
ADAPTATION DE ROMAN | 2019 | RÉALISÉ PAR GRETA GERWIG | 2 H 15 | DRAME, CHEMINEMENT, IMAGINATION, INTELLIGENCE, FÉMINISME, TENDRESSE, BONHEUR, ÉCRITURE, FAMILLE, AMITIÉ, ROMANCE | AVEC SAOIRSE RONAN, EMMA WATSON, FLORENCE PUGH, TIMOTHÉE CHALAMET...
➜ Une nouvelle adaptation des Quatre Filles du Docteur March qui s'inspire à la fois du grand classique de la littérature du même nom et des écrits personnels de Louisa May Alcott. Relecture inédite et intimiste du livre, Les Filles du Docteur March est un film à la fois atemporel et actuel où Jo March, alter ego fictif de l'auteur, repense à sa vie.
ஜ MON AVIS : /!\ Attention, risque de spoiler ! /!\
Une énième revisite moderne et lumineuse du chef d'½uvre originel mais qui manque cependant d'un petit supplément d'âme pour être véritablement mémorable !
Dimanche dernier, je suis allée voir la nouvelle adaptation des Quatre Filles du Docteur March signée Greta Gerwig. Je remercie pour cela infiniment Lecteurs.com qui m'a fourni deux places de cinéma pour ce film en échange d'une chronique. Place donc à ma critique.
Je me suis rendue à la séance avec ma petite poupée, j'ai nommé ma mamoune chérie, qui affectionne énormément cette histoire, et en particulier la version qui en a été faite en 1994. Pour ma part, je suis moi aussi très attachée à cette réinterprétation à mon sens juste culte de cet immense classique de la littérature jeunesse qui, en réalité, se lit ou se redécouvre à tous les âges. Moi même, je n'ai pas hésité à le dévorer à plusieurs reprises au cours de ma pré-adolescence avec chaque fois le même plaisir non dissimulé.
Vous l'aurez sûrement compris, j'attendais in fine beaucoup de cette nouvelles adaptation des Quatre Filles du Docteur March et je ne vous cache pas que je ressors un tant soit peu déçue de mon visionnage. L'esprit du livre originel est bien là, son essence est parfaitement respectée à mes yeux, les acteurs campent à merveille les différents personnages de cette histoire absolument magnifique, inoubliable et poignante, la bande soundtrack est à certains moments d'une beauté vertigineuse et l'esthétisme du film est à tout point de vue impeccable. En clair, je n'ai clairement rien à redire sur la forme et le fond de ce long-métrage... ou presque.
Pour être tout à fait honnête avec vous, ce qui m'a gênée avec Les Filles du Docteur March, c'est sa narration. Greta Gerwig a pris le parti de commencer en quelque sorte son récit par la fin et ensuite d'alterner tout du long entre fragments choisis de ce qui pourrait être appelé le passé, avec 1864 et la fin de la Guerre de Sécession qui s'amorce, et le présent sept ans après, soit en 1871, dessinant ainsi deux temporalités en apparence bien distinctes mais pourtant ici presque constamment entremêlées. Ce choix de dérouler le fil narratif de cette façon ne me dérange pas le moins du monde habituellement. Je le trouve même extrêmement stimulant pour le spectateur et cela fait montre d'une certaine originalité et ingéniosité de la part de l'équipe scénaristique ; c'est probablement d'ailleurs pour cela que Greta Gerwig a décider d'adopter ce procédé bien particulier : afin de se démarquer de ce qui avait déjà pu être fait du matériel originel des Quatre Filles avec des adaptations à la pelle qu'on ne compte en effet même plus depuis le début du vingtième siècle.
