet des abeilles. Ce roman nous informe, nous éduque et nous alarme sur l'avenir qu'on pourrait se façonner si on ne fait pas plus attention.

La première famille dont nous faisons la connaissance au sein de ce triptyque captivant, qui aborde une diversité de sujets, écologiste dans l'âme et visionnaire, est celle des Savage, au alentour des années 1850, soit l'aube de l'apiculture. William, le patriarche, n'est plus que l'ombre de lui-même. Jeune scientifique brillant et dont l'avenir se présentait radieux, illuminé par sa passion dévorante de cet infini de l'univers qui regorge de secrets envers nous, pauvres mortels, William a fini par décevoir amèrement son mentor en se mariant à une gente demoiselle, en faisant une ribambelle d'enfants et en finissant par ouvrir une misérable graineterie, qui a certes connu le succès.

Bref, tous les rêves de grandeur de l'Humanité de William se sont retrouvés sacrifiés sur l'autel de la famille nombreuse, des bouches à nourrir et des petites têtes à élever, et ce constat est si désolant que le jeune père en devient vieux avant l'heure, et apathique au point qu'on aurait sérieusement envie de le secouer comme un prunier et de le faire tomber à bas de son lit, sa nouvelle demeure mortuaire, séance tenante. Difficilement appréciable au début, voir antipathique, William va cependant se révéler être un personnage intéressant et qui vaut mieux que qu'on pourrait croire de prime abord.

N'empêche, heureusement que sa fille Charlotte était là ! Alors que William ne pense qu'à se rapprocher de et à rendre fier son aîné, Edmund (je pensais à chaque fois à Narnia quand je lisais ce prénom, c'était horrible lol), le soi-disant fils prodige et chouchou de la maisonnée, avec ses projets visionnaires et enthousiasmants de ruches, Charlotte, elle, reste dans l'ombre, discrète et toujours prête à rendre service à son père, à l'épauler, à le délester de n'importe quel poids qui pourrait entraver la bonne marche de ses travaux et le ramener à sa torpeur.

Charlotte, c'est la fille que je rêverais d'avoir, je vous le dis. Patiente, dévouée à son paternel, le c½ur débordant d'amour et de respect pour ce dernier, auquel elle croit de toutes ses forces, douce, gentille, et à l'intelligence foudroyante dans une société où la femme n'est bonne qu'à être jolie, se taire, se marier le plus vite possible et faire une famille nombreuse.

Tandis qu'Edmund va se révéler être une cuisante déception dû à son comportement de débauché, de dépravé, qui n'assume aucune de ses responsabilités alors qu'il est le plus âgé et le seul garçon, héritier donc de la boutique de son père et de tout ce que celui-ci peut lui léguer, que ce soit matériel ou immatériel, alors qu'il devrait donner l'exemple et se forger un meilleur avenir que celui qui l'attend s'il continue dans cette voie, c'est en réalité Charlotte, ce petit bout de femme admirable, qui va être celle pleine de promesses, qui va se montrer forte et époustouflante en toutes circonstances, qui va insuffler à son père la force de croire en ses rêves concernant les abeilles, la sérénité pour mener à bien ses projets, malgré les désillusions qu'il va devoir affronter à mi-parcours.

Il faudra du temps à William de se rendre compte de la véritable valeur de sa fille, ce qui a eu tendance à m'agacer une bonne partie du récit, mais cela est représentatif de la mentalité patriarcale de l'époque et n'en souligne donc que d'autant plus le réalisme désolant de cette intrigue sortie de la plume de Maja Lunde.

On va dès à présent faire un bond de cent cinquante ans dans le temps grâce à la De Lorean et arriver en 2007, soit il y a dix ans de cela pour nous. Cette période d'industrialisation et de production de ruches à la chaîne en usine, beaucoup plus familière à nos yeux, va être celle dans la fresque de George, apiculteur passionné de père en fils depuis des générations, Dieu seul sait depuis quand. Bref, l'apiculture, ça leur coule dans les veines dans cette famille-là.

Sauf que Tom, ça ne le bute-tine (OK, je sors...) pas trop. Tom, c'est le fils unique de George. On repart dans cette idée de fils prodige, d'héritier de la famille sur les épaules duquel reposent de grandes expectations et attentes. Or, Tom est loin d'être un fainéant. Il a toujours travaillé dur afin de faire plaisir à son père, qu'il aime et admire beaucoup, mais il ne s'est jamais senti à sa place au sein de la ferme.

