Skyrock.com
  • ACCUEIL
  • BLOGS
  • PROFILS
  • CHAT
  • Apps
  • Musique
  • Sources
  • Vidéos
  • Cadeaux
  • Connecte-toi
  • Crée ton blog

Lunartic

Photo de Lunartic
  • Suivre
  • Envoyer un messageMessage
  • Plus d'actions ▼
  • Offrir un cadeau
  • Bloquer
  • S'abonner à mon blog

Statistiques

  • 50 360 Visites
  • 5 143 Kiffs
  • 23 858 Coms

500 tags

  • 2018
  • 2019
  • amitié
  • amour
  • aventure
  • coup de coeur ♥
  • Coup de foudre ♥
  • courage
  • drame
  • entraide
  • espoir
  • famille
  • Fiche Lecture
  • Fiche lecture
  • humour
  • Jeunesse
  • Littérature française
  • mystère
  • noirceur
  • service de presse

452 archives

  • FICHE LECTURE : Les S½urs Carmines - T2 : Belle de gris
  • FICHE LECTURE : Filles uniques
  • FICHE LECTURE : La Légende d'Iskari - Tome 3 : La Tisseuse de ciel
  • FICHE LECTURE : Le secret d'Ella
  • FICHE LECTURE : Comment tu m'as fait mourir ?

654 fans

  • godelson
  • JacobElordi
  • LeCinemaDeMarina
  • DisPixCie
  • matrix-mix102

382 sources

  • Hudgens-Vanessa
  • chillvibe
  • Stitch-Kitchen
  • endlessmind
  • ProdigalS0n

Son morceau préféré

In Your Eyes

Jouer The Weeknd In Your Eyes

Skyrock music Ajouter

25 honneurs

  • Saint-Valentin
  • Spotlight
  • Anniv' 2 ans
  • Post 100
  • Écolo

Partage

  • Tweet
  • Amis 0

Retour au blog de Lunartic

2 articles taggés années 90

Rechercher tous les articles taggés années 90

FICHE FILM : Nicky Larson et le parfum de Cupidon

FICHE FILM : Nicky Larson et le parfum de Cupidon
ADAPTATION LIVE-ACTION | 2019 | RÉALISÉ PAR PHILIPPE LACHEAU | MANGA, ANIME, JAPON, CITY HUNTER, ANNÉES 90, ACTION, HUMOUR, DÉTECTIVE PRIVE, ENQUÊTE, MISSION, SUSPENS, OBSÉDÉ SEXUEL, ATTIRANCE, NOSTALGIE, CLUB DOROTHÉE | 1 H 35 | AVEC PHILIPPE LACHEAU, ELODIE FONTAN, TAREK BOUDALI, JULIEN ARRUTI...

➜ Nicky Larson est le meilleur des gardes du corps, un détective privé hors-pair. Il est appelé pour une mission à hauts risques : récupérer le parfum de Cupidon, un parfum qui rendrait irrésistible quiconque l'utilise...

ஜ MON AVIS :

Bonjour mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique d'un film qui m'intriguait grandement, à savoir Nicky Larson et le parfum de Cupidon. En effet, je n'ai peut-être pas grandi avec le fameux Club Dorothée (je suis née en 1998, je ne vous dis pas ma poisse - l'émission s'est arrêtée en 1997) mais ça ne m'a empêché de voir une poignée d'épisodes de Nicky Larson durant mon enfance sur MCM, de me fendre la poire et de me créer ainsi de très jolis (et salaces) souvenirs. J'étais donc très curieuse de découvrir cette adaptation live-action française de ce manga/anime que j'apprécie beaucoup, qui plus est par un acteur-réalisateur que j'affectionne particulièrement, à savoir Philippe Lacheau, et force est de constater que le résultat a été résolument à la hauteur de mes attentes !

