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FICHE LECTURE : Des souris et des hommes

FICHE LECTURE : Des souris et des hommes
• TITRE V.O. : Of Mice and Men.
• AUTEUR : John Steinbeck.
• ANNÉE : 1937 (USA) ; 1939 (FRANCE).
• GENRE (S) : Roman.
• THÈMES : Amitié - Maladie mentale - Ferme - Campagne - Paysans - Travailleurs - Californie - Vallée de la Salinas - Misère - Déracinement - Errance - Marginalisation - Tendresse - Douceur - Violence - Drame...
• PAGES : 174.

L'histoire se passe dans les années 30, dans la campagne californienne. George et Lenny sont ouvriers agricoles. Ils vont de ferme en ferme à la recherche de menus travaux.

Lenny n'a pas beaucoup d'esprit mais il est fort et courageux au travail. George, plus petit et trapu mais plus malin, veille sur lui.
Ensemble, ils n'ont qu'un rêve des plus simples : économiser suffisamment d'argent pour se payer une petite ferme, un carré de terre pour faire pousser de la luzerne, quelques poulets et des lapins.

Au début du livre, avant même leur arrivée dans une nouvelle ferme, on comprend que Lenny, qui déborde d'amour, ne mesure pas sa force. Et au fil de l'histoire, on devine que cette particularité le mènera, malgré lui, à sa perte.

ஜ MON AVIS :

Coucou mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour ma chronique du roman Des souris et des hommes signé John Steinbeck.

Le chef-d'oeuvre A l'Est d'Eden étant mon livre préféré de tous les temps, j'ai décidé depuis quelques temps déjà de découvrir L'ENSEMBLE de l'oeuvre de Steinbeck au fur et à mesure. Des souris et des hommes a été l'un des premiers titres de cet immense auteur sur lequel je me suis jetée et je puis vous assurer que cette lecture a été assurément mémorable !

Ce livre, c'est tout simplement un récit résolument court mais intense qui décrit avec une virtuosité rare la condition médiocre de bien des hommes en quête d'idéal, leur lutte désespérée, mélancolique et désarmante pour un rêve beau, pur, qui se substitue à leur effroyable réalité. C'est aussi une histoire d'amitié singulière et authentique qui se dessine sous nos yeux, la balade lancinante de deux pauvres hères sans attaches, ni racines, de deux personnalités indubitablement distinctes mais qui se complètent à merveille, indispensables l'une à l'autre, qui partagent le même espoir fou qui donne envie de survivre face à l'injustice bête et méchante du monde.

Je ne vous en dirai pas plus si ce n'est que Des souris et des hommes est un véritable petit bijou. L'intrigue ne paye peut-être pas de mine de prime abord, cependant, attendez-vous à quelque chose de saisissant. La plume finement ciselée et de peu de mots de John Steinbeck ne manquera en outre pas de vous subjuguer, de même que la tension à couper au couteau mise en place qui monte en effet crescendo et qui nous mène à un dénouement absolument renversant et qui a sérieusement de quoi vous laisser le coeur en miettes. Vous voilà prévenus... COUP DE C¼UR ♥

Nanette ♥

« - Les types comme nous, ils n'ont pas de famille. Ils s' font un peu d'argent, et puis ils le dépensent tout. Y a personne dans le monde pour se faire de la bile à leur sujet...
- Mais pas nous, s'écria Lennie tout heureux. Raconte comment c'est pour nous.
Georges resta un instant tranquille :
- Mais pas nous, dit-il.
- Parce que...
- Parce que moi, j' t'ai et...
- Et moi, j' t'ai. On est là tous les deux à se faire de la bile l'un pour l'autre, voilà ! s'écria Lennie, triomphant. »
Tags : Fiche lecture, Gallimard, Folio, Des souris et des hommes, Littérature américaine, John Steinbeck, 1937, 1939, roman, amitié, maladie mentale, ferme, campagne, paysans, travailleurs, Californie, Vallée de la Salinas, misère, déracinement, tendresse, errance, marginalisation, douceur, violence, drame, coup de coeur ♥
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#Posté le mercredi 01 avril 2020 06:13

Modifié le vendredi 19 juin 2020 10:02

FICHE LECTURE : Le berceau

FICHE LECTURE : Le berceau

• AUTRICE : Fanny Chesnel.
• ANNÉE : 2019 (FRANCE).
• GENRE (S) : Contemporain.
• THÈMES : Drame, deuil, accident, sédentarisme, ferme, campagne, ruralité, coupé du monde, famille, chagrin, solidarité, souffrance, douleur, tristesse, accablement, noirceur, morosité, routine, électrochoc, bouleversement, prise de conscience, rage, aventure, voyage, nouveaux horizons, Canada, Acadie, communauté, fierté, rencontre, quête, âme s½ur, petite-fille, espoir, renouveau, miracle, naissance, vie, lumière, amour, souvenirs, nostalgie, contemplation, avenir, doutes, incertitude, préjugés, enfermement, révolte, fête, célébration, révélation, liens, famille recomposée, jeunesse, vieillesse, énergie, joie, courage, promesse, aller de l'avant...
• PAGES : 263.

Joseph fabrique le berceau de sa première petite-fille, lorsqu'un coup de téléphone l'interrompt. Un crash d'avion : son fils dedans, son gendre aussi. Et la petite alors ? Sauve, bien vivante ! Prête à naître, car grandissant dans le ventre d'une mère porteuse canadienne choisie par le couple homosexuel. Joseph n'a jamais foutu les pieds hors de sa Normandie natale, il a passé sa vie dans une ferme, vendu ses vaches, enterré sa femme : il n'a plus que cette enfant en tête. Alors il part. À la rencontre de la minuscule promesse qui prolonge l'existence de son fils. À la rencontre de la jeune étrangère, farouche et indomptable, qui la couve. Rien n'est simple dans cette histoire, mais il se lance, à plein régime, dans une réinvention audacieuse et poignante de la famille contemporaine.

ஜ MON AVIS :

Bonjour mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique d'un roman contemporain lumineux et porteur d'espoir, d'un roman qui nous parle de la vraie vie et des sentiments humains avec beaucoup de fraîcheur, et une sincérité désarmante aussi. Je vais vous inviter avec ma critique à vous laisser emporter par Le berceau de Fanny Chesnel, une jeune autrice que j'ai découvert avec un immense plaisir grâce à ce livre qui sait nous prendre par la main et nous rassurer, sans pour autant nous bercer d'illusions. Comme je vous l'ai dit un peu plus tôt, ce titre nous parle de la réalité, sans chichis ni artifices. Cette réalité peut nous frapper de plein fouet, nous faire mal, nous forcer à nous réveiller et à faire face à un monde qui nous dégoûte, dans lequel on ne trouve généralement pas notre place. Mais elle peut aussi avoir un petit goût de miracle, qu'il faut prendre le temps de savourer à chaque seconde qui passe. Et je remercie infiniment le site lecteurs.com pour l'envoi de ce livre. Cette piqûre de rappel fut salvatrice.

Pour commencer, ce que j'ai énormément aimé avec ce roman, c'est la manière dont il est écrit. Non seulement on vit l'histoire à travers les yeux de Joseph, un retraité pas comme les autres qui s'est très vite fait une grande place dans mon petit c½ur, mais en plus, j'avais l'impression d'avoir constamment accès à ses pensées en temps direct. C'était comme si je lisais littéralement son flot de pensées, c'est le cas de le dire. Enfin, presque, car Fanny Chesnel y met tout de même les formes. Si cela avait été écrit de façon toute spontanée, sans même corriger le premier jet comme pouvaient le faire d'immenses auteurs comme Virginia Woolf ou James Joyce, qui ont justement instauré le fameux principe du "stream of consciousness", j'aurais trouvé cela brillant mais aussi sûrement passablement indigeste. Ici, on suit ce qui se passe dans la petite caboche tourmentée de mon cher Joseph sans que l'on se sente perdu ou agacé. Juste profondément fasciné par la manière de réfléchir de cet être humain d'apparence insignifiant mais qui va accomplir de grandes et belles choses.