Si pour George, cela était l'évidence même de reprendre le flambeau de son père et de ses aïeux et de travailler avec ardeur et fierté, le c½ur vibrant de construire des ruches artisanales et de bichonner ses abeilles, pour Tom, son horizon se trouve ailleurs : dans l'écriture. On va ainsi assister à un conflit permanent entre le père et le fils concernant l'avenir de ce dernier, avec l'adorable Emma, la maman poule, la femme vaillante mais aussi fatiguée, qui essaie de faire tampon et d'être le messager de paix.

D'une certaine manière, George aussi va être agaçant et avoir un comportement pénible mais il reste attachant, tout comme les autres personnages de cette épopée de l'abeille. Certes, George va pendant une bonne partie du récit refuser de comprendre son fils et ses motivations, de les accepter. Son manque de tolérance et de dialogue est absolument flagrant et révoltant.

Tout ce que George voit, c'est son petit garçon adoré si proche de lui autrefois qui s'éloigne, prend de la distance, et baisse les bras, abandonne les abeilles à leur triste sort des Colony Collapse Disorder, le syndrome d'effondrement des abeilles, qui commence alors à apparaître aux États-Unis et à se propager telle la peste.

Cependant, George ne pense pas qu'à sa petite personne, au contraire, il veut simplement que l'on se soucie des abeilles, qu'on les aime, qu'on les protège, car il sent la catastrophe qui approche dû au fait de tant de disparitions colossales de niches entières. Ce miel produit, ces ruches fascinantes organisées autour de la reine, travailleuses, enjouées, magnifiques dans leur labeur jusqu'à ce que la dernière petite force dans leur minuscule corps ne s'évapore, voilà le repère dans la vie de George. Que va-t-on devenir sans elles, si l'on se détourne d'elle, si on ne voit pas la beauté suprême de leur courage et de tout ce qu'elles font pour nous ?

Vu sous cet angle là, on comprend mieux que George se sente abattu et que ce début d'hécatombe lui donne le sentiment d'être le seul à réaliser la catastrophe, l'impact désastreux que provoquerait cette évanouissement des abeilles dans la nature, alors qu'il est la définition même de l'impuissance, comme tant d'autres apiculteurs à la tête baissée, des larmes perlant au coin des yeux. Cela m'en a serré le c½ur. Impossible de ne pas se sentir concerné : nous le sommes tous. Sans les abeilles, nous ne sommes plus rien.

Enfin, la De Lorean accepte de faire un dernier bond, encore de cent cinquante ans et plus. Nous rencontrons Tao, une femme chinoise qui sera sûrement le personnage auquel vous vous attacherez le plus, et qui saura vous toucher au plus profond de votre c½ur, vous séduire et vous accrocher. Elle vit dans un régime sombre, éreintant, inégalitaire, où la majeure partie des citoyens sont contraints à grimper aux arbres, perchés sur les branches tels des oiseaux hors normes et debout, pour les polliniser à la main toute la sainte journée. Fatigue, courbatures, santé éreintée et espérance de vie raccourcie, voici ce qui résulte de ce mode de vie inhumain et qui nous semble, à nous lecteurs, tout droit sorti d'un cauchemar.

Dans un futur qui nous semble presque dystopique, seule une poignée d'élus, une élite, peut accéder à des études, à une vie meilleure loin des champs et du travail physique minutieux et terriblement monotone auxquels les habitants sont condamnés dès leur plus jeune âge. Tao, malgré son amour d'apprendre et de s'enrichir de connaissances, malgré ses capacités intellectuelles qui ont fait d'elle une enfant fière de son savoir et de sa passion, n'a pas réussi à atteindre cet échappatoire doré, qu'elle désire tant pour son fils, un petit bout d'chou vigoureux et plein de vie qui n'aspire qu'à s'amuser et à être heureux.

Le roman ne nous donne aucun temps mort avec une alternance constante des trois points de vue qui nous empêche de poser le livre et de souffler. Effectivement, impossible de le lâcher tant on a envie de savoir ce qui va arriver aux trois familles. Au fur et à mesure des pages reliées de miel va se dévoiler un lien entre elles plus fort et marquant qu'on aurait pu le croire.

