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FICHE MANGA : Éclat(s) d'âme (T1)

FICHE MANGA : Éclat(s) d'âme (T1)

• TITRE VO : Shimanami Tasogare.
• MANGAKA : Yuhki Kamatani.
• ANNÉE : 2015 (JAPON) ; 2018 (FRANCE).
• GENRE (S) : Contemporain.
• THÈMES : Communauté LGBT+, homosexualité, tentative de suicide, mal-être, s'accepter, s'assumer, homophobie, discrimination, cruauté de la société, différence, tolérance, bienveillance, chaleur, dépression, malheur, envie d'être heureux, amitié, compréhension, drame, harcèlement moral, psychologie, tranche de vie...
• PAGES : 178.

« Deux jours avant les vacances d'été, je crois que... je suis mort. » C'est ce qu'a pensé Tasuku le jour où un de ses camarades de classe lui a piqué son smartphone, alors qu'il était en train d'y regarder une vidéo porno gay. La rumeur s'est répandue comme une traînée de poudre. Tasuku pense d'abord à se suicider, ne pouvant supporter cette réalité dont il n'avait pas encore complètement conscience lui-même, mais aussi par peur du regard de la société. Pourtant, alors qu'il s'apprête à sauter dans le vide, il aperçoit, au loin, une mystérieuse silhouette de jeune femme qui le devance et... saute dans le vide ?! Intrigué, terrorisé, il s'élance vers l'endroit d'où elle a sauté. Il y découvre, stupéfait, que la personne qu'il a vu de loin est encore en vie, et qu'elle est la tenancière d'une sorte de résidence associative, véritable safe space où se réunissent diverses personnes LGBT. De rencontre en rencontre, le jeune lycéen va apprendre à se connaître, à s'accepter, et trouver sa place dans le monde.

ஜ MON AVIS :

Tout d'abord, je tiens à remercier du fond du c½ur les éditions Akata. Cet envoi me touche profondément.

« (Elle aurait pu me proposer une glace, franchement...) »
- La morfale qui est en moi a ressenti cette indignation au plus profond de son être, lol. -

Je n'entendais que du bien de cette nouvelle parution Akata depuis sa sortie en février dernier. Et effectivement, je n'ai pas été déçue de ce titre que j'attendais de pouvoir lire de pied ferme. Encore une fois, les éditions Akata nous proposent un objet-manga et un contenu de qualité. Leur catalogue, quelque soit le lectorat visé, est tourné vers la différence, la tolérance, l'amour de soi et de l'autre. Dans cette histoire, on va suivre Tesuku, un lycéen tout ce qu'il y a de plus ordinaire jusqu'au jour où ses amis/camarades de classe le prennent "la main dans le sac" comme on dit, à regarder une vidéo porno gay. Ce coming-out des plus abjects et cruels va plonger notre jeune héros, qui jusqu'alors ne voulait pas s'avouer à lui-même son homosexualité enfouie au plus profond de lui, dans le plus grand désarroi et désespoir. En constatant avec aberration les brimades, le mépris le plus total et la violence verbale dont il fait l'objet, il va se faire le Saint-Pierre des homosexuels en reniant sa véritable orientation sexuelle puis va songer à se supprimer à la pensée qu'il ne sera jamais accepté tel qu'il est. C'est alors qu'un événement des plus étranges, mais également porteur d'espoir, va se produire...

Tesuku est un personnage principal qui m'a énormément émue et qui connaît déjà une belle évolution dans ce premier tome : alors qu'au départ, il renie qui il est car sinon il sait qu'il sera traité en tant que paria, au contact des personnes qu'il rencontre dans le salon de discussion, il va retrouver foi en l'humanité petit à petit et réaliser quel est son souhait le plus cher : celui d'aimer un homme pleinement et de ne pas s'en cacher. De quel droit se permettrait-on de juger sa conception du bonheur et de la lui retirer ? *écrit cela avec de petites perles aux coins des yeux*

« Elle a dit ça avec une telle nonchalance que ça m'a sonné... Et j'ai fait une sorte de rêve éveillé. Elle est vraiment étrange... "notre hôte ?" Qui est-elle, au juste ? »

L'élément fantastique de cette intrigue très tranche-de-vie et réaliste réside dans le personnage central et énigmatique de la Gérante, celle qui a permis la création de cet "havre de paix" pour les personnes faisant partie de la communauté LGBT+. On ne sait pas qui elle est, elle se montre très distante et détachée, presque inaccessible et insaisissable, et on ne sait pas non plus quelles sont ses motivations. Elle est là sans véritablement être là, elle est déstabilisante et cela peut autant agacer que subjuguer. En tout cas, j'espère que le mystère de la Gérante durera et s'étirera dans le temps dans l'intrigue, juste pour le plaisir de savourer de se triturer le cerveau avec cette question encore sans réponse : Who is she ?

« Quitte à tout démolir, je préfère le faire moi-même ! »

Alors que le désemparé Tesuku va chercher des réponses et une oreille attentive auprès de "leur Hôte", c'est in fine Miss Daichi qui va le prendre sous son aile. J'admire profondément cette jeune femme car elle a décidé de prendre le taureau par les cornes et de ne pas repousser qui est elle et qui elle aime à plus tard. Elle le vit et elle l'assume MAINTENANT. Je lui tire mon chapeau car cela demande un sacré courage.