En effet, Joseph pourrait être M. Tout-le-monde, et c'est justement le rôle qu'il a joué une bonne partie de sa vie durant. Ce qui fait toute la différence avec Le berceau, c'est qu'à aucun moment l'autrice ne se permet de juger le personnage principal de son intrigue, de faire preuve de condescendance. Au contraire, elle traite son évolution avec énormément de tendresse et de sensibilité. Joseph m'a fortement rappelé le protagoniste décrit dans la superbe chanson des Innocents, Un homme extraordinaire, exception faite que l'on délaisse ici la Bretagne, son Finistère et ses longues plages de silence pour la beauté brute de pomme et sans fard de la Normandie. Joseph est tel l'homme dépeint dans les paroles extrêmement vraies et pleines de justesse de ce morceau : on se demande sérieusement si l'on se souviendra un jour de lui, de cet homme dont le seul exploit a été de construire sa vie autour de sa famille et des bêtes dont il a toujours pris soin dans sa ferme qui sent bon l'amour du bien fait et du solide. Eh bien moi, je peux vous assurer que je ne suis pas prête d'oublier Joseph. Cela serait fortement difficile et je n'en ai même pas la moindre envie. Je suis tombée amoureuse de la simplicité d'être profondément touchante de ce vieil homme éprouvé par la vie et par la perte, comme tout un chacun, de son petit côté taciturne irrésistible dans lequel je me suis beaucoup reconnue, et surtout de la façon dont il se sert de ses cinq sens. Joseph, dans sa façon d'être, vit profondément les choses, même celles les plus élémentaires, et, à travers lui, j'avais la sensation que ma vue s'était accrue, que mon ouïe s'était affinée, que mon toucher était plus alerte, que mon odorat était plus éveillé, que les choses de l'existence avaient plus de saveur. C'était comme si mon environnement, ou plutôt le sien, me paraissait plus lumineux, plus attirant, plus vibrant, plus savoureux, plus palpable. Il y avait définitivement quelque chose en plus, quelque chose d'indescriptible que Joseph m'a permis de ressentir, comme si cet éclat de magie que l'on recherche tous à un moment donné était à portée de main au cours de ma lecture. Cela n'a duré qu'un bref instant, le temps que je dévore ce livre et que j'atteigne à vitesse grand V son point final, à regret, mais cette étincelle était là. Elle a brillé, j'ai pu l'apercevoir, la ressentir au plus profond de mon être. En réalité, elle a toujours été là, et c'est Joseph qui me l'a rappelé. Je lui en serai toujours infiniment reconnaissante.

Ce récit est aussi teinté de nostalgie, une nostalgie qui broie notre c½ur dans son étau mais qui panse aussi les blessures les plus béantes. Ces moments où Joseph se souvient de son fils qui était à la fois si différent de lui et dont il était tellement fier m'ont touchée en plein c½ur. J'ai trouvé cela très fort car ces flashbacks qui ont un goût amer de bonheur perdu à tout jamais sont notre unique moyen de nous rapprocher d'Emmanuel, le fils bien-aimé qui a rejoint les étoiles, ou plutôt les profondeurs insalubres de l'océan Atlantique. En effet, en tant que lecteur, on ne rencontrera jamais cet homme accompli et qui se préparait à être un père formidable en chair et en os, si je peux m'exprimer ainsi. Il ne vit qu'à travers les instantanées que Joseph garde précieusement de lui dans sa mémoire, ces moments de vie commune, ces instants capturés aussi puissants et captivants que la plus époustouflante des magies. Et cela suffit. Cela suffit à nous faire ressentir tout l'amour que ce père taciturne, un peu rabougri, profondément touchant avait, a toujours pour son fils prodige. Cela suffit pour que nous entrapercevions le véritable Emmanuel, l'enfant rêveur, meilleur ami des livres et de tout leur savoir, baroudeur-en-devenir au c½ur grand comme ça et à la volonté de titan. Surtout, cela nous rappelle l'amour qui nous étreint le c½ur quand l'on songe à sa propre famille et à la préciosité de ce lien qui nous unit à elle, un lien qui demande à être soigneusement entretenu car il peut se briser en un instant, qu'on l'ait décidé ou non.

Concernant les deux autres personnages principaux de ce récit, ils ne sont pas non plus en reste. J'ai tout simplement adoré ce trio de choc qui se consolide progressivement, dont les trois membres apprennent à se connaître petit à petit, à se pardonner aussi les erreurs que chacun a pu faire par le passé pour mieux regarder vers l'avenir ensemble. Si Abigail, la fameuse mère porteuse, m'a pas mal agacée au début, je me suis vite rendue compte que je me permettais de la juger sans aucun scrupule, alors que son estime de soi est déjà faible et qu'elle essaye de s'en sortir comme elle peut. Ce roman m'a aussi appris à regarder au-delà de mon petit nombril, et je pense que c'est un travail auquel on doit tous s'exercer chaque jour de notre vie, qui que nous soyons. Mon plus gros coup de c½ur va à l'enfant d'Abigail, Ava, cette petite fille qui est définitivement la chair de sa chair et qui m'a impressionnée de par sa déconcertante maturité, qui contraste singulièrement avec l'innocence et la joie de vivre qui se dégagent de ce si jeune être.

Pour conclure, je vous invite tous chaleureusement à plonger dans la lecture du Berceau, à faire la démarche de suivre Joseph, mon cher petit Bichon, dans son aventure trépidante en Acadie, région canadienne aux souches françaises que j'avais adoré étudier en cours et que j'ai été ravie de retrouver au c½ur de ce récit. Ce qui fait surtout plaisir à voir, c'est cette communauté unie qui continue de célébrer ses racines, ses traditions immuables qui rendent ses membres à part, qui construisent leur identité, qui leur apportent félicité et fierté au quotidien, même quand ils l'oublient, ce qui arrive bien trop souvent. Cela résume bien le principal message véhiculé par ce roman : ne jamais oublier d'où l'on vient, toujours garder l'esprit ouvert et se soutenir les uns les autres. Il y a toujours une famille qui nous attend quelque part... ★★★★★

Nanette ♥
Tags : Fiche Lecture, Lecteurs.com, Flammarion, 2019, Fanny Chesnel, Le berceau, Littérature française, Roman contemporain français, Drame, deuil, accident, sédentarisme, ferme, campagne, ruralité, coupé du monde, famille, chagrin, solidarité, souffrance, douleur, tristesse, accablement, noirceur, morosité, routine, électrochoc, bouleversement, prise de conscience, rage, aventure, voyage, nouveaux horizons, Canada, Acadie, communauté, fierté, rencontre, quête, âme s½ur, petite-fille, espoir, renouveau, miracle, naissance, vie, lumière, amour, souvenirs, nostalgie, contemplation, avenir, doutes, incertitude, préjugés, enfermement, révolte, fête, célébration, révélation, liens, famille recomposée, jeunesse, vieillesse, énergie, joie, courage, promesse, aller de l'avant, Très bonne lecture
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Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (100.25.42.117) si quelqu'un porte plainte.

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#Posté le dimanche 07 avril 2019 16:54

Modifié le samedi 13 avril 2019 09:54

FICHE LECTURE : Éclaircir les ténèbres

FICHE LECTURE : Éclaircir les ténèbres

• AUTEUR : Nicolas Bouchard.
• ANNÉE : 2018 (FRANCE).
• GENRE (S) : Roman historique.
• THÈMES : Sorcellerie, aventure, dix-septième siècle, mission, quête, équipe, entraide, courage, ingéniosité, intelligence, philosophie, artillerie, combat, gentilshommes, religion, diable, paganisme, noirceur, campagne, retour aux sources, affronter son passé, mystères, vengeance, haine, cupidité, mysticisme, gloire, revanche, amertume, ressentiment, lien avec Dieu, fantastique, magie blanche, magie noire, connexion avec la Nature, innocence, drame, deuil, amour, famille, descendance, fraternité...
• PAGES : 406.

1640. Une Province a disparu.

Il semble que l'enfer se soit abattu sur la paisible vallée d'Ouraos, territoire enchanté du Jura et berceau de la fille de guérisseuse Sophronia. Les étoiles ont pâli, une brume verdâtre se glisse partout. Les habitants, terrifiés, se cloîtrent chez eux. On y a vu Frigg, une ancienne déesse païenne accompagnée d'une armée de monstres...
Recrutés dans le Paris misérable et grouillant du XVIIe siècle par le cardinal de Richelieu, quatre hommes sont désignés pour lutter contre les puissances des ténèbres. Mais le cardinal leur adjoint un cinquième comparse en la personne du brillant philosophe et ancien mercenaire René Descartes.

