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FICHE LECTURE : Le Renard de Morlange

FICHE LECTURE : Le Renard de Morlange
• AUTEUR : Alain Surget.
• ANNÉE : 1995, 2018 (FRANCE).
• GENRE (S) : Jeunesse.
• THÈMES : Renard, malédiction, magie, sorcellerie, Lorraine, aristocratie, noblesse, hiérarchie sociale, cruauté, violence, rédemption, forêt, dangers, métamorphoses, pleine lune, réincarnation, Moyen Age, conte, fable, légende, seigneurie, comté, serviteurs, rivalité, jalousie, haine, méchanceté, oppression, extorsion, interdiction, liberté, vengeance, ruse, malice, revanche, désarroi, désespoir, pardon, apprentissage, maturité, enseignement, religion, chrétienté, orgueil, péché...
• PAGES : 224.

Violences, humiliations : rien n'arrête le cruel comte de Morlange. Rien ? Jusqu'au jour où un vieil ermite lui prédit que, s'il ne change pas sa conduite, il sera transformé en jeune renard les nuits de pleine lune... tout en conservant son esprit humain, et ainsi jusqu'à ce qu'il ait fait pénitence ! Si Renaud de Morlange est un fin chasseur, Renard a, lui, bien des choses à apprendre pour affronter les dangers de la forêt...

ஜ MON AVIS :

Bonjour mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique du Renard de Morlange d'Alain Surget, ou un récit que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam avant que les éditions Nathan ne me l'envoie inopinément. Je les en remercie par ailleurs chaleureusement car j'ai passé un joli petit moment de lecture avec ce très court roman qui s'apparente plus à un long conte à dire vrai.

La réédition de ce livre jeunesse m'a permis de découvrir une collection de chez Nathan, j'ai nommé Dyscool, dont je salue grandement l'initiative, à savoir faciliter la lecture aux jeunes et moins jeunes dyslexiques ainsi qu'aux malvoyants à l'aide d'une grande taille de police agréable à lire, avec une forme des caractère ronde et claire qui ne fatigue résolument pas les yeux, et d'une pagination extrêmement aérée qui simplifie la tâche à notre vue parfois vacillante. Personnellement, pour moi qui doit porter des lunettes depuis que je suis enfant et qui adore lire, ça m'a fait énormément plaisir de pouvoir reposer mes mirettes constamment ou à tout le moins la plupart du temps plissées afin de se concentrer et avancer dans des lectures généralement conséquentes avec un ravissant petit ouvrage qui a tout pour donner envie, et ce même aux récalcitrants qui ont l'impression que la lecture n'est pas une activité faite pour eux, que ce soient pour des raisons de santé ou d'origine sociale. Vous l'aurez compris, cela fait déjà un bon point pour cette nouvelle (ou plutôt devrais-je dire "dernière" au vu de la date de parution) édition du Renard de Morlange.

L'autre caractéristique de cette histoire d'antan qui m'intéressait immensément, c'est son cadre : la folle quête initiatique vers un retour, pour ne pas dire une découverte et appréhension totale, à l'humanité de Renaud de Morlange se déroule en Lorraine, ma région adorée. Ça peut sembler n'être pas grand chose dit comme ça mais pour moi, le simple fait que le récit se passe dans mon petit coin de Grand Est (enfin, je ne suis pas mosellane, encore moins messine, mais vosgienne - quelle importance, on fait tous partie de la même famille après tout !), cela compte énormément et change pour ainsi dire carrément tout ! J'exagère sans doute un tantinet mais, histoire de parler un peu plus sérieusement, j'adore en apprendre plus sur les anciens ducs et seigneurs de Lorraine, sur le mode de vie et la hiérarchie sociale d'autrefois, sur le passé entre autres glorieux de ma contrée au fil de mes lectures, surtout lorsque cela se produit de manière aussi impromptue ! La surprise n'en est que plus agréable et délectable à mon sens. Et puis, quand on connaît déjà le territoire qu'une intrigue nous fait explorer, on se repère immédiatement, on parvient de suite à se représenter mentalement le paysage visuel - quoique, le jour où j'ai dévoré telle une louve affamée ce récit, j'ai fait une splendide balade en forêt déodatienne donc autant vous dire que j'avais un sacré bon équivalent de la forêt de Renaud-renard juste sous mes yeux ébahis et qui ne lassent jamais de cette superbe vue... Bref, c'est comme si l'on était à la maison ! Ce qui était doublement mon cas à ce moment-là, comme j'aime encore une fois à m'en vanter (promis, j'arrête dès à présent de radoter comme une vieille grand-mère). En ce qui concerne la légende du Renard de Morlange, même si celle-ci a été inventée de A à Z par l'auteur et ne se base donc probablement pas sur des faits réels, ou fort s'en peut, je remercie infiniment cette dernière d'avoir rendu un si belle hommage à notre terre sacrée des mirabelles (cette appellation provient à 100% de mon imagination farfelue, merci de ne pas en tenir compte) avec ce que je considère être digne d'une authentique fable venue tout droit des temps anciens pour nous enchanter et nous emporter dans une bulle temporelle absolument magique.

Néanmoins, ce à quoi je ne m'attendais véritablement pas et qui m'a tout bonnement conquise, envoutée, exaltée, fait vibrer (bref, vous visualisez le tableau) et que je ne peux que vigoureusement approuver, c'est la dimension profondément humaine de cette histoire de châtiment divin et de cheminement vers une bien meilleure version de soi-même, respectueuse d'autrui et de ses droits. S'ajoute à cela un rapprochement très intelligent qu'Alain Surget réalise entre nous, pauvres fous et mortels, êtres à quatre pattes, et les merveilleuses créatures que sont les animaux et qui permet à icelui de véhiculer par le biais de son ½uvre un fabuleux et nécessaire message, une ingénieuse et somptueuse morale axée sur la déférence, l'ouverture d'esprit et la bonté dont nous devons faire preuve les uns envers les autres, que ce soient envers nos semblables hommes et ou femmes ou vis-à-vis des êtres vivants, tous autant qu'ils sont. Avec Le Renard de Morlange, le romancier nous inculque en effet une leçon mémorable de savoir-vivre et de décence. Il nous rappelle qu'il faut être apte un jour à se mettre à la place du plus petit et du plus humble et que nous sommes tous, SANS EXCEPTION, dignes de l'estime d'autrui, que tout un chacun a sa place sur cette Terre et qu'il faut savoir l'apprécier à sa juste valeur, qui qu'il soit. Cela peut paraître évident mais, pour une multitude de personnes, essentiellement des hommes soit dit en passant (je n'ai pas peur de clasher, moi, madame !), ce n'est pas encore le cas - et pour ce qui est de certains spécimens particulièrement affolants (je ne cite personne tant cela me semble gros comme une maison - et encore, ces figures de proue de la stupidité crasse et de l'ignominie sont loin d'être les seules, il y en a une pléthore de phénomènes comme ceux-là éparpillés sur la nature), cela ne leur rentrera sans aucun doute jamais dans le crâne. C'est fort malheureux, n'est-ce pas ? Et encore, le mot est faible... Pour en revenir à mon propos, je confirme qu'une petite piqûre de rappel de ce genre en ce qui concerne notre nature intrinsèquement humaine, cela fait toujours le plus grand bien !