Cependant, je ne vais pas vous mentir : lorsque le projet a été annoncé, j'étais, comme la plupart des fans et autres amateurs du matériau d'origine, fortement dubitative. On le sait désormais, le cinéma occidental et les mangas, ça ne fait généralement pas bon ménage. Et donc forcément, à force de déceptions, on en finit par se blinder face à d'éventuels projets novateurs qui se présentent et presque par en devenir mauvaise langue à l'avance. Personnellement, j'avais in fine décidé de ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué et de voir par la suite ce que ça allait donner. Puis la première bande-annonce est tombée et j'ai alors commencé à grincer des dents. Je ne saurais vous dire pourquoi mais cette dernière ne m'inspirait absolument pas. J'étais prête à ce moment-là à faire le dos rond au film à sa sortie, je vous l'avoue honteusement. Et puis, les premières critiques sont parues, pour la plupart étonnamment positives, et c'est ainsi que je me suis retrouvée devant Canal + pas plus tard qu'hier soir pour laisser une fois pour toutes sa chance à Nicky Larson et le parfum de Cupidon. Voilà pour la petite background story. Ce que je retiens de tout ça, c'est que j'aurais dû faire confiance à la bande à Fifi car elle ne m'avait jamais déçue auparavant et il semblerait que cela n'est pas prêt de se produire !

Pour commencer, ce qui m'a tout d'abord frappée avec cette adaptation, c'est l'immense respect qu'elle voue au manga/anime d'origine. Tous les ingrédients qui ont fait de Nicky Larson à l'époque un véritable succès et une ½uvre mémorable, autrement dit des personnages complètement barrés et hauts en couleur, une atmosphère démente, déjantée, mais aussi teintée de noirceur qui oscille constamment entre le fou rire et les larmes, à tout le moins, l'émotion profonde, une musique cultissime et un humour lourdingue porté sur la fascination quasi malsaine pour l'anatomie féminine du héros irremplaçable de l'histoire, sont rassemblés ici et mélangés à la sauce Lacheau, ce qui nous donne un long-métrage explosif qui enchaîne les scènes plus folles et délirantes les unes que les autres à un rythme endiablé et qui nous embarque ici dans une aventure inédite complètement dingue au côté entre autres d'un duo Lacheau-Fontan toujours aussi complice qui crève l'écran en tant que Nicky et Laura.

Parlons-en justement du casting ! Comme je vous le disais à l'instant, Philippe Lacheau et Elodie Fontan m'ont indéniablement convaincue dans leur interprétation respective de Nicky Larson et Laura Marconi. J'ai été particulièrement émue par la prestation d'Elodie Fontan qui a su rendre à merveille autant le caractère bien trempé que la vulnérabilité et sensibilité bien cachée de Laura ainsi que le charisme singulier et saisissant de ce personnage. Quant à Philippe Lacheau, on sent qu'il s'éclate tel un grand enfant dans le rôle de Nicky Larson. Il prend véritablement son pied tout en prenant en compte les subtilités et la complexité de son personnage et le rendu est franchement satisfaisant de mon côté. J'avais adoré leur alchimie clairement palpable dans Alibi.com et je l'ai d'autant plus goûtée ici avec Nicky Larson et le parfum de Cupidon. Il semblerait que ce tandem de choc à l'écran (comme dans la vraie vie) ne cessera jamais de me faire rêver et j'en redemande encore de cette alchimie exceptionnelle qui émane d'eux deux dès qu'ils se retrouvent ensemble !

De façon globale, je dirais que chaque acteur de ce film, principal comme secondaire voire "simple" caméo (je n'aime pas l'emploi de cet adjectif car chaque caméo dans ce film s'est retrouvé être un véritable délice à découvrir pour ma part) semble s'être donné les moyens de lâcher totalement prise et d'incarner leur personnage jusqu'au bout du bout afin de prendre véritablement part à la pure folie ambiante qu'a dû être le tournage de ce film. Ça se voit qu'ils prennent des risques, qu'ils osent et qu'ils le font à fond pour être le plus proche possible de l'essence incomparable à aucune autre du manga originel. Dans ma tête, je m'imagine le plateau de tournage de Nicky Larson et le parfum de Cupidon comme ayant été un authentique terrain de jeu qui se prenait tout de même un tant soit peu au sérieux afin d'offrir le meilleur cadeau possible aux fans de la première heure ainsi qu'au public dans son ensemble, qui laissait la part belle à l'imagination et à une créativité sans limites et où la bonne humeur devait régner en maîtresse incontestée. En tout cas, c'est l'effet qu'a produit sur moi ce film : celui d'une franche rigolade d'1 h 35 continue qui m'a redonné le sourire jusqu'aux oreilles et qui n'a pas manqué de me surprendre et de me captiver à chaque seconde qui passait !