Son objectif : soumettre la sorcellerie à la loi de la raison, et au final, éclaircir les ténèbres.

L'AUTEUR : Né en 1962, Nicolas Bouchard vit dans la région de Limoges. Juriste et écrivain français, il est le petit-fils de l'auteur français Marc Michon. En 1997, il publie son premier roman de science-fiction, Terminus Fomalhaut, qui le fait connaître du public. Il a écrit plusieurs romans de science-fiction, une trilogie Fantasy très remarquée. Il est également l'auteur de romans policiers.

ஜ MON AVIS :

Bonjour les petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour une petite chronique consacrée au titre Éclaircir les ténèbres de Nicolas Bouchard, première parution de la toute récente maison d'édition Snag, que je remercie chaleureusement pour ce très bel envoi et dont je vous conseille vivement d'aller voir le catalogue, qui est certes pour l'instant très petit mais qui n'en reste pas moins extrêmement intéressant. Il grandit lentement et sûrement et me fait saliver d'envie. Sans plus attendre, c'est parti pour ma critique de ce livre palpitant et qui tient toutes ses promesses !

En effet, Éclaircir les ténèbres se présente comme un roman qui allie le récit historique, l'action, l'aventure, la religion, le mysticisme, la philosophie, et on saupoudre le tout d'un certain brin de fantastique. Rien que ça ! Il n'en fallait pas plus pour que je signe mon contrat de lectrice et que je sois prête à sauter à pieds joints dans cette intrigue complètement dingue, déterminée à embarquer pour une quête des plus insensées et captivantes ! Avec ce livre, on se retrouve plongés dans la France de Louis XIII et de Richelieu, au moment d'un basculement décisif : celui qui mènera au règne du grand Roi-Soleil et plus tard, au Siècle des Lumières ! En attendant, il ne s'agit pas pour nos personnages de résoudre les mystères épineux de la cour mais plutôt celui gigantesque de notre propre monde et de nos croyances. Entre foi inébranlable et raison coriace, une réconciliation est-elle possible ? A quel moment la vérité laisse-t-elle place au mensonge et inversement ? Sans nous faire triturer nos fragiles petits méninges et donc sans nous torturer, j'ai trouvé que Nicolas Bouchard avait mené son récit très intelligemment, en laissant la parole à chaque personnage, quelque soit leur appartenance religieuse, sociale ou politique. Ainsi, on se rend compte que chacun détient une part de vérité et qu'il faut toujours garder l'esprit bien ouvert. L'auteur arrive à mêler habilement des faits et surtout deux personnages historiques connus pour leur rigueur et leur rationalité sans faille, Richelieu et en particulier Descartes, le maître en la matière, à des phénomènes paranormaux, comme la télépathie ou encore la nécromancie, sans que cela passe comme étant incohérent ou absurde. Au contraire, comme le célèbre philosophe, on essaye de déceler le vrai du faux et de faire face à de telles "prouesses" de la Nature comme on peut. On se retrouve complètement subjugués et l'on en vient à se demander si cela s'est véritablement produit. L'auteur parvient à brouiller nos sens et notre perception de la réalité d'une façon assez troublante, comme si cela coulait de source. D'autre part, j'ai beaucoup aimé le fait que même Descartes, qui a d'habitude une explication rationnelle à toute chose, puisse parfois ne pas trouver les mots et la solution juste face aux épreuves qu'il doit traverser. C'est un réel observateur qui ne détourne pas les yeux face à l'existence même des choses les plus improbables, qui ne se fait pas d'illusions mais qui essaye de comprendre le mécanisme, la façon de fonctionner de chaque élément et sa raison d'être. Je me suis beaucoup retrouvée dans sa façon d'appréhender les choses, de voir le monde, bien plus que je ne l'aurais cru.

En effet, si j'ai toujours reconnu le génie de Descartes et l'importance du nombre colossal de ses travaux, qui traitent de nombreux domaines qui plus est, pas seulement la philosophie, j'ai toujours eu un peu de mal à adhérer à sa façon de penser, donc d'être (vous l'avez vu, le clin d'½il gros comme une maison à sa citation la plus connue ? Nanette, la subtilité incarnée !). Cette façon justement "cartésienne" d'analyser les choses, notamment abstraites comme l'amour, l'humanité ou la religion, en mettant la raison et la logique au centre de tout a eu souvent tendance à m'agacer et à me faire désapprouver plus qu'autre chose. J'avais la sensation d'avoir comme une relation amour-haine avec ce cher René. Or, force est de constater que beaucoup de courts extraits de ses diverses ½uvres utilisés en en-tête de chaque chapitre de ce livre ont su me parler et donner justement raison à leur illustre auteur.

Qui plus est, comme je le disais un peu plus haut, je suis parvenue à m'identifier au personnage de Descartes que nous décrit Nicolas Bouchard, alors que je redoutais à la base de commencer le livre par peur de ne pas m'attacher à lui. Je ne m'y connais pas très bien en Descartes, je sais juste le strict minimum de ce qu'il y a à savoir, mais je pense que l'auteur est parvenu à nous restituer avec brio l'essence même de ce grand homme de lettres français sans pour autant nous le rendre barbant et trop distant. Je dirais même que Descartes lui doit une fière chandelle car je suis d'avis qu'Éclaircir les ténèbres saura tenir en haleine même les âmes les plus récalcitrantes à se laisser aller à la philosophie au cours de leur temps libre. A mes yeux, ce roman permet effectivement de mieux comprendre la façon de raisonner de Descartes qui est somme toute assez complexe (alors qu'elle est justement censée aller "droit au but", au c½ur des choses) pour qui n'est pas rodé à l'assimiler et à l'affronter, et il vous donnera aussi l'envie de vous renseigner plus sur l'ami René, sur sa vie et ses nombreuses contributions à la biologie, à l'optique et à la métaphysique entre autres. Un livre qui nous enrichit et qui nous rend curieux tout en nous divertissant, ce ne peut être qu'un bon ouvrage, n'est-ce pas ? Pour ma part, c'est ce que je crois.

Pour autant, ce n'est pas le personnage de Descartes qui m'a le plus plu. Certes, il est clairement l'homme de la situation et son ingéniosité, sa répartie et sa combativité m'ont agréablement surprise et impressionnée. Cependant, je garderai un encore meilleur souvenir de ses compagnons d'infortune, que j'ai tous trouvés très humains, bien construits et fortement sympathiques au demeurant ! J'ai adoré le fait que Richelieu ait pour idée de confier une mission de grande envergure à une véritable équipe de bras cassés, tels des Mousquetaires bis. Tout comme ces derniers, nos cinq gais-lurons ont leurs faiblesses et leur façon de se comporter bien propre à eux mais il ne faut surtout pas les sous-estimer car leur courage est à toute épreuve et leurs compétences sont pour le moins... remarquables. Au sein de cette bande tout ce qu'il y a de plus hétéroclite, Descartes fait office d'un D'Artagnan tout à fait inattendu : au départ indésiré de tous, il va réussir à prouver sa véritable valeur et à devenir le ciment de cette fine équipe, celui qui les rassemble et leur donne la force et la volonté d'aller de l'avant.

Parmi cette belle brochette de marginaux profondément attachants, j'ai tout particulièrement adoré les protagonistes que sont Damien et Hugues. D'un côté, nous avons un jeune homme d'apparence espiègle, nonchalante, qui joue avec la mort et qui parvient à l'esquiver d'une façon tout ce qu'il y a de plus incroyable. Damien est extrêmement malin et sait parer chaque attaque de ses adversaires avec un panache et une facilité tout bonnement déconcertante. Il use de son corps, de sa gestuelle, de façon à rendre ces derniers parfaitement souples, flexibles, fluides, au service de sa stratégie qui vise à faire penser à son opposant qu'il a toutes les cartes en main pour gagner face à un jouvenceau littéralement sans défense. C'est ce qui m'a justement fascinée chez Damien : il combat à mains nues, avec la seule force de ses poings et sa seule intelligence, il ne prend jamais les armes et essaye de tuer le moins possible. Il n'attaque que s'il s'agit d'une absolue nécessité. Cela ne pouvait que forcer mon respect. De l'autre, nous avons Hugues, jeune fils du comte de la vallée d'Ouraos, qui est justement au c½ur même du récit. Par ailleurs, je précise que j'adorerais me rendre dans cet endroit constitué de plaines verdoyantes, de montagnes majestueuses et doté d'une beauté brute tout simplement enchanteresse. En tout cas, c'est ainsi que je me suis imaginée ce petit coin de paradis qui se transforme rapidement en un cauchemar d'absolue désolation. Je trouvais cela important à souligner car une intrigue n'est pas seulement portée par ses personnages, mais aussi par le lieu où elle se déroule. Et, malgré le pic de dangerosité extrêmement élevé de la vallée d'Ouraos, on ne peut que tomber amoureux de cet endroit qui possède une réelle personnalité. L'attachement tout particulier de mon beau Hugues pour ce territoire qui est le sien m'a par ailleurs beaucoup touchée. De prime abord, ce jeune noble nous paraît être un simple sujet obéissant à sa Majesté et à son supérieur qu'est le cardinal de Richelieu, un chef de troupes particulièrement guindé et que l'ardeur de la jeunesse aurait déserté trop tôt. Mais ne vous y trompez pas : Hugues est un homme d'honneur qui ne pourra que vous faire succomber à son charme et vous surprendre en abaissant ses barrières au fur et à mesure du récit.