J'imagine qu'il s'agit effectivement là d'une manière tout ce qu'il y a de plus inédite de raconter cette histoire qui plus est connue de tous (à moins d'habiter dans une grotte). Néanmoins, je reste intimement convaincue que ce n'était pas la meilleure façon de développer ce type d'intrigue, qui repose à mon sens essentiellement sur une certaine linéarité, un schéma narratif certes très classique avec une chronologie traditionnelle partant d'un point A à un point Z, pour ainsi dire réglée comme du papier à musique, mais qui a cependant su faire ses preuves. Ici, cela aurait selon moi permis de mieux comprendre les relations entre les divers protagonistes et surtout de mieux les ressentir. Ce n'est là que mon humble opinion, mais le fait de n'avoir droit qu'à de simples moments choisis qui se succèdent sans qu'ils ne soient reliés par une réelle continuité, à tout le moins par une continuité immédiate, notre petit cerveau devant d'abord reconstituer le puzzle en rassemblant l'ensemble des pièces pour pouvoir par la suite enfin assimiler les informations qu'on lui a distillé au compte-gouttes, nous empêche véritablement de prendre la pleine mesure des sentiments tout de ce qu'il y a de plus intenses qui unissent les formidables figures de cette folle aventure historique, familiale et romantique. En écrivant cela, je pense notamment aux tandems Jo & Laurie, Laurie & Amy et surtout Jo & Friedrich, dont je trouve l'histoire commune complètement bâclée, ce qui m'a rendu leur amour partagé assez peu crédible, même si je ne vous cache pas avoir versé ma petite larme lors de la déclaration de leurs sentiment amoureux réciproques l'un envers l'autre.
En réalité, ce qui m'a perturbée par dessus tout, ce n'est pas tant l'absence d'authenticité vis-à-vis des émotions véhiculées par le film car elles sont justement d'une sincérité tout bonnement désarmante, mais plutôt un cruel manque d'approfondissement, d'apesanteur concernant les états d'âme et la complicité naissante entre certains personnages. Et ce problème là aurait pu à mes yeux être réglé grâce à une temporalité unique qui aurait ainsi donné lieu à un schéma narratif peut-être simplifié, moins élaboré et brillant d'intelligence et de complexité, mais qui aurait beaucoup mieux rendu justice à la teneur émotionnelle de l'intrigue ainsi donc qu'à la puissance des liens qui se tissent entre certains personnages. Ces relations prennent des années à se construire, des sentiments extrêmement intenses et vrais comme ceux-là ont en effet besoin de tout autant de temps pour bourgeonner, toute cette évolution interne et externe dans le cadre familial et celui du voisinage/ de la communauté s'inscrit dans un cadre spatio-temporel bien précis, assurément rigoureux. Or, j'avais l'impression désagréable en regardant le film que tout allait trop vite (c'est d'ailleurs ce qu'un des personnages déclare à un moment donné : « Tout est allé si vite ») et que cette précipitation, qui ne sied guère ce genre de films/séries period drama dont le corps scénaristique a tendance à s'étaler dans le temps et dans l'espace pour plus de réalisme et d'intensité dramatique, desservait totalement la crédibilité et l'impact global du film.
Pour ne pas conclure sur une note entièrement négative vis-à-vis de la narration des Filles du Docteur March, j'ai tout de même trouvé qu'à certains moments-clés, les parallèles dessinés entre le passé et le présent étaient tout à fait justifiés et mettaient pour le coup véritablement l'émotion de la scène en question au centre de l'attention, ce qui m'a justement tiré parfois une petite larmichette pour parler familièrement tant j'étais bouleversée, pour ne pas dire sérieusement ébranlée, par ce qui se déroulait à l'écran. Une séquence magistrale du film sera même parvenue à me toucher en plein c½ur, au sens tout ce qu'il y a de plus littéral du terme, tant elle m'a semblé avoir été faite pour moi, que ce soit au niveau du message qu'elle fait passer que de la manière dont les deux actrices concernées ont réussi à la porter à bout de bras grâce à leur impressionnante et tout bonnement remarquable performance.