Ce que j'ai trouvé tout particulièrement intéressant dans ce manga, c'est la pluralité de l'acceptation de l'homosexualité par ceux qui la vivent que dépeint la mangaka, qui s'identifie elle-même comme étant une personne X-gender. Par exemple, Saki, la femme de Miss Daichi, est "seulement" un niveau juste au-dessus de Tesuku en ce qui concerne le fait de s'assumer pleinement en tant que lesbienne : d'apparence douce et effacée, même si elle peut vivre avec l'élue de son c½ur, Saki renferme une rage bouillonnante en elle. Elle se sent comme une anomalie et ne supporte pas l'idée de devoir justifier qui elle est en faisant autant d'efforts pour que la société ne la regarde pas d'un ½il trop critique. Selon elle, si les hétérosexuels n'ont pas à faire leur coming out, pourquoi les homos/lesbiennes/bi/trans auraient à exposer et dévoiler ainsi leur vie privée aux yeux de tous ? Je ne peux que comprendre sa révolte face à cette injustice criante.

Ainsi, la mangaka dépeint déjà dans ce tome d'introduction trois grandes réactions face à l'homosexualité : le déni, l'enthousiasme et la détermination farouche de se battre quotidiennement pour être qui l'on est, et la colère dévastatrice de se voir coller une étiquette sur le front et de devenir une bête de foire aux yeux des autres, cette société pourrie, noircie par l'amertume et la cruauté.

Yuhki Kamatani s'inspire également d'auteurs/cinéastes pour véhiculer ses messages et enrichir et illustrer son univers, ses trois essentielles influences étant l'incontournable Tim Burton, la légende japonaise Kenji Miyazawa (Train de nuit dans la voie lactée, qui a inspiré le merveilleux film d'animation L'île de Giovanni - ainsi qu'une adaptation animée éponyme culte des années quatre-vingt), ou encore Michael Ende, l'auteur allemand d'un de mes romans favoris de tous les temps, L'Histoire sans fin. Que de bons points pour Yuhki Kamatani, dont les excellentes influences se ressentent déjà dans ce premier tome d'une nouvelle série dans son trait de crayon et dans la façon dont l'univers s'étend sous nos yeux. C'est d'une mélancolie presque magique, d'une grande justesse et volonté de dénonciation. C'est sincère, pur, poétique et ça nous transporte et nous foudroie en plein c½ur, autant dans le fond que dans la forme. J'ai hâte de continuer cette saga, autant pour son graphisme d'une simplicité douce, réconfortante et visuellement agréable que pour son contenu qui possède la force d'un coup de poing en plein ventre, ou d'un mur qu'on abat de façon irréparable.

« Je... J'aime les femmes. Il fallait que je vous le dise... Pas demain, ni dans dix ans... Je veux que vous sachiez qui je suis... »

Il me tarde de découvrir les autres personnages qui fréquentent le lieu unique en son genre qu'est le salon de discussion. Je me sens déjà comme chez moi au sein de cet endroit chaleureux et qui nous redonne l'opportunité de se pardonner, de se montrer son amour à soi-même et d'être heureux auprès de personnes qui nous comprennent et qui nous soutiennent. J'ai notamment hâte d'en savoir plus sur Monsieur Tchaïko (pour l'illustre compositeur de musique classique Tchaïkovski, il a très bon goût déjà), le doyen du salon, qui est si serviable et accueillant, je l'adore ! Je suis toute excitée de découvrir sa background story, je suis impatiente ! ♥

En clair, je ne peux que vous recommander cette nouvelle pépite parue aux éditions Akata, qui font une fois de plus mouche. C'est beau, c'est d'une intensité émotionnelle dingue, ça nous parle, ça nous touche, et ça nous remue... Qui plus est, je viens d'apprendre qu'une partie de l'argent (5%) récolté par la vente du tome deux (qui sort tout bientôt, si ce n'est pas déjà le cas, kiyaaaa !) sera reversé à une association qui lutte pour les droits de la communauté LGBT+, SOS Homophobie, jusqu'au 30 septembre, et je trouve cette initiative excellente ! Alors, foncez ! ♥

Nanette ♥

« C'est tout simple. Je voudrais vivre heureux avec la personne que j'aime. Rien de plus. C'est tout ce que je demande. Qu'y a-t-il de mal à ça ?! (Je voudrais hurler de toutes mes forces... Comme si j'en étais capable...) »


FICHE MANGA : Éclat(s) d'âme (T1)

COUP DE COEUR ♥

Cette boule de chaleur que j'ai ressentie tout au long de ma lecture, c'est de l'amour à l'état pur ♥
- Allez voir ce sketch by the way, ça vous fera sentir comme un Bisounours, huhu ! -

✓ - La façon dont Yuhki Kamatani traite de l'homosexualité : avec profondeur, justesse, sensibilité, réalisme et subtilité. La mangaka n'apporte aucun jugement : elle ne fait que dépeindre des êtres humains plongés dans les eaux troubles de leurs sentiments.
- Les personnages, auxquels on ne peut que s'identifier : ils sont touchants, font preuve de solidarité, d'optimisme, de générosité et d'amour, mais ils ont aussi leur part d'ombre, de mystère et de souffrance.