Pour ma part, il ne lui a pas été trop difficile de dérober mon c½ur, comme cela avait été le cas de la magnifique Sophronia. Ces moments de pure féerie entre ces deux êtres faits l'un pour l'autre ont d'ailleurs été mes préférés de l'histoire. Je ne vous en dirai pas plus afin de ne pas vous gâcher la surprise que sont ces ravissants flashbacks qui regorgent de pureté et de beauté. Vous n'êtes tout simplement pas prêts pour ce que vous allez découvrir... Pour ce qui est de Jonas et de Rudolph, les deux derniers compères de cette fière épopée, j'ai également beaucoup apprécié faire face aux pires menaces à leurs côtés. Jonas est certainement celui des cinq qui est le plus taciturne et renfermé mais, au vu de l'énorme sacrifice qu'il a dû faire pour sa survie et celle des siens, au vu de sa dignité bafouée et entachée, cela ne peut que se comprendre. Son côté savant fou obnubilé par la capacité d'explosions de ses bombes m'a autant inquiétée que fait énormément rire et me rendre admirative de son immense intelligence. Quant à Rudolph (oui, comme le renne du Père Noël - ne rigolez pas, le Landknecht le prendrait très mal), sa dégaine de grand gaillard à l'accent allemand exagéré exprès et sa tendance à toujours foncer dans le tas et à ne pas tourner sept fois sa langue de guerrier aguerri et avide de mener bataille dans sa bouche me l'ont rendu extrêmement sympathique.

L'un des autres gros points forts du récit, c'est qu'il est très rythmé. Une fois les premières pages passées, on entre en plein dans le vif du sujet et on ne relâche plus le livre avant la dernière page ! Croyez-moi, j'ai eu du mal à le reposer quand il le fallait... Impossible de s'ennuyer un seul instant ! Le seul petit bémol je dirais, c'est qu'il faille souvent se référer au glossaire en fin d'ouvrage pour comprendre pas mal de mots utilisés par l'auteur et qui correspondent à des techniques de combat, à des vêtements et à des armements typiques de l'époque, à des manuscrits particuliers... Certes, cela démontre le travail minutieux que Nicolas Bouchard a accompli pour nous permettre de nous immerger le mieux possible dans son histoire qui nous ramène en plein dix-septième siècle mais je peux comprendre que cela puisse en agacer certains de devoir fréquemment faire des pauses pour aller consulter la définition de tel ou tel mot. Pour ma part, étant de nature extrêmement curieuse, je suis au contraire très contente d'avoir pu apprendre du nouveau vocabulaire, comme l'appellation Landknecht que j'ai employé un peu plus haut par exemple. Pour savoir ce que cela signifie, il vous faudra lire le livre !

Sur ce, ma chronique touche à sa fin. J'espère qu'elle vous aura incité à laisser sa chance à ce titre ainsi qu'aux autres parus chez Snag, que je remercie encore une fois du fond du c½ur pour cette lecture palpitante. Si j'ai pu vous donner envie, alors j'en suis vraiment heureuse. Surtout qu'au vu de la fin extrêmement frustrante sur laquelle Nicolas Bouchard nous laisse, il risque sûrement d'y avoir une suite aux aventures mouvementées de la Compagnie Descartes ! Je suis ravie de faire partie de cette mauvaise troupe et j'ai hâte de la retrouver au plus vite ! ★★★★★

Nanette ♥

« La jeune fille aimait lorsque les gens souriaient. C'était une manière de voir Dieu et de lui rendre hommage. Mais jamais elle n'avait vu tel sourire.
"Dieu est en lui", songea-t-elle. Et elle s'en trouva heureuse. »
Tags : Fiche Lecture, Service Presse, Eclaircir les ténèbres, Snag Fiction, 2018, Littérature française, Nicolas Bouchard, Roman historique, Sorcellerie, aventure, dix-septième siècle, mission, quête, équipe, entraide, courage, ingéniosité, intelligence, philosophie, artillerie, combat, gentilshommes, religion, diable, paganisme, noirceur, campagne, retour aux sources, affronter son passé, mystères, vengeance, haine, cupidité, mysticisme, gloire, revanche, amertume, ressentiment, lien avec Dieu, fantastique, magie blanche, magie noire, connexion avec la Nature, innocence, drame, deuil, amour, famille, descendance, fraternité, Très belle lecture
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#Posté le jeudi 07 mars 2019 15:43

Modifié le jeudi 21 mars 2019 16:05

FICHE LECTURE : Loin de la foule déchaînée

FICHE LECTURE : Loin de la foule déchaînée

• TITRE V.O. : Far from the Madding Crowd.
• AUTEUR : Thomas Hardy.
• ANNÉE : 1874 (ANGLETERRE) ; 1901 (FRANCE). Présente édition : 2015.
• GENRE (S) : Grand classique.
• THÈMES : Drame psychologique, hiérarchie sociale, ferme, campagne, héritage familial, pauvreté, misère, volonté, détermination, courage, féminisme, portrait de femme forte, manque d'expérience, témérité, ténacité, relation maître/employé, classes sociales, univers bucolique, pastoral, amitié, confiance, amour, désespoir, déception, tromperie, manipulation, impétuosité, fidélité, dix-neuvième siècle, époque victorienne, persévérance, camaraderie, deuil, abandon, mystères, secret, révélation...
• PAGES : 471.
FICHE LECTURE : Loin de la foule déchaînée
ஜ MON AVIS :

Coucou mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour la chronique d'un roman que j'ai commencé fin 2017 et dont j'ai terminé la lecture en début d'année 2018, Loin de la foule déchaînée de Thomas Hardy. Lecture par ailleurs commune dont je tiens à remercier ma petite Axelle. Merci ma Chocola d'amour de m'avoir permis de sortir de ma PAL ce grand classique qui m'attendait depuis plus de trois ans à l'époque (toujours aussi incorrigible, cette Nanette...). J'ai adoré étirer cette formidable LC sur une poignée de mois, prendre le temps de savourer ce roman et d'en discuter avec toi. Ce fût un véritable plaisir et on remet ça quand tu veux (si tu as envie de re-re-lire Rebecca de Daphné du Maurier par exemple...) !

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il me tardait de lire ce roman signé Thomas Hardy, un auteur qui m'avait particulièrement marquée et impressionnée grâce à son chef d'oeuvre le plus connu : Tess d'Urberville. Cette rencontre livresque avait été un bouleversement, un véritable crève-c½ur. Tant de noirceur et de cruauté réunies dans un seul ouvrage, magistral et écrit d'une main de maître, cela a eu raison de moi. Je ne suis pas prête d'oublier cette bouleversante histoire, très superbement immortalisée au cinéma par le réalisateur Roman Polanski en 1979, en hommage poignant, désarmant, à sa jeune épouse tragiquement décédée, la magnifique actrice et icône des sixties Sharon Tate qui, au cours de sa grossesse, avait élu Tess comme étant son livre de chevet. Par ailleurs, ma découverte mémorable du roman originel avait fait le sujet d'une lecture commune avec ma Axellounette, qui malheureusement avait eu bien du mal à avancer dans le roman, au point de l'abandonner, ce que je pouvais tout à fait concevoir à l'époque. En effet, Tess d'Urberville constitue en soi une épreuve fort douloureuse, même pour le lecteur le plus rodé. Qui plus est, croyez-moi, si vous vous lancez dans Tess, vous ne verrez plus jamais les fraises de la même façon par la suite. C'est tout ce que je peux vous dire afin de titiller votre curiosité et en même temps ne pas trop vous en dévoiler.