Dernier point qu'il me semblait capital à aborder : la double-lecture que l'on peut avoir de ce long-métrage. En effet, en dehors de l'aspect comédie et film à rebondissements sacrément réussis, Nicky Larson et le parfum de Cupidon est truffé de références à la célèbre émission télévisée qui a permis à l'anime d'origine d'être diffusé en France. J'avais justement peur de cette caractéristique-là du film car, si j'essaye de m'intéresser un maximum à ces années bénies qu'ont été celles du Club Dorothée et que je n'ai malheureusement pas connues, je suis en revanche loin d'être au parfum (ha, ha !) vis-à-vis de tous les dessins animés nippons qui ont pu passer à l'antenne à cette époque-là. Pour autant, je ne dirais pas que tous ces clins d'½il savamment intégrés au film empêchent tous ceux qui n'ont pas vécu leur plus tendre enfance avec la véritable marraine bonne fée qu'était et restera Dorothée de pleinement savourer ce dernier à sa juste valeur. Bien au contraire, cela nous permet de nous pencher plus avant sur cette période bienheureuse de la télévision française et de voir naître en nous ce désir impérieux de se renseigner plus à son sujet en regardant notamment ces fameux dessins animés d'antan et en souhaitant par la suite revisionner Nicky Larson et le parfum de Cupidon pour constater si l'on parviendrait à saisir plus de clins d'½il que la première fois.

Pour conclure, je vous recommande chaudement, du plus profond de mon c½ur, de voir au moins une fois Nicky Larson et le parfum de Cupidon. C'est complètement barré mais cela reste totalement cohérent et intelligent dans son grain de folie. Ce film est effectivement extrêmement complet et je pense pouvoir dire sans trop me tromper qu'il n'a rien à envier à ses homologues américains en matière d'adaptations occidentales de manga. Avec les moyens à son bord et sa propre identité humoristique et cinématographique, Philippe Lacheau nous propose ce que j'ai perçu comme un véritable giga épisode inédit made in cocorico de Nicky Larson au plus proche de l'essence de la série originelle et de son ambiance à la fois tout ce qu'il y a de plus bon enfant et sérieuse tout en rendant hommage à la télévision pour enfants française de la plus ingénieuse des façons. Chapeau l'artiste ! ★★★★(★)

Nanette ♥
Tags : Fiche film, Nicky Larson et le parfum de Cupidon, Adaptation live-action, 2019, Philippe Lacheau, Manga, anime, Japon, City Hunter ♥, années 90, action, humour, détective privé, enquête, mission, suspens, obsédé sexuel, attirance, nostalgie, Club Dorothée, Elodie Fontan, Tarek Boudali, Julien Arruti, Excellent film
​ 8 | 18 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (34.239.150.57) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le samedi 16 novembre 2019 08:54

Modifié le mercredi 20 novembre 2019 17:06

FICHE LECTURE : La Blessure

FICHE LECTURE : La Blessure
« Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. »

- Arthur Rimbaud, Le Dormeur du Val (1870).

• AUTEUR : Jean-Baptiste Naudet.
• ANNÉE : 2018 (FRANCE).
• GENRE (S) : Contemporain.
• THÈMES : Guerre, jeunesse fauchée, amour, espoir, promesse d'avenir, deuil, incompréhension, folie, descente aux enfers, tourments, guerre d'Algérie, années 60, Kabylie, montagnes, c½ur pur et bon, action de tuer, sortir de soi-même, secret familial, désespoir, abandon, rage, injustice, innocence ensanglantée, reporter de guerre, témoignage de son temps, régime communiste, années 90, Crimée, Croatie, Tchétchénie, mettre sa vie en péril, danger, génocide du Rwanda, bain de sang, vengeance, héritage du passé, guerre d'Indochine, traumatisme, souffrance, démence, haine, inhumanité, questions sans réponses...
• PAGES : 295.