Au fond, les seuls petits "bémols" que j'ai relevés avec ce livre, les "regrets" que j'éprouve personnellement de mon côté, concernent dans un premier temps la cruelle atténuation (je préfère utiliser ce mot-ci plutôt que celui de "manque" qui serait totalement injuste dans le cas présent) de l'identité et de la personnalité des protagonistes de cette histoire. Ou plutôt, ce qui m'a en réalité extrêmement frustrée car je ne tiens certainement pas à être mauvaise langue, c'est le fait que l'auteur n'ait fait le travail qu'à moitié au niveau de l'élaboration de leur caractère à chacun. Je m'explique : si, d'un côté, leur comportement est digne des parfaites figures stéréotypes des histoires moyenâgeuses (le seigneur sans pitié, la damoiselle en détresse, le fringuant amant et rival, le monarque magnanime mais souvent bourru), de l'autre, leur façon de penser et de se percevoir soi-même et les uns les autres est à proprement parler visionnaire, bien en avance sur leur époque. J'ai immensément goûté cette facette-là de nos personnages-types mais je regrette amèrement qu'Alain Surget ne soit pas allé plus loin, notamment en étoffant le passif de chacun et en leur donnant ainsi une réelle consistance et singularité. Très honnêtement, je trouve cela tout ce qu'il y a de plus dommage parce que Le Renard de Morlange avait in fine le potentiel pour devenir un roman-fleuve historique unique en son genre avec une histoire bien plus approfondie, épique et bouleversante. Le fait que ce véritable petit trésor en soit réduit in the end à une simple comptine pour enfants me navre sincèrement. Peut-être que je vois trop grand pour un mignon petit récit qui recèle déjà bien des qualités et qui fait parfaitement le job auprès de sa cible éditoriale principale mais au vu des connaissances de l'auteur en ce qui concerne la géographie, l'Histoire de sa région mais aussi le langage que l'on tenait en ce temps-là, il y avait moyen de faire beaucoup fort et marquant. Ce n'est là que mon humble opinion, je ne cesserai jamais de vous le rappeler. D'autre part, je déplore la quasi (je me montre extrêmement gentille en employant ce mot-là car en réalité, pour parler franchement, il n'y a qu'une maigre illustration en fin d'ouvrage pour contenter nos pupilles) absence d'illustrations pour agrémenter le récit qui auraient justement permis d'égayer ce dernier et de le rendre d'autant plus vivace, dynamique, prenant et attrayant que le trait de crayon de Philippe Mignon est absolument charmant. Il suffit de voir l'adorable, exquise couverture de cet ouvrage pour le comprendre. En clair, cette inexistence flagrante d'ambition dans le cas du Renard de Morlange m'a sans conteste déçue, je ne vous le cache pas. L'ancien Renaud de Morlange n'aurait sûrement pas approuvé cela et, pour une fois, j'aurais été bien d'accord avec lui...

Pour conclure, je dirais que Renard de Morlange est une très jolie petite histoire que je suis bien heureuse d'avoir découverte, même si, en tant que lectrice adulte, mes exigences sont clairement insatisfaites. Mais afin de tempérer mon propos car je n'apprécie pas du tout le ton précieux que je suis en train de prendre à l'heure où j'écris ces lignes, je suis persuadée que la petite fille que j'étais aurait adoré vivre une aventure aussi palpitante et périlleuse qu'est celle d'un goupil au fin fond des bois. Et ce qui est encore plus certain, c'est que j'aurais largement préféré étudier Le Renard de Morlange en cinquième plutôt que l'abrutissant et tout ce qu'il y a de plus ennuyeux Yvain ou le chevalier au lion de Chrétien de Troyes, ou l'un des titres que je peux me targuer d'avoir tout bonnement détesté en matière de lecture scolaire ! J'achèverais donc cette chronique en assertant sans trop pouvoir me tromper que la plume d'Alain Surget constitue une excellente porte d'entrée vers l'univers indéniablement extraordinaire de la lecture et ce peu importe notre âge et les horizons desquels nous provenons ! ★★★★★

Nanette ♥
Tags : Fiche lecture, service de presse, éditions Nathan, Le Renard de Morlange, Alain Surget, 2018, Littérature française, Jeunesse, 1995, Renard, malédiction, magie, sorcellerie, Lorraine, aristocratie, noblesse, hiérarchie sociale, cruauté, violence, rédemption, forêt, dangers, métamorphoses, pleine lune, réincarnation, Moyen Age, conte, fable, légende, seigneurie, comté, serviteurs, rivalité, jalousie, haine, méchanceté, oppression, extorsion, interdiction, liberté, vengeance, ruse, malice, revanche, désarroi, désespoir, pardon, apprentissage, maturité, enseignement, religion, chrétienté, orgueil, péché, Bonne lecture
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#Posté le jeudi 12 septembre 2019 07:29

Modifié le jeudi 12 septembre 2019 10:28

FICHE LECTURE : La Servante écarlate

FICHE LECTURE : La Servante écarlate

• TITRE V.O. : The Handmaid's Tale.
• AUTRICE : Margaret Atwood.
• ANNÉE : 1985 (USA, CANADA) ; 1987, 1990, 1995, 2006, 2017 (FRANCE).
• GENRE(S) : Dystopie.
• THÈMES : Anticipation - Féminisme - Science-fiction - Totalitarisme - Politique - Castes sociales - Asservissement - Servilité - Propagande - Censure - Prostitution - Tabous - Interdits - Religion - Esclavage - Manipulation des masses - Autorité - Violence - Hypocrisie - Perte d'identité - Stérilité/fertilité - Démographie - Espoir...
• PAGES : 521.

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d'esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d'autres, à qui l'on a ôté jusqu'à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l'austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler... En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.

Paru pour la première fois en 1985, La Servante écarlate s'est vendu à des millions d'exemplaires à travers le monde. Devenu un classique de la littérature anglophone, ce roman, qui n'est pas sans évoquer le 1984 de George Orwell, décrit un quotidien glaçant qui n'a jamais semblé aussi proche, nous rappelant combien fragiles sont nos libertés. La série adaptée de ce chef-d'½uvre de Margaret Atwood, avec Elisabeth Moss dans le rôle principal, a été unanimement saluée par la critique.

« Les meilleurs récits dystopiques sont universels et intemporels. Écrit il y a plus de trente ans, La Servante écarlate éclaire d'une lumière terrifiante l'Amérique contemporaine. » Télérama

ஜ MON AVIS :

Coucou mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique d'un roman qui a le vent en poupe à l'heure actuelle et dont effectivement TOUT LE MONDE parle, notamment grâce à sa fameuse adaptation télévisée qui a permis de le remettre définitivement sur le devant de la scène, j'ai nommé La Servante écarlate. Je remercie infiniment le site lecteurs.com pour l'envoi de ce livre qu'il était ENFIN grand temps que je découvre afin de véritablement prendre la mesure de l'un des phénomènes littéraires et culturels les plus considérables du moment et je dirais même de ces dernières années qui prend pourtant racine en... 1985. Très honnêtement, je n'ai appris que tout récemment seulement que ce titre renommé avait été publié il y a déjà trois décennies. La résonance qu'il trouve encore de nos jours est tout bonnement fascinante et terrifiante également. Une chose est sûre, c'est que cette ½uvre phare signée Margaret Atwood me promettait une lecture dystopique effarante et mémorable comme je les aime. Alors, est-ce que l'engouement général autour de ce best seller intemporel est in fine mérité ? Eh bien, oui MAIS... Je vous explique mon ressenti mi-figue mi-raisin de ce pas.