Et oui, les abeilles, qu'elles pullulent, qu'elles soient en danger, ou en totale extinction, ne sont pas les seules à permettre aux trois grands bouts de cette fresque de tenir ensemble et d'être cohérents tous les trois réunis. Ces trois destins bouleversants, profondément touchants, cohérents et réalistes sont en effet intimement liés.

La partie de Tao reste la plus mystérieuse, la plus angoissante et la plus effarante et j'avais la sensation que je ne pourrais jamais échapper à cette réalité qui me semblait bien trop crédible et effroyable pour pouvoir la supporter. Mon c½ur se gonflait d'amour et de respect pour Tao, cette femme battante, au contraire de son époux aimant mais par trop passif, qui affronte ses peurs et qui est prête à tout pour partir à la recherche de son fils dans ce dédale de modernité abîmée, de pauvreté désarmante de la population, dans ce vide intersidéral d'un monde, anciennement le nôtre, qui est parti en vrille et qui s'est retrouvé en ruines, glacial et qui nous fait véritablement froid dans le dos.

Un livre bien particulier écrit par une certaine personne sera la lumière couleur de miel dans sa nuit au noir semblant sans fin. L'amour du savoir, la transmission est éternelle. Je ne veux rien vous dire concernant la quête des retrouvailles avec Wei Wen, juste que ce sera une piqûre d'espoir qui causera beaucoup de souffrance et aussi une piqûre de rappel qu'il faut être solidaires entre êtres humains mais aussi avec la Nature, qui nous entoure et qui nous aime. Ne jamais l'oublier.

Pour conclure, je dirais que ce roman, qui nous apporte une nouvelle vision du monde, est une magnifique ode aux abeilles et à la Nature, un plaidoyer écologiste qui nous apprend à écouter cette dernière qui souffre de nos erreurs et maladresses à la chaîne, de notre indifférence qui la tue à petit feu, tout en nous dépeignant un amour filial imparfait mais puissant et essentiel, tout comme les abeilles rassemblées dans la ruche.

Cependant, le message de mise en garde de Maja Lunde ne se fait pas fataliste, car la Nature finit toujours par reprendre ses droits, renaître de ses cendres. Il suffit de l'écouter, de lui montrer notre amour et notre reconnaissance et de cohabiter en paix et en harmonie, dans le respect de l'environnement. Je sonne comme un Bisounours en disant cela mais si ça pouvait rentrer dans toutes les caboches, même les plus bornées et stupides, ce serait franchement bien...

Mais rappelez-vous juste une chose : quand la Nature subit nos bêtises, nous sommes ceux qui prennent les conséquences en pleine poire, et les générations futures aussi. Nous récoltons ce que nous semons et notre héritage écologique, notre Humanité ne seront pas bien jolis si cela continue ainsi. Je ne peux que vous chanter les louanges de et vous conseiller cette petite merveille de la rentrée littéraire, que je mettrais entre tous les mains, c'est franchement mérité. On en a beaucoup parlé sur la blogo' et j'espère bien que cela continuera, qu'on fasse un tapage silencieux digne du bourdonnement des abeilles, et que cet ouvrage se propage partout.

Faisons donc notre propre pollinisation ! Je vous préviens juste que, dans ce superbe livre, ce n'est pas l'enchaînement d'action qui prime, mais le message fondamental, qui dépasse la fiction. Pour ma part, il s'agit d'une lecture qui me restera en tête pendant encore longtemps. COUP DE COEUR ♥

J'ai su être sensible à la plume agréable, lumineuse, belle, douce, simple et piquante comme un dard de Maja Lunde. Le serez-vous aussi ? Saurez-vous prendre le temps d'écouter ce bourdonnement singulier, intelligent, d'écriture et de vérité ? J'espère en tout cas vous avoir donné envie de le lire, c'est là tout ce que je souhaite !

