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FICHE LECTURE : Stand still, stay silent - T1

FICHE LECTURE : Stand still, stay silent - T1

• AUTRICE : Minna Sundberg.
• ANNÉE : 2013 (début de publication de la BD en ligne) ; 2018 (FRANCE).
• GENRE (S) : Science-fiction.
• THÈMES : Scandinavie - Épidémie - Post-apocalyptique - Catastrophe - Extinction - Monde silencieux - Danger - Mystère - Profit - Travail d'équipe - Courage - Solidarité - Amitié - Humour - Découvertes - Fantastique - Mythologie nordique - Créatures surnaturelles - Horreur - Aventure...
• PAGES : 320.

90 ans se sont écoulés depuis l'époque de la grande maladie. Le vieux monde a été oublié et laissé à la merci des trolls, des bêtes et des géants. Une petite équipe d'explorateurs scandinaves est recrutée pour se lancer dans la première mission de recherche officielle.

Avec Stand Still, Stay Silent, Minna Sundberg nous offre une formidable épopée d'amitié et de camaraderie, mêlant mythologie nordique, fantastique et frissons.

ஜ MON AVIS :

Bonjour mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique d'une BD absolument magnifique, Stand still, stay silent. Je remercie du fond du c½ur les éditions Akiléos pour ce somptueux envoi et je tenais par ailleurs à les applaudir à deux mains car l'objet-livre de ce titre est une pure merveille. En effet, il a été finement élaboré et il s'agit là d'une magnifique pièce de collection qui s'ajoute à ma bibliothèque de lectrice passionnée. C'est une réelle fierté que de le posséder. Ayant appris que la BD avait d'abord été publiée sur le net en anglais, je suis tellement contente qu'on ait pris la peine de la traduire en français et surtout de lui offrir un écrin qui en sois véritablement digne et qui permette de savourer au mieux cette petite pépite. Vous l'aurez compris, l'ensemble du livre est un pur enchantement et cela vaut également pour son contenu scénaristique !

Mais d'abord, intéressons-nous au graphisme de cette bande dessinée, si vous le voulez bien. J'en suis littéralement tombée amoureuse dès que j'ai ouvert l'ouvrage. Sa couverture avait déjà de quoi immensément me plaire et instantanément accrocher mon regard mais le reste des dessins si singuliers qui le constituent auront eu raison de moi. Je peux vous assurer que l'intégralité des planches de Stand still, stay silent sont juste à couper le souffle, ayez confiance. Elles regorgent d'une multitude de détails absolument saisissants qui nous donnent véritablement l'impression d'y être et de nous immerger jusqu'au coup dans cette atmosphère à la fois glaciale et ensorcelante des Terres du Nord. Et au fil de la lecture, l'on constate que chaque petit élément a son importance pour la suite des événements. S'ajoute à cela le fait que Minna Sundberg utilise à merveille les tons froids, majoritairement les nuances de bleu, le gris et le blanc, ce qui achève de nous embarquer tout droit en pleine Scandinavie. De cette chromatographie résolument hivernale se dégage aussi une réelle aura de mystère qui ne fait que s'accroître au cours de l'intrigue. Une chose est sûre : cet univers scandinave post-Apocalypse recèle un authentique supplément d'âme et sa créatrice n'y est certainement pas pour rien. On sent en effet une réelle implication de la part de celle qui se fait autant dessinatrice que scénariste de cette ½uvre colossale, c'est le cas de le dire. Je n'ose imaginer le temps que cela lui a pris pour peaufiner chaque minuscule détail, pour appliquer minutieusement les diverses couleurs qui nous envoûtent tout au long de cette aventure périlleuse et exceptionnelle. Minna Sundberg a un talent indéniable pour donner vie à son histoire et aux différents personnages qui y prennent part, pour donner au monde alternatif né de son imagination débordante et brillante une réelle consistance et une certaine magie aussi. En tant que toute jeune artiste, elle a déjà réussi à trouver son empreinte et à apposer sa marque. C'est ce que j'appelle du brio.

