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FICHE LECTURE : Le berceau

FICHE LECTURE : Le berceau

• AUTRICE : Fanny Chesnel.
• ANNÉE : 2019 (FRANCE).
• GENRE (S) : Contemporain.
• THÈMES : Drame, deuil, accident, sédentarisme, ferme, campagne, ruralité, coupé du monde, famille, chagrin, solidarité, souffrance, douleur, tristesse, accablement, noirceur, morosité, routine, électrochoc, bouleversement, prise de conscience, rage, aventure, voyage, nouveaux horizons, Canada, Acadie, communauté, fierté, rencontre, quête, âme s½ur, petite-fille, espoir, renouveau, miracle, naissance, vie, lumière, amour, souvenirs, nostalgie, contemplation, avenir, doutes, incertitude, préjugés, enfermement, révolte, fête, célébration, révélation, liens, famille recomposée, jeunesse, vieillesse, énergie, joie, courage, promesse, aller de l'avant...
• PAGES : 263.

Joseph fabrique le berceau de sa première petite-fille, lorsqu'un coup de téléphone l'interrompt. Un crash d'avion : son fils dedans, son gendre aussi. Et la petite alors ? Sauve, bien vivante ! Prête à naître, car grandissant dans le ventre d'une mère porteuse canadienne choisie par le couple homosexuel. Joseph n'a jamais foutu les pieds hors de sa Normandie natale, il a passé sa vie dans une ferme, vendu ses vaches, enterré sa femme : il n'a plus que cette enfant en tête. Alors il part. À la rencontre de la minuscule promesse qui prolonge l'existence de son fils. À la rencontre de la jeune étrangère, farouche et indomptable, qui la couve. Rien n'est simple dans cette histoire, mais il se lance, à plein régime, dans une réinvention audacieuse et poignante de la famille contemporaine.

ஜ MON AVIS :

Bonjour mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique d'un roman contemporain lumineux et porteur d'espoir, d'un roman qui nous parle de la vraie vie et des sentiments humains avec beaucoup de fraîcheur, et une sincérité désarmante aussi. Je vais vous inviter avec ma critique à vous laisser emporter par Le berceau de Fanny Chesnel, une jeune autrice que j'ai découvert avec un immense plaisir grâce à ce livre qui sait nous prendre par la main et nous rassurer, sans pour autant nous bercer d'illusions. Comme je vous l'ai dit un peu plus tôt, ce titre nous parle de la réalité, sans chichis ni artifices. Cette réalité peut nous frapper de plein fouet, nous faire mal, nous forcer à nous réveiller et à faire face à un monde qui nous dégoûte, dans lequel on ne trouve généralement pas notre place. Mais elle peut aussi avoir un petit goût de miracle, qu'il faut prendre le temps de savourer à chaque seconde qui passe. Et je remercie infiniment le site lecteurs.com pour l'envoi de ce livre. Cette piqûre de rappel fut salvatrice.

Pour commencer, ce que j'ai énormément aimé avec ce roman, c'est la manière dont il est écrit. Non seulement on vit l'histoire à travers les yeux de Joseph, un retraité pas comme les autres qui s'est très vite fait une grande place dans mon petit c½ur, mais en plus, j'avais l'impression d'avoir constamment accès à ses pensées en temps direct. C'était comme si je lisais littéralement son flot de pensées, c'est le cas de le dire. Enfin, presque, car Fanny Chesnel y met tout de même les formes. Si cela avait été écrit de façon toute spontanée, sans même corriger le premier jet comme pouvaient le faire d'immenses auteurs comme Virginia Woolf ou James Joyce, qui ont justement instauré le fameux principe du "stream of consciousness", j'aurais trouvé cela brillant mais aussi sûrement passablement indigeste. Ici, on suit ce qui se passe dans la petite caboche tourmentée de mon cher Joseph sans que l'on se sente perdu ou agacé. Juste profondément fasciné par la manière de réfléchir de cet être humain d'apparence insignifiant mais qui va accomplir de grandes et belles choses.

En effet, Joseph pourrait être M. Tout-le-monde, et c'est justement le rôle qu'il a joué une bonne partie de sa vie durant. Ce qui fait toute la différence avec Le berceau, c'est qu'à aucun moment l'autrice ne se permet de juger le personnage principal de son intrigue, de faire preuve de condescendance. Au contraire, elle traite son évolution avec énormément de tendresse et de sensibilité. Joseph m'a fortement rappelé le protagoniste décrit dans la superbe chanson des Innocents, Un homme extraordinaire, exception faite que l'on délaisse ici la Bretagne, son Finistère et ses longues plages de silence pour la beauté brute de pomme et sans fard de la Normandie. Joseph est tel l'homme dépeint dans les paroles extrêmement vraies et pleines de justesse de ce morceau : on se demande sérieusement si l'on se souviendra un jour de lui, de cet homme dont le seul exploit a été de construire sa vie autour de sa famille et des bêtes dont il a toujours pris soin dans sa ferme qui sent bon l'amour du bien fait et du solide. Eh bien moi, je peux vous assurer que je ne suis pas prête d'oublier Joseph. Cela serait fortement difficile et je n'en ai même pas la moindre envie. Je suis tombée amoureuse de la simplicité d'être profondément touchante de ce vieil homme éprouvé par la vie et par la perte, comme tout un chacun, de son petit côté taciturne irrésistible dans lequel je me suis beaucoup reconnue, et surtout de la façon dont il se sert de ses cinq sens. Joseph, dans sa façon d'être, vit profondément les choses, même celles les plus élémentaires, et, à travers lui, j'avais la sensation que ma vue s'était accrue, que mon ouïe s'était affinée, que mon toucher était plus alerte, que mon odorat était plus éveillé, que les choses de l'existence avaient plus de saveur. C'était comme si mon environnement, ou plutôt le sien, me paraissait plus lumineux, plus attirant, plus vibrant, plus savoureux, plus palpable. Il y avait définitivement quelque chose en plus, quelque chose d'indescriptible que Joseph m'a permis de ressentir, comme si cet éclat de magie que l'on recherche tous à un moment donné était à portée de main au cours de ma lecture. Cela n'a duré qu'un bref instant, le temps que je dévore ce livre et que j'atteigne à vitesse grand V son point final, à regret, mais cette étincelle était là. Elle a brillé, j'ai pu l'apercevoir, la ressentir au plus profond de mon être. En réalité, elle a toujours été là, et c'est Joseph qui me l'a rappelé. Je lui en serai toujours infiniment reconnaissante.

