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FICHE LECTURE : Éclaircir les ténèbres

FICHE LECTURE : Éclaircir les ténèbres

• AUTEUR : Nicolas Bouchard.
• ANNÉE : 2018 (FRANCE).
• GENRE (S) : Roman historique.
• THÈMES : Sorcellerie, aventure, dix-septième siècle, mission, quête, équipe, entraide, courage, ingéniosité, intelligence, philosophie, artillerie, combat, gentilshommes, religion, diable, paganisme, noirceur, campagne, retour aux sources, affronter son passé, mystères, vengeance, haine, cupidité, mysticisme, gloire, revanche, amertume, ressentiment, lien avec Dieu, fantastique, magie blanche, magie noire, connexion avec la Nature, innocence, drame, deuil, amour, famille, descendance, fraternité...
• PAGES : 406.

1640. Une Province a disparu.

Il semble que l'enfer se soit abattu sur la paisible vallée d'Ouraos, territoire enchanté du Jura et berceau de la fille de guérisseuse Sophronia. Les étoiles ont pâli, une brume verdâtre se glisse partout. Les habitants, terrifiés, se cloîtrent chez eux. On y a vu Frigg, une ancienne déesse païenne accompagnée d'une armée de monstres...
Recrutés dans le Paris misérable et grouillant du XVIIe siècle par le cardinal de Richelieu, quatre hommes sont désignés pour lutter contre les puissances des ténèbres. Mais le cardinal leur adjoint un cinquième comparse en la personne du brillant philosophe et ancien mercenaire René Descartes.

Son objectif : soumettre la sorcellerie à la loi de la raison, et au final, éclaircir les ténèbres.

L'AUTEUR : Né en 1962, Nicolas Bouchard vit dans la région de Limoges. Juriste et écrivain français, il est le petit-fils de l'auteur français Marc Michon. En 1997, il publie son premier roman de science-fiction, Terminus Fomalhaut, qui le fait connaître du public. Il a écrit plusieurs romans de science-fiction, une trilogie Fantasy très remarquée. Il est également l'auteur de romans policiers.

ஜ MON AVIS :

Bonjour les petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour une petite chronique consacrée au titre Éclaircir les ténèbres de Nicolas Bouchard, première parution de la toute récente maison d'édition Snag, que je remercie chaleureusement pour ce très bel envoi et dont je vous conseille vivement d'aller voir le catalogue, qui est certes pour l'instant très petit mais qui n'en reste pas moins extrêmement intéressant. Il grandit lentement et sûrement et me fait saliver d'envie. Sans plus attendre, c'est parti pour ma critique de ce livre palpitant et qui tient toutes ses promesses !

En effet, Éclaircir les ténèbres se présente comme un roman qui allie le récit historique, l'action, l'aventure, la religion, le mysticisme, la philosophie, et on saupoudre le tout d'un certain brin de fantastique. Rien que ça ! Il n'en fallait pas plus pour que je signe mon contrat de lectrice et que je sois prête à sauter à pieds joints dans cette intrigue complètement dingue, déterminée à embarquer pour une quête des plus insensées et captivantes ! Avec ce livre, on se retrouve plongés dans la France de Louis XIII et de Richelieu, au moment d'un basculement décisif : celui qui mènera au règne du grand Roi-Soleil et plus tard, au Siècle des Lumières ! En attendant, il ne s'agit pas pour nos personnages de résoudre les mystères épineux de la cour mais plutôt celui gigantesque de notre propre monde et de nos croyances. Entre foi inébranlable et raison coriace, une réconciliation est-elle possible ? A quel moment la vérité laisse-t-elle place au mensonge et inversement ? Sans nous faire triturer nos fragiles petits méninges et donc sans nous torturer, j'ai trouvé que Nicolas Bouchard avait mené son récit très intelligemment, en laissant la parole à chaque personnage, quelque soit leur appartenance religieuse, sociale ou politique. Ainsi, on se rend compte que chacun détient une part de vérité et qu'il faut toujours garder l'esprit bien ouvert. L'auteur arrive à mêler habilement des faits et surtout deux personnages historiques connus pour leur rigueur et leur rationalité sans faille, Richelieu et en particulier Descartes, le maître en la matière, à des phénomènes paranormaux, comme la télépathie ou encore la nécromancie, sans que cela passe comme étant incohérent ou absurde. Au contraire, comme le célèbre philosophe, on essaye de déceler le vrai du faux et de faire face à de telles "prouesses" de la Nature comme on peut. On se retrouve complètement subjugués et l'on en vient à se demander si cela s'est véritablement produit. L'auteur parvient à brouiller nos sens et notre perception de la réalité d'une façon assez troublante, comme si cela coulait de source. D'autre part, j'ai beaucoup aimé le fait que même Descartes, qui a d'habitude une explication rationnelle à toute chose, puisse parfois ne pas trouver les mots et la solution juste face aux épreuves qu'il doit traverser. C'est un réel observateur qui ne détourne pas les yeux face à l'existence même des choses les plus improbables, qui ne se fait pas d'illusions mais qui essaye de comprendre le mécanisme, la façon de fonctionner de chaque élément et sa raison d'être. Je me suis beaucoup retrouvée dans sa façon d'appréhender les choses, de voir le monde, bien plus que je ne l'aurais cru.

En effet, si j'ai toujours reconnu le génie de Descartes et l'importance du nombre colossal de ses travaux, qui traitent de nombreux domaines qui plus est, pas seulement la philosophie, j'ai toujours eu un peu de mal à adhérer à sa façon de penser, donc d'être (vous l'avez vu, le clin d'½il gros comme une maison à sa citation la plus connue ? Nanette, la subtilité incarnée !). Cette façon justement "cartésienne" d'analyser les choses, notamment abstraites comme l'amour, l'humanité ou la religion, en mettant la raison et la logique au centre de tout a eu souvent tendance à m'agacer et à me faire désapprouver plus qu'autre chose. J'avais la sensation d'avoir comme une relation amour-haine avec ce cher René. Or, force est de constater que beaucoup de courts extraits de ses diverses ½uvres utilisés en en-tête de chaque chapitre de ce livre ont su me parler et donner justement raison à leur illustre auteur.

Qui plus est, comme je le disais un peu plus haut, je suis parvenue à m'identifier au personnage de Descartes que nous décrit Nicolas Bouchard, alors que je redoutais à la base de commencer le livre par peur de ne pas m'attacher à lui. Je ne m'y connais pas très bien en Descartes, je sais juste le strict minimum de ce qu'il y a à savoir, mais je pense que l'auteur est parvenu à nous restituer avec brio l'essence même de ce grand homme de lettres français sans pour autant nous le rendre barbant et trop distant. Je dirais même que Descartes lui doit une fière chandelle car je suis d'avis qu'Éclaircir les ténèbres saura tenir en haleine même les âmes les plus récalcitrantes à se laisser aller à la philosophie au cours de leur temps libre. A mes yeux, ce roman permet effectivement de mieux comprendre la façon de raisonner de Descartes qui est somme toute assez complexe (alors qu'elle est justement censée aller "droit au but", au c½ur des choses) pour qui n'est pas rodé à l'assimiler et à l'affronter, et il vous donnera aussi l'envie de vous renseigner plus sur l'ami René, sur sa vie et ses nombreuses contributions à la biologie, à l'optique et à la métaphysique entre autres. Un livre qui nous enrichit et qui nous rend curieux tout en nous divertissant, ce ne peut être qu'un bon ouvrage, n'est-ce pas ? Pour ma part, c'est ce que je crois.