Et ce qui est encore mieux, c'est que ce régal esthétique s'accompagne d'une intrigue au rythme savamment maîtrisé, qui oscille en effet constamment entre suspense haletant, pour ne pas dire insoutenable, et instants de pure contemplation. En tant que conteuse d'une histoire indubitablement complexe et riche, Minna Sundberg prend le temps d'en mettre en place les bases afin de nous faire prendre pleinement conscience des enjeux de son univers au fur et à mesure que les personnages avancent dans leur quête. Ce qui fait que ce qui peut de prime abord nous paraître n'être qu'une narration somme toute classique de récit post-apocalyptique d'un monde vacillant sur les fragiles piliers qui le soutiennent, à savoir en l'occurrence les cinq civilisations scandinaves et nordiques (l'Islande et la Finlande n'appartenant pas à la Scandinavie) ancestrales ayant ressurgi grâce à la « Grande maladie », se révèle être par la suite bien plus poussé et élaboré que ce que l'on pensait. On peut déjà souligner l'habileté épatante de l'illustratrice/scénariste à mêler mode de vie et société moderne et croyances anciennes de façon à donner à son histoire une toute autre dimension, celle-ci résolument mystique et même onirique à certains moments donnés. Qui plus est, on sent la volonté de Minna Sundberg de rendre hommage à ses racines et de nous faire découvrir le folklore et l'imagerie de ces régions, le fondement de leur beauté légendaire et reconnaissable entre mille, et c'est fortement appréciable. Cela change en effet des récits centrés sur les pays et les langues anglo-saxons et on peut ainsi porter notre intérêt sur d'autres cultures tout aussi fascinantes et enrichissantes, si ce n'est plus. D'autre part, l'autrice a également le chic pour faire s'estomper toute confusion que l'on pourrait ressentir à la première approche des événements et du contexte global de l'intrigue tout en nous faisant nous poser encore plus de questions sur d'autres points importants par la suite. En clair, elle titille incontestablement notre curiosité et l'on se sent totalement happés grâce au soin apporté aux décors, aux physionomies et grâce à l'élaboration des dialogues et du cadre de ce qui se déroule sous nos yeux ébahis.

Au niveau des protagonistes, j'ai également été véritablement conquise. Chaque membre de cette joyeuse troupe a sa personnalité qui lui est propre et un petit quelque chose en plus qui le rend particulièrement attachant. Ce qui m'a particulièrement plu, c'est le fait qu'ils se dévoilent au fur et à mesure qu'ils apprennent à véritablement se connaître et à tisser des liens très forts entre autres. S'ils sont au départ pour nous et les uns pour les autres des étrangers, ils finissent par devenir de véritables compagnons de route soudés comme les doigts de la main (pour le moment, cette expression est tout bonnement parfaite pour les désigner) et par former une équipe pas comme les autres, au sein de laquelle chacun a un rôle bien précis à jouer. Que ce soit la douce, enthousiaste, curieuse de tout et gourmande Tuuri, son cousin taciturne mais épatant et extrêmement touchant Lalli, le fier et susceptible mais irremplaçable Emil, la meneuse à la nonchalance et au culot légendaires Sigrun, ou encore le mal léché à la tendresse de gros nounours (je suis persuadée qu'il cache bien cela au plus profond de lui) Mikkel , tous sont parvenus à se faire une place dans mon petit c½ur et impossible de ne pas en trouver au moins UN auquel s'identifier. Pour ma part, mon état d'esprit se rapproche plus de celui de Tuuri, la jeune Finlandaise dévouée à sa famille et rêvant de nouveaux horizons. Cependant, ce sont Emil et Lalli qui ont réussi à véritablement me faire fondre. Ces deux-là produisent de vraies étincelles quand ils sont ensemble, c'est juste magique. Quant à Mikkel et surtout Sigrun, ou le clown incontesté de la bande, ils sont si différents l'un de l'autre qu'ils en deviennent franchement comiques (j'en profite pour préciser que chacun des personnages a un potentiel comique certain) - et complémentaires, aussi ! Une chose est sûre, la confiance et la complicité évidente qu'ils ressentent l'un pour l'autre m'ont beaucoup touchée. Pour en terminer avec ce paragraphe, vous aurez probablement remarqué une anomalie entre les personnages représentés sur cette beauté de couverture et mon propos. Rassurez-vous, je n'ai oublié personne ! Simplement, il semblerait que nos joyeux drilles ne soient pas encore au complet... C'est ce que je vous disais : le mystère ne fait que s'épaissir avec cette bande dessinée...