Ce récit est aussi teinté de nostalgie, une nostalgie qui broie notre c½ur dans son étau mais qui panse aussi les blessures les plus béantes. Ces moments où Joseph se souvient de son fils qui était à la fois si différent de lui et dont il était tellement fier m'ont touchée en plein c½ur. J'ai trouvé cela très fort car ces flashbacks qui ont un goût amer de bonheur perdu à tout jamais sont notre unique moyen de nous rapprocher d'Emmanuel, le fils bien-aimé qui a rejoint les étoiles, ou plutôt les profondeurs insalubres de l'océan Atlantique. En effet, en tant que lecteur, on ne rencontrera jamais cet homme accompli et qui se préparait à être un père formidable en chair et en os, si je peux m'exprimer ainsi. Il ne vit qu'à travers les instantanées que Joseph garde précieusement de lui dans sa mémoire, ces moments de vie commune, ces instants capturés aussi puissants et captivants que la plus époustouflante des magies. Et cela suffit. Cela suffit à nous faire ressentir tout l'amour que ce père taciturne, un peu rabougri, profondément touchant avait, a toujours pour son fils prodige. Cela suffit pour que nous entrapercevions le véritable Emmanuel, l'enfant rêveur, meilleur ami des livres et de tout leur savoir, baroudeur-en-devenir au c½ur grand comme ça et à la volonté de titan. Surtout, cela nous rappelle l'amour qui nous étreint le c½ur quand l'on songe à sa propre famille et à la préciosité de ce lien qui nous unit à elle, un lien qui demande à être soigneusement entretenu car il peut se briser en un instant, qu'on l'ait décidé ou non.

Concernant les deux autres personnages principaux de ce récit, ils ne sont pas non plus en reste. J'ai tout simplement adoré ce trio de choc qui se consolide progressivement, dont les trois membres apprennent à se connaître petit à petit, à se pardonner aussi les erreurs que chacun a pu faire par le passé pour mieux regarder vers l'avenir ensemble. Si Abigail, la fameuse mère porteuse, m'a pas mal agacée au début, je me suis vite rendue compte que je me permettais de la juger sans aucun scrupule, alors que son estime de soi est déjà faible et qu'elle essaye de s'en sortir comme elle peut. Ce roman m'a aussi appris à regarder au-delà de mon petit nombril, et je pense que c'est un travail auquel on doit tous s'exercer chaque jour de notre vie, qui que nous soyons. Mon plus gros coup de c½ur va à l'enfant d'Abigail, Ava, cette petite fille qui est définitivement la chair de sa chair et qui m'a impressionnée de par sa déconcertante maturité, qui contraste singulièrement avec l'innocence et la joie de vivre qui se dégagent de ce si jeune être.

Pour conclure, je vous invite tous chaleureusement à plonger dans la lecture du Berceau, à faire la démarche de suivre Joseph, mon cher petit Bichon, dans son aventure trépidante en Acadie, région canadienne aux souches françaises que j'avais adoré étudier en cours et que j'ai été ravie de retrouver au c½ur de ce récit. Ce qui fait surtout plaisir à voir, c'est cette communauté unie qui continue de célébrer ses racines, ses traditions immuables qui rendent ses membres à part, qui construisent leur identité, qui leur apportent félicité et fierté au quotidien, même quand ils l'oublient, ce qui arrive bien trop souvent. Cela résume bien le principal message véhiculé par ce roman : ne jamais oublier d'où l'on vient, toujours garder l'esprit ouvert et se soutenir les uns les autres. Il y a toujours une famille qui nous attend quelque part... ★★★★★

Nanette ♥
Tags : Fiche Lecture, Lecteurs.com, Flammarion, 2019, Fanny Chesnel, Le berceau, Littérature française, Roman contemporain français, Drame, deuil, accident, sédentarisme, ferme, campagne, ruralité, coupé du monde, famille, chagrin, solidarité, souffrance, douleur, tristesse, accablement, noirceur, morosité, routine, électrochoc, bouleversement, prise de conscience, rage, aventure, voyage, nouveaux horizons, Canada, Acadie, communauté, fierté, rencontre, quête, âme s½ur, petite-fille, espoir, renouveau, miracle, naissance, vie, lumière, amour, souvenirs, nostalgie, contemplation, avenir, doutes, incertitude, préjugés, enfermement, révolte, fête, célébration, révélation, liens, famille recomposée, jeunesse, vieillesse, énergie, joie, courage, promesse, aller de l'avant, Très bonne lecture
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#Posté le dimanche 07 avril 2019 16:54

Modifié le samedi 13 avril 2019 09:54

FICHE LECTURE : La folle rencontre de Flora et Max

FICHE LECTURE : La folle rencontre de Flora et Max

• AUTEURS : Martin Page, Coline Pierré.
• ANNÉE : 2015 (FRANCE).
• GENRE (S) : Roman épistolaire.
• THÈMES : Prison, amitié, adolescents, humour, maladie insolite, reconstruction de soi, solitude, isolement, ouverture d'esprit, soif d'apprendre, espoir, projets, harcèlement, angoisse, violence, enfermement, apprentissage de la vie, culpabilité, honte, tristesse, noirceur, lumière, grandir, maturité, famille, soutien, tendresse, amour, acceptation de soi, épreuves, pardon, solidarité, ouvrir grand ses ailes, oiseaux, protéger, secourir, affronter ses peurs, courage, évolution, générosité,...
• PAGES : 200.