Pour autant, ce n'est pas le personnage de Descartes qui m'a le plus plu. Certes, il est clairement l'homme de la situation et son ingéniosité, sa répartie et sa combativité m'ont agréablement surprise et impressionnée. Cependant, je garderai un encore meilleur souvenir de ses compagnons d'infortune, que j'ai tous trouvés très humains, bien construits et fortement sympathiques au demeurant ! J'ai adoré le fait que Richelieu ait pour idée de confier une mission de grande envergure à une véritable équipe de bras cassés, tels des Mousquetaires bis. Tout comme ces derniers, nos cinq gais-lurons ont leurs faiblesses et leur façon de se comporter bien propre à eux mais il ne faut surtout pas les sous-estimer car leur courage est à toute épreuve et leurs compétences sont pour le moins... remarquables. Au sein de cette bande tout ce qu'il y a de plus hétéroclite, Descartes fait office d'un D'Artagnan tout à fait inattendu : au départ indésiré de tous, il va réussir à prouver sa véritable valeur et à devenir le ciment de cette fine équipe, celui qui les rassemble et leur donne la force et la volonté d'aller de l'avant.

Parmi cette belle brochette de marginaux profondément attachants, j'ai tout particulièrement adoré les protagonistes que sont Damien et Hugues. D'un côté, nous avons un jeune homme d'apparence espiègle, nonchalante, qui joue avec la mort et qui parvient à l'esquiver d'une façon tout ce qu'il y a de plus incroyable. Damien est extrêmement malin et sait parer chaque attaque de ses adversaires avec un panache et une facilité tout bonnement déconcertante. Il use de son corps, de sa gestuelle, de façon à rendre ces derniers parfaitement souples, flexibles, fluides, au service de sa stratégie qui vise à faire penser à son opposant qu'il a toutes les cartes en main pour gagner face à un jouvenceau littéralement sans défense. C'est ce qui m'a justement fascinée chez Damien : il combat à mains nues, avec la seule force de ses poings et sa seule intelligence, il ne prend jamais les armes et essaye de tuer le moins possible. Il n'attaque que s'il s'agit d'une absolue nécessité. Cela ne pouvait que forcer mon respect. De l'autre, nous avons Hugues, jeune fils du comte de la vallée d'Ouraos, qui est justement au c½ur même du récit. Par ailleurs, je précise que j'adorerais me rendre dans cet endroit constitué de plaines verdoyantes, de montagnes majestueuses et doté d'une beauté brute tout simplement enchanteresse. En tout cas, c'est ainsi que je me suis imaginée ce petit coin de paradis qui se transforme rapidement en un cauchemar d'absolue désolation. Je trouvais cela important à souligner car une intrigue n'est pas seulement portée par ses personnages, mais aussi par le lieu où elle se déroule. Et, malgré le pic de dangerosité extrêmement élevé de la vallée d'Ouraos, on ne peut que tomber amoureux de cet endroit qui possède une réelle personnalité. L'attachement tout particulier de mon beau Hugues pour ce territoire qui est le sien m'a par ailleurs beaucoup touchée. De prime abord, ce jeune noble nous paraît être un simple sujet obéissant à sa Majesté et à son supérieur qu'est le cardinal de Richelieu, un chef de troupes particulièrement guindé et que l'ardeur de la jeunesse aurait déserté trop tôt. Mais ne vous y trompez pas : Hugues est un homme d'honneur qui ne pourra que vous faire succomber à son charme et vous surprendre en abaissant ses barrières au fur et à mesure du récit.

Pour ma part, il ne lui a pas été trop difficile de dérober mon c½ur, comme cela avait été le cas de la magnifique Sophronia. Ces moments de pure féerie entre ces deux êtres faits l'un pour l'autre ont d'ailleurs été mes préférés de l'histoire. Je ne vous en dirai pas plus afin de ne pas vous gâcher la surprise que sont ces ravissants flashbacks qui regorgent de pureté et de beauté. Vous n'êtes tout simplement pas prêts pour ce que vous allez découvrir... Pour ce qui est de Jonas et de Rudolph, les deux derniers compères de cette fière épopée, j'ai également beaucoup apprécié faire face aux pires menaces à leurs côtés. Jonas est certainement celui des cinq qui est le plus taciturne et renfermé mais, au vu de l'énorme sacrifice qu'il a dû faire pour sa survie et celle des siens, au vu de sa dignité bafouée et entachée, cela ne peut que se comprendre. Son côté savant fou obnubilé par la capacité d'explosions de ses bombes m'a autant inquiétée que fait énormément rire et me rendre admirative de son immense intelligence. Quant à Rudolph (oui, comme le renne du Père Noël - ne rigolez pas, le Landknecht le prendrait très mal), sa dégaine de grand gaillard à l'accent allemand exagéré exprès et sa tendance à toujours foncer dans le tas et à ne pas tourner sept fois sa langue de guerrier aguerri et avide de mener bataille dans sa bouche me l'ont rendu extrêmement sympathique.

L'un des autres gros points forts du récit, c'est qu'il est très rythmé. Une fois les premières pages passées, on entre en plein dans le vif du sujet et on ne relâche plus le livre avant la dernière page ! Croyez-moi, j'ai eu du mal à le reposer quand il le fallait... Impossible de s'ennuyer un seul instant ! Le seul petit bémol je dirais, c'est qu'il faille souvent se référer au glossaire en fin d'ouvrage pour comprendre pas mal de mots utilisés par l'auteur et qui correspondent à des techniques de combat, à des vêtements et à des armements typiques de l'époque, à des manuscrits particuliers... Certes, cela démontre le travail minutieux que Nicolas Bouchard a accompli pour nous permettre de nous immerger le mieux possible dans son histoire qui nous ramène en plein dix-septième siècle mais je peux comprendre que cela puisse en agacer certains de devoir fréquemment faire des pauses pour aller consulter la définition de tel ou tel mot. Pour ma part, étant de nature extrêmement curieuse, je suis au contraire très contente d'avoir pu apprendre du nouveau vocabulaire, comme l'appellation Landknecht que j'ai employé un peu plus haut par exemple. Pour savoir ce que cela signifie, il vous faudra lire le livre !

Sur ce, ma chronique touche à sa fin. J'espère qu'elle vous aura incité à laisser sa chance à ce titre ainsi qu'aux autres parus chez Snag, que je remercie encore une fois du fond du c½ur pour cette lecture palpitante. Si j'ai pu vous donner envie, alors j'en suis vraiment heureuse. Surtout qu'au vu de la fin extrêmement frustrante sur laquelle Nicolas Bouchard nous laisse, il risque sûrement d'y avoir une suite aux aventures mouvementées de la Compagnie Descartes ! Je suis ravie de faire partie de cette mauvaise troupe et j'ai hâte de la retrouver au plus vite ! ★★★★★

Nanette ♥

« La jeune fille aimait lorsque les gens souriaient. C'était une manière de voir Dieu et de lui rendre hommage. Mais jamais elle n'avait vu tel sourire.
"Dieu est en lui", songea-t-elle. Et elle s'en trouva heureuse. »
Tags : Fiche Lecture, Service Presse, Eclaircir les ténèbres, Snag Fiction, 2018, Littérature française, Nicolas Bouchard, Roman historique, Sorcellerie, aventure, dix-septième siècle, mission, quête, équipe, entraide, courage, ingéniosité, intelligence, philosophie, artillerie, combat, gentilshommes, religion, diable, paganisme, noirceur, campagne, retour aux sources, affronter son passé, mystères, vengeance, haine, cupidité, mysticisme, gloire, revanche, amertume, ressentiment, lien avec Dieu, fantastique, magie blanche, magie noire, connexion avec la Nature, innocence, drame, deuil, amour, famille, descendance, fraternité, Très belle lecture
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#Posté le jeudi 07 mars 2019 15:43

Modifié le jeudi 21 mars 2019 16:05

FICHE LECTURE : Galant de nuit

FICHE LECTURE : Galant de nuit

« Il me faut connaître les ténèbres pour trouver la lumière. »

• TITRE V.O. : Jasmin Nights.
• PRÉCÉDENT TITRE FRANÇAIS : L'Année du Caméléon.
• AUTEUR : S.P. Somtow.
• ANNÉE : 1995 (THAÏLANDE) ; 2007, 2018 (FRANCE).
• GENRE (S) : Récit semi-autobiographique.
• THÈMES : Années 60, occidentalisation, mysticisme, richesse, hiérarchie, culture, spiritisme, religion, famille, amitié, expériences, faire ses propres choix, tolérance, racisme, différence, acceptation de soi, grandir, individualité, avoir sa propre façon de penser, réflexion, maturité, liberté, exotisme, érotisme, sentiments amoureux, désirs, théâtre, sensualité, enfance, entrée en adolescence, entraide, ingéniosité, intelligence, traditions, us et coutumes, solitude, absurde, humour, onirisme, exaltation des sens, roman d'apprentissage...
• PAGES : 410.