Loin de la foule déchaînée a le mérite de ne pas nous faire déprimer grâce à une atmosphère beaucoup plus accueillante et optimiste. Certes, d'après ce que j'ai compris, ce n'est pas dans les habitudes de Thomas Hardy que de faire naître un univers de Bisounours de sa plume grandiose. Mais, pour une fois (dixit la fille qui n'a lu que deux de ses romans, la bonne blague), il nous montre le bon côté des choses et ça, ça fait sacrément du bien. Cela m'y fait penser : surtout, ne lisez pas Tess si vous broyez du noir car cela ne fera que vous saper le moral encore plus. Conseil d'amie à suivre très précieusement. Justement, Loin de la foule déchaînée saura vous changer les idées sans pour autant vous offrir une vision du monde, que ce soit de celui du dix-neuvième siècle ou le nôtre à l'heure actuelle, édulcorée et donc fausse. En effet, vous vivrez également avec ce roman des moments de tension et d'angoisse, ce ne serait pas drôle sinon... Cependant, il en ressortira toujours du positif ; le soleil finira par se lever, quoiqu'il arrive. C'est une belle leçon qu'il faut aussi appliquer à notre quotidien de tout les jours.

Concernant l'intrigue du récit, elle se passe comme je vous l'ai laissé suggérer un peu plus haut, à la fin du dix-neuvième siècle en plein environnement champêtre. Le duo central, formé par Gabriel Oak, un jeune fermier modeste qui redouble d'efforts depuis désormais dix ans afin d'agrandir son domaine et de solidifier son commerce, et par Bathsheba Everdene, une jeune fille innocente, orpheline et sans revenus, va commencer son histoire commune sur les chapeaux de roues et connaître tout au long du roman une série de hauts et de bas assez dingues. In fine, cela ne va faire que renforcer leur relation certes tumultueuse mais profondément belle et puissante et dans le récit, on en revient toujours à eux deux, deux forces de la nature unies et solidaires, quoique la vie puisse leur réserver de beau comme de mauvais. Et du mauvais, il y en aura souvent , c'est la marque de Mr Hardy, après tout. Il a quand même fait d'immenses efforts depuis Tess pour ne pas trop malmener ses protagonistes et leur accorder un peu de bonheur, je l'en félicite.

Pour commencer, Bathsheba est déjà beaucoup mieux lotie que la pauvre Tess, qui méritait sérieusement que l'on s'apitoie sur son sort. La vie de Miss Everdene ne sera pas toute rose ; la jeune femme connaîtra en effet des périodes de tourmente difficiles et son c½ur sera souvent déçu, voire brisé. Cependant, rien ne la fera flancher dans sa quête de reconnaissance au sein d'un monde régi par le patriarcat. En effet, si, au départ, Bathsheba nous est présentée comme une frêle et ravissante héroïne de la campagne, aux origines très modestes, tout droit sortie d'une symphonie pastorale du dix-huitième siècle, la jeune femme ne manque en réalité pas de tempérament. Son ascension sociale subite et agréablement surprenante due à son poste à haute responsabilité à la tête de la ferme de son défunt oncle, fonction guère relayée à une femme, jeune et célibataire de surcroît, à l'époque, ne va le révéler que davantage. J'ai tout simplement adoré ce personnage de femme forte, franche, qui fait des erreurs comme tout le monde mais qui les assume et se relève, de femme moderne, en avance par rapport à son temps, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds par des hommes qui voudraient à tout prix l'intimider et la soumettre à leur volonté. Bathsheba est une femme juste remarquable, solide comme un roc, mais aussi à la sensibilité extrêmement touchante. Malgré toute la force qu'elle déploie pour défendre sa place en ce bas monde, elle n'en reste pas moins un être humain vulnérable, qui peut être assailli par des doutes entêtants et commettre des bêtises plus grosses que lui. Néanmoins, j'éprouve un profond respect envers cette héroïne ; j"ai su faire fi de ses nombreuses imperfections et je la considère comme étant magnifique de partout.

Face à une telle tornade de cheveux noir de jais et à ce tempérament de feu, seul un Gabriel Oak pouvait faire le poids. Mon petit c½ur a fondu tant Gabriel est adorable et attachant, si serviable et loyal (j'ai l'impression de vous décrire Lassie, chien fidèle là), si droit dans ses - j'allais dire "baskets" mais cet énorme anachronisme n'est guère approprié dans le cas présent - sabots ? souliers ? (Anaïs, tu t'enfonces...) Bref, Gabriel, c'est quelqu'un qui ne vous laissera jamais tomber, toujours prêt à redoubler d'efforts à la tâche, pas du genre à baisser les bras. C'est plutôt le type qui sait se montrer patient et sage, tel un maître Yoda du dix-neuvième siècle, époque victorienne. Même si, au début, je ne vous cache pas qu'il se montre assez, voire très, impulsif et irréfléchi vis-à-vis de ses sentiments naissants pour notre belle brune. En amour, Gabriel est si passionné qu'il s'en brûle carrément les ailes au soleil de ses rêves. Et autant vous dire que Bathsheba est un astre particulièrement aveuglant et ardent... Mais, in fine, mon Gabriel est tel un bon vin ; avec le temps (« va, tout s'en va... » Humhum, pardon), il n'en devient que meilleur. Pourtant, lui aussi en a vu des vertes et des pas mûres, comme tout un chacun, mais ce n'est pas ça qui peut l'abattre, ce serait mal le connaître ! Certains devraient en prendre sérieusement de la graine...

.... à commencer par un certain sergent Francis Troy ! J'ai réussi à éprouver une once de pitié pour ce personnage arriviste, qui n'éprouve de la considération et de la compassion que pour sa petite personne et qui n'hésite pas à profiter des autres afin d'assurer son confort personnel. Il s'agit d'un charmeur qui sait bien manier les mots et vous cerner pour mieux vous séduire et vous tromper. Même si Thomas Hardy a su faire ressortir une infime parcelle d'humanité chez ce personnage, difficile de l'en trouver sympathique pour autant. C'est un véritable incompétent, tapageur, qui méprise les sentiments d'autrui afin de les piétiner d'autant mieux avec ses belles bottes de soldat qui n'a que son agréable physique de bien pour lui. Désolée de me montrer aussi méchante, mais je ne peux pas faire preuve de tendresse face à un tel individu, c'est juste impossible. En bref, vous l'aurez certainement compris, ce gredin, cet être exécrable n'arrive pas à la cheville de mon Gabriel d'amour et de ma si forte, si insoumise et remarquable Bathsheba, qui mérite nettement mieux. Not even close.

Arthur Boldwood, le troisième prétendant, m'a fait éprouver pour lui bien de la peine en revanche. Avant que Bathsheba ne vienne habiter à côté de son domaine, il devait vivre une vie bien morne et insipide, celle d'un fermier propriétaire terrien sans histoire qui n'avait jamais encore senti battre son c½ur pour une femme, une potentielle épouse. L'extraordinaire Bathsheba, grâce à sa beauté éclatante et à sa jeunesse revigorante, mais aussi assez insouciante, va bouleverser son existence à tout jamais. A tel point que cet amour tout nouveau et si exaltant qui va alors naître dans son c½ur jusqu'à présent solitaire, va devenir une obsession pour Boldwood. Si je l'ai souvent vu au cours de ce roman comme un obstacle balourd et franchement indésirable entre Gaby et Bathsheba, j'ai fini par reconnaître que Boldwood était en réalité un homme intègre, lucide, plein de bon sens et qui fait lui aussi preuve d'un immense courage à sa façon. Je suis bien heureuse de m'être trompée sur son compte.