Pour conclure, je vous recommande chaudement de vous plonger dans cette BD qui possède une réelle identité et ne ressemble ainsi à aucune autre. Stand still, stay silent est un post-apo' fantastique joliment réussi à l'humour diablement efficace et à l'intrigue mêlant à la fois science-fiction, exploration, surnaturel, religions païennes, famille, amitié, survivalisme et enjeux politiques, écologiques et sociétaux interplanétaires qui tient résolument à la route. Et encore, Minna Sundberg ne nous a montrés là que la pointe de l'iceberg seulement ! Je n'ose imaginer ce que le tome deux nous réserve. Plus j'y pense et plus je suis excitée à l'idée de savoir ce qu'il va advenir de mon équipe de choc, dont il manque encore le dernier membre ! Qui est-il, d'où vient-il ? Réponse au prochain épisode ! ★★★★★

Nanette ♥

FICHE LECTURE : Stand still, stay silent - T1
Tags : Fiche Lecture, service de presse, éditions Akiléos, Stand still stay silent, Tome 1 ♥, Minna Sundberg, BD / Comics, Finlande. ♥, Scandinavie, Science-fiction, épidémie, post-apocalyptique, catastrophe, extinction, monde silencieux, danger, mystère, profit, travail d'équipe, courage, solidarité, amitié, humour, découvertes, fantastique, mythologie nordique, Créatures surnaturelles ♥, horreur, aventure, Excellente lecture !
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#Posté le lundi 24 juin 2019 08:11

Modifié le vendredi 28 juin 2019 05:47

FICHE LECTURE : Le Jour d'Avant

FICHE LECTURE : Le Jour d'Avant

• AUTEUR : Sorj Chalandon.
• ANNÉE : 2017.
• GENRE (S) : Contemporain.
• THÈMES : Drame, fait divers, mines, Nord, porion, deuil, meurtres, assassinat, responsabilités, silence, justice, traumatisme, procès, enfance, retour au pays, hantise, corons, famille brisée, fraternité, noirceur, gueules noires, années soixante-dix, silicose, catastrophe, ventilation, vengeance, crime, culpabilité, ouvriers...
• PAGES : 336.

Suite au décès de son frère Joseph, mineur, à cause d'un coup de grisou survenu à la fosse Saint-Amé à Liévin le 27 décembre 1974, Michel Flavent quitte le nord de la France pour Paris dans l'attente du moment propice pour venger cette mort. Quarante ans après la catastrophe, veuf et sans attaches, il rentre au pays pour punir le dernier survivant, un vieux contremaître, et enfin tourner la page.

ஜ MON AVIS : Venge-nous de la mine...

Tout d'abord, je tiens à remercier chaleureusement les éditions Grasset pour ce très bel envoi, comme toujours j'ai envie de dire. Bah, voilà, ça y est, c'est dit. Merci aussi à la fabuleuse Piko Books, qui m'a fortement donné l'envie de découvrir cet autre titre de la foisonnante et éclectique rentrée littéraire du cru 2017. Aujourd'hui, on va s'intéresser à un roman qui m'a saisi le c½ur pour me le broyer. Littéralement. Bien sûr que non, me dirait Lemony Snicket, sinon tu ne serais pas encore là.

Mais peu importe, mon c½ur en a pris pour son grade et je ne m'attendais pas à ce que ce roman me coupe le sifflet à ce point-là. Enfin si, c'est une recommandation de Piko après tout, et vu la façon dont elle en a parlé, de ce roman, je ne pouvais que me trouver face à un livre intense et poignant entre les mains. Néanmoins, rien ne peut véritablement nous préparer à cette tornade qui débarque dans notre vie sans prévenir, plus précisément dans mon existence paisible, qui avait bien besoin d'être bousculée, et, pour le coup, j'en suis ressortie carrément bluffée.

J'aurais dû plutôt dire que c'est une explosion qui s'est produite alors que je tournais les pages avec frénésie, les pages addictives de ce récit qui m'a entraînée bien loin de mon environnement extérieur, de sa lumière blafarde de froid d'hiver, pour m'amener jusqu'aux tréfonds de la mine de Liévin, où s'est déroulée une catastrophe dont je n'étais jusqu'alors guère consciente.