Bangkok, 1963.

Dans le milieu de l'aristocratie thaïlandaise, Justin, douze ans, surnommé par les siens « Vénérable Petite Grenouille » ou « Khoun Nou », vit coupé du monde. Élevé par Nit-nit, Noï-noï et Ning-nong, ses trois jeunes tantes, cet enfant précoce, pétri de culture classique et doté d'une imagination fertile, se construit à travers son propre univers.

La mort de son caméléon, dont l'esprit jouera le rôle de génie tutélaire, et la rencontre avec son arrière-grand-mère, avec qui il entretiendra une relation privilégiée, agiront sur lui comme un déclic : pris entre deux cultures, plus tout à fait enfant, mais pas encore adulte, Justin devra se réconcilier avec son identité siamoise et se confronter au monde réel.

Si ce roman met en exergue l'amitié entre jeunes gens qui transcende préjugés, racisme et différences sociales, il évoque aussi, souvent avec humour, tout ce que l'on perd en atteignant l'âge adulte. En outre, on y découvre le Bangkok séculaire, presque rural avec ses innombrables khlongs encombrés de barques et ses moiteurs nocturnes saturées du parfum des jasmins de nuit, qui adopte une modernité d'inspiration occidentale avec enthousiasme.

L'AUTEUR : Compositeur et chef d'orchestre thaïlandais de renommée internationale, S. P. Somtow est né à Bangkok en 1952. C'est également un écrivain très prolifique (science-fiction, horreur) récompensé par plusieurs prix littéraires.

Galant de nuit, roman d'apprentissage semi-autobiographique teinté de réalisme magique et d'érotisme, est l'½uvre-phare de sa production siamoise.
FICHE LECTURE : Galant de nuit
ஜ MON AVIS :

Pour commencer, je tiens à remercier du fond du c½ur les éditions Gope pour cet envoi, et merci aussi pour leur patience. Je fais toujours au mieux pour publier mes chroniques dans les temps, mais des fois... c'est un peu compliqué. En tout cas, merci à eux de s'être montrés aussi compréhensifs. Je vous encourage vivement à découvrir leurs parutions, qui sortent des sentiers battus et vous invitent à voyager dans l'Asie du sud-ouest de façon passionnante et... très particulière. En effet, les deux premiers services presse que j'avais reçus d'eux, Fille de sang et Bâton de réglisse, étaient profondément sombres et perturbants. Ils avaient marqué de façon indélébile la lectrice très innocente et sensible que je suis (ils continuent de hanter mes pensées d'ailleurs), et il faut avoir le c½ur bien accroché en les lisant, je vous le garantis. Avec Galant de nuit, mon expérience de lecture a été relativement différente. En effet, si ce titre-ci a lui aussi sa part d'ombre, il est cependant beaucoup plus lumineux que les livres évoqués précédemment. Il m'a apporté une belle bouffée d'air frais en comparaison des précédents romans que j'avais pu lire chez Gope éditions, qui étaient extrêmement intéressants et percutants mais également étouffants. Cependant, je retiens également de Galant de nuit un sentiment de moiteur, d'humidité asphyxiante, et pas seulement parce que j'ai lu ce livre culte au beau milieu de la période de forte canicule que nous avons traversée cet été. L'atmosphère dans laquelle le héros de l'histoire évolue est effectivement propice à la sueur, une sueur qui va se révéler pour notre héros/narrateur... somme toute libératrice. Je vais vous expliquer cela plus en détails dans quelques instants.

L'histoire de ce récit semi-autobiographique se passe à l'orée des années soixante en Thaïlande et l'on va suivre Justin, un jeune garçon anglo-thaïlandais âgé de douze ans qui depuis trois ans maintenant vit dans une superbe résidence avec sa famille très aisée, ses parents étant partis pour affaires à l'étranger. Ayant passé les premières années de sa vie en Angleterre, loin de cette nombreuse tribu siamoise qui est pourtant la sienne, on se rend compte qu'au bout de trois années à vivre parmi eux, Justin se sent encore exclu d'une certaine manière et a du mal à apprendre à véritablement les connaître. C'est in fine grâce à sa formidable arrière-grand-mère, dont le jeune garçon a été éloigné sans comprendre pourquoi pendant si longtemps, que Justin entamera la vie d'un enfant "normal", épanoui et embrassera enfin cette culture thaïlandaise qui sommeillait jusque là en lui, sans pour autant en renier sa passion invétérée pour la lecture et nous partageant au fil de l'intrigue ses immenses connaissances liées à ses innombrables lectures gréco-romaines et à son propre temps.

C'est justement ça que j'ai le plus aimé dans ce récit semi-autobiographique que nous livre S.P. Somtow : l'enrichissement qu'il nous procure. En effet, le lecteur reçoit beaucoup d'informations sur énormément de choses par des moyens divers et variés. Par exemple, j'ai beaucoup aimé les nombreuses et judicieuses notes de bas de page du traducteur. Je sais que cela agace beaucoup de lecteurs lorsque ces derniers doivent s'en référer à la fin de la page pour mieux comprendre le récit. Pour ma part, j'ai du mal à m'y faire lorsque je dois sans cesse me rendre à la fin des livres parce que les notes du traducteur et de l'auteur foisonnent de partout et sont donc impossibles à toutes reléguer en fin de chaque page. Dans les deux cas, cela coupe d'une certaine manière la fluidité de votre lecture, la dynamique de celle-ci. Loin de trouver cela embêtant avec Galant de nuit, j'ai au contraire trouvé que c'était fort ingénieux et que cela apportait un véritable plus au récit, les notes de bas de page se référant essentiellement aux noms thaïlandais des titres honorifiques au sein d'une famille et de la société, à la nourriture traditionnelle et aux rites religieux. Les traductions et les définitions claires et concises nous permettent ainsi d'ouvrir une fenêtre sur une culture totalement différente de la nôtre, sans pour autant qu'on en soit entièrement séparée. Le Bangkok que nous dépeint S.P. Somtow est en effet empreint d'occidentalisme : Justin est friand de péplums tout droit sortis d'Hollywood et a bien sûr baigné comme chaque enfant qui se respecte dans la culture Disney (la référence à Fantasia est tellement bien faite, pensée par un écrivain également chef d'orchestre en plus, j'ai juste adoré !) et à l'école, où il commencera à se rendre durant la seconde partie du roman, il côtoie beaucoup de caucasiens européens. Galant de nuit est une lecture qui nous apprend à la fois énormément sur les us et coutumes de la Thaïlande, qui nous fait sentir les odeurs de sa nature et de ses délices culinaires et qui nous donne à voir sa nature verdoyante et abondante, mais on reçoit également beaucoup d'informations sur les années soixante, époque où se passe le récit et où l'Amérique devient LA superpuissance incontestable qui impose son rêve et son soft power de Coca Cola, de baseball, de rock, de soul, de danses lascives, de beaux quartiers résidentiels et de belles piscines... La capitale de Bangkok, c'est à la fois ça : une modernisation et une urbanisation occidentales qui avancent à grandes enjambées, tout en cohabitant avec une campagne, une nature splendide et envoûtante qui n'existe nulle part ailleurs. J'ai adoré ce pluralisme identitaire de la Thaïlande, ce mélange de différentes cultures et de différentes couleurs, tout en conservant une certaine singularité et authenticité. Ce pays est à l'image de notre héros, qui a grandi en se nourrissant de culture antique européenne tout en restant fondamentalement lui-même : originaire de l'ancien Royaume du Siam. La Thaïlande est à Justin ce que les racines sont aux fleurs et inversement. Les deux sont inextricablement liés, on ne peut en effet pas renier d'où l'on vient, mais on peut se construire de toutes sortes de façons, en se nourrissant de tout ce que la vie nous donne et de ce que l'on en retient. C'est l'une des bien belles leçons que ce roman m'a apprises.