1960. Il a tout juste vingt ans. Alors qu'il patrouille dans le djebel algérien, le sergent Robert Sipière est tué d'une seule balle. A Paris, Danielle, sa fiancée, est dévastée. Toute sa vie, elle gardera sur son c½ur les lettres d'Algérie. Et sombrera dans la folie.

Des années plus tard, son fils, Jean-Baptiste, devient reporter de guerre. Pourquoi affronte-t-il lui aussi l'horreur des conflits ? A tant fixer la mort, la folie le guette à son tour. Jusqu'au jour où il découvre la correspondance entre sa mère et un jeune sergent mobilisé en Algérie, son premier fiancé. Il commence à comprendre qu'il est prisonnier d'un destin qui n'est pas le sien.

De ces trois vies sacrifiées, Jean-Baptiste Naudet tresse une même blessure. Et livre un grand récit sur la guerre, la filiation, l'amour.

L'AUTEUR : Jean-Baptiste Naudet est né en 1963. Grand reporter au Monde puis à L'Obs, correspondant dans les Balkans et l'Europe de l'Est, il signe avec La Blessure un roman vrai.

Parution le 29 août 2018.

« Pour les Kabyles et pour tous les Algériens, ce livre est comme une offrande, comme une supplique. Pour qu'ils nous pardonnent. »

ஜ MON AVIS :

L'amour, la folie, une guerre. Un tel sous-titre ne pouvait que laisser présager un livre écrit dans le sang et dans les larmes, d'une authenticité bouleversante, une aventure humaine extraordinaire, à laquelle je n'étais absolument pas préparée. Ce sont justement ces dernières qui sont les plus belles, les plus vraies. Ce sont celles aussi qui vous transpercent le plus le c½ur de par leur vérité et la force de leur voix.

Au c½ur meurtri, déboussolé mais aussi battant extrêmement fort et juste de ce livre, deux récits de guerres plurielles, deux destins séparés dans le temps et dans l'espace, et pourtant profondément liés par les sentiments et relations humaines, notamment par une étoile qui se prénomme Amour. La confrontation avec la Guerre est aussi le fil rouge de ce récit, qui va tisser ce dit lien d'apparence totalement inexistant mais qui est en réalité tout ce qu'il y a de plus évident et authentique, qui ne peut être nié ou brisé.

Ces deux destins, ce sont ceux, d'un côté, de Robert Sipière, tout juste vingt ans en 1960 alors que la guerre d'Algérie bat son plein ; de l'autre, celui de Jean-Baptiste, que l'on va suivre de l'adolescence à l'âge adulte. L'un va être envoyé au djebel pour combattre les "bougnoules" (rien que d'employer ce surnom qui est devenu beaucoup trop usité à mon goût, j'ai envie de pleurer et d'enfouir ma tête dans le sable comme une autruche à tout jamais) sans avoir vraiment rien demandé, l'autre va vivre, au contraire de l'existence fulgurante du premier, une vie de tourments à regarder constamment la guerre en face, tout en étant dégoûté de lui-même d'être ainsi obnubilé par l'Horreur. Une sensation de dégoût mêlé de fascination, celle de comprendre et de saisir un sens qui n'a pas lieu d'être, à laquelle je m'identifie fortement et dans laquelle je me retrouve, indubitablement.