Pour conclure, je dirais que j'ai passé un excellent moment de lecture au c½ur de la campagne anglaise, plus précisément à Weatherbury, grâce au grand talent d'écriture de Thomas Hardy, dont la réputation en tant que l'un des plus grands et renommés auteurs anglais du dix-neuvième siècle n'est plus à faire. Au fur et à mesure de ma lecture, je me suis sentie comme chez moi au sein de la ferme de Bathsheba, aux côtés notamment de la douce servante Lydia, des vaillants et attachants paysans Laban Tall, Jan Coggan, William Smallbury et tous les autres. Leur franc-parler m'a beaucoup fait rire et d'ailleurs, j'ai beaucoup aimé le fait que Thomas Hardy ait retranscrit tous leurs dialogues en patois local. Rien de trop compliqué à comprendre, je vous assure ! Au contraire, on s'y fait, on y prend goût et cela ajoute de l'authenticité au récit à mon sens, cela le rend d'autant plus réel et vivant à nos yeux. Je pense que je relirai Loin de la foule déchaînée avec grand plaisir un jour, ne serait-ce que pour le petit bonheur qu'est de prendre soin des moutons en compagnie de Gabriel et de Bathsheba. C'est si attendrissant comme image, vous ne trouvez pas ? Une fois de plus, l'épatant Thomas Hardy m'a convaincue grâce à sa plume singulière et mordante, qui nous invite à entrer dans son univers et à ne plus jamais en ressortir, même si le début du livre est digne d'un diesel : il faut lui laisser le temps de bien démarrer, de tout mettre en place, mais une fois qu'on est dedans, on trace jusqu'à la dernière ligne du récit ! Croyez-moi, si vous aimez les grands classiques du dix-neuvième siècle, celui-là ne fera pas exception !

Nanette ♥

FICHE LECTURE : Loin de la foule déchaînée
Source des images : booksandquills.

★★★★★
Très bon roman !

✓ - Gabriel et Bathsheba, un de mes duos chouchous, emblématiques !
- L'écriture de Thomas Hardy, dont je suis indéniablement tombée amoureuse. Elle agit telle une main qui prend la vôtre et qui vous embarque totalement dans les moments les plus joyeux comme dans ceux les plus sombres du roman. Elle ne vous épargne rien, ni joies, ni peines. Qui plus est teintée d'ironie, elle est juste fantastique-!


✗- Le personnage de Troy, ggggrrrr !!!!
- Le début du roman, les cent premières pages en particulier, est assez déroutant et ne nous met pas tellement en appétit mais, une fois passé ce cap, on ne regrette pas d'avoir été jusqu'au bout !

« Il est difficile pour une femme d'exprimer ses sentiments dans un langage presque entièrement formé par les hommes pour exprimer les leurs. »
Tags : Fiche Lecture, Editions l'Archipel, Loin de la foule déchaînée, Far from the Madding Crowd, Thomas Hardy, Littérature anglaise, Grand classique, 1874, Drame psychologique, hiérarchie sociale, ferme, campagne, héritage familial, pauvreté, misère, volonté, détermination, courage, féminisme, portrait de femme forte, manque d'expérience, témérité, ténacité, relation maître/employé, classes sociales, univers bucolique, pastoral, amitié, confiance, amour, désespoir, déception, tromperie, manipulation, impétuosité, fidélité, dix-neuvième siècle, époque victorienne, persévérance, camaraderie, deuil, abandon, mystères, secret, révélation
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#Posté le mercredi 20 février 2019 16:11

Modifié le vendredi 01 mars 2019 08:26

BB en Livre : La guerre dans la littérature jeunesse

BB en Livre : La guerre dans la littérature jeunesse

• TITRE VO : War Horse.
• AUTEUR : Michael Morpurgo.
• ANNÉE : 1982 (ROYAUME-UNI, FRANCE).
• GENRE (S) : Jeunesse.
• THÈMES : Guerre, première guerre mondiale, campagne, Angleterre, France, amitié, relation maître/animal, chevaux, réquisition, armée, camps, boucherie, drame, séparation, traumatisme, deuil, mort, tuerie, camps, espoir, ténacité, fidélité, bienveillance, affection, tendresse, amour éperdu, combats, no man's land, sang, folie meurtrière, incompréhension, humanité, foi, espérance, solidarité, bonté, attachement, courage, survivre, cruauté...
• PAGES : 207.

Joey, le cheval de ferme, devient cheval de guerre en 1914. Il va alors vivre l'horreur des combats auprès des Britanniques, des Français, ou du côté des Allemands. Pour lui, les soldats, les paysans ou les vétérinaires ne sont pas des ennemis mais des hommes, chez qui il rencontre la bonté comme la méchanceté. Joey partage leurs souffrances et leurs peurs et sait leur redonner espoir.

Grâce à Joey, découvrez une très belle et bouleversante histoire d'humanité, racontée avec simplicité par un grand auteur pour la jeunesse.

L'AUTEUR : Michael Morpurgo, né le 5 octobre 1943 à St Albans, en Angleterre, est un auteur anglais, connu pour ses romans pour enfants. Il devient célèbre grâce au roman Cheval de guerre, inspiré d'une histoire vraie à propos d'un cheval nommé Warrior, "Guerrier" en français. En tout, il a écrit plus de cent-vingt livres, qui ont été traduit dans vingt-cinq langues. Parmi ses ½uvres les plus connues, on peut citer bien sûr Cheval de guerre mais aussi Soldat Peaceful, paru en 2003, Le Royaume de Kensuké (1999) ou encore Le Roi Arthur (1995). Michael Morpugo écrit principalement des livres pour enfants, mais aussi des romans pour adolescents. Il est un écrivain renommé et reconnu dans le monte entier. Il est aussi l'un des auteurs les plus aimés de son pays d'origine, dans lequel il a été nommé officier du British Empire par la reine Elizabeth II pour ses nombreuses ½uvres qui ont rendu service à la littérature anglophone. Il a aussi été fait chevalier des Arts et des Lettres en France, chose très rare pour un écrivain britannique. Il est marié à Clare Morpurgo et a trois enfants.
BB en Livre : La guerre dans la littérature jeunesse
ஜ MON AVIS : Pour accompagner votre lecture de cette chronique : ♫.

Afin de bien commencer cette chronique, je tiens tout d'abord à dire que je suis absolument ravie de participer ainsi à l'OFF de BB en Livre. Mais qu'est-ce donc ? BB en Livre, petite abréviation toute mignonne de Booktube et la Blogosphère en Livre, est une initiative lancée par Nathan de la chaîne YouTube Le Cahier de Lecture de Nathan et qui consiste à célébrer la littérature jeunesse tout au long de l'été. Comment ? En publiant chaque jour une vidéo ou un article durant la fête du livre jeunesse Partir en Livre, qui a lieu officiellement du 11 au 22 juillet. Ce sont les blogueurs/youtubeurs faisant partie de BB en Livre qui nous font alors découvrir chaque jour divers ½uvres jeunesse qui méritent largement ce petit moment d'attention. Quant à l'OFF, il nous permet de prolonger la fête un peu plus longtemps car on n'en a jamais assez de parler de littérature jeunesse ! Si jamais mes explications ne sont pas claires, n'hésitez pas à aller voir la vidéo explicative de Nathan ici, ou à consulter les divers pages BBenLivre, sur Facebook, Twitter et Instagram. Voilà, n'hésitez pas à foncer vous renseigner sur tout ça, car vous trouverez également le premier concours de cette quatrième édition BB en Livre suggéré par Nathan ici, ainsi qu'un merveilleux concours proposant de gagner plus de 100 livres jeunesse de diverses maisons d'édition trop géniales. Et n'oubliez pas aussi d'aller voir/lire les avis hyper intéressants et enrichissants des autres participants au projet sur une pléiade d'ouvrages jeunesse ! Mais avant cela, restez avec moi encore un peu, vous ne le regretterez pas !

Alors, il faut déjà savoir que la littérature jeunesse, personnellement, et je pense que c'est aussi le cas des autres blogueurs/youtubeurs de BB en Livre, je la célèbre toute l'année, elle rythme mon quotidien 365 jours par an, sept jours sur sept. Depuis que je sais lire, elle ne m'a jamais quittée au fond. Tout ça pour dire que je me demandais sérieusement ce que j'allais bien pouvoir vous présenter. Rien qu'avec mes dernières lectures, ma tête fourmillait d'idées. Et puis, tout d'un coup, l'illumination ! Il y a cinq ans, j'avais fait une fiche lecture pour le cours de français dont j'étais et reste particulièrement fière. Je vous le promets, rien de barbant ! Dans cette fiche, je défendais corps et âme la littérature jeunesse. Ce que j'avais écrit me représentait parfaitement, et c'est ce que je pense encore aujourd'hui. Je vais donc vous parler de la guerre dans la littérature jeunesse. Plus particulièrement de la guerre 14-18, dont j'avais commémoré le centenaire par le biais de cette fiche lecture.