Comme je vous le disais précédemment, notre adorable héros est un grand amateur de péplums et il faut dire qu'à l'époque, ces derniers étaient légion : Ben-Hur, Quo Vadis, Les Dix Commandements, Cléopâtre ne sont que les ½uvres cinématographiques les plus légendaires d'un genre qui vivait alors un véritable âge d'or. Je vous invite à aller consulter la liste Wikipédia des péplums, c'est tout bonnement ahurissant. Mais le film doudou de Justin, celui qui l'inspire dans son quotidien, celui qu'il mange et qu'il respire tant il le connaît par c½ur, c'est Spartacus. De lire toutes les citations et références que Justin fait de/à ce chef d'oeuvre au cours du récit, de contempler ainsi, écrit noir sur blanc, son amour inconditionnel pour ce film mythique et tout ce qu'il lui inspire, cela m'a juste donné une envie folle de le voir de mes propres yeux et non plus de le vivre par procuration grâce à notre formidable héros, qui a tout de même réussi à me faire vivre une expérience de cinéma unique et à me donner les frissons sans pour autant que je vois véritablement le film en question ! J'ai d'ailleurs honte de ne jamais avoir vu ce film en vrai (du moins dans son intégralité), si vous saviez... Ce qui est certain, c'est que Justin voue une admiration sans bornes à Spartacus, au film comme à son héros éponyme. Cet esclave honorable qui décide de prendre son destin en main et de se battre pour ce qui lui semble juste va énormément apporter à Justin qui, dès lors qu'il va décider de mettre un pied hors de sa chambre et de ne plus rester constamment le nez dans ses lectures pourtant si passionnantes, va devenir le héros de son existence et avoir une bonne influence sur l'ensemble des personnages qu'il va croiser. Le fait d'observer ce qu'il se passe autour de lui et de devoir agir, quitte à faire des erreurs, va permettre à Justin de grandir et de décider quels combats il a envie de mener. L'un d'entre eux, celui qui constitue le c½ur de la seconde partie du roman, va se dérouler en milieu scolaire sous la forme d'une pièce de théâtre écrite par notre remarquable et si brillant héros lui-même. Je ne vous en dis pas plus sur cette pièce car il faut que vous en alliez voir la première par vous-même. Qui plus est, l'auteur nous fait la gentillesse de nous inviter à assister aux répétitions rocambolesques au cours du récit et ça a été un pur régal que d'en être le témoin privilégié ! Je vous promets beaucoup de fous rires et un sourire attendri qui se dessinera sur vos lèvres aussi face à tant d'ardeur et de solidarité entre eux de la part des jeunes élèves et de leur formidable maîtresse. Et surtout, la pièce de Justin passe un message très important de tolérance et d'humanité alors soyez à l'écoute et accordez-lui l'attention qu'il mérite.

Honnêtement, je dois bien vous avouer que, pour moi, le roman démarrait mal. Enfin, il m'a captivée d'emblée mais la mort du caméléon bien aimé de Justin (ceci n'est pas un spoil) m'a franchement dégoûtée. Surtout que cela aurait largement pu être évité. Je n'y croyais presque pas et surtout, j'ai trouvé cela extrêmement brutal. La mort symbolique de l'enfance de Justin n'aurait pas pu être plus claire, alors que le départ de la nourrice de ce dernier, Samlee, juste avant ce tragique événement nous faisait déjà comprendre que Justin devrait aller voir et explorer au-delà des murs de la confortable et luxueuse demeure familiale afin de chercher des réponses à ses questions et de surmonter son double chagrin. In fine, je me rends compte que ces deux ruptures dans la vie jusqu'alors paisible et douillette, presque léthargique, de notre jeune héros étaient nécessaires. Cela va le pousser à faire des rencontres décisives dans son existence, à commencer par celle avec son arrière-grand-mère, que j'ai mentionnée plus tôt. Je pourrais vous parler pendant des heures de cette femme extraordinaire, de sa sagesse, de son humour aussi et de tout ce qui la rend spéciale et inoubliable. Telle une étoile filante dans le firmament de la vie de sa Vénérable petite grenouille, je regretterai toujours que ces deux destins ne se soient pas croisés plus tôt alors qu'ils vivaient sous le même toit. Pourtant, l'amour si puissant et évident entre eux a toujours été là, leur merveilleuse et instantanée complicité lors des quelques moments fondamentaux et fabuleux qu'ils vivront ensemble en atteste. Je ne remercierai jamais l'arrière-grand-mère pour tout ce qu'elle a fait pour Justin, pour lui avoir révélé tout ce qu'il a de précieux en lui. A certains moments, Justin va se sentir impuissant face aux sentiments de jalousie et de chagrin qu'il éprouve face aux nouveaux amis qu'il va se faire et qui sont plus beaux extérieurement et plus hardis que lui, moins renfermés et "innocents", si vous voyez ce que je veux dire. Étant donné que ces derniers sont d'une classe sociale nettement inférieure à la sienne, il va se servir de la dévotion due à sa famille et de la place très importante qu'il occupe dans cette dernière (les enfants étant vénérés en Thaïlande) pour se défendre, se construire une carapace solide. Ce n'est guère très intelligent, je le sais, et Justin en est immédiatement conscient également. Il va très vite réaliser que sa richesse ne se trouve pas là, dans l'opulence qu'affichent les siens, mais bien ailleurs, dans ces liens qu'il va tisser avec ses nouveaux amis et camarades de classe, dans ce qu'il va créer avec eux, cette pièce de théâtre tout bonnement incroyable, dans le regard qu'il porte sur le monde. Au fil de son avancée dans la propre aventure de son existence, Justin va faire fi des conventions sociales, de la couleur de la peau et même des comportements racistes. Il va prendre conscience qu'il ne faut certes pas les tolérer afin de se faire bien voir et accepter de la masse, mais que ces façons d'agir ignobles, notamment venant des enfants, ne sont pas instinctives mais s'apprennent, aussi horrible cela soit-il. Cela vient de l'éducation que les parents transmettent à leur progéniture, d'une histoire qui s'est construite au fil des siècles et qui est inscrite dans nos gênes, dans notre mémoire collective, peu importe quelles sont nos origines. Cette histoire, c'est celle des esclaves, des colons, des minorités, des dominants et des dominés, des guerres de territoire, entre peuples, au sein d'un même peuple, qui laissent des traumatismes ravageurs à ceux qui les ont directement vécues et un sentiment de confusion et de vide pour ceux qui héritent du récit de ce passé qui ne passe résolument pas. Justin va quant à lui tenter de changer les choses, de ne pas les laisser en état car il sait que ce n'est pas bon, pas juste, que cela fait du mal à tout le monde et qu'il est temps que cela cesse. Je vous le dis, ce héros est d'une intelligence hors du commun, d'une grande lucidité aussi. Il apprend véritablement de ses erreurs et réunit ceux qui ne pensaient jamais bien s'entendre, qui pensaient ne pas faire partie du même monde, alors que si, nous sommes tous un. On ne peut pas mettre de barrières ou d'½illères à l'humanité, celle-ci est indomptable et elle voit avec le c½ur.