J'avais eu connaissance de ce fait divers du Nord de notre pays à cause du funèbre quarantième anniversaire de cette tragédie, justement point d'orgue de l'intrigue, mais j'en étais jusqu'alors restée là. En ouvrant ce livre aux pages métaphoriquement souillées par la houille jusque dans leurs moindres recoins, je souhaitais devenir familière de cette réalité qui a poussé de vaillants jeunes hommes à descendre jusqu'au plus profond des mines de charbon pour être payé une misère, subvenir aux besoins des bouches à nourrir, et en ressortir conscient de la chance d'être vivant chaque jour en pouvant remonter, mais aussi avec les poumons empoisonnés par cet air vicié.

J'avais la volonté de découvrir, à travers le quotidien des ouvriers de Liévin, ce pan de l'histoire industrielle du Nord, celle notamment de ma région, moi fille de Lorraine, où se trouvait également un bassin minier. Mais au-delà de l'aspect et de la reconstitution historiques, passé des houillères encore pas si lointain, ce qui m'a frappée indubitablement, c'est la résonance humaine de ce roman.

Bien sûr, on en apprend plus sur notre pays que ce que l'on pensait en connaître. L'exploitation minière en France n'a cessée qu'en 2004. J'avais six ans. Et pourtant, j'en avais des images d'antan, brunies par l'âge, et issus des livres régionaux regorgeant d'images de la Lorraine début vingtième, que ma maman est si fière d'avoir en sa possession. Mon arrière grand-père doit sûrement apparaître sur ces précieuses photographies des mineurs de nos régions du Nord/Nord-Est.

Ce qui n'était que la suggestion idéalisée d'une époque aux gens travailleurs et se salissant définitivement les mains, vieux avant l'âge, est devenue à mes yeux d'adulte une réalité tangible et sombre. La plume affirmée de Sorj Chalandon n'est pas avare en détails, loin de là. La peinture qu'il fait du monde minier serait presque digne d'être appelée héritière du naturalisme presque documentaire de Zola, évoqué dans le roman par l'un des personnages vivant cette réalité pour son fameux Germinal.

Néanmoins, Sorj Chalandon a sa patte à lui, ses phrases courtes et incisives font mouche et nous entraînent dans tous les méandres de la mine : les ouvriers craignant quotidiennement le coup de grisou fatal, dont l'espace de travail est souvent mal ventilé, étouffant de chaleur et de cette poussière gris-noir qui vous enfume les poumons jusqu'à en perdre définitivement la notion de bonne santé, ces soirs à la douche où vos frères de houille vont savonnent le dos pour vous enlever cette crasse qui pénètre in fine votre peau jusqu'à l'os, vos vêtements pendus à un crochet qui vous rappellent constamment que votre vie ne tient qu'à un fil. Cette excursion dans le monde minier m'a véritablement terrifiée et donné l'envie de remonter au plus vite à la surface, même si mes poumons étaient déjà écrasés sous le poids de l'inspiration de la satanée houille.

Et pourtant, qu'est-ce que la surface ? On finit toujours par redescendre. Michel, le personnage principal de cette histoire désarmante de tristesse et de tourments, n'est jamais remonté. On ne peut que le plaindre et s'identifier à lui car on a tous notre croix à porter, nos rêves irréalisés et nos drames à surmonter. Et pourtant, on y replonge toujours tête baissée car le passé se ressasse, nous consume, nous écrase les épaules d'un poids insurmontable.

Pour Michel, la mine représente son tombeau. Le tombeau de cette vie gâchée, brisée par le deuil et la perte de l'être qu'on aime le plus au monde. Source des angoisses les plus dévorantes de sa famille et de toutes les autres touchées de près ou de loin par l'exploitation minière, la mine n'aura de cesse de hanter Michel toute sa vie durant. Lui qui rêvait d'y rejoindre son frère en tant que galibot, jeune garçon minier, pour éprouver cette solidarité dans ce travail à la dur et face à ce charbon qui ne part pas simplement sous la douche, qui vous imprègne jusqu'au plus profond de votre âme, la mine va devenir un cauchemar de tous les instants pour ce personnage instantanément attachant et qui m'a profondément bouleversée.

Michel va aussi réussir à me berner comme un bleu, mais ça, je lui pardonne, car c'est la faute à l'écriture manipulatrice et trompeuse de Sorj Chalandon au fond. Oui, parfaitement, c'est lui que je blâme. C'est moche hein ? Et pourtant, n'est-ce pas lui qui, maîtrisant son récit à la façon d'un parfait marionnettiste, a réussi à me mener en bateau concernant le procès de Liévin, qui n'a jamais eu lieu et que je me fantasmais déjà, concernant la responsabilité de l'émouvant "Pépé Bowette", Lucien Dravelle, et des autres chefs-porions, concernant cette justice indignée, bafouée et vengeresse, qui n'attend que de frapper ? Si, c'est lui, et il a franchement bien réussi son coup.