Le livre que j'avais choisi de présenter d'instinct s'intitule Cheval de guerre. Et je suis toute fébrile à l'idée de vous en reparler car ce roman m'a marquée de façon indélébile, et je n'ai pas oublié les extraordinaires émotions qu'il m'a fait ressentir. J'en suis encore totalement imprégnée, c'est juste dingue. Laissez-moi vous conter cette histoire de guerre, basée sur des faits réels comme évoqué plus tôt dans la bio de l'auteur. Un auteur extraordinaire par ailleurs, dont je ne taris jamais d'éloges, car il n'hésite pas à visiter de nombreuses écoles et bibliothèques dans le monde entier, notamment en France (Cocorico !, et je mourrais d'envie de le rencontrer au passage), afin de défendre les valeurs de la littérature dite "enfantine", qui n'est pas niaise, contrairement à ce que la connotation appliquée à ce mot peut le suggérer. Je ne peux qu'applaudir le combat que Michael Morpurgo et sa femme n'ont jamais cessé de mener contre ces préjugés stupides qui ont la peau dure, et, quand on lit un livre tel que Cheval de guerre, ou Soldat Peaceful, qui traite lui aussi d'Histoire et de première guerre mondiale et que je ne peux que chaudement vous recommander également, on comprend que le mot "enfantine" désigne beaucoup de tendresse et de beauté, mais aussi des sujets et des émotions plus matures comme la souffrance, la haine, qui peuvent tout aussi bien parler aux adultes, comme Michael Morpurgo le prouve justement dans Cheval de guerre, où un cheval et son maître sont séparés à cause d'un affreux conflit et évoluent au sein d'un milieu hostile, dangereux et empli de cruauté. L'auteur met ainsi un point d'honneur à redonner ses lettres de noblesse à la littérature jeunesse, qui est bien trop souvent dénigrée et peu mise en avant à cause du public qu'elle vise essentiellement : les enfants. Un public particulièrement exigeant et gratifiant selon mon cher Roald Dahl, et je suis sûre que Michael Morpurgo approuverait ses dires. Ce jeune lectorat ne mérite pas d'être ainsi négligé et a même beaucoup de choses à nous apprendre.

L'auteur du remarquable Cheval de guerre prend donc sa tâche de satisfaire ce lectorat bien spécial très au sérieux, et il s'adresse en réalité à tous, aux véritables chérubins, tout comme à ceux qui n'ont jamais cessé de l'être, s'ils prennent la peine d'écouter cette âme magnifique qui vibre encore en eux. Dans Cheval de guerre, cette âme crie à nous en briser les tympans, que ce soit dans l'étendue de la campagne du Devon, où débute l'histoire en 1912, deux ans avant le déclenchement fatidique de cette guerre mémorable pour sa boucherie et son idiotie, et où l'auteur réside, ou dans celle française, dans laquelle se déroule la majeure partie de l'histoire, et qui contraste en temps de guerre singulièrement avec celle fort paisible de l'enfance du fameux cheval et de son bien-aimé maître.

L'un des partis pris de l'auteur, et qui fait selon moi toute la force de ce roman si inspirant et profondément beau dans la souffrance et la Bêtise humaine qu'il nous expose, mais aussi dans la grandeur, le courage, l'Humanité et l'espoir qui continuent de vivre dans le c½ur de chaque homme et de chaque bête mobilisé(e) au combat, c'est qu'il nous raconte l'histoire du point de vue de Joey... qui se trouve être le cheval désigné par le titre à la fois si magistral et minimaliste de l'½uvre. Sous cette appellation, toute la vie de ce cheval exceptionnel va se révéler être un hasard extraordinaire. Acheté sous l'effet de l'ivresse par un fermier sans le sou, Ted Narracott, Joey va alors devenir le cheval d'Albert, un jeune garçon qui l'a vu naître et grandir, et qui n'a jamais cessé de l'admirer avec des yeux brillants d'un amour qui le consumait avant même qu'il ne s'en rendre compte. In fine, c'est Albert qui va appartenir à Joey de façon irrémédiable, et à chaque fois que Joey appelait Albert son Albert, j'en avais le c½ur battant à tout rompre de cette émotion indescriptible qui me saisissait alors. Michael Morpugo nous montre que le lien entre un animal et son maître est inviolable, incassable, malgré tout ce que le destin peut nous réserver de bon ou de mauvais. Malheureusement, Joey va être arraché à son Albert de la pire des manières : en étant vendu à l'armée anglaise. Albert, en maître merveilleux, au c½ur pur et empli de bonté et d'amour à revendre qu'il est (certains devraient en prendre de la graine au lieu de lâchement abandonner leurs animaux, c'est une honte), se jure de s'engager dans l'armée pour retrouver Joey coûte que coûte, dès qu'il en aura l'âge. Et c'est ce qu'il fera. Rien ne l'arrêtera pour parvenir à ses fins, pas même la peur de la mort.

BB en Livre : La guerre dans la littérature jeunesse

Le fait que l'histoire soit narrée à travers les yeux de Joey, avec ses ressentis, ses sentiments, permet aussi à l'auteur de faire une analyse très intelligente, lucide de notre espèce humaine et de pointer tout ce qui ne va pas chez nous (parce que nous sommes des êtres sacrément tordus et étranges quand même !) de façon externe grâce au point de vue de notre cher Joey. Rassurez-vous, Joey ne va pas être témoin extralucide que de la cruauté et de la Bêtise humaine, de tout ce qui cloche dans le fonctionnement de ces êtres à deux pattes, il va aussi faire de superbes rencontres qui vont bouleverser son existence de magnifique cheval à la robe bai roux, à l'étoile blanche singulière et visible sur le front et avec quatre balzanes exactement assorties en bien. A commencer par Albert, qu'il reconnaît comme étant le seul maître qu'il ait jamais eu malgré le nombre de "propriétaires" qu'il va avoir au cours de ses péripéties et qui tous, unanimement, qualifient ce cheval d'exceptionnel et de "pas comme les autres". Propos que je ne peux qu'approuver en hochant vigoureusement de la tête. Joey est un cheval qui va affronter bien des épreuves douloureuses dès sa naissance et qui va toujours les surmonter avec sa prestance légendaire. Une rencontre avec un tel animal, cela ne se vit qu'une fois en plusieurs siècles. On ne l'oublie jamais, et on continue à ressentir ce privilège et cet émerveillement tout bonnement saisissants dans tout notre être même des années après. La preuve en est avec votre humble servante.

Je ne suis pas prête d'oublier Albert Naracott non plus. Que ce soit sa version papier ou cinématographique. Jeremy Irvine continue de hanter mes rêves six ans après que je sois sortie de ma séance de l'adaptation pleine de justesse et magistrale de Spielberg, humhum... Quoiqu'il en soit, je me suis immédiatement identifiée à ce personnage, à mon petit Bertie, un jeune garçon qui a sacrément du cran (tel maître, tel animal !) et qui est quelqu'un de naturellement gai et optimiste, qui adore fredonner des airs populaires et des chansons. Retenez bien cela, car quand Albert fait entendre sa belle voix joyeuse, c'est la plus belle des musiques qui résonne à nos oreilles. Quand Albert chante, on est saisi de frissons (encore plus que dans tout le reste du roman), cela fait naître un grand sourire sur nos visages béats et rayonnants, et on a presque envie d'en pleurer de joie. S'il y a bien une chose qu'il faut retenir de ma longue chronique, c'est que jamais je n'avais ressenti de telles émotions aussi fortement avant ma lecture de Cheval de guerre. Il y a eu un avant et un après ce livre, inexorablement.