« L'abeille meurt quand ses ailes sont usées, déchiquetées par trop de battements, comme les voiles du hollandais volant. Alors qu'elle prend son envol, gorgée de nectar et de pollen, ses ailes, sans prévenir, refusent de la porter. Elle ne retourne jamais à la ruche, mais s'écrase au sol avec son butin. Si les abeilles étaient douées de sentiments humains, sans doute éprouveraient-elles à ce moment-là un bonheur sans mélange : la satisfaction d'entrer au royaume des cieux en ayant accompli leur devoir d'abeille, en ayant fourni pour ce faire des efforts gigantesques compte tenu de la petitesse de leur corps. »
Tags : Fiche Lecture, Service Presse, Presses de la Cité, Maja Lunde, Rentrée Littéraire 2017, Contemporain, roman, Abeilles, écologie, fresque familiale, famille, drame, XIXème siècle, Angleterre, XXIème siècle, Etats-Unis, récit d'anticipation, futur post apocalyptique, dystopie, société, politique, mystère, enquête, littérature scandinave, coup de coeur ♥
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#Posté le mardi 28 novembre 2017 08:52

Modifié le mercredi 10 juillet 2019 09:47

FICHE LECTURE : Lady Helen - T1 : Le Club des Mauvais Jours

FICHE LECTURE : Lady Helen - T1 : Le Club des Mauvais Jours

Entre romance à la Jane Austen et fantasy noire

• TITRE VO : Lady Helen - The Dark Days Club.
• ÉCRIVAIN : Alison Goodman.
• ANNÉE : 2016 (USA ; FRANCE).
• GENRE (S) : Dark fantasy.
• THÈMES : XIXème siècle, Angleterre, époque de la Régence anglaise, drame, surnaturel, démons, société, bonnes m½urs, place de la femme, aristocratie, romance, fiction historique, chasseurs de démons...
• PAGES : 576.

Londres, Avril 1812... Lady Helen Wrexhall s'apprête à faire son entrée dans le monde. Bientôt, elle sera prise dans le tourbillon des bals avec l'espoir de faire un beau mariage. Mais une bonne de la maison disparaît, des meurtres sanglants sont commis, la plongeant soudain dans les ombres de la Régence. Helen fait la connaissance de Lord Carlston, un homme à la réputation sulfureuse. Il appartient au Club des mauvais jours, une police secrète chargée de combattre des démons qui ont infiltré toutes les couches de la société. Lady Helen est dotée d'étranges pouvoirs, mais acceptera-t-elle de renoncer à une vie faite de privilèges et d'insouciance pour rejoindre Lord Carlston et basculer dans un monde terrifiant ?

Le premier tome fascinant d'une trilogie.

« Sous la Régence anglaise, un drame inventif et saisissant, avec du surnaturel démoniaque au tournant : génial ! »
The Bookseller

ஜ MON AVIS :

Pour commencer, on ne change pas les bonnes habitudes : je tiens à remercier les éditions Gallimard Jeunesse de m'accorder à nouveau leur confiance avec ce service de presse de qualité. Je me répète, mais c'est toujours un grand honneur pour moi que de pouvoir recevoir et chroniquer les livres de cette maison d'édition que je chéris depuis que ma passion pour la lecture est née. Et je leur suis tout particulièrement reconnaissante cette fois car je crois bien que je n'ai jamais vu un objet-livre aussi beau. A le tenir en mains, j'en avais des frissons. Une pure merveille qu'on m'avait donné l'immense chance de lire. Il me tardait donc de découvrir si le contenu était en adéquation avec l'esthétique de l'ouvrage, et j'ai ainsi dévorer littéralement mon livre en une journée. Vous avez bien lu. Cela ne m'était pas arrivé depuis... trois ans maintenant, et j'avoue que cette passion dévorante au sens littéral m'avait manqué.

Attention, je ne dis pas qu'être passionné (e) de lecture, cela signifie s'engloutir un livre par jour sans discontinuer. C'est juste que c'était une pulsion qui me prenait de temps à autre et qui me rassurait, car je n'avais pour ainsi dire jamais de "panne livresque". Je ne supporte pas ça, ça me déprime et ça m'hérisse le poil. Mais bref, passons. Vous l'aurez compris, si je me suis délectée de ce livre avec autant d'ardeur jusqu'au point final, ce n'est pas pour des prunes. Ce livre valait véritablement le coup et mon envie qui s'accroissait au fil des mois (il est sorti à l'été 2016) de le lire a été repu de la meilleure des façons. Je pense que vous allez en avoir marre à force que toutes mes lectures me fassent un effet si positif, mais moi, je ne m'en lasse franchement pas, c'est un régal de tous les instants.