« Il ne voudrait pas être le dernier mort d'une cause perdue. D'autant que pour la France, cette guerre est, comme disait Fouché, le ministre de Napoléon, "pire qu'un crime, [...] une faute". Il ne veut pas mourir pour une erreur, stupide et sanglante. »

Alors que ces deux hommes que rien ne prédestinait à avoir ne serait-ce qu'un point commun se retrouvent embrigadés et empêtrés dans le bourbier innommable qu'est la Guerre, alors que cette immondice les répugne au plus au point, en tout, impossible pourtant de s'en défaire. On dirait comme une seconde peau qui leur colle au corps. Ou plutôt comme une prison inviolable qui les enferment dans leurs pensées contradictoires, entre devoir de servir son pays et devoir de savoir, devoir de combattre pour que cessent tous les conflits. La guerre pour mettre fin à toutes les guerres est une idée stupide, n'est-ce pas ? Et pourtant, cette dernière se répète inlassablement, tel un disque rayé... « Comment échapper à un tel cercle vicieux ? », semble nous demander ce livre qui met toujours le doigt sur ce qui fait mal, et qui appuie bien fort sur la plaie.

Comme le chante si bien Nino Ferrer, ils ne savent pas quoi faire. Le message véhiculé par Jean-Baptiste Naudet semble en effet en parfaite adéquation et harmonie avec la chanson bouleversante du célèbre chanteur au destin si tragique, lui aussi tué par ses démons d'une autre manière et dans d'autres circonstances (Vraiment ? La guerre gronde partout, même dans notre tête. Surtout dans notre tête à vrai dire), de Robert Sipière : "Un jour ou l'autre il faudra qu'il y ait la guerre/On le sait bien/On n'aime pas ça, mais on ne sait pas quoi faire/On dit c'est le destin". Dans le roman La Blessure, le Sud de Nino Ferrer devient la Kabylie des Algériens, ces montagnes à la géographie si particulière, si atypique de ce pays, si caractéristique de toute une nation, que les Français vont transformer en bains de sang de ceux qu'ils osent affliger du surnom insultant de "crouilles" et de bien d'autres noms d'oiseau qui ne méritent guère d'être prononcés.

Ce récit, qui nous laisse à bout de souffle à la dernière page tournée et à l'ouvrage refermé, se construit de la façon suivante : linéarité avec l'histoire de la vie de Jean-Baptiste, en prenant pour point de départ l'année de la Révélation du secret, qui jusqu'alors représente l'Épée de Damoclès qui plane au-dessus la vie familiale, du c½ur de Danielle, 1980, jusqu'au point d'arrivée qu'est 2004, l'année de l'Aveu, à soi-même et aux autres. L'année de la Tentative ultime de compréhension, d'appréhension de la Folie, avant l'Abandon et la Délivrance : l'Acceptation du Pardon.

Le tout est éclairé par la propre expérience de guerre de Robert, reconstituée par Jean-Baptiste grâce au matériau précieux que lui a confié son père si généreux et si plein d'abnégation, Gilles, cet ami dévoué, résolument fidèle, et qui pense toujours aux autres, à leur protection, avant de penser à celle de son c½ur, de ses sentiments, et de ses propres envies, que représente la correspondance que sa mère entretenait avec son ravissant fiancé à cette époque de leur prime jeunesse. Jean-Baptiste nous offre même le privilège de nous divulguer le contenu de cette correspondance qui vaut tous les trésors du monde, petit bout par petit bout.

« Les pensées et le bateau tanguent, le moral plonge. Robert récite du Baudelaire, "L'homme et la mer". "Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme." En Algérie, il a si peur de perdre son âme, si peur que des fleurs du mal poussent en lui. Pour Robert, cette guerre est un stupide pugilat d'une partie de la France contre elle-même. "La mauvaise guerre au mauvais endroit, au mauvais moment, contre le mauvais ennemi", selon la célèbre formule du général américain Bradley. Robert songe également : "et pour de mauvaises raisons". Mais il commence à douter que, quelles que soient les raisons, il y ait de bonnes guerres et, surtout, de bons ennemis. »