✗- L'imbécillité crasse de la bêtise et de la cruauté humaine. Ce n'est pas de la faute de Yuhki Kamatani, bien entendu, qui rend néanmoins ça avec une authenticité flagrante...
Tags : Fiche manga, Éclat(s) d'âme, Yuhki Kamatani, Editions Akata, 2018, Contemporain, Communauté LGBT+, homosexualité, tentative de suicide, mal-être, s'accepter, s'assumer, homophobie, discrimination, cruauté de la société, différence, tolérance, bienveillance, chaleur, dépression, malheur, envie d'être heureux, amitié, compréhension, drame, harcèlement moral, psychologie, tranche de vie, coup de coeur ♥
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#Posté le samedi 05 mai 2018 15:20

Modifié le lundi 28 mai 2018 15:44

FICHE LECTURE : Si c'est pour l'éternité

FICHE LECTURE : Si c'est pour l'éternité

• TITRE VO : Thanks for the Trouble.
• AUTEUR : Tommy Wallach.
• ANNÉE : 2016 (GRANDE-BRETAGNE) ; 2018 (FRANCE).
• GENRE (S) : Objet-livre non identifié.
• THÈMES : Immortalité, étrangeté, amour, péripéties, deuil, mal-être, traumatisme, drame, éternité, jeunesse, adolescence, amitié, perte, avenir, espoir, vie, mutisme, repli sur soi, confiance, émerveillement, aventure, courage, singularité, rencontre, adrénaline, changement, dépression, anxiété, suicide, folie, mensonge, amitié, pardon...
• PAGES : 320.

DES 14 ANS - 16, 95¤.

Et si vous tombiez amoureux d'une immortelle ?

ENCHANTE. MOI, C'EST PARKER.

J'ai 17 ans, je suis moyennement mignon et j'aime sécher les cours pour traîner dans les halls des hôtels chics de San Francisco. J'en profite pour perfectionner mes techniques de pickpocket.

Ah, et je n'ai pas prononcé un mot depuis la mort de mon père, il y a 5 ans.

Voilà, vous savez (presque) tout.

Mais laissez-moi vous raconter l'événement le plus marquant de mon existence : ma rencontre avec Zelda Toth et ce jour où j'ai décidé de tout faire pour lui redonner goût à la vie.

Un narrateur masculin attachant, porté par un ton et un humour corrosif. Un récit qui tient en haleine et qui fait douter du dénouement jusqu'à la dernière page.

L'AUTEUR : Tommy Wallach est un écrivain et auteur-compositeur. Il est originaire de Portland et vit aujourd'hui à Brooklyn. Son premier roman, Si c'est la fin du monde (Nathan, janvier 2016) a été traduit dans une dizaine de langues. Si c'est pour l'éternité est son deuxième roman.


ஜ MON AVIS : Ou quand une fille vraiment pas comme les autres débarque dans votre vie pour tout y chambouler...

Tout d'abord, une fois n'est pas coutume, je remercie du fond du c½ur les éditions Nathan pour cet envoi, ainsi que pour tous les autres reçus ces derniers temps. C'est tellement merveilleux que je me crois être une gamine ouvrant ses cadeaux de Noël à chaque fois. Cette confiance que placent en moi diverses maisons d'édition m'émeut au plus profond et m'honore grandement, je tenais à le rappeler une fois de plus.

Mais cessons cette sentimentalité dégoulinante de bons sentiments (qui n'en restent pas moins sincères) pour nous concentrer sur le vif du sujet. Cependant (comment je détourne votre attention en cinq secondes chrono), dans un premier temps, regardez moi cette couverture : n'est-elle pas d'une beauté sans pareille ? Pour une fille comme moi qui a le regard accroché dès qu'elle voit quelque chose de délicieusement rétro, c'était une sacrée aubaine.

Si cette tapisserie en arrière-plan vous rappelle celle détestable et old-fashioned de l'intérieur de vos grands-parents, moi, elle m'a directement happée dans cet univers d'hôtels californiens (Non, ne vous mettez pas cette chanson dans la tête à cause de moi !) datant du début vingtième qui ont l'air de receler de mystères ; façon American Horror Story - Hotel mais sans les meurtres et les fantômes ; et qui ont su conserver leur charme d'antan imparable.

Et cette grande élégance presque majestueuse se dégage également fortement du personnage principal de cette histoire improbable, mais à laquelle j'ai cru jusqu'au bout des ongles et du parcours, à savoir : Zelda Toth, qui se prétend immortelle depuis presque deux cent cinquante ans. Non, non, je n'invente rien. Cette fille, cette nana super géniale que j'adore du plus profond de mon petit c½ur pour son côté bizarroïde et toutes les anecdotes passionnantes qui sortent de sa bouche dès qu'elle parle, est vraisemblablement celle qui crève l'écran d'encre et de papier au cours de cette virée, au savant goût d'adolescence et donc d'âge ingrat, rocambolesque, qui n'aura duré qu'une poignée de jours.

On a beau nous le remettre en mémoire au cours du découpage des chapitres en grosses lettres bien grasses et bien évidentes à remarquer, moi, en lisant ce roman, j'avais plus l'impression de connaître Zelda, l'immortelle sans qu'on sache véritablement comment (pour ceux qui crissent les dents à l'idée de "vampire", pas d'inquiétude donc), depuis des années et de l'avoir suivie jusqu'au bout du monde dans sa cavalcade depuis bien plus longtemps que la durée d'un "simple" long week-end.

Car ici, ce sont bien quatre jours de pure folie que nous fait vivre l'auteur. Et quel tourbillon de décadence et de bonheur éphémère et délicieux au sein de la si belle ville de San Francisco, elle aussi personnage-clé de l'histoire, vibrante de vie et qui va prendre les personnages par la main et les accompagner jusqu'à la fin inéluctable de cette incroyable virée shopping, cinéma avec bagarre en prime à la machine à pop-corn pour pimenter votre séance, Golden Gate Bridge (lieu incontournable bien entendu) ou encore préparation de dossiers de fac à la bibliothèque du lycée même un dimanche !