Tout dans ce livre m'a conquise, à part un petit point noir (mais ce n'est qu'à titre personnel, bien sûr) et qui encore, n'entachera en rien l'effet électrisant que ce roman a eu sur moi. J'ai été tout d'abord impressionnée par l'univers reconstitué par l'écrivain, qui a fait un vrai travail d'orfèvres. Elle nous explique à la fin tout son labeur, ses recherches minutieuses sur l'époque de la Régence anglaise, qui a pris fin peu de temps après l'année durant laquelle se déroule l'intrigue (soit 1812), le respect qu'elle tenait à avoir face à la réalité historique tout en prenant des libertés afin de servir au mieux son histoire, que ce soit au niveau des lieux ou des événements stratégiques. Et je peux vous dire que j'ai été sidérée, car cela éclaire tout le contenu de ce premier tome et l'univers dans lequel il se situe. J'avais la sensation de déambuler dans les rues du Londres du dix-neuvième siècle, de vivre dans la maison de Half Moon Street, de me rendre aux réceptions dans les splendides jardins de Vauxhall, au palais royal lors de la présentation officielle d'Helen ou encore de m'aventurer dans les quartiers malfamés de Londres. Tout prenait vie sous mes yeux sidérés et ce fut un phénomène absolument merveilleux, divin.

Je dois vous le dire, j'avais été attiré par cet ouvrage de par sa couverture avec la silhouette de Helen dans sa robe jaune somme toutes assez simple, qui me rappelait une certaine Elizabeth Bennet ou une autre héroïne de Lady Jane. Et paf ! Dans la quatrième de couverture, on nous décrit la nouvelle saga littéraire d'Alison Goodman comme un subtil mélange entre de la fantasy noire et l'écriture de Lady Jane. Etant Janéite (fan des ½uvres de Jane Austen), j'avais très envie de me plonger entre les pages de ce tome liminaire. Je sais, je vous ai dis auparavant que je ne supportais pas quand on présentait une oeuvre comme l'héritière spirituelle d'une autre oeuvre internationalement connue, comme si cette dernière pouvait être remplacée tout bonnement par un soi-disant nouveau phénomène littéraire. Or, ici, je ne l'ai pas ressenti ainsi. Je le voyais plutôt comme un hommage à la voix féminine de Jane Austen, qui décrivait avec fougue et mordant de la société de son temps, une influence bienvenue. Et durant tout le roman qui, on le sent, a été écrit par une main moderne, différente, Jane Austen plane au-dessus de chaque page, et cela m'a fait franchement plaisir. Le respect que porte Alison Goodman à cette auteure, même si elle ne revendique pas s'être inspirée de Lady Jane, à sa pensée et à son époque est vraiment honorable.

Je vous disais que la silhouette de l'héroïne, Lady Helen, sur la couverture, me faisait penser à Lizzie Bennet, figure féminine phare de mon bien-aimé Orgueil et préjugés (paru en 1813 en plus, notez la proximité !) . Eh bien bingo, je ne m'y suis pas trompée ! Lady Helen Wrexhall a tout d'une héroïne de Lady Jane, en particulier celle mentionnée ci-dessus. Les deux se démarquent en effet de par la brillance et la beauté de leur âme de femmes, qui sont contraintes par cette société clairement patriarcale à devoir faire un bon mariage, être jolie et au mieux accomplie (savoir jouer du piano, danser convenablement aux bals, se nourrir de bonnes lectures) afin de faire honneur à la famille et se taire dans la joie et la bonne humeur. Or, Helen, tout comme Lizzie, ne se laisse pas faire, a une flamme intérieure en elle qui brûle, et, même si au fond, elle doit se mouler à la bienséance et aux "bonnes m½urs" de cette hiérarchie qui l'étouffe, elle n'en a pas moins la langue dans sa poche. J'ai adoré ses phrases teintées d'ironie, telle une résistance silencieuse, comme pour dire « Vous ne m'enlèverez jamais ma personnalité, ni ma liberté de penser, j'en ai décidé ainsi ! ». Elle a la tête haute, de l'astuce et du panache, tout en étant une jeune fille de dix-huit ans orpheline qui a sa fragilité, et je l'ai de suite adorée et comprise.