En plus de traiter de racisme et de discrimination éthique et sociale avec beaucoup de justesse au travers des personnages très touchants que sont Virgile, Piet, Wilbur et [P], l'auteur aborde aussi la question de la condition de la femme. Ce qu'il est très intéressant de constater, c'est que l'arrière-grand-mère de Justin, doyenne de la famille, reçoit tout le respect et les honneurs qui lui sont dus en fonction de son âge qui lui confère la position de grande cheffe de la lignée mais sinon, les autres femmes présentes dans le roman doivent subir le système patriarcal et se jugent constamment entre elles par rapport au regard que les hommes, qu'ils soient de leur famille ou non, portent sur eux. Il y a à la fois cette dénonciation de la femme perçue comme un objet sexuel, de désir de l'homme ou de future mère et épouse tout en nous dépeignant des personnages féminins qui sont justement forts, qui ont une importance cruciale dans l'histoire, une véritable personnalité qui leur est propre, et qui doivent subir cette façon de penser rétrograde et ces m½urs injustes. Quand je parle de personnages féminins marquants, je pense bien sûr à Samlee, la servante de la famille qui était en charge du bien-être de la Vénérable petite grenouille et qui a dû quitter son poste de force car elle a tapé dans l'½il d'un des oncles de Justin, qui occupe une place de première ordre au sein de leur hiérarchie familiale. Cela m'a tuée de voir ainsi Samlee perdre de son naturel en commençant à se barbouiller le visage et en se pomponnant à la mode occidentale dans le but de plaire à cet homme, de continuer à être sa favorite, notamment au lit, et prier ardemment pour qu'elle puisse être capable de toujours le satisfaire en quoi que ce soit. Justin, lui, aimait sa nounou telle qu'elle était, avec sa beauté sans fards ni artifices, et on lui a enlevé cette dernière sans ménagement. Mais que pouvait faire Samlee ? Elle n'a pas d'autre moyen de gagner de l'argent, il lui est désormais interdit de prendre soin de sa Vénérable petite grenouille qui, qui plus est, est en train de grandir et n'aura donc plus besoin d'elle. Sa vie dépend de ce que la famille de Justin veut bien lui donner. J'ai trouvé cela juste affreux que Samlee doive ainsi se complaire aux ordres et désirs de l'oncle de Justin et en même temps, j'ai senti qu'elle n'avait jamais cessé d'être fidèle à qui elle était vraiment ; malgré la soumission et l'angoisse de ne plus gagner son pain dignement, elle est d'une grande force mentale et spirituelle. Je l'admire beaucoup pour cela.

Et bien sûr, je ne pouvais pas conclure cette chronique sans consacrer un paragraphe aux trois tantes de Justin ! Je garde le meilleur pour la fin mes amis, impossible de ne pas vous parler des Trois Parques ! Je pense qu'aucun surnom n'aurait pu être mieux approprié que celui-là. En effet, si on nous dit dans le résumé que les trois tutrices de notre héros sont jeunes, on a vite tendance à l'oublier tant leur apparence froide et guindée nous donne l'impression que leur âme est millénaire ! Mais ne les jugez pas trop vite car ce sont bien ces trois-là qui vont vous faire vivre les plus palpitantes et abracadabrantes des péripéties ! J'en pleure encore de rire rien que d'y penser ! Nit-Nit est sûrement la tante parmi les trois qui m'a le plus plu. J'ai eu envie un nombre incalculable de fois d'entrer dans le roman pour lui faire un énorme câlin tant elle manque de confiance en elle à cause de son apparence replète alors que, pour ma part, je la trouve rayonnante et magnifique telle qu'elle est. Des trois s½urs, la cadette est certainement celle qui a le meilleur fond et dont le c½ur déborde le plus de tendresse pour notre héros. Par ailleurs, j'ai adoré la complicité si évidente qui transparaît entre Nit-Nit et son petit neveu chéri. Ils forment vraiment un super duo ! Noï-Noï, la benjamine, est sûrement à mes yeux celle qui a le moins de caractère et de personnalité des trois : étant celle qui incarne le plus l'idéal de beauté féminin, elle est l'exemple parfait de la belle ingénue qui se tait, rôle qu'incarne d'ailleurs Samlee auprès de l'oncle de Justin et que Noï-Noï lui envie férocement. J'ai trouvé cela triste d'avoir des aspirations si baisses mais Noï-Noï est victime de son temps, une époque où les femmes sont encore loin d'être aussi émancipées qu'aujourd'hui, et si on rajoute la conception qu'ont les Asiatiques de la femme, gracile et vertueuse (pensez à la chanson Honneur à tous de Mulan, ça vous fera un joli petit topo), on est encore moins sortis de l'auberge. La séduction est l'unique arme de Noï-Noï et cette dernière l'a aiguisée au point d'en être aussi sournoise qu'une vipère. Je lui ai pardonné son attitude blessante et pathétique au fil du temps. Elle n'est qu'une victime d'une société profondément dysfonctionnelle. Enfin, Ning-Nong était au départ celle qui me paraissait la plus antipathique, revêche et insensible. Ce n'est qu'à la fin que je me suis rendue compte qu'elle tient en réalité énormément à ses deux s½urs un peu sans cervelle parfois à cause de leur rivalité en amour (d'ailleurs, on en parle de cet incompétent et insupportable Dr Richardson ? Je ne préfère pas m'épancher sur un tel énergumène...) et elle ne va pas hésiter à se sacrifier pour elles deux. Étant l'aînée, la tradition veut que ce soit elle qui doit se marier la première afin de ne pas jeter l'opprobre sur ses plus deux jeunes s½urs. In fine, Ning-Nong est celle qui a le plus de bon sens et de jugeote, ainsi qu'un respect du devoir familial qui l'honore. Encore une fois, on a affaire à un personnage de femme qui doit ployer sous le poids de la soumission au soi-disant "sexe fort" et de la réputation immaculée qu'une femme se doit d'avoir en son temps et dans un tel pays. Mais, malgré le fait que Ning-Nong doive courber l'échine, elle parvient à le faire la tête haute et avec une dignité intacte. Chapeau bas Madame.

Je me rends compte qu'in fine, je ne vous ai pas parlé des pulsions sexuelles de nos jeunes adolescents. En effet, qui dit Bildungsroman dit personnage principal qui se forme, qui grandit, et qui apprend donc notamment à embrasser ses désirs et à découvrir sa sexualité, à écouter des hormones qui grondent en lui et qui le rendent tout chose. Ce côté érotique du roman, tant chez les adultes que les enfants, aurait pu totalement me refroidir étant donné mon aversion pour la chose, or il n'en fut rien. Certes, cela peut vous donner un sentiment désagréable de voyeurisme en assistant à de tels instants d'intimité mais cette gêne s'envole vite pour laisser place à un sentiment grisant d'harmonie, de communion pure avec les personnages (qui le sont déjà entre eux, si vous voyez ce que je veux dire). Je conclurai donc en disant que ma dernière découverte fut celle de la signification du titre du roman. Autant la précédente appellation française me semblait tout à fait appropriée, autant la nouvelle... Je ne comprenais franchement pas. Puis j'ai découvert que Galant de nuit faisait référence à un brin de jasmin qui ne fleurit qu'à la nuit tombée et dont l'odeur est extrêmement entêtante (d'où le titre anglais Jasmin Nights aussi). Tout s'est alors fait jour dans ma tête. Ce brin de jasmin est caractéristique de cette Thaïlande envoûtante où ce roman m'a fait voyager, de ces instants d'anthologie que j'ai vécus avec ses personnages et où je me suis franchement demandée si je n'étais pas en train de planer tant j'avais la sensation d'en avoir pris de la bonne. Eh bien, je peux vous dire que Galant de nuit est une drogue tout ce qu'il y a de plus recommandable : elle vous fera vivre des moments d'onirisme initiatiques fous, elle vous fera rire et réfléchir, elle vous emmènera vers de nouveaux horizons, dans une nature luxuriante qu'il devient vite difficile de quitter. Alors, parés pour la grande aventure de la vie de Justin ?

Nanette ♥

FICHE LECTURE : Galant de nuit
★★★★(★)
Un très bon roman d'apprentissage qui nous invite à regarder au-delà de nos frontières et à nous immerger dans une culture différente de la nôtre, dans un autre temps.