Oui, on se demande ce que cette activité saugrenue vient faire dans le programme de rêve de nos deux ados paumés et en quête de LA chose qui donnerait envie de vivre pour toujours, sans jamais lasser. C'est ça qu'est capable de pondre Zelda de son esprit si cultivé et altruiste, profondément humain après tout ce qu'elle a traversé, vécu intensément, l'amour comme les guerres et le chagrin.

C'est un personnage au lourd passif et à l'expérience de vie qui impressionne et qui enrichit votre réflexion sur le sens de votre existence et ce que vous souhaitez en faire. Zelda vous fait reprendre votre vie en main et y apporte couleurs, exubérance et gaité sans en attendre la pareille car elle en a assez vu et c'est la touche finale, la cerise sur le gâteau au spectacle théâtral de son existence, digne du personnage qu'elle s'est forgé, avec sa longue chevelure argentée, sa façon de s'exprimer et d'être à la Zelda Fitzgerald, née Sayre, son accent sudiste qui sonne de façon exquise à mes oreilles dès que je l'entends et la façon dont ses yeux et tout ce qui la constitue brillent et vibrent à l'idée de vivre une adolescence 2.0., bien loin de l'année 1770 où elle est née.

Et Parker Santé (belle trouvaille pour le nom de famille !) n'est pas en reste non plus. Nous aussi, simples mortels, nous pouvons nous révéler intéressants. Ce garçon nonchalant, je-m'en-foutiste à l'extrême et voleur à ses heures perdues peut vous sembler très antipathique et fade face à la magnifique Zelda qui rayonne sur chaque personnage qu'elle rencontre (le lecteur y compris) de prime abord mais, pour ma part, je me suis instantanément attachée à lui, dès les premières pages, lors de cet instant mémorable et gravé dans les annales où, assis seul comme un imbécile à une table d'hôtel en buvant un café noir sans sucre, car la vie est déjà bien assez mièvre et édulcorée comme ça sans en devoir en rajouter, il vit une fille de son âge incarnant la tristesse parfaite, l'exprimant de tout son être, tous ses pores la laissant transparaître, sortir une liasse de billets verts avec Benjamin Franklin dessiné dessus et vous narguant de loin.

Et elle arrive à oublier la fameuse liasse sur sa table. Si ce n'est pas une invitation à profiter de cet argent avec elle, alors je ne sais pas ce que c'est. Cette scène d'intro et tout ce qui va en découler peut sembler digne d'un film, complètement fictif de bout en bout, mais le fait d'avoir vécu tout cela avec ces deux personnages si bien assortis, si étonnamment complémentaires, deux personnalités bien trempées et si uniques, dans le contraste saisissant entre eux, qui s'apportent énormément de soutien l'un à l'autre, ça m'a fait d'autant plus adhérer à cette histoire qui, sous son apparence fantastique qui peut sembler assez incongrue, mais en réalité parfaitement justifiée, traite de sujets très sérieux et qu'il est toujours difficile d'aborder, et ce à n'importe quel âge : la dépression, celle de la mère alcoolique de Parker, qui vit continuellement dans les souvenirs heureux du passé, et de ce dernier, enfermé dans l'action d'écrire, qui le relie à feu son père écrivain de profession ; le suicide, cette envie qui pousse Zelda à quitter ce monde une fois que sera mort son second mari, Nathaniel, qui, lui, est mortel, je le précise ; et enfin bien sûr le deuil de ceux qui nous sont chers.

J'ai trouvé que Tommy Wallach a réussi à faire cela de façon remarquable, incroyablement ingénieuse et originale. D'une part, il fait parler directement son jeune héros à travers la narration, qui nous immerge dans le dernier carnet en date de Parker, aligneur de mots professionnel depuis qu'il a pris la décision de ne plus parler, qui décide de nous faire part de l'événement le plus marquant de sa vie (et quel événement !). S'ajoute à cela des récits, des petites nouvelles nées de l'imagination épatante de Parker, qui sous-estime beaucoup trop son talent.

Avec Zelda pour muse et mécène, il invente des courtes histoires des temps anciens des chevaliers, des royaumes lointains et des créatures magiques peuplant les bois dignes des contes de fées de notre enfance. D'ailleurs, à bien y réfléchir, ce roman a clairement l'apparence d'un conte, à la saveur douce-amère splendide et qui nous balance notre c½ur en boule dans un coin, empli de sentiments différents à la fin de ce voyage presque hors du temps. Néanmoins, tout cela est fait avec une grande douceur à la texture de cocon douillet. Je peux donc sans conteste qualifier cette parution de lecture doudou, de livre de chevet dont je ne veux pas me séparer.

Qui plus est, la plume de ce jeune écrivain en herbe est mordante, cynique à souhait, très humoristique et pleine d'auto-dérision, agréable à lire et amusante, vu que Parker ne cesse d'insérer son ressenti direct sur ce qu'il nous raconte entre parenthèses, presque comme des didascalies de pièce de théâtre, ce qui nous donne un récit extrêmement dynamique, vivant et captivant, où le personnage laisse bel et bien sa propre empreinte. « All the world's a stage / And all the men and women merely players, [...] » comme le disait si bien l'ami Shakespeare, et je suis sûre que Zelda et Parker auraient approuvé cette citation. Oui, oui.