Lorsqu'elle découvre l'étonnante lettre de Max, Flora est à la fois heureuse et troublée, elle reçoit peu de courrier depuis qu'elle est en prison... Que peut bien lui vouloir ce garçon excentrique qui semble persuadé qu'ils ont des points communs ? Que peut-il partager avec une lycéenne condamnée à six mois ferme pour avoir violemment frappé une fille qui la harcelait ? Max ne tarde pas à révéler qu'il vit lui aussi enfermé. Il a quitté le lycée après une grave crise d'angoisse, depuis, il ne peut plus mettre un pied dehors et vit retranché chez lui, avec ses livres, son ordinateur, son chat gourmet et son ukulélé. Flora et Max vont s'écrire, collecter chaque jour des choses lumineuses et réconfortantes à se dire, apprivoiser leur enfermement et peu à peu, avec humour et fantaisie, se construire une place dans le monde.

ஜ MON AVIS :

Coucou mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique d'un roman qui m'a tout simplement bouleversée, qui m'a touchée en plein c½ur, qui a été une véritable source de lumière et d'inspiration pour mon âme esseulée. Aujourd'hui, je vais vous parler de La folle rencontre de Flora et Max de Coline Pierré et Martin Page. Mais tout d'abord, je tiens à remercier infiniment l'adorable youtubeuse Fancy Fanny de m'avoir fait découvrir ce titre fabuleux, qui compte parmi ses coups de c½ur livresques de ces dernières années. Et ce, à juste titre ! Je me demande comment j'ai pu passer à côté d'une telle pépite pendant si longtemps, sachant que le livre est paru pour la première fois en grand format en 2015. Surtout qu'il s'agit d'une parution de l'École des Loisirs ! Cette maison d'éditions occupe une place toute particulière dans mon c½ur. En effet, j'ai vécu grâce à elle mes tout premiers grands moments de lectrice. Les abonnements qu'on nous proposait à l'école primaire au fil des années faisaient ma joie de petite lectrice passionnée, extrêmement curieuse et monomaniaque aussi. En effet, combien de fois ai-je relu les courts romans et albums, superbement illustrés pour la plupart, que je recevais avec frénésie et grand bonheur de la part de mes maîtres et maîtresses d'école qui faisaient office d'intermédiaires ? Je ne compte même plus. Je m'évadais dans des époques diverses et variées, je voyageais à travers le monde, je riais, j'avais le c½ur tout tourneboulé, j'apprenais beaucoup de choses, sur différents arts et modes de vie, et ma vision du monde s'en retrouvait changée. Désormais, ces contes, ces histoires pleines de vie, magnifiques, bouleversantes et pétillantes, multicolores, lumineuses, vivent en moi, dans ma mémoire, pour toujours. Et je suis extrêmement heureuse de constater que cet immense plaisir continue, qu'il soit toujours aussi fort, qu'il soit même plus intense qu'auparavant, grâce à la collection Médium de l'École des Loisirs. Merci pour tout ce que vous faites pour les enfants, et pour les plus grands aussi, pour ces aventures littéraires que vous défendez et chérissez de toutes vos forces, pour votre investissement admirable. Et encore merci Fanny, je n'ai jamais été aussi satisfaite de me laisser influencer au niveau du choix d'une lecture, je pense. Je m'étais juste délectée aux vacances de Pâques de ma lecture du premier tome de Sauveur et Fils de Marie-Aude Murail (je songe sérieusement à vous en faire une chronique tellement c'était bien) de la même maison d'éditions et là, je tombe inopportunément en librairie sur La folle rencontre de Flora et Max et c'est le coup de foudre immédiat. Oups, trop tard, spoiler alert : j'ai a-do-ré ce roman petit de taille mais grand d'esprit et de c½ur. On a toujours besoin de plus petit que soi et ce livre vous le prouve largement. Sans plus attendre, laissez-moi vous convaincre de faire cet achat compulsif absolument nécessaire en vous procurant cette merveilleuse pépite !