On va dire que Michel était un complice. Mais cependant un complice sans repères, complètement désorienté, qui a perdu pied le jour où son bien-aimé et beau grand frère, au sourire ravageur et à la bienveillance amusée, a perdu la vie. Au-delà du simple fait divers, qui se résume en une simple statistique du nombre de personnes mortes, 42 dénombrées, un chiffre insolant et qui ne nous laisse pas en paix, au-delà des solennelles commémorations histoire d'avoir bonne conscience aux yeux de l'ensemble de la population, c'est l'être humain qui est au c½ur de ce récit.

L'être humain qui a aimé de toutes ses forces ses proches, celui ravagé par le deuil, par la cruauté qui laisse estomaqué des employeurs qui retirent de la paie le prix des vêtements de travail abîmés par la mort, celui qui fuit la terre maudite par la houille, le malheur qui frappe à votre porte sans vous le demander, qui n'épargne rien sur son passage, ni les corps carbonisés, fondus par la chaleur, ni les enfants orphelins, ni les veuves, ni les parents qui voient leur enfant partir avant eux, ni le frère dépourvu du sien, ni les blessures que le temps ne pourra jamais réparer, ni la ferme des Flavent et ce monde rural qui n'existe déjà plus à cause de cette terre envahie par le gris de la ville, ni la culpabilité des supérieurs impuissants.

L'écriture se fait silencieuse et sans filtre, et pourtant, ses enfants de papier et d'encre hurlent leur désarroi, leur soif de justice, de bon sens, leur colère qui ne parvient pas à se tarir, qui ne leur laissera au fond jamais de répit. « Pourquoi ? » semble résonner en des milliers d'échos dans ce roman. Pourquoi tant de souffrances, pourquoi tant de haine de la part de la mine, pourquoi cette avidité de profit de la part de l'Homme, qui a collaboré à ce désastre. Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

Tout comme Michel, qui n'était qu'un adolescent de seize ans admiratif de son grand frère adoré et désirant lui aussi répondre à l'appel meurtrier de la sirène minière, qui a entraîné tant d'hommes de diverses générations à sa suite, mais tous reconnaissables entre mille à cause de leur silicose sifflante et empêchant la bon fonctionnement des branches respiratoires et leurs mains noircies jusqu'au bout des ongles, à la façon de la culpabilité d'Anne avec le rouge sang sur la clé confiée par l'odieux Barbe Bleue, j'en suis allée jusqu'à perdre toutes mes certitudes concernant la vie, qui ne semblait déjà plus valoir la peine d'être vécue.

Dans la réalité de Michel, tout est figé : la photo de Joseph, bravache en bleu de travail ; l'affiche du film Le Mans, avec Steve McQueen en Michael Delaney/Michel Delanet épinglée sur le mur, alter-ego fantasmé et enfin celle du bourreau, Lulu Dravelle, vigoureux chef-porion pourtant tant respecté par Joseph, qui le considérait comme son mentor. Le tour de force du roman va m'apporter une lumière aveuglante et pourtant bienfaitrice sur ce que je croyais déjà acquis. Une belle erreur de ma part.

Mais le lecteur est amené à la commettre, dans ce processus d'hommage aux miniers tombés sous la fatalité du patronat, car il voit l'histoire à travers les yeux de Michel, personnage intensément complexe et désireux de vengeance, pour sa jeunesse bénie des années soixante-dix fauchée, pour ce frère qui était son monde, pour sa famille anéantie par ce soi-disant coup du sort. Mais vengeance prise sur qui ? Posez-vous bien la question.

Pour conclure, je dirais que Sorj Chalandon signe ici un récit humble, certes mélancolique, mais d'une grande justesse, sans jamais larmoyer ou s'apitoyer. C'est le récit des mineurs tombés mais aussi de ceux qui étaient déjà morts dès la première descente, car leur vie fut souillée par la houille jusqu'à la fin. Pas de répit pour les mineurs. Pas de répit pour leurs proches non plus.