Quant aux paroles de sagesse et de réflexion sur la vie et la mort et les "désagréments" encourus entre les deux, là, c'est Zelda qui s'en charge. Dès que ses somptueuses lèvres (c'est pas moi qui le dis !) s'entrouvrent, que ce soit face à Parker et à ses camarades de classe, que j'ai adorés eux aussi et qui vont apprendre à mieux connaître ce dernier et à devenir ses amis grâce à cette drôle de fille au charisme dingue et qui est la classe incarnée, ou bien encore face à la mère de notre chouchou, complètement à la dérive au vu de sa façon de percevoir le monde (on est tous un peu largués à ce niveau-là je pense), ce sont des propos lucides et percutants qui en sortent, qu'on se prend en pleine figure tel un enfant qui se ferait sermonner par sa maman et dont on tire de sacrées leçons.

« Imaginer ses parents jeunes, c'est un peu comme penser que Winnie l'Ourson fait caca : c'est gênant. »


En bref, je ne peux que vous encourager à ouvrir ce roman et à le laisser vous emporter. La plume accrocheuse et inventive de Tommy Wallach fera opérer sa magie. Moi qui n'ai pas lu son premier roman, dont les avis dithyrambiques à son propos sont très alléchants, Si c'est la fin du monde, maintenant que j'ai découvert la plume et l'imagination foisonnante et excitante de cet auteur, j'en veux encore !

En attendant impatiemment le troisième roman qui naîtra de sa tête regorgeant de jolies surprises, je vais me rassasier avec ce premier best-seller, qui me fait encore plus de l'½il qu'avant. En tout cas, pour parler de ce avec quoi je suis déjà familière, je vous recommande mille fois Si c'est pour l'éternité ou Thanks for the trouble en anglais.

Effectivement, ça valait bien la peine de se déranger pour lire cet ouvrage, d'accorder du temps à cette pépite d'or qui m'a rendu le c½ur plus léger avec cette plume explosive et cet humour qui m'a définitivement conquise, et plus lourd tout à la fois, avec cette histoire d'amour, cette rencontre incroyable de deux destins de personnages extraordinaires, qui va bien au-delà du romantisme bafouillant et mignon dans ses imperfections flagrantes des adolescents, qui nous dépasse et qui nous fend le c½ur en deux tout comme elle nous éblouit grâce à sa sincérité touchante et ses confidences désarmantes. Et je peux vous l'assurer, mon histoire d'amour avec ce livre durera pour l'éternité, c'est certain ! COUP DE COEUR ♥


« Je vais te confier un secret, Parker : on ne cesse jamais de se sentir jeune. On a beau avoir un travail, une vie de famille, une maison, l'âge adulte nous apparaît toujours comme un grand mystère. Nous faisons tous semblant de grandir. Sais-tu quel est l'objet le plus cruel jamais inventé ? (J'ai fait non de la tête.) Le miroir. Parce qu'il brise l'illusion. »
Tags : Fiche Lecture, service de presse, éditions Nathan, Tommy Wallach, Si c'est pour l'éternité, Thanks for the Trouble, 2018, Immortalité, étrangeté, amour, péripéties, deuil, mal-être, traumatisme, drame, éternité, jeunesse, adolescence, amitié, perte, avenir, espoir, vie, mutisme, repli sur soi, confiance, émerveillement, aventure, courage, singularité, rencontre, adrénaline, changement, dépression, anxiété, suicide, folie, mensonge, pardon, coup de coeur ♥
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#Posté le dimanche 18 février 2018 16:29

Modifié le mercredi 10 juillet 2019 05:54

FICHE LECTURE : Fille de sang

FICHE LECTURE : Fille de sang
• AUTRICE : Arounwadi.
• ANNÉE : 1997 (THAÏLANDE) ; 2015 (FRANCE).
• GENRE(S) : Horreur psychologique.
• THÈMES : Drame, noirceur, traumatisme, enfance déchue, maltraitance, violence, sang, désarroi, environnement malsain, drogue, seringues, mal-être, pulsions suicidaires, haine, Thaïlande...
• PAGES : 224.

Une jeune provinciale d'à peine vingt ans paie le prix d'une enfance et d'une adolescence misérables.
Pour se venger des sévices, privations et humiliations qu'elle a subis, pour implorer des bribes de tendresse de la part de parents qui rejettent son amour ; son père militaire qui la répudie ou, au mieux, la brutalise ; sa mère, qui change d'homme comme de sarong et se défoule sur elle de ses frustrations ; et par esprit d'autodestruction et en se calquant sur la cruauté ordinaire du monde rural qui l'entoure envers les animaux domestiques : de dope en perf, de fil en aiguille, cette provinciale joue avec son sang. Un récit peuplé de types humains criants de vérité. Un texte dérangeant, au style musclé, au verbe dru, qui donne de la Thaïlande de tous les jours une image authentique à mille lieues des clichés touristiques.

L'AUTRICE : Arounwadi n'avait pas tout à fait vingt et un ans lorsqu'elle a publié ce premier roman, en 1997. Enseignante dans une organisation d'aide aux anciens combattants, à Bangkok, elle a depuis écrit une douzaine d'ouvrages.