Pour conclure, je dirais donc que Les Filles du Docteur March est un film très touchant et plaisant à regarder, qui va à mes yeux au-delà du simple divertissement sur fond historique. Néanmoins, et comme tant de fois avec les sorties cinéma que j'ai pu faire ces derniers mois (exception faite de Joker, ce pur chef-d'½uvre), il m'a manqué ce petit je-ne-sais-quoi indescriptible qui aurait tout changé. Cependant, cela ne m'empêchera pas de vivement vous encourager à aller le voir et de mon côté, de découvrir les autres longs métrages que Greta Gerwig a pu réaliser ! Il me tarde en effet de désormais découvrir le reste de son travail qui me réserve, j'en suis certaine, de belles surprises ! ★★★★★
Une énième revisite moderne et lumineuse du chef d'½uvre originel mais qui manque cependant d'un petit supplément d'âme pour être véritablement mémorable !
Dimanche dernier, je suis allée voir la nouvelle adaptation des Quatre Filles du Docteur March signée Greta Gerwig. Je remercie pour cela infiniment Lecteurs.com qui m'a fourni deux places de cinéma pour ce film en échange d'une chronique. Place donc à ma critique.
Je me suis rendue à la séance avec ma petite poupée, j'ai nommé ma mamoune chérie, qui affectionne énormément cette histoire, et en particulier la version qui en a été faite en 1994. Pour ma part, je suis moi aussi très attachée à cette réinterprétation à mon sens juste culte de cet immense classique de la littérature jeunesse qui, en réalité, se lit ou se redécouvre à tous les âges. Moi même, je n'ai pas hésité à le dévorer à plusieurs reprises au cours de ma pré-adolescence avec chaque fois le même plaisir non dissimulé.
Vous l'aurez sûrement compris, j'attendais in fine beaucoup de cette nouvelles adaptation des Quatre Filles du Docteur March et je ne vous cache pas que je ressors un tant soit peu déçue de mon visionnage. L'esprit du livre originel est bien là, son essence est parfaitement respectée à mes yeux, les acteurs campent à merveille les différents personnages de cette histoire absolument magnifique, inoubliable et poignante, la bande soundtrack est à certains moments d'une beauté vertigineuse et l'esthétisme du film est à tout point de vue impeccable. En clair, je n'ai clairement rien à redire sur la forme et le fond de ce long-métrage... ou presque.
Pour être tout à fait honnête avec vous, ce qui m'a gênée avec Les Filles du Docteur March, c'est sa narration. Greta Gerwig a pris le parti de commencer en quelque sorte son récit par la fin et ensuite d'alterner tout du long entre fragments choisis de ce qui pourrait être appelé le passé, avec 1864 et la fin de la Guerre de Sécession qui s'amorce, et le présent sept ans après, soit en 1871, dessinant ainsi deux temporalités en apparence bien distinctes mais pourtant ici presque constamment entremêlées. Ce choix de dérouler le fil narratif de cette façon ne me dérange pas le moins du monde habituellement. Je le trouve même extrêmement stimulant pour le spectateur et cela fait montre d'une certaine originalité et ingéniosité de la part de l'équipe scénaristique ; c'est probablement d'ailleurs pour cela que Greta Gerwig a décider d'adopter ce procédé bien particulier : afin de se démarquer de ce qui avait déjà pu être fait du matériel originel des Quatre Filles avec des adaptations à la pelle qu'on ne compte en effet même plus depuis le début du vingtième siècle.
J'imagine qu'il s'agit effectivement là d'une manière tout ce qu'il y a de plus inédite de raconter cette histoire qui plus est connue de tous (à moins d'habiter dans une grotte). Néanmoins, je reste intimement convaincue que ce n'était pas la meilleure façon de développer ce type d'intrigue, qui repose à mon sens essentiellement sur une certaine linéarité, un schéma narratif certes très classique avec une chronologie traditionnelle partant d'un point A à un point Z, pour ainsi dire réglée comme du papier à musique, mais qui a cependant su faire ses preuves. Ici, cela aurait selon moi permis de mieux comprendre les relations entre les divers protagonistes et surtout de mieux les ressentir. Ce n'est là que mon humble opinion, mais le fait de n'avoir droit qu'à de simples moments choisis qui se succèdent sans qu'ils ne soient reliés par une réelle continuité, à tout le moins par une continuité immédiate, notre petit cerveau devant d'abord reconstituer le puzzle en rassemblant l'ensemble des pièces pour pouvoir par la suite enfin assimiler les informations qu'on lui a distillé au compte-gouttes, nous empêche véritablement de prendre la pleine mesure des sentiments tout de ce qu'il y a de plus intenses qui unissent les formidables figures de cette folle aventure historique, familiale et romantique. En écrivant cela, je pense notamment aux tandems Jo & Laurie, Laurie & Amy et surtout Jo & Friedrich, dont je trouve l'histoire commune complètement bâclée, ce qui m'a rendu leur amour partagé assez peu crédible, même si je ne vous cache pas avoir versé ma petite larme lors de la déclaration de leurs sentiment amoureux réciproques l'un envers l'autre.