Une chose est sûre, c'est que l'histoire que nous narre Margaret Atwood est tout simplement glaçante et que je ne suis certainement pas prête d'oublier ce que j'ai lu. Difficile de trouver les mots pour expliquer à quel point l'intrigue de La Servante écarlate m'a fait avoir des sueurs froides. Et ce qui rend cette dernière d'autant plus abominable et insoutenable à assimiler, si cela est jamais possible, c'est l'alternance constante entre instants du présent et réminiscences d'un passé qui en comparaison semble presque irréel et cruellement, ironiquement utopique que réalise la narration assurée par l'héroïne. A mon sens, le fait de savoir qu'elle a connu une vie dite "normale", une existence en tout point similaire à celle que nous avons la chance de vivre chaque jour présentement, avant l'avènement de la République de Gilead (d'ailleurs, pourquoi ce nom, je me pose sérieusement la question), l'évidence soulignée maintes fois qu'elle ne soit pas née au sein d'un système dès le départ complètement dégénéré mais qu'elle ait au contraire été élevée dans un monde relativement équilibré, appartenu à une société assez saine et libre (quoique justement non, vu comment tout est parti en cacahuètes si rapidement) pour lui allouer le droit à grandir et à s'épanouir comme elle l'entendait, rend le récit de sa seconde existence en tant que Servante d'autant plus insupportable et indignant, scandaleux même, si je puis me permettre d'employer cet adjectif, à lire. Qui plus est, l'autrice a selon moi l'art et la manière pour habilement manipuler nos émotions les plus intenses. En me retrouvant plongée entre les pages de ce livre, j'avais la très vivace impression d'être une lamentable poupée de chiffon dont Margaret Atwood se jouait à sa guise. Cependant, la souffrance et la colère noire qu'elle nous inflige au travers du quotidien pitoyable et atroce de Defred dont elle nous donne un aperçu suffisant pour prendre pleinement la mesure de la catastrophe sans précédent que ce serait si on en arrivait à quelque chose qu'équivalent en matière de hiérarchie sociétale est un mal pour un bien à mes yeux. De m'immerger totalement, ou du moins de m'imaginer, dans l'univers abominable de La Servante écarlate m'a permis de prendre conscience de la multitude de choses que l'on tolère en ce bas monde, que ce soit les conditions de vie déplorables dans les pays du tiers monde, les guerres, les gens à la rue, notre hostilité farouche envers les migrants, les violences faites aux femmes et aux enfants entre autres, alors qu'elles ne devraient même pas nous sembler ne serait-ce que pensables ou banales. Au niveau de l'appel criant à la réflexion et au bon sens, La Servante écarlate frappe extrêmement fort, je le lui concède. Le coup de poing que je me suis prise au terme de cette lecture est par ailleurs encore affreusement douloureux.

Concernant la structure même du roman, j'ai pu constater au fur et à mesure de ma lecture qu'il n'y avait aucune transition véritablement marquée entre les passages se concentrant sur l'Après, soit la vie chez le Commandant, et ceux consacrés à l'Avant. L'enchaînement entre les différents flashbacks (la vie conjugale avec Luke, l'apprentissage assuré par les Tantes) et le présent de la narration se fait de façon fluide et tout ce qu'il y a de plus réfléchie, ce n'est pas inconsidéré et cela a même une certaine pertinence comme je l'évoquais dans le paragraphe ci-dessus mais il en a également découlé pour ma part une confusion actuellement encore insoluble. Ce que nous raconte Defred à propos de la maisonnée de Serena Joy, s'agit-il de l'instant T de son témoignage ou d'un passé déjà révolu sur lequel elle revient après coup ? L'autrice nous offre des éléments de réponse à la toute fin du livre mais j'avoue que je me sens encore perdue à ce sujet. En bref, j'ai trouvé le découpage de chaque chapitre et le déroulement de l'intrigue à la fois très intelligemment amené et en même temps, il me reste encore des espaces d'ombre. J'ajouterais que, si j'ai la très nette sensation que toute cette complexité était clairement voulue du côté de l'autrice, je reconnais que j'ai franchement du mal à le digérer quand tous les éléments ne s'imbriquent pas naturellement dans mon esprit et pour le coup, Margaret Atwood a été loin de me faciliter la tâche. Je lui en ai autant voulu que je l'ai admiré pour cela.

Pour ce qui est de l'écriture de l'autrice en soi, je l'ai trouvée tout à fait singulière. Margaret Atwood a su résolument apposer sa propre marque, ce qui rend sa plume incomparable à aucune autre. Je déplore cependant des traits d'humour qui auraient pu être usités de façon beaucoup plus astucieuse et un cynisme décapant pas suffisamment mis en valeur et parsemés au sein du récit, et qui ont donc rarement fait mouche sur ma petite personne, malheureusement. J'ai aussi dû batailler (pardonnez mon côté drama queen avec cette jolie exagération) afin de m'habituer à cette façon d'écrire qui met indubitablement (ce n'est là que mon humble opinion) de la distance entre le lecteur et les personnages et qui ne respecte pas forcément les codes usuels, notamment pour ce qui est de l'articulation des phrases, qui me semblaient s'arrêter à des moments incongrus. Cependant, l'on finit par s'y faire et cela rejoint le point que j'évoquais plus tôt : La Servante écarlate s'apparente à un message crypté, parfois presque hermétique, à un puzzle d'expressions, de mots séparés les uns des autres, de souvenirs éparpillés, dont il est nécessaire de rassembler toutes les pièces et remettre celles-ci à leur place afin que tout s'éclaire. A vous de voir si vous aimez qu'on vous triture le cerveau bien comme il faut durant votre acte de lecture ou non.

Enfin, concernant les protagonistes de cette histoire, je pense que vous pourrez aisément deviner qu'ils sont particulièrement peu sympathiques au vu du genre dans lequel se range La Servante écarlate. Je n'ai pas grand-chose à vous dire à leur sujet, si ce n'est que la plupart d'entre eux sont incessamment tournés en ridicule et qu'on reste en surface de leurs sentiments tout du long. Difficile de cerner leurs véritables intentions et de percevoir les sentiments qui les animent, pour ne pas dire impossible. Je ne vous cache pas que j'ai eu du mal à réellement me soucier de leur sort. C'est triste et épouvantable à dire mais je pense que cette absence d'attachement, d'authentique empathie était elle aussi désirée afin que l'impact foudroyant du roman ne s'en retrouve pas diminuée. En effet, quelle est la logique dans le fait de ressentir un puissant lien de connivence avec des individus à la personnalité effacée et aux pratiques et rituels à proprement parler inhumains ? Le détachement que l'on éprouve à leur égard permet de renforcer la critique virulente de l'autrice envers la pléthore de dérives incompréhensibles et monstrueuses de notre société donc je comprends parfaitement ce choix d'insensibilité accrue (doux euphémisme) chez chacun des personnages pour mettre en lumière cette importante dénonciation. Je vais m'en arrêter là car j'ai l'impression désagréable de me répéter comme un disque rayé en déclarant que chaque petit rouage de ce livre y a sa place et fait sens et pourtant, la machine ne semble pas avoir été bien huilée de mon côté. Il s'est produit un clair dysfonctionnement qui m'a empêché d'être pleinement à fond dans cette lecture, d'épauler Defred comme elle l'aurait mérité, malgré le fait que je sentais par moment quelque chose me titiller au plus profond de moi, une étincelle s'allumer faiblement pour mieux s'éteindre. C'est comme si Margaret Atwood s'était acharnée à viser mon c½ur, à ne pas manquer cette cible qui s'est révélée cette fois-ci infaillible et qu'elle n'avait in fine réussi qu'à mieux la rendre inaccessible, l'endurcir. Était-ce là l'effet escompté ? Je ne saurais le dire...

Pour conclure, je dirais que La Servante écarlate provoque chez quiconque le lit une certaine remise en question et un réel éveil de conscience, il n'y a pas de doutes à avoir là-dessus. Je comprends tout à fait le succès colossal qu'il connaît aujourd'hui plus que jamais auparavant mais il m'a cependant manqué un petit quelque chose, un éclair de génie qui pour moi n'est pas survenu (ou alors m'aurait-il aveuglé au point que je ne m'en sois pas rendue compte ?). Je gardais encore l'espoir que ce livre devienne l'un de ceux qui ont changé ma vie comme les incontournables 1984, Fahrenheit 451 et Le meilleur des mondes, desquels La Servante écarlate est justement considéré comme le digne successeur et même égal, avec ce final renversant, tout simplement remarquable, qui explique beaucoup de détails obscurs, et notamment le titre V.O. de l'ouvrage, certes plus adéquat mais qui gâche la surprise magistrale que nous réserve la fin à mon sens. Malgré ce retournement de situation épique, je ne me sens pas totalement convaincue par ma lecture. Peut-être a-t-elle lieu au mauvais moment, moi qui ne dévore en ce moment que des livres qui véhiculent des valeurs fondamentales mais qui redonnent aussi la banane en même temps ? Peut-être n'ai-je pas été assez réceptive à ce que ce livre avait à m'apporter, à me transmettre, tout simplement parce que je n'étais pas dans de bonnes dispositions et parce que j'ai besoin d'autre chose en ce moment, de titres qui dégagent une aura plus positive et chaleureuse ? J'ai l'impression que, malgré le fait que j'ai trouvé ce roman d'anthologie très bon, je ne l'ai pas apprécié à sa juste valeur et que cette chronique n'est donc pas le meilleur reflet que je puisse vous en offrir. Par ailleurs, je m'excuse sincèrement pour l'épais et déroutant, frustrant sentiment de perplexité dans lequel je vous laisse en mettant le point (le pavé, plutôt) final à cette critique livresque. Dans tous les cas, je ne peux que vous encourager à le lire au moins une fois dans votre vie, vous en sortirez grandis et alertes aux dangers du monde qui nous entoure. Pour ma part, je reste tout de même curieuse de découvrir la série télévisée pour voir ce que cette histoire qui fait froid dans le dos mais qui est aussi malheureusement très réaliste et probable donne sur petit écran. La suite de ma relation compliquée avec La Servante écarlate au prochain épisode (ce mot ne pouvait pas être plus approprié dans le cas présent) donc ! ★★★(★)★