ஜ MON AVIS :
Cette chronique sera très particulière. Tout d'abord, un grand merci aux éditions Gope de m'avoir fait cette recommandation de service de presse. Alors que je leur avais suggéré un autre ouvrage, ils ont su cerner mes attentes de lecture et m'orienter vers ce titre, qui célèbre cette année ses vingt ans. Un anniversaire sous le signe du macabre et de la désolation la plus totale. En 1997, Arounwadi, jeune Thaïlandaise de vingt-et-un ans à peine, trouve le courage au plus profond d'elle-même de faire publier son texte, intitulé Fille de Sang (écrit en quinze jours en plus, omg). Je n'ose imaginer à quel point sa rédaction a dû être laborieuse et assimilable à un chemin escarpé aux rochers saillants telles des lames de couteau bien aiguisés. Lorsque je me disais que cette autrice avait seulement un peu plus que mon âge, à cette époque lointaine où je n'étais pas encore conçue, quand elle a eu l'audace, la force d'âme et le cran de faire paraître ce roman glaçant et à l'impact d'un coup de poing en pleine figure, je peinais à y croire. C'était inouï. Je remercie encore une fois sincèrement Gope d'avoir eu du flair, et un sacré, en me proposant cette parution avec moins de testostérones et une vision plus d'âge mûr, mais qui n'a pas manqué de me provoquer des sueurs froides, qui ne me quittent plus. Âmes sensibles s'abstenir, vous êtes prévenus.

Ce livre, c'est l'histoire d'une Thaïlande cachée derrière un sourire. Un sourire figé, qui devient vite fat, aigre, qui suppure l'hypocrisie et une réalité que l'on ne soupçonne même pas d'exister. En parcourant cette intrigue de bout en bout, j'ai eu la sensation qu'il s'agissait d'une jeune femme au sortir de l'adolescence, fantôme de l'Arounwadi de 1997, d'une génération antérieure, qui s'adressait directement à une autre jeune femme au sortir de l'adolescence, en l'occurrence moi, votre dévouée Servante. La connexion s'est instantanément établie entre la fille au c½ur fissuré, qui a saigné des larmes douloureuses pour donner corps à son roman, et entre celle dont l'organe vital est encore intacte, innocent, pur, mais plus pour très longtemps. En effet, Fille de Sang fait partie de ces lectures qui ne vous laissent pas indemnes. On en ressort hébété, changé à tout jamais, le prisme à travers lequel je voyais l'existence s'est terni et s'est taché de gouttes de sang rouille, dont la saveur salé s'est évaporée à force de sécher, réminiscence d'un mal-être insoutenable. Chaque page m'a fait mal, m'infligeait une souffrance supplémentaire. Deux cent vingt, c'était bien assez pour le calvaire. Calvaire nécessaire cependant, vous noterez bien. J'ai eu mal à mes veines, et je vous le dis de façon très juste.

Comme toujours quand je commence la lecture d'un énième ouvrage de ma Pile à Lire longue comme mon bras (quoique, j'avance bien, je suis fière de moi), prends un plaisir qui m'est propre à analyser les premières de couvertures AVANT et APRES ma lecture. Vous vous en doutez, le après est particulièrement intéressant car il éclaire la couverture d'un jour nouveau. Ici, le gris est une couleur qui s'impose, qui prédomine : toute l'atmosphère du roman en est imprégnée de la première ligne jusqu'à la dernière, à tel point que je me suis rendue compte avec pertes et fracas que durant toute cette aventure livresque, j'avais l'impression que la pluie me tombait dessus sans arrêt, ou bien que le ciel était d'un gris opaque déprimant, ne laissant jamais le soleil bienveillant de sa chaleur percer. D'ailleurs, à un moment de l'histoire, l'héroïne, dont on ne connaîtra jamais le nom (est-ce pour créer une meilleure connivence avec le vécu de l'autrice elle-même ?), a l'impression qu'un soir de pluie, cette dernière fait exprès de concentrer toute son averse sur elle, la transperçant jusqu'aux os. Cet effet de froid, d'inconfort, d'abandon et de destin qui s'acharne sur vous sans vous octroyer ne serait-ce qu'une parenthèse de répit, cet effet-là va perdurer au fur et à mesure qu'on va suivre l'héroïne face à ses humiliations et maltraitances constantes, jusqu'à sa descente aux enfers qui va être la goutte de sang qui va faire déborder le vase.

Les ratures en noir, qui donnent à la couverture un aspect négligé, presque comme si on avait voulu la saccager de rage ou en cacher le motif, représentent la peau de l'héroïne saturée de piqûres d'aiguilles, de sang versé, de coups donnés à ce corps habité d'un esprit malingre et ingrat, cette enveloppe corporelle expulsé par la mère, la mère malade d'avoir donné la vie à un petit corps parfaitement formé qui ne lui a pas laissé l'opportunité de le tuer dans l'½uf grâce à l'avortement. Ce corps normalement constitué, presque beau, que la vie lui a donné, notre jeune fille va tout faire pour le détruire, en faire sortir un flot continuel de sang, source de sa joie. Elle va lui faire des injections, lui faire fumer de la hasch et cigarettes sur cigarettes. Après tout, ce corps est complètement non désiré de toute part au sein de la famille, elle, son propriétaire, en tête de peloton, alors à quoi bon ? Les cheveux relevés en chignon, les oreilles et les doigts un tant soit peu sertis d'ornements afin de se voiler la face à l'école secondaire, d'arborer un semblant de normalité, notre narratrice a grandi avec un vide au fond du c½ur. Un vide ayant besoin d'être comblé. De sang. Une fosse s'est creusée au fil des années et est devenue une abysse, faisant place nette à des méandres de noirceur, d'amour non-réciproque, d'un noyau familial disloqué et malsain jusqu'à la racine, d'une place dans ce bas monde vacillante, voire nulle et non avenue. La narratrice manque, à chaque pas qu'elle entreprend sur cette terre, de vaciller, de tomber dans le gouffre de ses angoisses, dans le Néant avec rien derrière le rideau noir qui le recouvre. J'ai par ailleurs senti mes propres pieds partir en vrille, mes orteils me titiller face au danger imminent et qui s'ouvrait telle une gueule du loup. Ce qu'il manquait à notre jeune personnage en perdition, c'est une branche à laquelle se raccrocher à la vie, à un espoir sous-jacent et qui donne la force d'avancer. Seulement voilà, l'arbre est pourri, ses fruits rongés de vers et moisis, ses branches pendantes et sans la moindre feuille, comme sur la couverture. Un arbre né de la graine de la haine, de l'indifférence et de l'ignominie. Comment croître sur un sol stérile, aride de compassion, de tendresse et d'un brin d'humanité ? Ainsi, notre héroïne a évolué au milieu des mauvaises herbes, malveillantes, grinçantes, racornies et qui vous donnent de l'urticaire. A quoi cela sert-il de vivre, dès lors ?