En réalité, ce qui m'a perturbée par dessus tout, ce n'est pas tant l'absence d'authenticité vis-à-vis des émotions véhiculées par le film car elles sont justement d'une sincérité tout bonnement désarmante, mais plutôt un cruel manque d'approfondissement, d'apesanteur concernant les états d'âme et la complicité naissante entre certains personnages. Et ce problème là aurait pu à mes yeux être réglé grâce à une temporalité unique qui aurait ainsi donné lieu à un schéma narratif peut-être simplifié, moins élaboré et brillant d'intelligence et de complexité, mais qui aurait beaucoup mieux rendu justice à la teneur émotionnelle de l'intrigue ainsi donc qu'à la puissance des liens qui se tissent entre certains personnages. Ces relations prennent des années à se construire, des sentiments extrêmement intenses et vrais comme ceux-là ont en effet besoin de tout autant de temps pour bourgeonner, toute cette évolution interne et externe dans le cadre familial et celui du voisinage/ de la communauté s'inscrit dans un cadre spatio-temporel bien précis, assurément rigoureux. Or, j'avais l'impression désagréable en regardant le film que tout allait trop vite (c'est d'ailleurs ce qu'un des personnages déclare à un moment donné : « Tout est allé si vite ») et que cette précipitation, qui ne sied guère ce genre de films/séries period drama dont le corps scénaristique a tendance à s'étaler dans le temps et dans l'espace pour plus de réalisme et d'intensité dramatique, desservait totalement la crédibilité et l'impact global du film.
Pour ne pas conclure sur une note entièrement négative vis-à-vis de la narration des Filles du Docteur March, j'ai tout de même trouvé qu'à certains moments-clés, les parallèles dessinés entre le passé et le présent étaient tout à fait justifiés et mettaient pour le coup véritablement l'émotion de la scène en question au centre de l'attention, ce qui m'a justement tiré parfois une petite larmichette pour parler familièrement tant j'étais bouleversée, pour ne pas dire sérieusement ébranlée, par ce qui se déroulait à l'écran. Une séquence magistrale du film sera même parvenue à me toucher en plein c½ur, au sens tout ce qu'il y a de plus littéral du terme, tant elle m'a semblé avoir été faite pour moi, que ce soit au niveau du message qu'elle fait passer que de la manière dont les deux actrices concernées ont réussi à la porter à bout de bras grâce à leur impressionnante et tout bonnement remarquable performance.
Pour conclure, je dirais donc que Les Filles du Docteur March est un film très touchant et plaisant à regarder, qui va à mes yeux au-delà du simple divertissement sur fond historique. Néanmoins, et comme tant de fois avec les sorties cinéma que j'ai pu faire ces derniers mois (exception faite de Joker, ce pur chef-d'½uvre), il m'a manqué ce petit je-ne-sais-quoi indescriptible qui aurait tout changé. Cependant, cela ne m'empêchera pas de vivement vous encourager à aller le voir et de mon côté, de découvrir les autres longs métrages que Greta Gerwig a pu réaliser ! Il me tarde en effet de désormais découvrir le reste de son travail qui me réserve, j'en suis certaine, de belles surprises ! ★★★★★
Nanette ♥

Source gif : stardustkylos (tumblr).
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