« Je ressens une terrible injustice dans ce monde, mais je n'ai pas le pouvoir de faire changer les choses. Le dharma du cosmos est perturbé. Je ne peux pas être le seul à l'avoir remarqué, sûrement pas... Pourtant, j'ai l'impression d'être seul. Même Virgil, contre qui ces injustices ont été perpétrées, les accepte comme une fatalité. C'est pourquoi il s'est enfui à la piscine, pour échapper aux Blancs ; c'est pourquoi il ne s'est pas défendu lorsqu'on a voulu le lyncher ; c'est pourquoi il ne fera rien pour défendre le droit d'être traité comme un être humain. Les coups de fouet de l'Irlandais l'ont marqué lui aussi, même si son arrière-grand-mère est enterrée depuis plus de cent ans dans cette terre étrangère de Géorgie, à des années-lumière du roi Shango.
Mais que puis-je faire, moi, le dramaturge vêtu d'un plumage d'emprunt ? Ma propre ineptie me tourmente. »
Tags : Fiche Lecture, Service Presse, Gope éditions, Galant de nuit, Jasmin nights, 1995, Littérature thaïlandaise, réédition, Asie du Sud-Ouest, Thaïlande, Années 60, récit semi-autobiographique, occidentalisation, mysticisme, richesse, hiérarchie, culture, spiritisme, religion, famille, amitié, expériences, faire ses propres choix, tolérance, racisme, différence, acceptation de soi, grandir, individualité, avoir sa propre façon de penser, réflexion, maturité, liberté, exotisme, érotisme, sentiments amoureux, désirs, théâtre, sensualité, enfance, entrée en adolescence, entraide, ingéniosité, intelligence, traditions, us et coutumes, solitude, absurde, humour, onirisme, exaltation des sens, roman d'apprentissage, Très belle lecture
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#Posté le mardi 02 octobre 2018 04:39

Modifié le samedi 22 décembre 2018 15:58

FICHE LECTURE : Ma reine

FICHE LECTURE : Ma reine

• AUTEUR : Jean-Baptiste Andrea.
• ANNÉE : 2017 (FRANCE).
• GENRE (S) : Roman, contemporain.
• THÈMES : Apprentissage, années soixante, fugue, été, aventure, passage de l'enfance à l'âge adulte, crise d'identité, différence, amitié, recherche de soi, compréhension de ses sentiments, relations humaines compliquées, marginalité, milieu familial, quête, rencontres, mysticisme...
• PAGES : 220.

Shell n'est pas un enfant comme les autres. Il vit seul avec ses parents dans une station-service. Après avoir manqué mettre le feu à la garrigue, ses parents décident de le placer dans un institut. Mais Shell préfère partir faire la guerre, pour leur prouver qu'il n'est plus un enfant. Il monte le chemin en Z derrière la station. Arrivé sur le plateau derrière chez lui, la guerre n'est pas là. Seuls se déploient le silence et les odeurs de maquis. Et une fille, comme un souffle, qui apparaît devant lui. Avec elle, tout s'invente et l'impossible devient vrai.

Jean-Baptiste Andrea livre ici son premier roman. Ode à la liberté, à l'imaginaire, et à la différence, Ma reine est un texte à hauteur d'enfants. L'auteur y campe des personnages cabossés, ou plutôt des êtres en parfaite harmonie avec un monde où les valeurs sont inversées et signe récit pictural aux images justes et fulgurantes qui nous immerge en Provence, un été 1965.

ஜ MON AVIS : Dans le désert estival de l'enfance incomprise...

Je sens que je ne vais pas épiloguer concernant mon avis sur ce roman, d'une part déjà, parce qu'il est très court et se lit de façon très claire et aérée, d'autre part parce qu'il s'agit de ce type de lectures assez atypiques et qui partent vers leur propre horizon, et qui me laissent... déconcertée. J'aimerais dire que j'ai grandement apprécié ce roman, qu'il m'a chamboulée mon petit c½ur en le retournant dans tous les sens et qui m'a fait vivre un voyage initiatique extraordinaire au travers d'une plume marginale tout comme le héros qu'elle peint et qui se démarque, qui a sa véritable patte qui sort du lot.

Et ce dernier point n'est pas tout à fait faux car j'ai été effectivement saisie par la plume de Jean-Baptiste Andrea qui, pour son tout premier roman, a déjà un style affirmé et qui porte son empreinte. A l'instar de Shell et de sa bergerie au beau milieu du plateau, désertique et désolant, l'auteur défend son territoire à l'aide d'une écriture très imprégnée de la réalité crue mais aussi d'un onirisme et d'une poésie sobre tour à tour drôle, touchante, désarmante, révoltante, esseulée et qui, dans tous les cas, sait nous parler et capter notre attention, page après page.

Pour ma part, la magie a fait mouche mais son effet étrangement addictif, presque planant sous le lourd soleil de cet été 1965, été où tout va changer pour notre petit héros, ne m'a pas fait oublier le goût amer que j'avais en bouche car je ne savais absolument pas où tout ça me menait et, malgré le fait que je me sois embarquée dans cette galère jusqu'au bout du bout, je ne sais toujours pas quoi en penser et ce qu'il en ressort, de tout ça.

Tous les ingrédients étaient pourtant réunis pour que je reste bouche bée à la suite de cette fugue éprouvante et de l'amitié pour le moins singulière qui en résulte. Shell, dont on ne saura jamais le prénom et par ailleurs c'est une stratégie très intelligente car on peut d'autant mieux s'identifier à lui et cela ajoute une nouvelle part de mystère à cette histoire déjà très mystifiée, peut-être trop quand on y pense, est un petit garçon qui semble tout ce qu'il y a de plus normal dans cette France des années soixante qui devient de plus en plus consommatrice, urbanisée et industrialisée.

Cependant, on se retrouve bien éloignée de tout ce chamboulement et de cette métamorphose à tous les niveaux car notre héros vit au milieu de nulle part. Cela crée une ambiance presque western sauf qu'on est pas chez les Amerloques sauveurs de l'Europe avec leurs G.I. Joe ici, mais en France, au vingt-et-unième siècle, avec un relief très plat et très "Diagonale du Vide" (bonjour les cours de géo en primaire).

Mais déjà, ce roman avait une aura forte et mystérieuse, et le fait que l'auteur avant son premier essai littéraire soit connu pour son travail de scénariste ne m'étonne en rien. La tension qui plombe le roman et le ressenti extrêmement visuel et lumineux, avec même un appel à l'utilisation de nos cinq sens, le rend presque digne d'un film au vu de l'ambiance dans laquelle il plonge le lecteur.

Néanmoins, j'avais la sensation de ma bulle de lecture usuelle ne m'était pas si confortable qu'habituellement. C'est comme si je souhaitais crever l'abcès d'un bouton dérangeant, ou comme si je me trouvais derrière un rideau noir sans jamais avoir le moyen de le soulever. Je suis bien consciente de l'étrangeté des images que j'invoque mais c'est pour vous dire à quel point cette intrigue m'a rendue perplexe et frustrée. Je suis incapable de mettre les bons mots sur ce que je ressens, j'en perds carrément mon latin.

Je pense que je vais en finir là, si cela continue, je vais m'en arracher les cheveux. Peut-être est-ce parce que j'ai lu ce roman à un moment qui n'était pas propice, à savoir durant ma période de partiels, autant vous dire que j'avais le cerveau qui était une vraie cocotte minute, que je n'ai pas su l'apprécier à sa juste valeur et recevoir pleinement la conscience de son potentiel. Pour moi, ce roman a des qualités, c'est certain.

La plume de l'auteur est au rendez-vous et ne déçoit pas, c'est même l'atout charme de ce livre selon moi, et l'univers que nous dépeint l'auteur est à la fois ancré dans une époque bien précise et qui me fascine, avec des éléments spatio-temporels et du mode de vie des sixities clairement définis, mais il se détache tout à la fois de ce qui est familier et bien connu pour nous offrir un récit plus ouvert d'esprit et qui s'élargit jusqu'aux frontières de l'imagination de l'écrivain et du lecteur et qui laisse la large place aux sentiments et réflexions de ce dernier.