Je vous pose la question car elle ne cesse de me hanter l'esprit depuis que j'ai refermé ce livre sur un son sourd, résonance de la vie dénuée de tout moment de bonheur, de sérénité et de réconfort de son personnage principal. Je me suis sentie pénétrer dans sa peau, entrer dans sa tête. J'ai senti les coups donnés à répétition, comme autant de cris de rage, de désespoir, de révolte face à cette vie injuste et compliquée, qui n'en fait qu'à sa tête, et qui nous laisse toujours mal accompagné, que ce soit par les autres autant que par soi-même. Ces gifles, ces poings valdinguant qui martèlent le corps, qui prend alors la couleur bleutée d'un Schtroumpf, ces cheveux pris par poignées par une main de fer pour vous traîner sur le sol telle une poupée de chiffon, ces coups de bâtons rêches et cinglant votre visage d'une marque rouge indélébiles, autant de gestes qui comportent une lassitude pesante envers cette vie, ces personnes qui vous environnent, qui ont comme un goût de lait caillé, ou plutôt de sang tout frais qui sort de la source. Vous vous forcez à le boire, ce sang immonde, car la douleur est la seule chose qui vous permette d'éprouver encore votre existence. Pour elle, vous vous devez de le faire. Sinon, qu'adviendrait-il de vous ? A quoi cela servirait-il de vivre, bon sang ? Pour citer l'autrice, on peut lire sur la quatrième de couverture : « La douleur fait partie de la vie, elle n'est nullement un divertissement de l'âme. » La douleur mérite d'être ressentie et exprimée. "That's the thing about pain. It demands to be felt.", comme le dirait un de mes auteurs favoris, John Green. Aux yeux de la narratrice de cette désastreuse aventure, cette peine infligée à son corps d'en extraire le sang, comme on extrairait la graisse d'un animal pour l'utiliser, afin de se divertir la vue et d'appliquer un baume à son c½ur meurtri, en réalité cela est indissociable de son être, de sa façon de vivre et de concevoir la vie.

Malgré les brimades qu'elle subit et qui pourraient nous faire courber l'échine dès le premier manque d'affection, la remarque blessante ou le silence assourdissant de mépris et de ranc½ur, l'héroïne ne va jamais véritablement en vouloir à ses proches. Certes, elle va vouloir à tout prix comprendre la raison perverse du chagrin perpétuel qu'est son cheminement sur cette planète si grande et pourtant si étriquée à travers ses yeux au regard entièrement différent du nôtre, elle va ressentir de la colère, de la jalousie, du désarroi, une envie ardente de hurler de tout son soûl pour briser les barricades érigées entre elle et le monde entier, cette paroi qui la sépare de ses proches et de tous les autres, comme si elle n'était qu'un esprit égaré. Cependant, toute cette amertume va se retourner contre elle-même. C'est elle qu'elle déteste par-dessus tout, qu'elle ne peut pas voir en peinture, qui lui donne la nausée. Source de cette impériale affliction permanente. Alors qu'au cours de ma lecture, je tempêtais contre ce père abjecte, qui a autant de maîtresses que de chemises, personnification même de la violence et de sa stupidité hors normes, esprit cruel et buté, qui n'a jamais voulu reconnaître son second enfant, l'empêchant de ne pas être orphelin de père, croyant lui faire une faveur en l'élevant après une dizaine d'années d'existence, couvant l'aînée, la s½ur hermétique et déjà loin, yo-yo continu, de baisers, caresses et autres marques de tendresse suffisant à vous combler ; contre cette mère, qui soi-disant se bat contre vents et marées pour son vilain petit canard en lui procurant de l'argent par le biais d'hommes au masochisme exacerbé ou à la gentillesse trop latente et encline à la faiblesse, cette mère qui n'a jamais donné de véritable câlin à son enfant, ne l'a jamais serré contre son c½ur, lui fait des scènes de ménage grotesques et à peine crédibles afin de tout ramener à elle et de se convaincre qu'elle est une bonne mère. Je hurlais face à ces imbéciles, qui n'ont pas un seul instant ouvert les mirettes face au spectacle navrant de leur enfant malade, malade de vivre, au c½ur exsangue de n'avoir jamais été aimé et entendu, au sang drainé comme autant de petits morceaux de son âme. J'aurais voulu me jeter au cou de la narratrice, l'entourer de mes bras frêles et tremblotants au vu de cette situation révoltante et crève-c½ur. Lui dire qu'on va prendre soin d'elle et de son âme cassée, de ses pensées tordues, perverties par l'amour du sang qui s'égraine, qu'on va enfin l'aimer de toutes nos forces, ne pas l'abandonner à elle-même et lui rejeter sans arrêt la faute. Malgré ce qu'elle a enduré, elle ne cessera jamais d'aimer ce père indigne, d'honorer sa personne, de le contempler avec déférence comme tout enfant qui se respecte. Elle voudra protéger sa mère des injures et commérages des vilaines gens du coin. Alors que ces deux piliers de la vie d'un enfant constituent autant de lianes glissantes, empoissonnées d'un venin mortel et dont on devrait éloigner toute idée de leur faire confiance, de s'y reposer et d'y accorder notre foi, elle s'y accrochera d'une force redoublée, parce qu'ils sont tout ce qu'elle a. Sinon, à quoi servirait-il de vivre alors ?