Nanette ♥

« Ne laissez pas les salopards vous tyranniser. »
Tags : Fiche lecture, Lecteurs.com, La Servante écarlate, Margaret Atwood, Littérature canadienne, 1985, 1987, 1990, 1995, 2006, 2017, Pavillons poche, Robert Laffont, Dystopie, Anticipation, féminisme, science-fiction, totalitarisme, politique, castes sociales, asservissement, servilité, propagande, censure, prostitution, tabous, interdits, religion, esclavage, manipulation des masses, autorité, violence, hypocrisie, perte d'identité, stérilité/fertilité, démographie, espoir, Très bonne lecture
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#Posté le samedi 20 juillet 2019 10:57

Modifié le dimanche 21 juillet 2019 15:43

FICHE LECTURE : Galant de nuit

FICHE LECTURE : Galant de nuit

« Il me faut connaître les ténèbres pour trouver la lumière. »

• TITRE V.O. : Jasmin Nights.
• PRÉCÉDENT TITRE FRANÇAIS : L'Année du Caméléon.
• AUTEUR : S.P. Somtow.
• ANNÉE : 1995 (THAÏLANDE) ; 2007, 2018 (FRANCE).
• GENRE (S) : Récit semi-autobiographique.
• THÈMES : Années 60, occidentalisation, mysticisme, richesse, hiérarchie, culture, spiritisme, religion, famille, amitié, expériences, faire ses propres choix, tolérance, racisme, différence, acceptation de soi, grandir, individualité, avoir sa propre façon de penser, réflexion, maturité, liberté, exotisme, érotisme, sentiments amoureux, désirs, théâtre, sensualité, enfance, entrée en adolescence, entraide, ingéniosité, intelligence, traditions, us et coutumes, solitude, absurde, humour, onirisme, exaltation des sens, roman d'apprentissage...
• PAGES : 410.

Bangkok, 1963.

Dans le milieu de l'aristocratie thaïlandaise, Justin, douze ans, surnommé par les siens « Vénérable Petite Grenouille » ou « Khoun Nou », vit coupé du monde. Élevé par Nit-nit, Noï-noï et Ning-nong, ses trois jeunes tantes, cet enfant précoce, pétri de culture classique et doté d'une imagination fertile, se construit à travers son propre univers.

La mort de son caméléon, dont l'esprit jouera le rôle de génie tutélaire, et la rencontre avec son arrière-grand-mère, avec qui il entretiendra une relation privilégiée, agiront sur lui comme un déclic : pris entre deux cultures, plus tout à fait enfant, mais pas encore adulte, Justin devra se réconcilier avec son identité siamoise et se confronter au monde réel.

Si ce roman met en exergue l'amitié entre jeunes gens qui transcende préjugés, racisme et différences sociales, il évoque aussi, souvent avec humour, tout ce que l'on perd en atteignant l'âge adulte. En outre, on y découvre le Bangkok séculaire, presque rural avec ses innombrables khlongs encombrés de barques et ses moiteurs nocturnes saturées du parfum des jasmins de nuit, qui adopte une modernité d'inspiration occidentale avec enthousiasme.

L'AUTEUR : Compositeur et chef d'orchestre thaïlandais de renommée internationale, S. P. Somtow est né à Bangkok en 1952. C'est également un écrivain très prolifique (science-fiction, horreur) récompensé par plusieurs prix littéraires.

Galant de nuit, roman d'apprentissage semi-autobiographique teinté de réalisme magique et d'érotisme, est l'½uvre-phare de sa production siamoise.
FICHE LECTURE : Galant de nuit
ஜ MON AVIS :

Pour commencer, je tiens à remercier du fond du c½ur les éditions Gope pour cet envoi, et merci aussi pour leur patience. Je fais toujours au mieux pour publier mes chroniques dans les temps, mais des fois... c'est un peu compliqué. En tout cas, merci à eux de s'être montrés aussi compréhensifs. Je vous encourage vivement à découvrir leurs parutions, qui sortent des sentiers battus et vous invitent à voyager dans l'Asie du sud-ouest de façon passionnante et... très particulière. En effet, les deux premiers services presse que j'avais reçus d'eux, Fille de sang et Bâton de réglisse, étaient profondément sombres et perturbants. Ils avaient marqué de façon indélébile la lectrice très innocente et sensible que je suis (ils continuent de hanter mes pensées d'ailleurs), et il faut avoir le c½ur bien accroché en les lisant, je vous le garantis. Avec Galant de nuit, mon expérience de lecture a été relativement différente. En effet, si ce titre-ci a lui aussi sa part d'ombre, il est cependant beaucoup plus lumineux que les livres évoqués précédemment. Il m'a apporté une belle bouffée d'air frais en comparaison des précédents romans que j'avais pu lire chez Gope éditions, qui étaient extrêmement intéressants et percutants mais également étouffants. Cependant, je retiens également de Galant de nuit un sentiment de moiteur, d'humidité asphyxiante, et pas seulement parce que j'ai lu ce livre culte au beau milieu de la période de forte canicule que nous avons traversée cet été. L'atmosphère dans laquelle le héros de l'histoire évolue est effectivement propice à la sueur, une sueur qui va se révéler pour notre héros/narrateur... somme toute libératrice. Je vais vous expliquer cela plus en détails dans quelques instants.

L'histoire de ce récit semi-autobiographique se passe à l'orée des années soixante en Thaïlande et l'on va suivre Justin, un jeune garçon anglo-thaïlandais âgé de douze ans qui depuis trois ans maintenant vit dans une superbe résidence avec sa famille très aisée, ses parents étant partis pour affaires à l'étranger. Ayant passé les premières années de sa vie en Angleterre, loin de cette nombreuse tribu siamoise qui est pourtant la sienne, on se rend compte qu'au bout de trois années à vivre parmi eux, Justin se sent encore exclu d'une certaine manière et a du mal à apprendre à véritablement les connaître. C'est in fine grâce à sa formidable arrière-grand-mère, dont le jeune garçon a été éloigné sans comprendre pourquoi pendant si longtemps, que Justin entamera la vie d'un enfant "normal", épanoui et embrassera enfin cette culture thaïlandaise qui sommeillait jusque là en lui, sans pour autant en renier sa passion invétérée pour la lecture et nous partageant au fil de l'intrigue ses immenses connaissances liées à ses innombrables lectures gréco-romaines et à son propre temps.