Les personnages, bien que trop énigmatiques et renfermés sur eux même, sont attachants et on devient leurs compagnons de route le temps d'un été, on sent la crasse sur les vêtements, les cailloux dans les chaussures, la plante des pieds qui se corne et la faim et la soif nous tenailler le ventre avec eux. Viviane la reine, au prénom hérité d'une fée enchanteresse, m'a fascinée presque autant qu'elle fascine Shell à partir du moment fatidique de leur collision dans ce lieu incongru.

Même si on devine sa véritable nature très lisse et sans fioriture aucune, bien loin du château luxueux et de la magnificence, on a envie de partir avec elle dans ses délires afin que ses rêves d'enfant ne s'évanouissent jamais. J'ai aimé ces deux personnages, noyau de cette histoire invraisemblable mais qui me semblait pourtant vraie, ainsi que la figure réconciliatrice et réconfortante de Matti, berger bourru, taciturne et un peu porté sur l'alcool, mais qui a le c½ur gros comme ça et qui n'a besoin ni qu'on lui parle ni qu'il ouvre la bouche pour nous comprendre et se connecter à notre âme.

Même les parents de Shell, extrêmement effacés et fades, qui pourtant déclenche la révolte de leur petit dernier à vouloir prouver au monde entier qu'il est un homme, un vrai, au fond j'étais sûre qu'ils aimaient leur fils et qu'ils avaient leur raison d'agir de façon aussi détachée, presque cruelle. Chaque personnage, éphémère ou non, me sautaient au visage car ils me semblaient indubitablement réels, authentiques dans leur flagrante normalité.

Bref, pour conclure, Ma reine aurait du être un roman subjuguant et, si je puis dire, il l'a été dans un certain sens car il traite d'un sujet extrêmement sérieux et probablement très tabou pour cette époque encore très étriquée avec une certaine simplicité et magie enfantine qui nous désillusionne presque. Pourquoi ? Tout bonnement parce que l'horrible et incompréhensible réalité se cache derrière chaque petit espoir qui naît, chaque petit rayon de soleil qui berce le plateau, terre d'accueil de celui qui veut partir en guerre mais qui se rend compte qu'il veut juste échapper au monde entier et à leur jugement, leur enfermement physique et moral, à leur persécution constante. La guerre face à ça, c'est du suicide. Mieux vaut se terrer comme une autruche.

Ma reine est une fuite perpétuelle face à un monde qui déçoit, morne et sans saveur, pas comme la mayonnaise Amora, la meilleure de toutes (et non, ce n'est pas un placement de produit), face à des étrangers de toute part, face à un isolement permanent dès qu'un bref contact humain se crée. Autant rester seul dans une tête malade et qui se sent coupable.

Le mal de Shell, je ne vous le révélerai point mais mon gros ennui, c'est que je suis passée à côté tout du long. Je n'ai pas su voir ce que j'avais sous les yeux, je n'ai retenu que l'anecdotique et je n'ai pas su percevoir l'essentiel. Est-ce de ma faute parce que j'étais trop absorbée par autre chose et que mon contrat de lecture était erroné dès le départ ? Est-ce celle de l'auteur d'être trop parti dans l'implicite, l'imagé et l'absence d'explication et d'échanges ? Ce questionnement qui me ronge aura tôt fait de m'exaspérer.

N'empêche, passer à côté du message central d'un roman (il a fallu que je lise plusieurs autres avis de lecteur pour éclairer ma lanterne), ça me chiffonne franchement. Et puis la fin, nimbée du lever de soleil, m'aura certes éblouie mais une fois encore d'un point de vue purement visuel et esthétique. Quels seront les lendemains de Shell ? Va-t-il in fine le fêter cet anniversaire (qui est passé mais ça c'est une autre histoire) ? A quoi aboutit sa fugue ?

Je ne sais pas ce qu'on a cherché à me faire comprendre, mes pensées sont dans un brouillard complet et j'aimerais bien m'en dépêtrer sans que cela continue à me hanter encore. Je pense que je relirai ce livre à tête reposée, sans mes partiels pour m'envahir la tête, afin qu'on soit bien face à face et que j'écoute attentivement ce qu'il a à me dire. Ce deuxième entretien se passera mieux, il le faut, je ne peux pas rester sur cette opinion mitigée. En attendant, si vous souhaitez découvrir un titre de la rentrée littéraire intriguant et très dense et complexe à lire malgré son petit nombre de pages, je vous prie, faites vous plaisir avec celui-là.

... une pluie de toutes les couleurs, de rien, éclate soudain.

« J'étais triste, bien sûr. Mais d'une certaine façon, je me sentais mieux. Viviane avait laissé une lettre pour me prévenir qu'elle partait, elle ne m'avait pas abandonné. C'était moi qui avais tout gâché en la déchirant, si je ne l'avais pas fait j'aurais pu demander à Matti de me la lire plus tard. Je ne serais pas allé au château, je ne l'aurais pas démoli avec mon regard qui abîmait la magie. Tout cela, je l'acceptais, c'était mieux que de ne pas savoir, de demander à mon cerveau de comprendre quelque chose de trop grand pour lui. C'était moi qui avais trahi Viviane, pas l'inverse. Ça me rassure de savoir que c'était ma faute, parce que tout avait toujours été ma faute, que j'y étais habitué et que c'était aussi confortable que mon vieux pyjama en velours vert.-»
Tags : Fiche Lecture, éditions l'Iconoclaste, Rentrée Littéraire 2017, Jean-Baptiste Andrea, Roman, Contemporain, Apprentissage, années soixante, passage de l'enfance à l'âge adulte, crise d'identité, différence, amitié, recherche de soi, compréhension de ses sentiments, relations humaines compliquées, marginalité, milieu familial, quête, rencontres, mysticisme, fugue, été, aventure
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#Posté le mardi 23 janvier 2018 15:22

Modifié le vendredi 09 février 2018 15:48

FICHE LECTURE : La Passe-Miroir - T3 : La Mémoire de Babel

FICHE LECTURE : La Passe-Miroir - T3 : La Mémoire de Babel

FANTASY | 2017 | CHRISTELLE DABOS | POUVOIRS,_AVENTURE, ARCHES, BABEL, TECHNOLOGIES, AUTOMATES, MODERNITÉ, INTELLIGENCE, OBÉISSANCE, COSMOPOLITISME, COMPLOT, STEAMPUNK, RIVALITÉS, RECHERCHE DE DIEU, MYSTICISME, MYTHOLOGIES, SOCIÉTÉ DE CASTES, INJUSTICE, MEURTRES, MYSTÈRES, ESPRITS DE FAMILLE, AMOUR...

➜ Deux ans et sept mois qu'Ophélie se morfond sur son arche d'Anima. Aujourd'hui il lui faut agir, exploiter ce qu'elle a appris à la lecture du Livre de Farouk et les bribes d'informations divulguées par Dieu. Sous une fausse identité, Ophélie rejoint Babel, arche cosmopolite et joyau de modernité. Ses talents de liseuse suffiront-ils à déjouer les pièges d'adversaires toujours plus redoutables ? A-t-elle la moindre chance de retrouver la trace de Thorn ?

MES CHRONIQUES DES TOMES 1 ET 2 : ICI ET ICI.

FICHE LECTURE : La Passe-Miroir - T3 : La Mémoire de Babel
J'ai les doigts frétillant d'excitation à l'idée de rédiger cette critique. J'attendais patiemment ce tome trois de la Passe-Miroir depuis des mois et je ne réalise toujours pas que j'ai lu cette petite bombe de littérature. Honnêtement, si vous avez vu dans les deux premiers tomes une gemme étincelante,_tant l'imagination de Christelle Dabos est développée, prenante et irradiante de mille feux,_alors je ne peux que vous conseiller de vous jeter sur ce troisième tome au plus vite ; vous n'allez pas en revenir. Tous mes remerciements les plus chaleureux et larmoyants aux éditions Gallimard pour la réception, qui s'annonçait désespérée, de cet ouvrage en service de presse. Il semblerait que mes chroniques des tomes précédents aient convaincu de ma volonté de me procurer ce tome trois par un moyen "privilégié"._Cela me comble de bonheur absolu d'être ainsi digne de confiance, et que mon travail sur ce blog soit reconnu. Entrons dès à présent dans le vif du sujet. Après avoir passé deux tomes particulièrement intenses dans la froideur du Pôle, direction désormais la modernité éclatante de l'arche de Babel, où les populations de l'ensemble des vingt-et-une arches sont rassemblées, accueillies, à condition que chacun apporte sa contribution à la cité, pour le bien de tous. L'image présentée de Babel semble chaleureuse et symbole d'une évolution vers une société meilleure.