Premier détail, et pas des moindres à mes yeux : ce court récit nous est narré de façon épistolaire. Je sais que beaucoup ont du mal avec ce genre littéraire mais, pour ma part, j'en suis particulièrement friande : pour commencer, je trouve que de nous raconter une intrigue par le biais de lettres rend le récit beaucoup plus fluide et prenant. Dans la forme aussi, cela se ressent : pas de chapitres interminables ou inégaux, et surtout la pagination est bien mieux aérée, c'est plus agréable pour nos petits yeux. Enfin, ce n'est là que mon humble opinion. Et puis, de lire une correspondance, cela nous absorbe, on se sent privilégiés d'être les destinataires indirects de lettres qui nous transportent et nous émeuvent de par leur profondeur et leur sincérité. Personnellement, j'ai toujours trouvé que l'exercice de rédiger un courrier manuscrit était particulièrement ardu et en même temps terriblement simple : cela demande en effet de l'application, de la sensibilité, de la patience, celle de prendre son temps de trouver les bons mots à poser sur le papier, ceux qui sauront au mieux encapsuler notre état d'âme au moment d'écrire notre missive. Cela demande donc aussi beaucoup de rigueur et cela peut faire peur, au vu de la rapidité et de l'efficacité de nos moyens de communication d'aujourd'hui avec notamment la messagerie instantanée. Pourtant, selon moi, il n'y a rien de plus facile et de plus authentique que de noircir une lettre de nos sentiments les plus sincères et les plus doux. Même les courriers les plus élémentaires revêtent un caractère tout spécial à mes yeux car on a pris la peine de manier le stylo, de choisir d'employer différentes couleurs peut-être, de sélectionner le bon timbre qui fait toute la différence (et encore, cela aussi tend de plus en plus à disparaître), de dessiner, que sais-je, bref, d'y mettre du sien et de créer quelque chose qui vient de nous, même infime. Une lettre est telle une jeune demoiselle, raffinée et élégante, quelque ce soit sa forme et son contenu. Elle capture tous les c½urs et constitue un souvenir impérissable capturé dans de l'encre et du papier, immortalisé à tout jamais, noir sur blanc. Elle sait y faire pour trouver les bons mots, les tournures de phrases adéquates, ce qui saura vous déstabiliser, vous faire chavirer dans l'euphorie la plus totale ou la mélancolie la plus profonde. Mais, in fine, elle sera celle qui vous apportera le réconfort bienvenu, même avec une vérité qui fait mal, la plus redoutable des armures face au monde extérieur selon moi ! Je vous défie de regarder l'anime Violet Evergarden (ma chronique ici), un véritable plaidoyer pour l'envoi de lettres qui sauvent l'âme et le c½ur des gens, et de m'affirmer le contraire après ça ! Tout ça pour dire que j'ai beaucoup apprécié le fait que Max et Flora, bien qu'ils fassent partie de la jeune génération (le roman étant sorti en 2015, ils ont un peu près mon âge, ce qui me touche encore plus), soient comme on dit des "vieux de la vieille" qui prennent la peine de s'écrire, de se transmettre de l'espoir et de la tendresse à profusion, d'être le petit rayon de soleil l'un de l'autre sans même s'en rendre compte, de faire preuve de bienveillance envers leur pen pal, d'être à l'écoute des mots que qu'autrui lui envoie.

Vous l'aurez compris, j'ai trouvé que ces lettres échangées nous permettaient de nous immerger d'autant plus dans le récit car les deux personnages nous décrivent leur quotidien, leur ressenti, de façon succincte et surtout avec leur propre vocabulaire, leur propre style d'écriture, qui est très révélateur de leur personnalité à chacun. En effet, Max, qui est celui qui débute la correspondance, a gardé son innocence d'enfant intacte, malgré ses dix-sept ans. C'est-à-dire qu'il s'exprime sans filtre, il dit tout haut ce qu'il pense tout bas, dans un flot presque ininterrompu. Il est aussi extrêmement curieux et n'hésite pas à poser toutes les questions qui lui passent par la tête, tel un petit garçon à l'esprit éveillé qui cherche à comprendre le monde qui l'entoure et chaque petit élément qui le constitue. Sa franchise désarmante et prompte à nous redonner le sourire m'a véritablement émue, ainsi que tout l'amour et la force qu'il offre à son interlocutrice Flora de façon toute spontanée. Effectivement, Max ne connaît même pas Flora au début de l'histoire. Il a juste entendu parler d'elle et du tollé qu'elle a suscité à leur lycée et a décidé de lui apporter son soutien, à tout du moins de la comprendre, sans rien espérer en retour. Là où tous les autres ont rejeté et jugé l'adolescente sans connaître ses motifs, Max veut savoir, veut aider à sa manière, veut ouvrir le dialogue et permettre à Flora de s'épancher sur ses sentiments, d'ouvrir son c½ur et de ne pas se sentir seule dans le chaos qu'est devenue sa jeune vie. Je pense qu'on devrait tous en prendre de la graine sur ce jeune homme qui vous paraîtra peut-être être un extraterrestre mais, si être un alien, c'est être quelqu'un comme Max, alors moi aussi je veux devenir une telle personne, aussi exceptionnelle et au c½ur empli de bonté. J'ai décelé tout cela chez notre petit Max rien qu'en lisant la poignée de missives qu'ils se sont échangées Flora et lui. Comme quoi, les lettres que nous rédigeons avec minutie et amour sont comme le reflet de notre âme, en quelque sorte. Après tout, ce n'est pas pour rien si l'écriture est une activité si chère au c½ur de nombreuses personnes, à commencer par les écrivains. Cela me permet de réaliser un petit big up envers Martin Page et Coline Pierré, les deux auteurs de ce fabuleux roman. En ouvrant ce livre, je ne les connaissais pas mais je les aimais déjà, dès la première phrase de la première lettre. Effet immédiat, je n'ai même pas cherché à résister. Ces mots choisis avec tant de soin par Max (et par, je suppose, Martin Page si c'est lui qui s'est occupé des lettres du "garçon" mais l'inverse - Martin pour Flora, Coline pour Max - serait tellement plus cool !) détenaient tellement de vérité qu'ils ont exercé un véritable pouvoir sur moi et mon petit c½ur fait de chocolat fondu (pour changer du beurre chaud sur la tartine...). On arrive déjà à cerner la nature de Max dès l'ouverture de sa toute première lettre à Flora : celle d'un garçon innocent mais pas naïf, qui a su conserver son âme pure et brillante dans un monde de noirceur aux nombreuses équations inconnues, un monde sur lequel notre jeune homme porte un regard extrêmement perspicace, acéré, ce qui m'a fait totalement adhérer à ses propos. Je dis juste chapeau aux deux auteurs pour ce roman écrit à quatre mains avec un brio impressionnant ! Les deux personnages centraux sont extrêmement attachants et vivants à nos yeux, comme s'ils existaient en chair et en os, alors qu'ils naissent dans notre imagination par le biais de simples lettres ! Mais justement, c'est grâce à ce moyen de communication qu'ils deviennent tout ce qu'il y a de plus réel pour nous et on a ainsi d'autant plus de mal à leur dire au revoir une fois le livre terminé. Bref, avant de continuer cette chronique plus en détails, je tenais juste à sincèrement remercier Martin et Coline pour leur remarquable travail. Comme Max et Flora, ils forment un duo de choc, d'exception, un tandem incroyable qui a su créer des personnages tout aussi extraordinaires qu'eux deux, profondément réalistes, au récit de vie tout à fait crédible car leur famille à chacun devient la nôtre d'une certaine façon, imparfaite et brisée mais une famille quand même, qui se serre les coudes, qui rit et pleure ensemble, qui s'exaspère beaucoup mais qui n'abandonne jamais personne sur le bord de la route semée d'embûches mais aussi de petits bonheurs au goût de miracles qu'est notre existence. Et en tant que lecteurs, on prend véritablement part à leur histoire digne du plus grand des films. Cela en devient tangible pour nous, voire presque plus important que les épreuves que nous traversons nous même au quotidien, que les sentiments que notre petit c½ur las éprouve, car on veut à tout prix, comme c'est le cas aussi des membres de leur famille, préserver Max et Flora et les porter le plus loin possible, jusqu'au firmament des plus étincelantes étoiles. Merci aussi à Martin et Coline d'avoir fait revivre un mode d'expression et de communication au charme indémodable ! Merci de faire rêver les enfants et ceux qui devenus grands, de leur insuffler de l'espoir et de leur redonner goût à l'existence. Merci de tout c½ur.