L'assemblage de ces trois récits en un (enfin, ceux de Robert et Danielle ne font qu'un tous les deux), loin de dérouter le lecteur de son intérêt croissant pour cette histoire familiale et qui traite avant tout d'Humanité au fil des pages, fait toute la force et la richesse de cette gigantesque Blessure béante, à c½ur ouvert, qui s'épanche de larmes de sang intarissables. Elle est tel un trou abyssal, un gouffre de souffrance et de peine inconsolée sans fond qui nous emporte instantanément, qui nous fait sombrer et remonter à la surface, à court d'air et revigorés. En plus de cela, Jean-Baptiste Naudet accomplit l'exploit de canaliser ce chagrin face à la perte de la lucidité puis de la vie qui nous dévore tous, tel un David incapable de vaincre Goliath. Il réussit à condenser ces démons de mort, de cruauté et de culpabilité qui nous rongent et qui nous gangrènent l'âme, jusqu'à en laisser à peine des trous dans un gruyère périmé. De maigres trous de bon sens et d'espoir qui tentent avec leur peu de forces de s'élargir, de résister. Et ils y parviennent, tel le rayon de soleil qui perce l'épaisse obscurité. On est bien peu de choses, in fine. Cependant, Jean-Baptiste Naudet arrive à résumer la nature humaine, ses interrogations entêtantes, mais aussi sa capacité délirante à croire au Bien ou à perpétrer le Mal, avec le nombre de mots et de pages suffisant. C'est déjà bien assez de torture comme ça.

Sous sa plume naissent ainsi des personnalités complexes, néanmoins tout ce qu'il y a de plus réel, et scindées en deux : l'Ombre et la Lumière.

« La guerre, c'est la vérité de l'homme mis à nu, dans toute son horreur, toute sa bassesse, toute sa grandeur, toute sa beauté. »

C'est ce qui émane de la plume à fois si puissante et qui va droit au vrai de Jean-Baptiste Naudet. Là où tout ne paraît être que confusion, c'est en réalité limpide comme de l'eau de roche. C'est ce qu'il m'a semblé en tout cas, c'est comme ça que je le ressens après lecture. Chaque être est tiraillé, déchiré même, entre son Docteur Jekyll, sa façade lisse, douce, simple, et son Mr Hyde, l'être en proie à ses pires démons et à sa rage la plus destructrice. La figure de la Mère, qui est censée jouer le rôle de Doctoresse, va devenir le véritable antidote du poison de la Guerre dont est contaminé son fils avant même sa naissance. Ça tombe bien, elle est pharmacienne, tout un symbole. Cette mère est sûrement la figure la plus magistrale de tout le roman. On fait la connaissance d'abord d'une Danielle léthargique, aux prises d'une lassitude extrême face à ce monde qui ne tourne plus rond depuis belle lurette, et qui ne trouve même plus les mots pour exprimer la colère qui la consume au plus profond de son être meurtri. Elle qui s'est tant battue pour élever ses enfants dans un amour qu'elle croyait avoir résolument perdu, elle baisse les bras.

« Mais, dans le ciel, une lueur crépusculaire. Il aperçoit une étoile. C'est une étoile qui n'a pas de nom mais qui est la leur, qui ne parle que d'amour et qui ne devrait jamais mourir. Dans son c½ur, il sent l'étoile. Et quelque chose en lui resplendit. »

Cette femme autrefois si forte, si admirable, lorsqu'elle en était à l'aube radieuse, grandiose, de ses vingt printemps, ne trouve plus que le mot "Bêtise" (pour ne pas utiliser le vilain mot) à susurrer d'une voix éteinte, d'outre-tombe, qui revient d'aussi loin que là où se trouvent les Kabyles tués par Robert et ses hommes, là où repose Robert lui-même, ainsi que le fidèle, vaillant gaillard, bon vivant, toujours présent pour ses camarades, Roux. C'est avec beaucoup d'émotion et avec une grande fébrilité que l'on lit les lettres débordantes de vie et de tendresse qui redonnent à Danielle son unique voix, la seule qu'elle ait jamais eue.