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Vous sentez bien le grain de sable dans la machine venir, on ne peut pas vous duper. Si la température atmosphérique de Babel est définitivement plus élevée que celle glaciaire du Pôle,_nous quittons en réalité un monde de faux-semblants pour un autre de négligence d'individualisme et de discrimination sociale ! De quoi être JOIE, n'est-pas ? *humour* Et pourtant, c'est dans cette galère qu'Ophélie, après presque trois ans d'inertie totale (Quel comble pour une animiste !),_et de sa propre volonté. Il faut dire que notre Liseuse adorée est déterminée à retrouver son époux mystérieusement disparu (mon Thorn chériiii) et à stopper l'emprise de Dieu sur les esprits de famille et leur mémoire, devenue défaillante par son action, ainsi que l'ensemble des arches, qui menacent de s'effondrer. En clair, la petite Ophélie a du boulot qui l'attend. Si fuir des tentatives d'assassinat et supporter Farouk était déjà assez effarant, cela semble bien gentil à côté de la formation d'apprentie aspirante à l'école d'Hélène sur Babel. Ophélie est malmenée, mais cela sert au formidable travail psychologique amorti dès le début de l'intrigue.

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En effet, je trouve que notre héroïne a connu une spectaculaire évolution depuis ses fiançailles avec Thorn il y a quatre ans (dans la vraie vie comme dans le roman !). D'employée de musée repliée sur elle-même et dont la voix était à peine audible, telle celle d'une souris, Ophélie a su s'affirmer et prouver qu'il ne fallait pas la sous-estimer, que sa voix pouvait être entendue elle aussi, et qu'elle ne se laissait pas marcher sur les pieds face à la menace ou au mépris. Et pourtant, à Babel,_elle va en connaître des intimidations et brimades ! Chantages, persécutions physiques et mentales,_surexploitation de ses compétences, dégradation de son opinion de soi... Rien n'est facile pour pouvoir accéder au fameux secrétarium qui permettrait à Ophélie de dénouer le mystère Dieu. J'ai été littéralement bluffée par sa capacité à supporter toutes ses souffrances, ce harcèlement moral quotidien, afin de venir en aide à son mari dans leur quête commune, afin de ne pas lui faire défaut, de ne pas l'abandonner, de ne pas le trahir et de le décevoir. Elle a tout encaissé, sans piper mot, en conservant toute son indignation en soi pour que son identité secrète ne soit pas exposée au grand jour. Attention, il ne s'agit pas d'une redite de Mime dans le premier tome. Christelle Dabos nous le précise directement : là où Mime n'était qu'un déguisement dont Ophélie était parfaitement consciente, sa couverture d'Eulalie va entièrement la recouvrir, au point de se confondre avec la véritable animiste qui se cache en dessous. Eh oui, notre Ophélie va tout bonnement nous faire une crise d'identité qui couvait déjà depuis belle lurette. Et l'explosion se fait à un moment bien choisi : notre nouvelle aspirante-virtuose se retrouve dans ce tome séparée de tous les êtres qui lui sont chers. En effet, l'auteure fait tourner son histoire entièrement autour de notre couple favori, de leurs retrouvailles et de leur objectif commun.

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On croise à peine le grand-oncle, la tante Roseline, mon Archibald chéri (qu'est-ce que je l'aime ce perso ! Mais Thorn reste mon number one ♥), Gaëlle et Renard (qui sont enfin ensembles, yeah !)... Même l'écharpe indissociable d'Ophélie va errer de son côté ! Quelques chapitres sont consacrés à la petite Victoire, née à la fin du tome 2, et qui sera selon moi le personnage central du tome final. J'ai adoré faire sa connaissance. Son amour pour son parrain Archie est juste adorable et vivement qu'elle rencontre sa formidable marraine ! Elle est déjà si perspicace à son âge et n'aspire qu'à voir le monde de toutes les couleurs, ne plus rester recluse chez elle, même si elle comprend que sa mère veuille la protéger. J'aimerais bien explorer à fond les vingt-et-une arches, représentatifs de l'étendue du génie de Christelle Dabos, mais mon petit doigt me dit qu'Arc-en-Terre sera notre prochaine destination.
Et j'en suis plus qu'impatiente !

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L'esprit de famille Farouk, assez désagréable au c½ur du tome deux mais intriguant et émouvant à sa manière, ne fait qu'une seule apparition, mais elle a son poids dans la balance. Enfin quelqu'un pressent le danger autour de Victoire et agit de façon forte et décisive ! Il se secoue enfin un peu,_le coco, le chef de famille du Pôle ! En deux-trois mots, il aura réussi à me faire frissonner et à apporter une véritable intensité à sa personnalité somme toutes nonchalante et très détachée. Au niveau des personnages purement babeliens, j'ai été très touchée par Ambroise et Blasius, qui représentent deux minorités discriminées, isolées tels des parias de la société si lisse à la surface : les handicapés et les homosexuels. L'auteure introduit cela toute en subtilité, sans appuyer là où ça fait mal, tout simplement car il n'y a pas à avoir honte de ce que nous sommes. C'est tout à fait naturel.

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Donc pas la peine d'en faire une montagne, il suffit juste de laisser les personnages être. Du moins, c'est comme cela que je l'ai ressenti et j'ai trouvé ça très beau. Ambroise est quelqu'un de très sensible, qui aimerait se sentir moins invisible, plus utile aux personnes qu'il aime et à sa cité. J'avais envie de lui faire d'énormes câlins de réconfort ! Quant à Blasius, il est un ami dévoué, toujours prêt à rendre service. Ophélie a de la chance d'avoir un allié comme lui sur cette arche si hostile qu'est Babel. Et, si vous pensiez qu'Ophélie avait un don surnaturel pour s'attirer des ennuis (dixit Thorn), ce n'est rien comparé à Blasius, le pauvre ! J'ai aussi beaucoup aimé Octavio, un apprenti-virtuose de Pollux (quel pantin celui-là...) qui semble être le seul à remarquer que le système de Babel est détraqué et à mal en accepter l'injustice et l'inhumanité.

۞ C'est simple, les habitants de l'arche sont à peine plus tolérants que leurs automates ! Il suffit de regarder l'insupportable Lady Septima (rien que d'écrire son nom, j'en grince des dents). Pour ce qui est de la véritable identité de Dieu... Disons que c'est un bel hommage à l'action d'écriture ! Je n'en dis pas plus !

La fin m'a laissée sans voix... Je ne vais pas survivre au tome quatre, je vous le dis mes amis ! Si vous n'avez pas encore lu La mémoire de Babel, je vous invite vivement à vous plonger dans ses délicieuses pages, évasion, aventures, frissons et étoiles dans les yeux garantis ! Et si vous n'avez pas encore commencé la saga de la Passe-Miroir, je n'ai qu'une chose à crier avec tout l'air qu'il m'est possible d'accumuler : QU'EST-CE QUE VOUS ATTENDEZ POUR PASSER DE L'AUTRE COTE DU MIROIR ?! Vous aimerez un homme (aka Thorn ♥♥) comme vous ne l'avez jamais autant aimé, et vous explorerez un univers renversant ! Encore merci à Gallimard Jeunesse pour ce COUP DE FOUDRE ϟ

« La seule véritable erreur est celle qu'on ne corrige pas. »

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#Posté le lundi 17 juillet 2017 04:44

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