Concernant la plume de l'autrice, elle est incisive et ne mâche pas ses mots. Au contraire, ces derniers ont été savamment pesés, et marinés dans un bon breuvage de sang au sein du cerveau d'Arounwadi. Chaque phrase sonne telle une sentence irrévocable, chaque mot s'incruste dans votre chaire et y fait de beaux dégâts. Il semblerait que l'autrice ait pris dans ses mains ce qui faisait le matériau même de son c½ur, visqueux, poisseux, de cette réalité thaïlandaise qu'elle côtoie à chaque jour qui passe (ceci est inspiré une histoire vraie, bonjour), puis qu'elle l'ait malaxé et sculpté son roman dans cet argile particulièrement sanguinolent et dont la tristesse, la dureté incommensurable ressort de chaque pore. Le c½ur est un lourd fardeau à porter, Arounwadi s'en est délestée dans son roman qui incarne son boulet de canon ferré à la cheville, cette effarante réalité, immuable et que l'on voudrait pourtant contourner, se débarrasser d'une pichenette ; telle est sa Croix, jusqu'à la fin de ses jours. Pour ma part, j'ai su grandement apprécié cette écriture percutant, d'une immense maturité et d'un sang froid (j'ai pas fait exprès) imperturbable, qui ne permet aucune concession et qui vise droit sa cible. Le c½ur en est frappé à chaque étape, chaque moment marquant noir sur blanc de la vie de la narratrice, qui n'a eu le droit à aucun cadeau de la part de celle qui l'a véritablement enfanté de son sang coagulé. Serait-ce un énième reflet d'une souffrance éprouvée qui a besoin de paraître au grand jour ? Ou dans le bain de lumière d'une lune de sang ?

Pour conclure, je recommande ce roman à des personnes ayant le c½ur et l'estomac bien accrochés. Vous aurez compris que Arounwadi ne fait pas dans la dentelle et cela n'est pas joli-joli à voir. Si vous vous attendez à une immersion au c½ur d'une Thaïlande digne de carte postale, prête à vous accueillir avec le sourire, détournez votre regard et passez votre chemin. Car, à la commissure des lèvres de cette peuplade provinciale que nous présente l'autrice, se cache une bile noire insoupçonnée ; elles ont vite fait de s'affadir et d'en devenir pâteuses et peu avenantes. Cet ouvrage, ce n'est pas le guide Michelin de l'ancien pays du Siam. La Nature n'y est pas portée en pâmoison et, si l'on vous acclimate aux traditions culinaires de la campagne avoisinante et des patelins du coin, c'est pour mieux en égorger les cochons et écraser les têtes infortunées de pauvres poulets. Les rats et les grenouilles ne seront pas en reste à cause d'oiseaux carnivores absolument répugnants, et pour ce qui est des chiens, meilleurs amis de l'Homme... C'est une autre affaire. Pour les défenseurs de la cause animale, votre sang n'en fera qu'un tour et l'envie de vous insurger vous prendra rapidement à la gorge, malgré la suffocation que ces scènes barbares, tant envers l'être vivant que l'être spécialement humain, feront naître. Animaux maltraités à outrance sont mis en parallèle avec les âmes torturées que nous sommes, dans un décor sombre, avec des personnages à peine esquissés. Pas de visage aux contours définis, pas de couleurs, pas de distinction. Tous des monstres. Ce roman est paru en 2015 mais le fait que je l'ai lu en 2017 sonne d'autant plus le glas macabre du honteux vingtième anniversaire. Et cette ultime question demeure, inébranlable : « A quoi ça sert de vivre ? » (vous avez quatre heures). Dans tous les cas, je suis toujours debout après la tornade Arounwadi, dont j'ai définitivement envie de lire ses autres romans, et c'est un coup de c½ur ♥ sacrément battant et vivace qui s'est déclaré. Cependant, je déplore certains dommages collatéraux : plusieurs petits morceaux en ont été retrouvés sur le bord de la route, des minces lambeaux d'une certaine couleur rouge...

« Aussitôt qu'il apparaît dans l'encadrement de la porte, "M'man, papa est là !" je m'écrie, toute excitée. Puis ma joie sur-le-champ laisse la place au désespoir. Papa me toise d'un air glacial. L'aversion dans ses yeux est évidente. Il dit d'une voix forte "C'est qui, ça, 'papa' ?"
Il dépose ses colis puis grimpe à l'étage, me laissant plongée dans toutes sortes de réflexion. Quel crève-c½ur ! Alors, comme ça, j'ai encore fait faux ?»
Tags : Fiche Lecture, Fille de Sang, Service Presse, éditions Gope, Arounwadi, Thaïlande, 1997, roman d'horreur psychologique, Drame, noirceur, traumatisme, enfance déchue, maltraitance, violence, sang, désarroi, environnement malsain, drogue, seringues, mal-être, pulsions suicidaires, haine, coup de coeur ♥
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#Posté le mercredi 11 octobre 2017 14:20

Modifié le dimanche 15 octobre 2017 07:15

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