La voix affirmée d'une jeune femme magnifique et chérie par son bien-aimé ; elle lui rend cet amour transcendant au centuple. Elle le réconforte, elle lui fait part de tous les efforts qu'elle fournit, de son travail acharné pour leur assurer un nid douillet, elle lui rappelle qu'il est vivement attendu à la maison, là où se trouvent leurs deux c½urs esseulés. Tous les deux savent que rien n'est certain, que l'issue est fatidique. Ils n'ont véritablement été qu'un une seule fois, à leur grand désarroi, et cela nous brise le c½ur de comprendre que ce qui aurait dû être la promesse d'une vie à deux, féconde, longue et sereine, a vu son éclat se tenir et être finalement anéanti dans le firmament de la nuit d'apparence sans étoiles, sans lueur, de la Guerre d'Algérie.

Et malgré tout, malgré la fin qui menaçait à chaque instant de s'ouvrir sous leurs pieds pour engloutir tout ce qui était important et vital à leurs yeux, Danielle et Robert, ces deux amants, amoureux superbes, sont devenus les étoiles l'un de l'autre. Ils se sont transformés en une seule et même étoile, comme s'ils n'avaient jamais été séparés, comme s'ils n'avaient toujours été que de l'Amour à l'état pur, pour toujours et à jamais, de façon irrémédiable. Cette étoile n'a au fond jamais cessé de briller, toujours plus fort, tel un héritage impérissable d'un amour qui a réussi à vaincre la mort. Cette étincelle, c'était celle de leurs retrouvailles dans un pays étranger, qui n'était pas le leur et où les troupes de l'armée française ont commis les pires atrocités : violer un pays, sa culture, ses paysages dignes du jardin d'Eden, noyés dans le carnage du sang de l'Enfer, la dignité et l'honneur de ses hommes fiers et courageux, le corps de ses femmes, la jeunesse et la vie, la liberté de ce peuple... C'est la France qui, à ce moment-là, a tout sali, a sali aussi notre nom, qui est devenue HLL (Hors-la-loi), et qui est à l'origine de l'abomination perpétrée. Nous sommes inéluctablement coupables.

Cependant, au-delà de cette honte cuisante qui nous brûle tel un fer rouge sur la peau, au-delà de l'indignation et de la colère grondante face à tant de sang innocent versé, ce que je retiendrai avant tout, c'est la touchante et sincère humanité de Danielle et Robert, leur immense sensibilité, leur humilité désarmante, et leur demande de pardon. Pardonnez-nous, tel un cri du c½ur, du plus profond de l'âme.

Et c'est Jean-Baptiste qui va répondre à ce cri déchirant enfermé dans des lettres qui irradient l'amour sans limites, sans frontières, dissimulé dans des phrases qui expriment l'irrépressible besoin de l'être aimé, de se raccrocher à ce qui donne du sens à notre vie et à toute cette galère, où la haine, la vengeance et ce désir sorti d'on-ne-sait-où de tuer du "fellouze" (une autre appellation tout à fait abjecte) finit par tirer inlassablement sur le fil de notre existence et par tout réduire à néant. Jean-Baptiste nous prouve in fine le contraire, que ce néant est en réalité rempli d'un cri immense, qui nous dépasse totalement. Son cri à lui, c'est d'abord celui de l'adolescent en colère, qui en veut terriblement à sa mère de n'avoir pas su maintenir la quiétude du foyer, et qui a pour souhait de mener la guerre à l'idée même de la faire. Chose selon lui de prime abord tout à fait impossible, impensable, et peu enviable. La Guerre gronde en chaque homme et le fascine. On veut même lui faire la guerre (lui faire elle-même en somme), tiens ! Après avoir lu (dévoré plutôt) tant de livres sur le sujet, des grands classiques de tout temps, la soif de Jean-Bapt est intarissable. Il franchit ainsi la limite entre l'encre et le papier et la chaire à canon et le sang, et ainsi commence sa carrière de reporter de guerre.

A travers les yeux écarquillés tout grands par l'horreur (pires que ceux d'Alex dans Orange Mécanique) de Jean-Baptiste, le souffle toujours aussi court (je me demande comment j'ai fait pour respirer en lisant ce roman), nous allons ainsi voir défiler les paysages dévastés par les bombardements d'obus, les terrains minés, par le son des kalachnikovs, les tanks militaires des ex-pays communistes ; le sang d'hommes, de femmes et d'enfants par milliers déversé par les haches et les machettes sur et dans le sol du Rwanda ; dans les entrailles de ces terres souillées par la peur et la menace à tous les coins de rue, à peine sorti de chez-soi, comment reconstruire un monde viable ? Le cri qui voyageait au-delà de la mer devient un maigre filet de voix atterré, susurrant, incrédule, un "pardon" quasi inaudible.