Et pourtant, ces gens ont mené une vie digne, jusqu'au bout. Ils ressentaient une grande fierté pour ce métier si difficile et éreintant, ils ont porté cette peau salie mais qui a finie aussi brunie par le soleil et les tâches de vieillesse. L'auteur nous parle avec une puissance qui nous déstabilise totalement de nos rapports à notre père, à notre famille, à cette vie que nous menons, à cette injustice qui nous éc½ure chaque jour, à cette culpabilité qui nous ronge quand nous sommes encore là et que d'autres ne sont plus. Son récit vous secoue comme un prunier, vous chamboule et vous laisse lessivé et presque abandonné.

Et pourtant, je ne regrette rien, car cette aventure livresque fut authentique, brutale et en même temps subtile, sensible, réconfortante et d'une grande ingéniosité. Cela ne peut que m'engager à lire d'autres romans de cet auteur, à commencer par le déjà phare Quatrième mur. Si vous souhaitez une lecture qui vous fasse sentir humain dans chacun de vos pores, dans toute la simplicité et complexité des sentiments qui vous agitent et qui vous constituent, avec une écriture toujours dotée d'une grande poésie et sagesse pour décrire vos blessures les plus inavouables, alors cette lecture est faite pour vous. Ce récit peut trouver son écho en chacun de nous, au-delà de cette réalité bien précise de la mine.

... mais est-ce vraiment elle la coupable ? A vous de le découvrir,
je ne peux que vous y encourager. Coup de grisou dans 3, 2, 1...

« Tout le monde savait, aux pas heurtés d'un homme, qu'il avait passé sa vie à la taille. On l'identifiait à sa respiration de poisson échoué sur la grève, à ses tremblements, ses gestes lents, son dos saccagé, ses yeux désolés, à ses oreilles mortes.

- Et aussi à sa fierté, a ajouté mon frère d'une voix douce.»
Tags : Fiche lecture, service de presse, Sorj Chalandon, Éditions Grasset, Rentrée Littéraire 2017, Contemporain, Roman, Drame, fait divers, mines, Nord, porion, deuil, meurtres, assassinat, responsabilités, silence, justice, traumatisme, procès, enfance, retour au pays, hantise, corons, famille brisée, fraternité, noirceur, gueules noires, années soixante-dix, silicose, catastrophe, ventilation, vengeance, crime, culpabilité, ouvriers
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#Posté le lundi 05 février 2018 14:02

Modifié le samedi 10 février 2018 04:53

FICHE LECTURE : Un roman d'aventures (ou presque !)

FICHE LECTURE : Un roman d'aventures (ou presque !)

JEUNESSE | 2017 | YAËL HASSAN | AVENTURE, MANOIR, CATASTROPHE, DISPARITIONS, MENACE, DANGER, ENFANTS, BÉBÉ, TRÉSOR, MYSTÈRE, ECRITURE, AMITIÉ, SOLIDARITÉ, COURAGE, GRAND MÉCHANT, AUTEUR, HUMOUR...
256 pages | 16,95¤.

➜ Pour réussir un roman d'aventures, il faut : des personnages attachants, une quête palpitante, de l'action, de la peur, de l'amitié, de l'amour, des méchants, de quoi faire rêver les jeunes, des dauphins (oui, vous avez bien lu). Voilà la liste rassurante des ingrédients du roman d'aventures trouvée sur Internet (il faut savoir utiliser toutes ses ressources, que voulez-vous !) par notre auteur, qui s'attelle courageusement à son objectif. Son point de départ : une bande d'ados se retrouve sans parents le jour de Noël. Mais Nathan, notre écrivain en herbe, va bientôt se rendre compte (entre autres) qu'il va devoir inventer une bonne raison à cette disparition, qu'il est nul pour les descriptions et qu'il ne sait pas écrire une scène d'action. Et c'est alors que sa vie (sa vraie vie, s'entend) se met à ressembler à un roman.

« Il y a trois secrets pour écrire un bon roman. Personne ne les connaît ! »
- Somerset Maugham

Un écrivain débutant tente d'écrire coûte que coûte un roman d'aventures.
Novateur, décomplexé, imaginatif et bourré d'humour !