Si j'ai adoré Max de tout mon être, Flora aussi n'est pas en reste ! Ne la jugez pas trop vite car les apparences sont fort trompeuses. L'histoire de ce petit bout de femme m'a énormément touchée. Cette dernière s'est transformée en un ouragan de violence en un éclair qui a ravagé la fin de son adolescence mais l'orage de dégoût et de ressentiment n'a pas éclaté pour rien. Cela faisait déjà longtemps qu'il tonnait, il n'a été que la conséquence désastreuse d'une succession d'injustices que notre chère Flora a dû subir dans le silence le plus assourdissant, en espérant que cela allait s'arranger, en se convaincant que ce n'était pas si grave que ça. Sauf que, dès que l'on vous fait du mal, que ce soit physiquement, verbalement, mentalement, aucune parole ou aucun acte n'est à prendre à la légère. En matière de méchanceté, l'insignifiance n'existe pas pour moi. Un de mes préceptes favoris est le suivant : « Si tu n'as rien de gentil à dire alors tais-toi ». La maman de Panpan est une vraie queen, je sais. Bref les loulous, vous l'aurez compris : ne restez pas sans défense et surtout sans voix face au harcèlement sinon, quand le volcan explosera, cela aura des répercussions dramatiques pour tout le monde. J'ai également trouvé cela très intéressant que les deux auteurs aient choisi de nous faire découvrir l'univers carcéral à travers les yeux d'une mineure qui se trouve derrière les barreaux. On se rend compte que les différents prisonniers et prisonnières ne sont pas tous des bourreaux mais qu'ils ont été eux aussi les victimes de monstres méconnaissables du quotidien ou de conditions de vie proprement insupportables. Cela n'excuse peut-être pas leurs divers crimes à chacun mais cela me permet d'aborder un point fondamental souligné du livre : l'humanité a plusieurs visages et plusieurs histoires, plusieurs couleurs et origines aussi, et les marginaux sont loin d'avoir choisi d'être dans cette position, de se sentir invisibles au point que la rage la plus tenace en devienne la seule solution envisageable. Cela m'en a fait mal au c½ur, c'est comme si j'avais moi aussi reçu un sacré coup de poing en pleine poire, et cela nous secoue. Le duo d'auteurs nous dépeint avec beaucoup de justesse le quotidien de la prison. Ils introduisent les jeunes lecteurs en douceur à ce monde très sombre et dont nous avons une image extrêmement négative. Vous me direz que c'est normal, au vu des spécimens qu'on y enferme. Dans notre tête, la prison est l'équivalent du béton, du danger, du désespoir, d'une morosité presque morbide, du sang qui coule, des barbelés qui agressent la peau, de la torture déclinée sur tous les plans et j'en passe et des meilleurs au niveau des images tout droit sorties de nos pires cauchemars. J'ai trouvé que Martin Page et Coline Pierré avaient habilement réussi à briser les préjugés sans pour autant enjoliver la réalité, bien au contraire. Ils nous font prendre conscience que l'enfer se trouve ailleurs, pas forcément là où l'on s'y attend, et qu'il ne tient qu'à nous de se battre et de devenir un phare dans la nuit pour ceux qui ont perdu le chemin de leur liberté. Il n'y a rien de plus précieux que d'avoir le choix de faire des erreurs, d'avancer, de faire preuve de solidarité et de continuer à rêver, à se montrer créatif et plein de promesses. Merci Coline Pierré et Martin Page pour cette jolie leçon de vie !