Et pourtant, je l'ai entendu, au plus profond de mon être, comme s'il avait été prononcé par une voix de titan et adressé au soleil. Ce soleil de Kabylie dont Robert avait fini par apprécier la clarté et la chaleur, ce soleil dans le c½ur des gens, dans le c½ur et la façon d'être de ces montagnards comme lui, qui lui ressemblaient beaucoup en fin de compte. Et cette bonté, et cette clarté qui se dégageaient de Robert, elles brillaient également dans les étoiles du ciel de Tchétchénie, de Crimée, de Croatie, du Rwanda, de Paris, de Fontainebleau, j'en suis persuadée. Simplement, à force de se crever les yeux mutuellement, on ne pouvait plus y voir clair, forcément. Ce livre nous force à regarder et à écouter les c½urs et les âmes qui saignent. Et c'est une bonne chose. Alors, faisons-le.

Nanette ♥

Au nom de la patrie française, je vous demande pardon,
Au nom de tous les amoureux qui voulaient juste s'aimer et être ensemble en paix, je vous demande pardon,
Au nom de la stupidité humaine, je vous demande pardon,
Au nom de la cruauté inexplicable de certains êtres, je vous demande pardon,
Au nom de cette banalité qui ne devrait être tolérée, je vous demande pardon,
A ce peuple farouche et fier de ce qu'il est, qui voulait juste être libre et respecté, je vous demande pardon,
A tous les Algériens, et à tous ceux qui souffrent aujourd'hui encore des affres de la guerre, je vous demande pardon,
Sincèrement pardon.

Signé une jeune fille qui a foi en l'humanité, en la bienveillance envers autrui, et qui ne cessera jamais de chercher des réponses.

« Car, à se fermer les yeux, il arrive que soi-même ou, pis, ceux que l'on aime doivent le payer de larmes de sang. »
Tags : Fiche lecture, éditions l'Iconoclaste, La blessure, Jean-Baptiste Naudet, Rentrée Littéraire 2018, Concours Lecteur V.I.P., Contemporain, guerre, jeunesse fauchée, amour, espoir, promesse d'avenir, deuil, incompréhension, folie, descente aux enfers, tourments, guerre d'Algérie, années 60, Kabylie, montagnes, c½ur pur et bon, action de tuer, sortir de soi-même, secret familial, désespoir, abandon, rage, injustice, innocence ensanglantée, reporter de guerre, témoignage de son temps, régime communiste, années 90, Crimée, Croatie, Tchétchénie, mettre sa vie en péril, danger, génocide du Rwanda, bain de sang, vengeance, héritage du passé, guerre d'Indochine, traumatisme, souffrance, démence, haine, inhumanité, questions sans réponses
​ 14 | 72 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (34.239.150.57) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le vendredi 27 juillet 2018 10:30

Modifié le samedi 02 février 2019 06:36

Design by Lunartic

Signaler un abus

Abonne-toi à mon blog ! (2 abonnés)

RSS

Skyrock.com
Découvrir
  • Skyrock

    • Publicité
    • Jobs
    • Contact
    • Sources
    • Poster sur mon blog
    • Développeurs
    • Signaler un abus
  • Infos

    • Ici T Libre
    • Sécurité
    • Conditions
    • Politique de confidentialité
    • Gestion de la publicité
    • Aide
    • En chiffres
  • Apps

    • Skyrock.com
    • Skyrock FM
    • Smax
  • Autres sites

    • Skyrock.fm
    • Tasanté
    • Zipalo
  • Blogs

    • L'équipe Skyrock
    • Music
    • Ciné
    • Sport
  • Versions

    • International (english)
    • France
    • Site mobile