L'AUTEURE : Yaël Hassan naît à Paris en 1952. Après avoir passé son enfance en Belgique, son adolescence en France puis une dizaine d'années en Israël, elle revient s'installer en France. Victime d'un accident de voiture, elle met à profit le temps de sa convalescence pour réaliser un de ses rêves : se lancer dans l'écriture. Un grand-père tombé du ciel, publié en 1997, est son premier roman. Elle écrit par la suite plusieurs dizaines d'ouvrages jeunesse, couronnés de divers prix de littérature jeunesse. En 2015, elle obtient le Prix des Incorruptibles (niveau CM2/6ème) pour son roman jeunesse La Fille qui n'aimait pas les fins, écrit avec Matt7ieu Radenac (éditions Syros).
Parmi ses ouvrages publiés chez Syros, notons aussi L'Usine, Quatre de c½ur, Comment on écrit des histoires avec Roland Fuentès ; et bien sûr, sa série Momo, petit prince des Bleuets qui dépasse les 200 000 exemplaires vendus.

FICHE LECTURE : Un roman d'aventures (ou presque !)
Tout d'abord, un grand merci aux éditions Syros pour ce magnifique envoi, si agréable au toucher et explosif de couleurs douces et au doux parfum de l'automne qui s'annonce (note : le livre a été publié le 7 septembre). Il nous reste le bienfait du soleil jaune, qui se mêle à l'orangé enchanteur de la rentrée automnale et au vert frais qui tente de résister à cette invasion au fond tant souhaitée par beaucoup de monde. Notamment par nous, les lecteurs adeptes de cocooning (ne le niez pas !). J'ai dans un premier temps reçu cet ouvrage en épreuves non corrigées, puis j'ai eu la superbe surprise de le trouver dans ma boîte aux lettres dans sa version finalisée et "habillée", si pleine de vie, de pep's et de bonne humeur. Regardez-moi cette petite merveille qui fait du bon au moral ! Rien que de la contempler, je suis toute requinquée, comme si cela était une source de vitamines D. J'apprécie sincèrement cette marque de confiance de la part de cette maison d'édition avec laquelle j'ai contracté tacitement un partenariat libre tout récemment. Ce sont des gestes qui ont toute leur importance et qui ne s'oublient pas. Cette lecture me promettait un soi-disant roman d'aventures, avec ses aléas malencontreux, retranscrits par le "ou presque !" (entre parenthèses). J'ai le grand plaisir de vous affirmer que le pari est relevé fièrement, non sans auto-dérision.

FICHE LECTURE : Un roman d'aventures (ou presque !)
Et une bonne dose d'énergie et d'audace à souligner. Yaël Hassan nous propose un roman qui explique l'acte particulièrement ardu de l'écriture au plus jeune lectorat avec entrain et bonne volonté. La détermination de l'écrivain mis en scène, Nathan, sorte d'avatar de l'auteure tout en ayant sa propre identité de personnage romanesque et de narrateur pour le moins intrusif (pour ma délectation suprême), est sans failles et nous donne des ailes afin d'aller de l'avant, peu importe le rêve que nous aimerions rendre réalité. Et je suis bien contente que les éditions Syros aient eu l'amabilité et le bon sens de lui offrir sa chance à ce niveau-là. Ce roman pas comme les autres nous conte l'entreprise périlleuse, mais fort heureusement fructueuse aussi, de Nathan, un journaliste mis sur la sellette. Inquiet du sort de sa petite famille, constituée de son aimante femme Sandra et de son adorable collégien de fils, Simon, suite à la perte de son gagne-pain (ce qui est bien normal), notre attachant héros qui se rêvait écrivain va se trouver encouragé par ses êtres de lumière à se laisser pousser des ailes dans le milieu de la littérature ; ça y est, le temps est enfin venu de gratter du papier et de prendre la plume pour des envolées romanesques ! Sandra, cette femme extraordinaire, promet de soutenir financièrement le ménage familial en attendant que son mari puisse vivre de ses futurs écrits et voir son talent proliférer dans ce domaine.

FICHE LECTURE : Un roman d'aventures (ou presque !)
Simon, quant à lui, se chargera d'être le lecteur attentif, patient et plein de ressources, ainsi que la muse qui sera le noyau de la centrale (nucléaire) de cette histoire. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une nouvelle aventure chargée d'exaltation commence pour Nathan, entouré d'amour de toutes parts et prêt à s'isoler afin que son intrigue prenne forme noir sur blanc. Ce père et mari touchant, attentionné, un peu maladroit des fois, mais toujours dans la bienveillance et l'honnêteté, va aller puiser sa source d'inspiration dans le village de son enfance, dont l'appellation est l'allégorie même de nos péripéties et de nos rêves d'exaltation les plus fous : Trésaure. Un savoureux et malin croisement entre le dinosaure, cette créature exotique à l'origine de nos plus grands fantasmes (oh yeah), et le mot anglais treasure (that is what you are). L'occasion de prendre un grand bol d'air frais pour bien attaquer le boulot colossal qui l'attend.