Sur ce, je vais conclure afin de ne pas vous gâcher le plaisir de découvrir ce livre petit mais féroce par vous même ! Croyez moi que je voudrais vous en parler avec plus de moult détails car Max et Flora sont assurément devenus deux de mes âmes s½urs ! Vous allez voir, les deux adolescents vont apprendre à vaincre leurs peurs ensemble. Ils vont se soutenir, rassembler tout leur courage afin d'affronter ce monde réel qui les répugne tant pour prouver qu'ils ont à la hauteur de leurs espérances et que rien ne les empêchera d'embrasser leur avenir radieux. Je suis tout simplement tombée amoureuse de ces deux personnages extrêmement intelligents, combattifs, drôles, bouleversants, épatants et sûrement les êtres les plus humains qu'il m'ait été donné de rencontrer. Je considère que cette chronique est la déclaration d'amour vibrante que je leur adresse ! Cela sera l'unique lettre signée par moi dans cette correspondance à trois, ma pierre à l'édifice. Merci Max et Flora de m'avoir requinquée, de m'avoir donné une nécessaire leçon d'humilité, de m'avoir appris qu'il n'y a rien de plus beau que d'avancer pas à pas, à mon propre rythme, et de savourer chaque petite victoire. Ce sont des enseignements qui resteront gravés dans le marbre de ma mémoire, ça, c'est certain ! Mon c½ur frétille d'impatience et de félicité non contenue à l'idée de vous retrouver dans la suite de votre propre feuilleton, le plus trépidant qu'il m'ait été donné de suivre à ce jour, Les nouvelles vies de Flora et Max. À tous les deux, je vous adresse mon sourire le plus éclairant et ma gratitude la plus sincère. Merci pour votre grande sagesse qui ferait pâlir d'envie tous les adultes du monde, merci pour tous ces beaux fous rires partagés ensemble, merci de m'avoir fait frôlé à de nombreuses reprises la crise cardiaque (et je suis sérieuse pour le merci !) et... juste merci d'être vous. Vous valez plus que toute la poussière de fée du monde à mes yeux car la magie de votre amitié, de la beauté de votre âme et de vos projets ensemble, le regard tourné vers la même direction quoiqu'il arrive, c'est la seule qui compte, la seule qui fait le poids face à nos attentes démesurées car c'est elle, la véritable magie, et non pas toute cette poudre de perlimpinpin que n'importe quel charlatan, que ce soit en politique ou à la télévision, essaye de nous vendre jour après jour. C'est la magie de votre rencontre des plus improbables, digne d'une ironie tragique et tout bonnement grotesque, c'est la magie du ciment de votre amitié impérissable comme les bonbons mais aussi raffinée et élégante qu'une rose, aussi exaltante et chaleureuse qu'une fleur des champs, c'est elle qui me donne envie de croire en un avenir meilleur pour cette planète et pour les hommes. La foi en ce qui est beau, en ce qui est vrai, est loin d'être morte. J'ai hâte de vous retrouver, de pouvoir vous serrer dans mes bras jusqu'à vous en étouffer en pensée, de prendre de vos nouvelles, et que vous me prouviez encore une fois à quel point vous êtes les super-héros de vos vies et de celles de vos proches. Je sais que vous ne me décevrez pas, que les remarquables Martin Page et Coline Pierré ont su se montrer à la hauteur de leur premier bébé de papier, de leur chef d'½uvre pour la jeunesse et même pour tous les âges qu'est La folle rencontre de Flora et Max. Folle oui, elle l'a été, assurément. Mais la folie n'a jamais été plus belle qualité qu'à ce moment-là. Max, Flora, attendez-moi, on se retrouvera (à ceux qui lisent cette chronique, vous pouvez mettre en fond sonore la chanson éponyme de Francis Lalanne afin d'être encore plus dans l'émotion)...

Nanette ♥

PS : C'est in fine bien Coline Pierré qui a rédigé les lettres de Flora et Martin Page celles de Max. Ce que je trouve tout simplement formidable, c'est qu'ils n'ont pas écrit ce livre à deux comme un roman classique, mais ils se sont véritablement envoyés des lettres, comme s'ils incarnaient leur personnage respectif. Et cela se sent quand on lit l'oeuvre, la forme et le contenu sont authentiques, spontanés, ça nous parle comme si c'étaient de vraies lettres qui nous étaient adressées. Le fait que les deux auteurs aient ainsi "joué le jeu" rend le récit indubitablement vivant et spécial pour nous, comme s'il l'a sûrement été pour eux au moment de l'écriture et même après. Bref, qu'est-ce que vous attendez pour lire ce livre ?

FICHE LECTURE : La folle rencontre de Flora et Max
COUP DE FOUDRE ϟ aussi gigantesque que la galaxie. Il ne pouvait en être autrement...

« Bien sûr, l'idéal serait que la douceur soit la norme, mais j'ai peur qu'on n'en prenne pas le chemin. »
Tags : Fiche Lecture, L'école des Loisirs (Médium), 2015, Littérature française, Martin Page, Coline Pierré, Roman écrit à quatre mains, roman épistolaire, Prison, amitié, adolescents, humour, maladie insolite, reconstruction de soi, solitude, isolement, ouverture d'esprit, soif d'apprendre, espoir, projets, harcèlement, angoisse, violence, enfermement, apprentissage de la vie, culpabilité, honte, tristesse, noirceur, lumière, grandir, maturité, famille, soutien, tendresse, amour, acceptation de soi, épreuves, pardon, solidarité, ouvrir grand ses ailes, oiseaux, protéger, secourir, affronter ses peurs, courage, évolution, générosité, Coup de foudre ♥
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#Posté le lundi 04 février 2019 09:21

Modifié le vendredi 08 février 2019 04:37

FICHE LECTURE : Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?