C'est justement ça que j'ai le plus aimé dans ce récit semi-autobiographique que nous livre S.P. Somtow : l'enrichissement qu'il nous procure. En effet, le lecteur reçoit beaucoup d'informations sur énormément de choses par des moyens divers et variés. Par exemple, j'ai beaucoup aimé les nombreuses et judicieuses notes de bas de page du traducteur. Je sais que cela agace beaucoup de lecteurs lorsque ces derniers doivent s'en référer à la fin de la page pour mieux comprendre le récit. Pour ma part, j'ai du mal à m'y faire lorsque je dois sans cesse me rendre à la fin des livres parce que les notes du traducteur et de l'auteur foisonnent de partout et sont donc impossibles à toutes reléguer en fin de chaque page. Dans les deux cas, cela coupe d'une certaine manière la fluidité de votre lecture, la dynamique de celle-ci. Loin de trouver cela embêtant avec Galant de nuit, j'ai au contraire trouvé que c'était fort ingénieux et que cela apportait un véritable plus au récit, les notes de bas de page se référant essentiellement aux noms thaïlandais des titres honorifiques au sein d'une famille et de la société, à la nourriture traditionnelle et aux rites religieux. Les traductions et les définitions claires et concises nous permettent ainsi d'ouvrir une fenêtre sur une culture totalement différente de la nôtre, sans pour autant qu'on en soit entièrement séparée. Le Bangkok que nous dépeint S.P. Somtow est en effet empreint d'occidentalisme : Justin est friand de péplums tout droit sortis d'Hollywood et a bien sûr baigné comme chaque enfant qui se respecte dans la culture Disney (la référence à Fantasia est tellement bien faite, pensée par un écrivain également chef d'orchestre en plus, j'ai juste adoré !) et à l'école, où il commencera à se rendre durant la seconde partie du roman, il côtoie beaucoup de caucasiens européens. Galant de nuit est une lecture qui nous apprend à la fois énormément sur les us et coutumes de la Thaïlande, qui nous fait sentir les odeurs de sa nature et de ses délices culinaires et qui nous donne à voir sa nature verdoyante et abondante, mais on reçoit également beaucoup d'informations sur les années soixante, époque où se passe le récit et où l'Amérique devient LA superpuissance incontestable qui impose son rêve et son soft power de Coca Cola, de baseball, de rock, de soul, de danses lascives, de beaux quartiers résidentiels et de belles piscines... La capitale de Bangkok, c'est à la fois ça : une modernisation et une urbanisation occidentales qui avancent à grandes enjambées, tout en cohabitant avec une campagne, une nature splendide et envoûtante qui n'existe nulle part ailleurs. J'ai adoré ce pluralisme identitaire de la Thaïlande, ce mélange de différentes cultures et de différentes couleurs, tout en conservant une certaine singularité et authenticité. Ce pays est à l'image de notre héros, qui a grandi en se nourrissant de culture antique européenne tout en restant fondamentalement lui-même : originaire de l'ancien Royaume du Siam. La Thaïlande est à Justin ce que les racines sont aux fleurs et inversement. Les deux sont inextricablement liés, on ne peut en effet pas renier d'où l'on vient, mais on peut se construire de toutes sortes de façons, en se nourrissant de tout ce que la vie nous donne et de ce que l'on en retient. C'est l'une des bien belles leçons que ce roman m'a apprises.

Comme je vous le disais précédemment, notre adorable héros est un grand amateur de péplums et il faut dire qu'à l'époque, ces derniers étaient légion : Ben-Hur, Quo Vadis, Les Dix Commandements, Cléopâtre ne sont que les ½uvres cinématographiques les plus légendaires d'un genre qui vivait alors un véritable âge d'or. Je vous invite à aller consulter la liste Wikipédia des péplums, c'est tout bonnement ahurissant. Mais le film doudou de Justin, celui qui l'inspire dans son quotidien, celui qu'il mange et qu'il respire tant il le connaît par c½ur, c'est Spartacus. De lire toutes les citations et références que Justin fait de/à ce chef d'oeuvre au cours du récit, de contempler ainsi, écrit noir sur blanc, son amour inconditionnel pour ce film mythique et tout ce qu'il lui inspire, cela m'a juste donné une envie folle de le voir de mes propres yeux et non plus de le vivre par procuration grâce à notre formidable héros, qui a tout de même réussi à me faire vivre une expérience de cinéma unique et à me donner les frissons sans pour autant que je vois véritablement le film en question ! J'ai d'ailleurs honte de ne jamais avoir vu ce film en vrai (du moins dans son intégralité), si vous saviez... Ce qui est certain, c'est que Justin voue une admiration sans bornes à Spartacus, au film comme à son héros éponyme. Cet esclave honorable qui décide de prendre son destin en main et de se battre pour ce qui lui semble juste va énormément apporter à Justin qui, dès lors qu'il va décider de mettre un pied hors de sa chambre et de ne plus rester constamment le nez dans ses lectures pourtant si passionnantes, va devenir le héros de son existence et avoir une bonne influence sur l'ensemble des personnages qu'il va croiser. Le fait d'observer ce qu'il se passe autour de lui et de devoir agir, quitte à faire des erreurs, va permettre à Justin de grandir et de décider quels combats il a envie de mener. L'un d'entre eux, celui qui constitue le c½ur de la seconde partie du roman, va se dérouler en milieu scolaire sous la forme d'une pièce de théâtre écrite par notre remarquable et si brillant héros lui-même. Je ne vous en dis pas plus sur cette pièce car il faut que vous en alliez voir la première par vous-même. Qui plus est, l'auteur nous fait la gentillesse de nous inviter à assister aux répétitions rocambolesques au cours du récit et ça a été un pur régal que d'en être le témoin privilégié ! Je vous promets beaucoup de fous rires et un sourire attendri qui se dessinera sur vos lèvres aussi face à tant d'ardeur et de solidarité entre eux de la part des jeunes élèves et de leur formidable maîtresse. Et surtout, la pièce de Justin passe un message très important de tolérance et d'humanité alors soyez à l'écoute et accordez-lui l'attention qu'il mérite.

Honnêtement, je dois bien vous avouer que, pour moi, le roman démarrait mal. Enfin, il m'a captivée d'emblée mais la mort du caméléon bien aimé de Justin (ceci n'est pas un spoil) m'a franchement dégoûtée. Surtout que cela aurait largement pu être évité. Je n'y croyais presque pas et surtout, j'ai trouvé cela extrêmement brutal. La mort symbolique de l'enfance de Justin n'aurait pas pu être plus claire, alors que le départ de la nourrice de ce dernier, Samlee, juste avant ce tragique événement nous faisait déjà comprendre que Justin devrait aller voir et explorer au-delà des murs de la confortable et luxueuse demeure familiale afin de chercher des réponses à ses questions et de surmonter son double chagrin. In fine, je me rends compte que ces deux ruptures dans la vie jusqu'alors paisible et douillette, presque léthargique, de notre jeune héros étaient nécessaires. Cela va le pousser à faire des rencontres décisives dans son existence, à commencer par celle avec son arrière-grand-mère, que j'ai mentionnée plus tôt. Je pourrais vous parler pendant des heures de cette femme extraordinaire, de sa sagesse, de son humour aussi et de tout ce qui la rend spéciale et inoubliable. Telle une étoile filante dans le firmament de la vie de sa Vénérable petite grenouille, je regretterai toujours que ces deux destins ne se soient pas croisés plus tôt alors qu'ils vivaient sous le même toit. Pourtant, l'amour si puissant et évident entre eux a toujours été là, leur merveilleuse et instantanée complicité lors des quelques moments fondamentaux et fabuleux qu'ils vivront ensemble en atteste. Je ne remercierai jamais l'arrière-grand-mère pour tout ce qu'elle a fait pour Justin, pour lui avoir révélé tout ce qu'il a de précieux en lui. A certains moments, Justin va se sentir impuissant face aux sentiments de jalousie et de chagrin qu'il éprouve face aux nouveaux amis qu'il va se faire et qui sont plus beaux extérieurement et plus hardis que lui, moins renfermés et "innocents", si vous voyez ce que je veux dire. Étant donné que ces derniers sont d'une classe sociale nettement inférieure à la sienne, il va se servir de la dévotion due à sa famille et de la place très importante qu'il occupe dans cette dernière (les enfants étant vénérés en Thaïlande) pour se défendre, se construire une carapace solide. Ce n'est guère très intelligent, je le sais, et Justin en est immédiatement conscient également. Il va très vite réaliser que sa richesse ne se trouve pas là, dans l'opulence qu'affichent les siens, mais bien ailleurs, dans ces liens qu'il va tisser avec ses nouveaux amis et camarades de classe, dans ce qu'il va créer avec eux, cette pièce de théâtre tout bonnement incroyable, dans le regard qu'il porte sur le monde. Au fil de son avancée dans la propre aventure de son existence, Justin va faire fi des conventions sociales, de la couleur de la peau et même des comportements racistes. Il va prendre conscience qu'il ne faut certes pas les tolérer afin de se faire bien voir et accepter de la masse, mais que ces façons d'agir ignobles, notamment venant des enfants, ne sont pas instinctives mais s'apprennent, aussi horrible cela soit-il. Cela vient de l'éducation que les parents transmettent à leur progéniture, d'une histoire qui s'est construite au fil des siècles et qui est inscrite dans nos gênes, dans notre mémoire collective, peu importe quelles sont nos origines. Cette histoire, c'est celle des esclaves, des colons, des minorités, des dominants et des dominés, des guerres de territoire, entre peuples, au sein d'un même peuple, qui laissent des traumatismes ravageurs à ceux qui les ont directement vécues et un sentiment de confusion et de vide pour ceux qui héritent du récit de ce passé qui ne passe résolument pas. Justin va quant à lui tenter de changer les choses, de ne pas les laisser en état car il sait que ce n'est pas bon, pas juste, que cela fait du mal à tout le monde et qu'il est temps que cela cesse. Je vous le dis, ce héros est d'une intelligence hors du commun, d'une grande lucidité aussi. Il apprend véritablement de ses erreurs et réunit ceux qui ne pensaient jamais bien s'entendre, qui pensaient ne pas faire partie du même monde, alors que si, nous sommes tous un. On ne peut pas mettre de barrières ou d'½illères à l'humanité, celle-ci est indomptable et elle voit avec le c½ur.