Au cours de son horrible séparation d'avec Albert, Joey aura la chance de rencontrer des âmes toutes aussi belles et bienveillantes que celle de son maître sur son chemin semé d'embûches, que ce soit celle du grand étalon énorme d'un noir de jais éclatant, dont le port de tête est d'une dignité majestueuse et qui est luisant de santé qu'est Topthorn, qui deviendra son meilleur ami cheval. L'affection qu'ils éprouvent l'un pour l'autre est extrêmement belle à voir. Les rencontres que fera Joey l'aideront à tenir le coup jusqu'à son but ultime qui est de retrouver son cher Albert, et ce soutien sera réciproque. En effet, Joey va bouleverser les existences des personnes qui croiseront sa route, tout comme il a bouleversé la vie de son âme s½ur humaine dès sa naissance, et il parviendra, en ces temps de tourments, à apporter un grand réconfort à tous ces gens. Que ce soit au Capitaine James Nicholls, un artiste dans l'âme qui va décider de faire de Joey sa muse, et à la grande finesse et extrême sensibilité selon ce dernier ; au Cavalier Charlie Warren, un jeune soldat craintif qui prendra grand soin de Joey avec une attention extrêmement méticuleuse et fera de lui son confident pour épancher son c½ur brûlant d'amour pour sa Sally qui l'attend à la maison ; à la maladive et si attendrissante Emilie et à son grand-père, qui l'aime plus que tout au monde et qui jouera un rôle très important par la suite ; ou encore au vieux soldat allemand Friedrich, Friedrich-le-Fou qui se parle tout seul car il est le seul à se comprendre et à vouloir s'écouter, mais qui est en réalité un homme bon, plein de bon sens et doux qui partage une belle complicité avec Topthorn et qui lui voue une admiration sans bornes, Joey leur apportera à tous un bonheur certes éphémère mais sans condition. Il rallumera la flamme de l'espoir dans leur c½ur, et c'est bien le plus beau cadeau qu'il pouvait leur faire.

Pour ce que je vais dire à présent, il aurait été plus judicieux de l'évoquer en début de chronique, mais cela importe peu au fond. J'écris mes sentiments comme ils me viennent. C'est tel un flot ininterrompu qui s'écoule de mes doigts qui tapent frénétiquement sur le clavier, mais que je dois cependant organiser un tant soit peu. Pour commencer, avant de lire ce livre merveilleux, je savais d'ores et déjà qu'il me plairait. Pourquoi une telle certitude aussi hasardeuse ? Eh bien, une telle histoire d'amitié entre l'espèce humaine et celle animale ne pouvait que m'emballer et me séduire ! Et puis, j'avais déjà vu le film de Spielberg auparavant, à sa sortie en 2012 (j'ai encore l'impression que c'était hier !), et j'ai lu le livre un an plus tard dans le cadre scolaire donc. Pour vous en parler un peu, de ce film d'exception, il est rapidement devenu l'un de mes préférés, tant il est beau et émouvant. Forcément, lorsque j'ai pu faire une pierre deux coups en lisant le livre à la fois pour le centenaire et pour le plaisir (après tout, j'ai pu le choisir le livre sujet de ma fiche !), j'étais aux anges. Il faut savoir que je pense la plupart du temps que le livre est mieux que le film (et je ne suis pas la seule à avoir cette façon de raisonner je pense). Cette fois, il y a exception. Non pas que le film soit meilleur que le livre : il lui fait honneur. Je ne saurais choisir entre le livre et son adaptation cinématographique en y réfléchissant, tant ils sont captivants et émouvants tous les deux.

Pour en revenir au livre, sujet principal de cet article, il se lit très rapidement (il fait deux cent pages à tout casser en même temps) sans pour autant avoir un langage facile d'accès, comme on pourrait le croire si on se réfère à la cible qu'il vise, on le rappelle, les enfants. Au contraire, le langage employé dans le livre est très souvent familier, il reflète le patois des différentes régions d'où viennent les soldats, ce qui en rajoute à sa véracité et à son authenticité. En fonction du niveau personnel de chacun, je pense que certains enfants qui ont du mal dans l'apprentissage de la lecture auraient un peu de mal à le lire à cause de cela. Néanmoins, je pense tout de même que tout le monde peut lire Cheval de guerre car c'est un roman familial et universel qui peut tous nous toucher, de l'enfant de primaire à l'adolescent, jusqu'à la personne âgée de 77 ans, en passant par l'adulte père/mère de famille ou au jeune adulte. Avec ce roman, Michael Morpurgo nous montre en Albert et son cheval chéri Joey à quel point l'amitié est précieuse, qu'il faut se battre pour la garder tant elle est importante et unique. A travers cette amitié hors-du-commun, il nous donne une belle leçon de fidélité et d'amour, tant Albert serait prêt à n'importe quoi pour son Joey, même à aller dans les terribles tranchées. L'auteur nous décrit aussi l'horreur de la guerre, qui nous prend tout et nous fait oublier les choses les plus essentielles, comme l'amour et l'amitié. Il nous montre que les enfants, principaux lecteurs touchés, ne sont pas des faibles d'esprit ; non, les enfants ressentent les choses intensément eux aussi, si ce n'est plus, ils ne sont pas aveugles concernant les horreurs qui ont lieu quotidiennement dans le monde. Simplement, ils savent que la vie est belle malgré tout cela et qu'il faut s'attarder sur les moments de joie, pas ceux de malheur, et qu'il faut positiver et se rappeler les points positifs de chaque chose, chaque objet, chaque personne. Je pense que ce n'est pas l'enfant qui doit prendre exemple sur ses parents, mais l'inverse, car un enfant est un être pur qui connaît au plus profond de lui les vraies valeurs de la vie. Pour en revenir à Cheval de guerre concrètement parlant, je tiens juste à rappeler que ce livre défend ces mêmes valeurs et nous montre à quel point on a besoin de nos amis pour vivre, chose que je ne comprenais pas à une époque. Ce livre m'a vraiment ému (non, ça ne se voit pas du tout !), tant l'amitié d'Albert et de Joey est belle, tant on aimerait avoir un ami fidèle tel qu'Albert, qui ne nous lâchera jamais, peu importe les circonstances, et qui sera toujours là pour prendre soin de nous et pour nous aimer de toutes ses forces. Selon moi, Michael Morpurgo destine ce livre non pas aux enfants, mais surtout aux adultes, qui ont oublié leur enfance et que toute magie, joie et amour a quitté. Il veut leur rappeler le temps de l'insouciance et leur montrer que l'amour et l'amitié sont essentiels à la vie, qu'il faut savoir toujours sourire à celle-ci et se contenter de peu de choses, comme le font les enfants. Les choses essentielles sont les plus belles, comme me l'a appris mon chanteur préféré, Michael Jackson, et ce livre. Ce livre qui est parti à la guerre et qui a gagné. Il l'a gagnée. Pour résumer tout cela, Cheval de guerre est un livre qui sert à défendre l'amour et l'amitié, et à dire que les personnes fidèles existent, même si elles sont très rares, et que, justement, il faut s'accrocher à elles de toutes nos forces une fois qu'on les a trouvées, et ne jamais oublier que la vie est belle car on a de telles personnes à nos côtés sur qui compter. Le livre critique donc bien sûr la guerre, tout le contraire de l'amour et de l'amitié, qui ne sert qu'à nous faire du mal et à en faire aux autres, à nous rendre amer et cruel et à nous faire croire que la vie est noire, morose et vaine.

Pour terminer cette chronique que, j'espère, vous aurez eu le courage et l'envie de lire jusqu'au bout (si c'est le cas, vous avez ma gratitude éternelle), je vous conseille de lire ce livre, qui pour moi est juste un livre essentiel, à lire au moins une fois dans sa vie, et qui s'adresse à tous. Je vous recommande également chaudement le film qui, malgré certains détails discordants avec le roman, nous rend ces mêmes valeurs d'harmonie, de fidélité et d'amitié, qui fait pétiller nos yeux d'admiration, et qui rend l'amitié entre Joey et Albert encore plus belle et émouvante si cela est possible, et c'est ce qui compte vraiment. J'espère de tout mon c½ur, sincèrement, que ma chronique vous aura donné envie de lire ce livre, car il en vaut vraiment la peine.

Sur ce, rendez-vous demain sur la chaîne de Smelly Kat ! ♥

Nanette ♥

BB en Livre : La guerre dans la littérature jeunesse

COUP DE FOUDRE ϟ qui durera pour toujours !

« Moi, je vous le dis, mes amis ; je vous dis que je suis le seul homme sain d'esprit de ce régiment. C'est les autres qui sont fous, mais ils ne le savent pas. Ils font la guerre et ils ne savent pas pourquoi. C'est pas de la folie ça ? Comment un homme peut-il en tuer un autre, sans vraiment savoir pour quelle raison ? [...] Et c'est moi qu'on trouve fou ! »
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#Posté le mardi 14 août 2018 03:30

Modifié le jeudi 18 juillet 2019 09:03

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