Malgré le fait que la société anglaise oppresse Helen à cause de sa frivolité, de ses cancans, de son mépris, de son ridicule et de ses faux semblants, celle-ci ne peut s'empêcher de la trouver rassurante. Surtout après qu'elle ait découvert les êtres démoniaques qui la menacent. J'ai trouvé que l'élément fantastique, qui constitue l'enjeu clé de l'histoire, s'imbrique vraiment bien à l'époque de l'histoire. Cela se fond naturellement dans cet environnement, cela nous paraît crédible et le défi ardu de faire fusionner le dix-neuvième siècle et du surnaturel aussi sombre est relevé pour moi. J'avais une petite appréhension que cela fasse trop grotesque, mais en réalité, ce ne fut pas du tout le cas. J'ai eu l'agréable surprise de ressentir les émotions auxquelles on peut s'attendre avec ce type d'histoire : du suspens, de la tension, de la peur, voir un intense effroi, le tout accompagné de sueurs froides, de mes yeux exorbités, de mon c½ur qui s'est arrêté de battre et de mon souffle qui s'est coupé à diverses reprises. Rien que ça, oui. Je crois bien que je suis passée par toutes les couleurs avec les péripéties de notre incroyable héroïne, toute une palette d'émotions m'a traversée. Je ne suis pas prête de l'oublier.

Helen va en effet découvrir qu'elle n'est pas comme les autres : elle est une Vigilante. Derrière cette désignation se cache une personne extrêmement rare (il n'y en a que deux centaines dans le monde, 8 en Angleterre et, of course, Helen est la seule femme du lot) dotée d'une extrême agilité et dextérité, qui est une capacité de réflexe décuplée et qui est capable de voir l'aura des personnes qui l'entourent. Les Vigilants font parti d'un groupe organisé appelé Le club des mauvais jours (et voilà à quoi il sert le titreeee ! *humour*) et ont pour mission d'éradiquer les qui ne respecte pas l'accord instauré entre les deux communautés. J'ai trouvé qu'Alison Goodman avait très bien explicité son concept, de sorte qu'on l'assimile très vite, qu'on a pas la sensation d'être perdu(e), sans pour autant avoir toutes les clés, ce qui fait qu'on meurt d'impatience de lire le second tome afin de s'immerger totalement et de se sentir appartenir à ce très sélect (pas par choix, mais bon...) et particulier Club des mauvais jours. Helen a toute une formation à suivre qu'on pourra découvrir dans le second tome, et j'ai particulièrement hâte, j'en trépigne comme une puce. Comme si c'était moi.

Globalement, j'ai adoré tous les autres personnages de l'histoire en dehors d'Helen. Notamment Lord Carlston, le paria du gratin de la société après un drame qui a noirci son personnage. Hors, mon cher William (on est intimes, lui et moi) ne se laisse pas enterrer par toutes les rumeurs colportées sur lui et y répond avec indifférence et aplomb, tout en gardant une certaine influence grâce à la personne estimée de MR BRUMMELL. Qui a réellement existé d'ailleurs, le mélange fiction/réel est total grâce entre autres à cette présence ou mention de personnes qui ont vécu en chair et en os à l'époque, même au sein des démons, et cela rend le récit d'autant plus consistant et authentique. Bref, je ferme ma parenthèse. Sa Seigneurie (Helen le nomme par le titre dû à son rang tout au long du roman) m'a charmée de par son air de défi, sa manière brute de dire les choses, sa force et la conviction qu'il a dans sa noble mission : sauver le monde des ténèbres. Il a réussi à me faire adhérer à sa cause, et j'ai été ébahie du fait qu'il soit prêt à absorber la noirceur afin de sauver le plus grand nombre, quitte à se sacrifier lui-même. C'est un homme d'honneur, qui ne manque pas de moquerie dans sa voix et d'un certain culot, mais c'est cet ensemble qui me plaît chez lui, et on ajoute à cela sa part de mystère et de son passé douloureux, dont je veux tout savoir dans le tome deux, je vous préviens. J'ai aussi adoré la complicité qui se tisse entre Helen et lui, une véritable confiance se fonde au fur et à mesure que Carlston entraîne Helen au sein de ce monde dangereux qui cohabite avec le sien et lui laisse la liberté difficile de choisir entre les deux.