En plus de traiter de racisme et de discrimination éthique et sociale avec beaucoup de justesse au travers des personnages très touchants que sont Virgile, Piet, Wilbur et [P], l'auteur aborde aussi la question de la condition de la femme. Ce qu'il est très intéressant de constater, c'est que l'arrière-grand-mère de Justin, doyenne de la famille, reçoit tout le respect et les honneurs qui lui sont dus en fonction de son âge qui lui confère la position de grande cheffe de la lignée mais sinon, les autres femmes présentes dans le roman doivent subir le système patriarcal et se jugent constamment entre elles par rapport au regard que les hommes, qu'ils soient de leur famille ou non, portent sur eux. Il y a à la fois cette dénonciation de la femme perçue comme un objet sexuel, de désir de l'homme ou de future mère et épouse tout en nous dépeignant des personnages féminins qui sont justement forts, qui ont une importance cruciale dans l'histoire, une véritable personnalité qui leur est propre, et qui doivent subir cette façon de penser rétrograde et ces m½urs injustes. Quand je parle de personnages féminins marquants, je pense bien sûr à Samlee, la servante de la famille qui était en charge du bien-être de la Vénérable petite grenouille et qui a dû quitter son poste de force car elle a tapé dans l'½il d'un des oncles de Justin, qui occupe une place de première ordre au sein de leur hiérarchie familiale. Cela m'a tuée de voir ainsi Samlee perdre de son naturel en commençant à se barbouiller le visage et en se pomponnant à la mode occidentale dans le but de plaire à cet homme, de continuer à être sa favorite, notamment au lit, et prier ardemment pour qu'elle puisse être capable de toujours le satisfaire en quoi que ce soit. Justin, lui, aimait sa nounou telle qu'elle était, avec sa beauté sans fards ni artifices, et on lui a enlevé cette dernière sans ménagement. Mais que pouvait faire Samlee ? Elle n'a pas d'autre moyen de gagner de l'argent, il lui est désormais interdit de prendre soin de sa Vénérable petite grenouille qui, qui plus est, est en train de grandir et n'aura donc plus besoin d'elle. Sa vie dépend de ce que la famille de Justin veut bien lui donner. J'ai trouvé cela juste affreux que Samlee doive ainsi se complaire aux ordres et désirs de l'oncle de Justin et en même temps, j'ai senti qu'elle n'avait jamais cessé d'être fidèle à qui elle était vraiment ; malgré la soumission et l'angoisse de ne plus gagner son pain dignement, elle est d'une grande force mentale et spirituelle. Je l'admire beaucoup pour cela.

Et bien sûr, je ne pouvais pas conclure cette chronique sans consacrer un paragraphe aux trois tantes de Justin ! Je garde le meilleur pour la fin mes amis, impossible de ne pas vous parler des Trois Parques ! Je pense qu'aucun surnom n'aurait pu être mieux approprié que celui-là. En effet, si on nous dit dans le résumé que les trois tutrices de notre héros sont jeunes, on a vite tendance à l'oublier tant leur apparence froide et guindée nous donne l'impression que leur âme est millénaire ! Mais ne les jugez pas trop vite car ce sont bien ces trois-là qui vont vous faire vivre les plus palpitantes et abracadabrantes des péripéties ! J'en pleure encore de rire rien que d'y penser ! Nit-Nit est sûrement la tante parmi les trois qui m'a le plus plu. J'ai eu envie un nombre incalculable de fois d'entrer dans le roman pour lui faire un énorme câlin tant elle manque de confiance en elle à cause de son apparence replète alors que, pour ma part, je la trouve rayonnante et magnifique telle qu'elle est. Des trois s½urs, la cadette est certainement celle qui a le meilleur fond et dont le c½ur déborde le plus de tendresse pour notre héros. Par ailleurs, j'ai adoré la complicité si évidente qui transparaît entre Nit-Nit et son petit neveu chéri. Ils forment vraiment un super duo ! Noï-Noï, la benjamine, est sûrement à mes yeux celle qui a le moins de caractère et de personnalité des trois : étant celle qui incarne le plus l'idéal de beauté féminin, elle est l'exemple parfait de la belle ingénue qui se tait, rôle qu'incarne d'ailleurs Samlee auprès de l'oncle de Justin et que Noï-Noï lui envie férocement. J'ai trouvé cela triste d'avoir des aspirations si baisses mais Noï-Noï est victime de son temps, une époque où les femmes sont encore loin d'être aussi émancipées qu'aujourd'hui, et si on rajoute la conception qu'ont les Asiatiques de la femme, gracile et vertueuse (pensez à la chanson Honneur à tous de Mulan, ça vous fera un joli petit topo), on est encore moins sortis de l'auberge. La séduction est l'unique arme de Noï-Noï et cette dernière l'a aiguisée au point d'en être aussi sournoise qu'une vipère. Je lui ai pardonné son attitude blessante et pathétique au fil du temps. Elle n'est qu'une victime d'une société profondément dysfonctionnelle. Enfin, Ning-Nong était au départ celle qui me paraissait la plus antipathique, revêche et insensible. Ce n'est qu'à la fin que je me suis rendue compte qu'elle tient en réalité énormément à ses deux s½urs un peu sans cervelle parfois à cause de leur rivalité en amour (d'ailleurs, on en parle de cet incompétent et insupportable Dr Richardson ? Je ne préfère pas m'épancher sur un tel énergumène...) et elle ne va pas hésiter à se sacrifier pour elles deux. Étant l'aînée, la tradition veut que ce soit elle qui doit se marier la première afin de ne pas jeter l'opprobre sur ses plus deux jeunes s½urs. In fine, Ning-Nong est celle qui a le plus de bon sens et de jugeote, ainsi qu'un respect du devoir familial qui l'honore. Encore une fois, on a affaire à un personnage de femme qui doit ployer sous le poids de la soumission au soi-disant "sexe fort" et de la réputation immaculée qu'une femme se doit d'avoir en son temps et dans un tel pays. Mais, malgré le fait que Ning-Nong doive courber l'échine, elle parvient à le faire la tête haute et avec une dignité intacte. Chapeau bas Madame.