FICHE LECTURE : Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?

THRILLER | HENRY FARRELL | 1960 | SUSPENS, S¼URS, GLOIRE D'ANTAN, NOSTALGIE, RANC¼UR, CINÉMA, VENGEANCE, JALOUSIE, FOLIE, DRAME, HUIT-CLOS, HORREUR PSYCHOLOGIQUE, NOIRCEUR, SUSPENS, DESTIN TRAGIQUE, ENFERMEMENT, ÉTOUFFEMENT, ANGOISSE, TERREUR, EFFROI, ACCIDENT, RUMEURS...
368 pages | 22¤.

Le roman qui a inspiré le film culte avec Bette Davis et Joan Crawford

➜ Jane et Blanche se haïssent. Anciennes comédiennes, ces deux s½urs vivent recluses dans leur vieille demeure de Beverly Hills. Ex-enfant star tombée dans l'oubli, Baby Jane jalouse sa s½ur Blanche qui, elle, a connu la gloire à Hollywood.
A présent, Blanche est clouée dans un fauteuil roulant. Ce dont Jane profite afin d'asseoir sa tyrannie.
De ce huit clos tissé de ranc½urs et de frustrations, Robert Aldrich a tiré un film réunissant deux monstres sacrés : Bette Davis et Joan Crawford.
Trois nouvelles inédites complètent ce recueil : Qu'est-il arrivé à cousine Charlotte ?, Les Débuts de Larry Richards et L'Oeuf d'Orvil. Toutes mettent en scène des personnages psychologiquement torturés, manipulateurs et pervers.
Inclus la préface de Mitch Douglas, agent littéraire d'Henry Farrell, qui présente la genèse du roman.

L'AUTEUR : Après son premier roman L'Otage (1959), Henry Farrell (1920-2006) se fait connaître du grand public grâce au thriller psychologique Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (1960), que Robert Aldrich adapte au cinéma deux ans plus tard avec Joan Crawford et Bette Davis. L'auteur et le réalisateur collaboreront une nouvelle fois pour Chut... chut, chère Charlotte-en 1964, film inspiré de son scénario (devenu une nouvelle) Qu'est-il arrivé à cousine Charlotte ?, pour lequel Farrell recevra le Prix Edgar Allan Poe en 1965. Un autre de ses romans a inspiré le film Une belle fille comme moi (François Truffaut, 1972).

FICHE LECTURE : Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?
Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? est le second livre que j'ai reçu de la part des éditions L'Archipel, que je remercie infiniment, peu après Sissi, impératrice malgré elle (ma chronique ici). Tout comme le 'sujet Sissi', ce roman me faisait sacrément de l'½il au vu de la série d'anthologie Feud, que j'avais dévoré en début d'année. Si la nouvelle production de Ryan Murphy se centrait sur la 'querelle' dévastatrice entre deux monstres sacrés du cinéma, il faut dire que cette inimitié flagrante a pris des proportions dantesques lorsque deux des femmes ayant fait les beaux jours de l'âge d'or du cinéma se sont retrouvés face à face sur le même plateau. Or, ce lieu de tournage, c'était celui de l'adaptation de Baby Jane,-best-seller d'Henry Farrell au début des années 60, où le grand public est avide de frissons, d'épouvante, d'actes inavouables et de sueurs froides. Et de rivalités inextricables aussi. Si la lecture de l'oeuvre originelle m'intéressait au départ pour mieux creuser la relation Davis/Crawford, dont le parallèle avec celle des deux s½urs au c½ur de l'intrigue est tout bonnement inouïe, j'ai in fine été emportée par la spirale infernale de ce livre qui va finir par vous faire tourner la tête et l'estomac à vous rendre fou. Et on ne peut pas dire que la rampe d'escalier soit bien solide pour se raccrocher à quelque chose ; au contraire, elle vous ferait presque peur...

FICHE LECTURE : Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?
Dès les premières pages, l'auteur arrive à nous placer dans une ambiance bien glauque, à l'atmosphère irrespirable de désolation à perte de vue, à vous fendre le c½ur et l'âme. L'air vicié des ficelles de cette histoire font aussi embaumer d'une saveur âcre de jalousie et de haine poussée à son paroxysme la mansion luxueuse et à l'amer parfum d'une époque définitivement révolue. Certes, Feud nous a présenté des scènes clés de l'existence gâchée de Blanche et Jane, sous la perspective des sentiments empoisonnés par leur art et par la misogynie et le goût du scandale du tout Hollywood qu'éprouvaient l'une pour l'autre Betty et Joan, mais rien ne me préparait à ce qui allait me sauter à la gorge, à m'asphyxier,-et ce dès les premières pages.

FICHE LECTURE : Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?
Ne vous fiez pas aux apparences : le roman est certes court avec "seulement" 250 pages, et on pourrait donc penser qu'une telle longévité de rancune cordiale ne serait pas assez développée sur une quantité de chapitres noircis à l'échelle disproportionnée. Détrompez vous : chaque page tournée transpire la terreur que nous inspire l'immonde et burlesque Jane, la pitié qui nous serre le c½ur dans un étau pour la malheureuse Blanche, la nausée qui monte telle la marée lorsque la journée morne et empoussiérée s'est écoulée et en annonce une nouvelle qui nous réserve de malencontreuses surprises quand la nuit tombe. Chaque phrase, chaque mot, est pesé et empreint d'une telle intensité émotionnelle.