FICHE LECTURE : Un roman d'aventures (ou presque !)
Mais si cet hameau de tranquillité, où rien de bien important ne semble se passer, paraît être le lieu de villégiature tout trouvé pour permettre à Nathan de mettre ses idées à plat et de travailler dans la quiétude et la sérénité, la réalité va se révéler être plus chamboulée. En parallèle des moments d'angoisse et de frayeur que notre bande d'enfants en patchwork à la sauce Goonies ou Club des cinq vont devoir traverser suite à la disparation pour le moins étrange de leurs parents travaillant tous à la même enseigne (soit la centrale nucléaire qui alimente tout le village en électricité), Nathan va quant à lui découvrir que son pied-à-terre à Trésaure a été violé, sans que rien dans la maison ne soit porté disparu. Bizarre, vous avez dit bizarre ? D'autre part, tel le grand méchant loup Jean qui a un pied dans la bergerie dans l'intrigue ficelée par notre auteur-en-devenir, un rival de Nathan, Gilbert, va être réintroduit dans son existence digne d'un long fleuve tranquille et lorgner sur sa progéniture, Simon, à la sortie du collège... Oui, ça fait peur...

FICHE LECTURE : Un roman d'aventures (ou presque !)
C'est ce que j'ai tant aimé avec ce roman : les enfants de l'histoire d'aventures rocambolesques ne sont pas en reste... et leur "papa" non plus ! Tout d'abord, il vibre avec eux et se soucie de leur sort, comme s'ils étaient ses véritables enfants. Du coup, certains choix scénaristiques vont se corser,
au fur et à mesure que Nathan va se rendre compte de l'ampleur de son histoire, qui est devenue à ses yeux palpable, authentique, sa substantifique moelle à prendre très au sérieux. D'autre part, ce livre aborde quelque chose qui est très cher à mon c½ur : le fait que la vie réelle soit l'objet de notre inspiration, que l'on puisse s'en émerveiller à chaque instant. Les livres sont un condensé de magie, mais à l'origine, ne trouve-t 'on pas cette féerie si addictive au sein de notre propre existence ?

FICHE LECTURE : Un roman d'aventures (ou presque !)
Dans les événements qui nous tombent dessus, qui nous abrutissent, dans le partage avec l'autre, l'amour les uns des autres, les expériences bonus ou malus... La magie est partout au fond, il suffit juste d'ouvrir les yeux bien grands. Ainsi, les mésaventures wtf de notre bande de loulous ne manquant pas d'aplomb, de courage, de solidarité entre eux aussi, l'innocence de la jeunesse prise dans l'affreuse tourmente des problèmes d'adultes et de notre petit monde qui a très bobo (niveau linguistique de maternelle, bonjour), vont se retrouver croisés avec les soucis et inquiétudes réels de Nathan, que ce soit au niveau de Gilbert, du passé de son grand-père défunt, de son travail d'écriture pas si simple à mener de front, le tout avec un optimisme sans failles et une curiosité avide et qui donne envie de croquer le monde et d'emplir notre esprit de mille et un trésors. Je tourne la page de cette aventure le c½ur gros, empli de douceur et de joie. COUP DE FOUDRE ϟ

« Je ploie sous l'affront. Comparer mon texte à de la Bibliothèque rose... »

Sources : éditions Syros, We♥it.

FICHE LECTURE : Un roman d'aventures (ou presque !)
Tags : Fiche Lecture, Service Presse, éditions Syros, Un roman d'aventures (ou presque !), Yaël Hassan, roman jeunesse, manoir, catastrophe, disparitions, menace, danger, Enfants ♥., Bébé ♥, aventure, Trésor ♥, mystère, écriture, amitié, solidarité, courage, grand méchant, auteur, humour ♥♥♥, Coup de foudre ♥
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#Posté le jeudi 28 septembre 2017 02:41

Modifié le dimanche 01 octobre 2017 15:08

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