Je me rends compte qu'in fine, je ne vous ai pas parlé des pulsions sexuelles de nos jeunes adolescents. En effet, qui dit Bildungsroman dit personnage principal qui se forme, qui grandit, et qui apprend donc notamment à embrasser ses désirs et à découvrir sa sexualité, à écouter des hormones qui grondent en lui et qui le rendent tout chose. Ce côté érotique du roman, tant chez les adultes que les enfants, aurait pu totalement me refroidir étant donné mon aversion pour la chose, or il n'en fut rien. Certes, cela peut vous donner un sentiment désagréable de voyeurisme en assistant à de tels instants d'intimité mais cette gêne s'envole vite pour laisser place à un sentiment grisant d'harmonie, de communion pure avec les personnages (qui le sont déjà entre eux, si vous voyez ce que je veux dire). Je conclurai donc en disant que ma dernière découverte fut celle de la signification du titre du roman. Autant la précédente appellation française me semblait tout à fait appropriée, autant la nouvelle... Je ne comprenais franchement pas. Puis j'ai découvert que Galant de nuit faisait référence à un brin de jasmin qui ne fleurit qu'à la nuit tombée et dont l'odeur est extrêmement entêtante (d'où le titre anglais Jasmin Nights aussi). Tout s'est alors fait jour dans ma tête. Ce brin de jasmin est caractéristique de cette Thaïlande envoûtante où ce roman m'a fait voyager, de ces instants d'anthologie que j'ai vécus avec ses personnages et où je me suis franchement demandée si je n'étais pas en train de planer tant j'avais la sensation d'en avoir pris de la bonne. Eh bien, je peux vous dire que Galant de nuit est une drogue tout ce qu'il y a de plus recommandable : elle vous fera vivre des moments d'onirisme initiatiques fous, elle vous fera rire et réfléchir, elle vous emmènera vers de nouveaux horizons, dans une nature luxuriante qu'il devient vite difficile de quitter. Alors, parés pour la grande aventure de la vie de Justin ?

Nanette ♥

FICHE LECTURE : Galant de nuit
★★★★(★)
Un très bon roman d'apprentissage qui nous invite à regarder au-delà de nos frontières et à nous immerger dans une culture différente de la nôtre, dans un autre temps.

« Je ressens une terrible injustice dans ce monde, mais je n'ai pas le pouvoir de faire changer les choses. Le dharma du cosmos est perturbé. Je ne peux pas être le seul à l'avoir remarqué, sûrement pas... Pourtant, j'ai l'impression d'être seul. Même Virgil, contre qui ces injustices ont été perpétrées, les accepte comme une fatalité. C'est pourquoi il s'est enfui à la piscine, pour échapper aux Blancs ; c'est pourquoi il ne s'est pas défendu lorsqu'on a voulu le lyncher ; c'est pourquoi il ne fera rien pour défendre le droit d'être traité comme un être humain. Les coups de fouet de l'Irlandais l'ont marqué lui aussi, même si son arrière-grand-mère est enterrée depuis plus de cent ans dans cette terre étrangère de Géorgie, à des années-lumière du roi Shango.
Mais que puis-je faire, moi, le dramaturge vêtu d'un plumage d'emprunt ? Ma propre ineptie me tourmente. »
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#Posté le mardi 02 octobre 2018 04:39

Modifié le samedi 22 décembre 2018 15:58

FICHE LECTURE : Emily Brontë - Une vie

FICHE LECTURE : Emily Brontë - Une vie

En librairie depuis le 11 avril 2018.

• AUTRICE : Denise Le Dantec.
• ANNÉE : 1995 ; 2018 (FRANCE).
• GENRE (S) : Biographie.
• THÈMES : Littérature anglaise du dix-neuvième siècle, récit de vie, recherches, sources, famille d'écrivains/poètes/artistes, intelligence, culture, religion anglicane, drame, traumatismes, noirceur, liberté, appel de la nature, les landes, fraternité, amour, combats sociaux, bonté, simplicité, esprit brillant, apprendre, savoir, rébellion, dévotion, devoir, conscience de la mort, deuil, inspiration, oeuvre littéraire, Les Hauts de Hurlevent, Jane Eyre, Agnès Grey, écriture...
• PAGES : 320.

20¤.

Deux siècles de mythes et de clichés.

Un roman publié en 1847. Les Hauts de Hurlevent valut sa renommée posthume à Emily Brontë. Elle n'avait pas trente ans. Elle ne semblait connaître du monde que les landes entourant le presbytère familial, ayant partagé sa vie entre les tâches domestiques et la rédaction de sagas juvéniles (les Juvenilia) avec son frère Branwell et ses s½urs Anne et Charlotte.

Ce livre unique fut longtemps le seul témoignage de son auteur, dont l'existence, croyait-on, n'avait pas connu d'événement marquant. La réussite de sa s½ur Charlotte, il est vrai, l'avait maintenue dans l'ombre.

C'était oublier qu'Emily, loin d'être qu'une enfant recluse et sauvage, était éprise de liberté. Très cultivée, parlant le français elle fut une lectrice passionnée de Walter Scott, Lord Byron et Shelley. C'est sa compréhension précoce de la cruauté du monde qui lui permit d'écrire « sans doute le plus beau roman d'amour de tous les temps » (Georges Bataille).

En évoquant les drames de sa vie et ses révoltes, son courage moral et intellectuel, mais aussi son exubérance et sa force de caractère. Denise Le Dantec ôte enfin à deux siècles de mythes et de clichés. Elle fait revivre une existence singulière, celle d'une jeune femme qui ne put jamais rompre avec son enfance et conduisit sa vie comme un destin : celui d'écrire, sans se soucier de devenir écrivain. Cette biographie est initialement parue en 1995 aux éditions de l'Archipel.

L'AUTRICE : Née à Morlaix en 1939, Denise Le Dantec est poète, peintre et auteur compositeur. Elle a étudié la philosophie et les sciences humaines à la Sorbonne et a publié une trentaine d'ouvrages. Son oeuvre est traduite dans de nombreuses langues dont l'anglais, l'allemand et le chinois.
FICHE LECTURE : Emily Brontë - Une vie
ஜ MON AVIS :

Tout d'abord, un immense merci aux éditions L'Archipel pour l'envoi de cet ouvrage. J'étais très intriguée à l'idée de lire cette biographie traitant de la vie d'une romancière que j'admire tant depuis l'âge de mes douze ans, période de mes touts premiers grands classiques, notamment ceux de la littérature anglaise du dix-neuvième siècle que je chéris de tout mon c½ur. Les Hauts de Hurlevent est peut-être le seul roman qu'elle, Emily Brontë, ait jamais écrit, mais quel monument, quel chef d'oeuvre stupéfiant et immortel, cela ne fait pas le moindre doute, c'est comme gravé dans le marbre. Quand j'ai lu ce livre, j'ai été imprégnée et transportée par cette description si réaliste et saisissante de cette nature violente et tourmentée, sur tous les plans : la Mère Nature, la nature des sentiments, la nature humaine dans ce qu'elle a de plus faible, mais aussi de plus enragée et torturée aussi. Il y a une réelle beauté qui se dégage de cette peinture qu'Emily Brontë fait de la complexité de l'humanité. Peintre virtuose, mais aussi peintre avec des mots, je pouvais grâce à elle sentir la terre des moors sous mes pieds et le vent de la lande mugissant dans mes cheveux et me transperçant toute entière. J'étais donc très excitée de découvrir le récit de la vie de cette femme à mes yeux extraordinaire et fascinante en tout point.