Choisir entre un monde de combat permanent, hostile et où la mort la plus atroce nous frôle à chaque instant, ou un monde certes étriqué mais qui assure une vie paisible et sans soucis. Ce dilemme tiraille notre amie durant la quasi intégralité du roman et j'ai pu parfaitement la comprendre. Choisir d'embrasser sa mission de Vigilante, c'est tout d'abord laisser sa famille et ses proches derrière elle, afin de ne pas les impliquer et donc les mettre en danger. L'oncle d'Helen, Lord Pennworth, ne me manquera à coup sûr pas. C'est le seul personnage (ah non, pardon, il y en a deux, mais l'autre, je ne vais pas en parler car vous aurez le bonheur de découvrir par vous même à quel point c'est un Affreux. Je ne plaisante pas, il est reconnaissable entre mille.) pour lequel j'ai ressenti de l'antipathie. Il est l'incarnation vivante de cette société où le mâle est dominant, où le père ou le tuteur, puis le mari s'occupe de la fille puis de la femme. Ses idées arriérées et sa fermeture d'esprit m'ont fait grincé des dents, c'est le genre de pauvre petit bonhomme qui ne supporte pas que son autorité soit remise en cause, et j'ai triomphé lorsque Helen a décidé que sa patience avait des limites et qu'elle monte à son oncle qu'il ne fait pas le poids face à elle. C'était une vraie victoire.

Les membres de la famille d'Helen qui me manqueront, en espérant qu'on les reverra un tant soit peu quand même, sont son frère Andrew et sa tante Leonore. Andrew est un grand frère aimant, qui s'inquiète énormément pour sa s½ur et l'image d'elle même qu'elle peut renvoyer. Il sait au fond de lui ce que sa s½ur vaut, qu'elle est en avance sur son temps, qu'elle a du tempérament qui peut être mal vu et qu'il est fier d'elle pour cela. Cependant, il ne veut pas que les actions parfois imprudentes de sa s½ur la salissent aux yeux de cette société qui ne la mérite pas, et, tout comme la tante Leonore, il fait preuve d'une résistance interne, qu'ils arrivent à contenir mais qui est bien ancrée dans leur esprit. Ils sont faits du même tissu. La tante Leonore, sous ses apparences strictes et de haute-dame de la société qui est parfaitement intégrée, à la page, et qui fait preuve d'un grand respect pour son époux, est sous la surface une tante qui a perçu toute la valeur de sa nièce, et qui lui apporte son amour de manière silencieuse, pas besoin aux deux femmes de l'exprimer ouvertement, elles sont connectées. Leur relation m'a beaucoup touchée, ainsi que celle fraternelle entre Drew et Helen, ils sont tous les trois intimement liés au niveau familial, mais aussi de leurs idéaux. Et ça, c'est puissant.

Je me dois de consacrer un énième paragraphe au personnage du Duc de Selburn, le meilleur ami d'Andrew et le prétendant d'Helen. J'avais peur de retrouver le schéma du triangle amoureux classique et extrêmement niais, inutile et insupportable, mais Alison Goodman m'a épatée. Le Duc de Selburn correspondrait à la base au prétendant très gentil, limite trop, qui ne représente aucun danger pour le c½ur et les sentiments de l'héroïne et qui lui assure la sécurité. Dans le cas présent, le Duc de Selburn remplit l'intégral de ces critères, mais je ne choisirais pas le gars plus "bad boy", ténébreux et qui emmène l'héroïne sur des terrains plus abruptes et pentus. Ne vous détrompez pas, j'adore mon Lord Carlston chéri, je ne retire pas ce que j'ai dis, simplement, je trouve que le Duc de Selburn aurait été le bon pour Helen, qui éprouve une grande admiration et un amour sincère pour lui. Il la chérit, et se battrait pour elle, son estime et son amour au risque de se dénigrer aux yeux de la bonne société, et je n'ai ressenti aucune méfiance à son égard (j'espère ne pas me tromper !), juste un immense respect, mêlé d'affection. On sent cependant que notre jeune Lady va se détourner de lui, schéma trop habituel qui m'agace de plus en plus, le voilà mon fameux point noir. Or, Alison Goodman justifie cela pour l'intérêt de son intrigue et avec un raisonnement logique et sensé de la part d'Helen, qui veut à tout prix préserver son Duc du moindre mal, ce qui m'a fait avaler la pilule enrobée de miel.