FICHE LECTURE : Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?
Le risque d'en avoir des hauts-le-c½ur est élevé et même dangereux. On a l'impression que le désespoir hagard et coriace de Blanche, qui s'accroche de façon admirable à sa survie, nous colle à la peau, ainsi que la folie délirante et dévorante de Baby Jane. On se sent engloutis dans un siphon sans fin tandis que les deux s½urs se donnent la petite mort dans leur maison lourde d'un passé empoissonnant, la présence absente. Les autres personnages qui gravitent autour du quartier ne sont pas en reste : Edna Stitt est la seule dont l'âme est noble et saine, une femme de ménage comme il faut qui a l'esprit vif et aiguisé et le c½ur généreux face au quotidien révoltant de Blanche, traitée comme une malpropre et une tare par sa propre s½ur. La seule petite parcelle d'espoir de cette fresque abracadabrantesque de débauche, d'avilissement et d'une tristesse à pleurer sera incarnée par cette petite bonne femme, campée sur ses pieds, au courage qui ne vacille pas et à la bonté et au bon sens aveuglants.

FICHE LECTURE : Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?
Et ce dans les deux sens... Edwin est quant à lui un jeune homme qui a laissé son talent s'émousser par manque de confiance en lui et en une ère navrante, et son c½ur s'alourdir, devenir fat.-Résultat des courses : il représente l'être salvateur qui s'échappe à lui-même et en devient aussi insupportable que l'ensemble des personnages, qui ont les oreilles bouchées, les yeux clos et la bouche muette face à cette maison assourdissante et à son incurable ivrognesse. Il n'y a pas d'issue de secours face au tourment dans lequel sont empêtrées les deux s½urs depuis le succès éclair de Jane il y a déjà plus de cinquante ans. La plume incisive de l'auteur dans les méandres de la psychologie étriquée de ses personnages torturés entre vertu, décence d'un côté et violence, abomination de l'autre fait mouche, elle est pertinente, elle s'immisce tel un serpent dans nos incertitudes, nos peurs et elle nous provoque des sueurs froides qui hérissent les poils. Ce n'est que lors de ma traversée mouvementée des dernières pages, le climax foudroyant d'une Jane qui perd complètement la boule et d'une Blanche à l'abandon, que je me suis rendue compte que j'avais retenu ma respiration pendant un certain temps déjà.

FICHE LECTURE : Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?
Rien de tel que ce roman pour vous faire faire une petite séance d'apnée improvisée. En bref, je vous recommande chaudement la lecture de cet ouvrage, bien qu'il risque de faire singulièrement baisser la température de votre corps, prenez garde. Les trois autres nouvelles, d'apparence plus "gentillettes",-ne vous laisseront en réalité pas en reste car la plume de Farrell est toujours aussi captivante et abrutissante de par sa dextérité à capturer la complexité de l'âme humaine, si fragile, tordue et tentée par les méandres du néant. La préface m'a également marquée parce-qu'elle m'a beaucoup touchée. On ressent l'admiration de Mitch Douglas pour l'auteur dont il était l'imprésario. Il avait une foi réelle en lui, en son potentiel d'écriture, de raconter des histoires indémodables et à vous donner la chair de poule, sans sombrer dans le vulgaire ou l'irréaliste. Ses propos lui faisant honneur n'ont que mieux mis en lumière l'héritage d'Henry Farrell, une oeuvre inscrite noir sur blanc dans le panthéon de la littérature, une nuance particulière entre le gris de l'existence gâchée, le noir de nos sentiments les plus sombres et inavouables, et le blanc de la lueur d'humanité qui réside en chacun de nous, à divers degrés.

Celle qui fait de tout un chacun un être à part, un personnage unique en son genre. Henry Farrell devait en être un sacré, et j'aurais bien voulu en discuter avec lui. Ses trop peu nombreux écrits parlent pour lui et je serais enchantée de les lire tous. Celui-là, en tout cas, est un COUP DE FOUDRE ϟ

« Il commença à fouiller dans le tas, mais il s'arrêta brusquement, le regard attiré par une photo glissée entre deux paquets de cahiers de musique. Il la sortit d'une main hésitante.
Il regarda avec ahurissement le visage pâle à peine visible entre les épais traits de crayon rouge. Il s'agissait d'une femme et, d'après ce qu'il pouvait en juger, blonde et jolie. Mais la personne qui avait maculé la photo était sûrement en proie à une crise de haine sauvage. La pointe émoussée du crayon avait profondément creusé le papier, laissant d'épais traits cramoisis en travers de la bouche et du nez. Des traits plus courts et légers recouvraient entièrement le visage, comme si on avait voulu non seulement le saccager mais aussi le cacher.-»

Sources : Editions L'Archipel, iamveryawesome, airdcarol, davidmbuisan, feudsource, we♥it, Feud (FX, Ryan Murphy, Jaffe Cohen et Michael Zam).

FICHE LECTURE : Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?
Tags : Fiche Lecture, Service Presse, Henry Farrell, 1960, Littérature américaine, Editions l'Archipel, Suspens, Soeurs, gloire d'antan, nostalgie, Rancoeur, Cinéma, vengeance, jalousie, folie, drame, huit-clos, roman d'horreur psychologique, noirceur, suspens, destin tragique, enfermement, étouffement, angoisse, terreur, effroi, accident, rumeurs, trois nouvelles inédites, Coup de foudre ♥
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Modifié le samedi 07 octobre 2017 15:28

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