D'ailleurs, cette biographie m'a semblé au cours de ma lecture plus être un récit qu'un documentaire sur le sujet en question ici présent. Ce que je veux dire, c'est que Denise Le Dantec, autrice prolifique que je ne connaissais pas jusqu'alors, a su allier ses talents d'écrivain aux formes et au style très méticuleux et pointilleux de la biographie, sans pour autant en perdre l'authenticité de sa plume, ni la véracité des informations qu'elle nous fournit. Le livre sur la vie d'Emily qu'elle nous donne à lire est extrêmement détaillé, sans pour autant être rébarbatif, loin de là. Cela se boit comme du petit lait, expression qui, quand je l'emploie, n'est absolument pas péjorative à mes yeux, bien au contraire, et cela se savoure comme quand on lit une des biographies rédigées par Stefan Zweig, par exemple. C'est le meilleur comparatif que je puisse faire selon moi. J'ai beaucoup appris de cet ouvrage, et je ne peux qu'admirer l'ampleur du travail de Denise le Dantec et m'en instruire, c'est tout bonnement remarquable.

Qui plus est, la quatrième de couverture nous introduit Denise Le Dantec comme une cinquième s½ur qu'Emily Brontë se serait trouvée. Je trouve, après lecture, cette affirmation tout à fait pertinente et je ne peux qu'approuver. Au-delà du travail de recherche colossal de Denise Le Dantec, que celle-ci n'a cessé d'approfondir depuis la première édition de cette biographie en 1995, on sent au cours de notre lecture la réelle volonté de cette dernière à comprendre l'âme éprouvée par le deuil de la si jeune Emily, sa conscience accrue de la mort, la bonté et la tendresse qu'elle témoignait à l'égard des humbles ainsi que son désir totalement inexistant d'atteindre les states de la gloire et de l'amour éternels, au contraire de sa grande s½ur Charlotte.

Et, en effet, contrairement à ce que j'avais toujours cru, Emily n'avait pas que deux s½urs, les illustres Anne et Charlotte, reconnues elles aussi comme issues du génie littéraire de la famille Brontë par de nombreux biographes, historiens, critiques littéraires depuis le dix-neuvième siècle jusqu'à nos jours. Il y avait aussi Maria et Elizabeth, les deux aînées qui ont très rapidement joué le rôle de petites mères et qui sont parties bien trop tôt. Cela m'amène au fait que les parallèles que Denise Le Dantec dresse entre les expériences de vie qu'ont affronté et traversé les s½urs Brontë et leur oeuvre littéraire crèvent les yeux. Denise Le Dantec met cela bien en évidence, sans omettre le moindre détail. Les décès presque simultanés de Maria et Elizabeth constitueront le premier matériau nourricier des écrits majeurs de chacune. Par exemple, en lisant cette biographie, j'avais l'impression de me trouver dans l'enceinte sordide établissement de Brocklehurst dépeint avec une grande justesse dans Jane Eyre, ou de voir la figure de paria bouleversante et vengeresse du seul et unique Heathcliff en ce garçon de ferme taciturne, intrus au sein de sa propre famille lui aussi, qui seul aura réussi à faire faire au c½ur d'Emily un sursaut de compréhension face à cette asociabilité qui la caractérisait elle aussi si bien. Si j'avais lu également les ½uvres de la douce et chérie Anne Brontë, ce que je me suis promis de faire un jour, j'aurais pu d'autant plus percevoir la toute beauté des échos qui saisissent le c½ur du lecteur, lui font écarquiller grand les yeux à la fois de façon naturelle et magistrale. C'est là toute la puissance de cette biographie : son essence. Celle de la production littéraire d'Emily est à la fois empreinte de l'âme à la fois insoumise aux bonnes m½urs de son temps mais dévouée à sa famille, qui représente sa souffrance et son refuge ; l'âme de cette enfant sauvage des landes indomptable et qui n'est jamais véritablement devenue femme, malgré le changement du corps, les responsabilités et la vieillesse. Mais ses ½uvres sont aussi indubitablement influencées par ce monde extérieur à Haworth, le presbytère familial, et surtout par sa famille pour laquelle elle éprouvait un amour fusionnel qui en devenait presque ambigu, dans les cas de ses relations avec Anne et Branwell. Quelque soit le sentiment qui l'a ébranlée, jalousie, envie, défi, peur, chagrin, c'est bien l'oralité irlandaise de son père que l'on reconnaît dans les talents de conteuse de Nelly Dean, c'est bien ce garçon de ferme orphelin et illégitime qui a inspiré le bois dont Heathcliff est fait, et bien plus encore... Emily était à ce point liée à sa famille que, là où l'on lit son histoire, on lit aussi elle de sa famille toute entière. Et si son oeuvre est considérablement marquée par les jeux d'écriture de son enfance qu'elle réalisait avec ses frère et s½urs et par les personnalités de chacun(e), eux aussi se sont servis d'elle comme muse dans chaque chose qu'ils créaient. Ce lien familial, malgré les tentatives de rupture, n'a jamais été aussi fort que dans les chefs d'oeuvre littéraires d'Anne et Charlotte où, tout comme Emily, elles tentaient de s'extraire de l'injustice et de la façon de penser étriquée de leur temps, ou dans les portraits familiaux réalisés par le prodige Branwell et qui étayent la lecture de cet ouvrage, entre autres choses.

Pour conclure, que vous soyez fan des Brontë ou non, je ne peux que vous encourager à vous immerger dans cet ouvrage si complet et passionnant sur cette famille talentueuse dans de nombreux domaines et vraiment pas comme les autres. La poésie de l'âme intemporelle d'Emily ne pourra que vous séduire, et sa capacité de voir le véritable sens de chaque chose, de voir au-delà de ce qui est percevable si je puis dire, vous époustouflera.

Nanette ♥

FICHE LECTURE : Emily Brontë - Une vie
★★★★★
Un livre que j'ai eu du mal à lâcher, j'ai appris plein de choses !

✓ - L'écriture de l'auteure et sa démarche : en plus de restituer l'existence d'Emily Brontë le plus scrupuleusement possible, comme tout bon biographe le ferait, elle nous fait aussi ressentir les sentiments d'Emily et ses états d'âme au plus profond de notre être.
- L'enrichissement superbe que m'a procuré cette lecture. J'y ai su notamment retrouver la précieuse beauté de deux ½uvres qui me sont chères, Jane Eyre et Les Hauts de Hurlevent, bien sûr. Cela m'a donné encore plus envie de découvrir les autres ½uvres de Charlotte, et celles d'Anne, toutes disponibles au passage dans la collection Archipoche. Je me permets de leur faire de la publicité ;D


✗ Le côté un peu trop rigoureux propres aux biographies et à tous travaux de recherche que ce soit. Mais est-ce vraiment un mal ? D'autant plus que Denise Le Dantec a su y insuffler un vent de liberté dont Emily aurait été fière. Je me suis d'ailleurs énormément identifiée à cette femme, on est sûrement des âmes s½urs. J'aurais voulu dire à cette âme brillante et spectaculaire que je la comprends sincèrement. Mais il semblerait que Denise Le Dantec l'ait fait pour moi... (Sinon, vous avez remarqué à chaque fois, mes points négatifs ont la consistance du carton-pâte ? De vrais points positifs déguisés !)

« Il reste que l'enfance ne cesse de nous éblouir à la façon d'un âge d'or jamais révélé. Nous souhaiterions partager cette vie dont le mystère emprunte son éclat à la recherche d'un absolu qui n'en finit pas de nous entraîner. »
Citation de l'avant-propos.
Tags : Fiche lecture, service de presse, Editions l'Archipel, Emily Brontë : une vie, Denise Le Dantec, Biographie. ♥, 1995, 2018, littérature anglaise du dix-neuvième siècle, récit de vie, recherches, sources, famille d'écrivains/poètes/artistes, intelligence, culture, religion anglicane, drame, traumatismes, noirceur, liberté, appel de la nature, les landes, fraternité, amour, combats sociaux, bonté, simplicité, esprit brillant, apprendre, savoir, rébellion, dévotion, devoir, conscience de la mort, deuil, inspiration, oeuvre littéraire, Agnès Grey, Les Hauts de Hurlevent, Jane Eyre, écriture, Très bonne lecture
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#Posté le vendredi 13 juillet 2018 06:00

Modifié le dimanche 07 octobre 2018 15:13

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