Ce qui m'a épatée dans tout ça, c'est que nos deux amoureux, rivaux depuis belle lurette, aiment profondément Helen pour les mêmes raisons : parce-qu'elle a une vivacité d'esprit, parce-que la lumière de l'intelligence brille en elle, qu'elle ose être elle-même dans un monde qui nous juge bien trop facilement, parce-qu'elle n'est pas une simple potiche mais un petit bout de femme absolument surprenant et éclatant et qui mérite tout leur amour et leur attention. Ils voient en elle cette même flamme, cette même lumière qui les éblouit et qu'ils ont tous les deux envie d'aviver par leur amour, qu'il soit exprimé à haute voix ou par leur attitude. Avouez que face à cette détermination, les bras ne peuvent que vous en rester ballants et que votre c½ur ne peut que balancer entre les deux. Je veux dire par là que chacun mérite l'amour d'Helen et qu'il y a de quoi se torturer l'esprit. Bien joué Alison Goodman, vous m'avez eue en beauté.

Il serait temps de conclure, vous ne croyez pas ? J'aurais tant de choses à vous dire sur cette saga, qui s'annonce plus que prometteuse. Pour ma part, je suis conquise des pieds à la tête. L'attente pour le second tome sera dur, j'ai hâte de retrouver Helen, Carlston ; les amis de celui-ci, le frère et la s½ur John et Margaret, qui forment un duo indispensable à cette histoire ; les Terrènes Darby et Quinn, fidèles compagnons de nos deux héros qui sont intrinsèquement liés à leur maître par une relation très puissante, bouleversante même, et qui ont eux aussi leur rôle à jouer. J'espère voir le trio d'amies Helen/Delia/Millicent enfin réuni dans le prochain tome pour des retrouvailles emplies de tendresse et d'émotions fortes.

Je ne connaissais pas Alison Goodman ; enfin, je connaissais Eon et Eona que de nom seulement et je les lirai assurément, après avoir découvert cette écriture fine, précise, piquante, chargée de défi et de virulence. C'est une écriture qui en impose et dont je me suis délectée.

Je finirai en disant qu'on peut tout à fait mettre en parallèle ce monde terrifiant et surnaturel de démons en parallèle avec le nôtre, en plus de celui du dix-neuvième siècle, car au fond les m½urs n'ont pas changées : on se doit de plier sous le diktat de la société, sous ses normes mises en place qui nous brisent et nous font mourir à petit feu, à l'instar des démons qui se mêlent ignoblement à la société sans passer aperçus.

L'écrivain évoque en plus des images chocs, qui ne laissent pas de place à l'imagination malgré les sous-entendus, et qui nous marquent tel un fer rouge. Une atrocité perverse qui correspond malheureusement que trop bien au monde qui nous entoure, et c'était important qu'Alison Goodman nous le rappelle, même de la manière dure.

Ce que je retiens de ce premier tome en quelques mots : ne jamais abandonner notre personnalité, notre dignité, ce qui fait de nous un être singulier et qui produit sa propre lumière au profit de la "sécurité" de faire plaisir aux autres au risque que cela nous éteigne et nous fasse disparaître définitivement. Je remercie Alison Goodman pour la force de son récit, qui frappe comme un coup de poing et qui nous fascine jusqu'au bout. COUP DE FOUDRE ϟ

« Il est parfois impossible de choisir pour le mieux. Il faut simplement choisir. »
Tags : Fiche Lecture, Lady Helen, Le club des mauvais jours, Alison Goodman., Service Presse, GALLIMARD JEUNESSE, Dark Fantasy, XIXe siècle, Angleterre ♥, 2016, époque de la Régence anglaise, drame, surnaturel, démons, société, bonnes m½urs, place de la femme, aristocratie, romance, fiction historique, chasseurs de démons, Coup de foudre ♥
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#Posté le vendredi 14 avril 2017 07:33

Modifié le samedi 13 juillet 2019 09:11

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