Skyrock.com
  • ACCUEIL
  • BLOGS
  • PROFILS
  • CHAT
  • Apps
  • Musique
  • Sources
  • Vidéos
  • Cadeaux
  • Connecte-toi
  • Crée ton blog

Lunartic

Photo de Lunartic
  • Suivre
  • Envoyer un messageMessage
  • Plus d'actions ▼
  • Offrir un cadeau
  • Bloquer
  • S'abonner à mon blog

Statistiques

  • 43 019 Visites
  • 5 041 Kiffs
  • 23 421 Coms

500 tags

  • 2018
  • 2019
  • amitié
  • amour
  • aventure
  • coup de coeur ♥
  • Coup de foudre ♥
  • courage
  • drame
  • entraide
  • espoir
  • famille
  • Fiche Lecture
  • Fiche lecture
  • humour
  • Jeunesse
  • Littérature française
  • mystère
  • noirceur
  • service de presse

430 archives

  • FICHE LECTURE : Je t'aime jusqu'au bout du monde
  • FICHE LECTURE : Les AutresMondes de Tara Duncan - T1 : La Danse de la Licorne
  • FICHE LECTURE : 100% Bio - T5 : Cléopâtre vue par une ado
  • FICHE LECTURE : Gardiens des Cités Perdues - T1
  • FICHE LECTURE : Miguel, dauphin rebelle

643 fans

  • thekissingbooth
  • Mamzelle-Lie
  • dailyhollandobrien
  • BeautyGirlsCosmetics
  • dalgotem

382 sources

  • ChloeMoretz
  • Larson-Brie
  • Mamzelle-Lie
  • Emma-Rberts
  • thekissingbooth

Son morceau préféré

In Your Eyes

Jouer The Weeknd In Your Eyes

Skyrock music Ajouter

25 honneurs

  • Saint-Valentin
  • Spotlight
  • Anniv' 2 ans
  • Post 100
  • Écolo

Partage

  • Tweet
  • Amis 0

Retour au blog de Lunartic

2 articles taggés bouleversements

Rechercher tous les articles taggés bouleversements

FICHE LECTURE : Va et poste une sentinelle

FICHE LECTURE : Va et poste une sentinelle
• TITRE V.O. : Go set a watchman.
• AUTRICE : Harper Lee.
• ANNÉE : 2015 (USA ; FRANCE).
• GENRE(S) : Roman.
• THÈMES : Ségrégation raciale, politique, années 50, racisme, vingtième siècle, classes sociales, ère de changement, bouleversements, communauté, peur de la différence, maturité, famille, conflits, désaccords, engagement, combat, convictions, valeurs, humanité, émancipation, courage, affirmer son opinion, désillusion, déception, place de la femme, parole libérée, passé, nostalgie, cicatrices, noirceur, enfance, apprentissage, espoir...
• PAGES : 336.

Jean Louise Finch, dite « Scout », l'inoubliable héroïne de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, est de retour dans sa petite ville natale de l'Alabama, Maycomb, pour rendre visite à son père Atticus. Vingt ans ont passé. Nous sommes au milieu des années 1950, à l'aube de la déségrégation, et la nation se déchire autour des questions raciales. Confrontée à la société qui l'a façonnée mais dont elle s'est éloignée en partant s'établir à New York, Jean Louise va découvrir ses proches sous un jour inédit et voir vaciller toutes les fondations de son existence, politiques, sociales et familiales.
Va et poste une sentinelle est le deuxième roman de Harper Lee, mais fut écrit avant le mythique Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, qui reçut le Prix Pulitzer en 1961. Dernier volet de ce qui devait être au départ une trilogie romanesque dont l'Oiseau moqueur aurait été le premier tome, ce roman inédit marque le retour, après soixante-cinq ans de silence, de l'un des plus grands auteurs américains du siècle.

ஜ MON AVIS : Chronique rédigée en 2015.

Dès que j'ai appris que ce roman allait sortir, je n'ai eu qu'une envie absolue : le lire ! Imaginez-vous qu'un de vos romans favoris de tous les temps ait sa suite, plus de cinquante-ans après ! Ne serait-ce pas bigrement excitant pour vous ? Voilà ce que j'ai ressenti en apprenant la nouvelle, en voyant cet ouvrage dans une librairie. J'en avais les bras coupés. Je ne vais pas épiloguer sur mon amour inconditionnel pour Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, ni sur le film qui en a été adapté et que j'ai vu ce mois-ci, ce n'est pas le sujet. Bien évidemment, j'étais morte de trouille à l'idée d'ouvrir Va et poste une sentinelle (superbe titre au passage, parfaitement bien choisi), car non seulement c'est la suite d'une ½uvre que j'estime énormément. Mais il fallait aussi prendre en considération qu'Harper Lee s'était retirée de la vie littéraire après son ultime masterpiece, et surtout, surtout, que Go set a watchman a été écrit avant To kill a Mockingbird à la base !

D'ailleurs, cela se sent et c'est le premier point que je vais aborder. Certes, il n'y a pas d'incohérence entre les deux romans, et pour ça, je dis chapeau bas, car Harper Lee, logiquement, n'aurait pas été obligée de respecter sa trame d'origine, vu qu'elle n'a publié qu'un seul des deux romans en 1960. Je ne pense pas qu'à cette époque-là, elle se soit dit « Bon ben je n'ai plus qu'à attendre cinquante-cinq ans pour publier le tome deux ! ». Enfin, ce n'est là que mon humble opinion. Donc, de ce côté-là, le pari est réussi : on ne sent sans pas en terrain inconnu, comme si cela n'avait rien à voir avec To Kill a Mockingbird. Pour ma part, je ne me suis pas sentie en terrain inconnu ; au contraire, j'ai même tout de suite retrouvé mes repères. Cependant, Harper Lee a bien fait de publier To Kill a Mockingbird en premier lieu (je me demande quand même quelles raisons l'ont poussée à publier Go set a watchman que seulement maintenant) car je reste résolument perplexe face à cette suite.

Je suis bien obligée de vous parler du premier roman pour vous expliquer mon point de vue. Selon moi, Mockingbird (raccourcissons un peu, si vous me le permettez) est un livre d'une beauté incroyable sur l'enfance, la découverte des bassesses du monde des préjugés et apparences trompeuses ; c'est un roman d'une tendresse bouleversante, où l'on suit l'histoire d'une petite communauté qui n'en avait justement pas jusqu'au début de l'intrigue à travers les yeux d'une hilarante petite fille garçon manqué à laquelle on s'attache de suite, ainsi qu'à son grand frère. Dans Watchman, on retrouve cette bonne vieille Scout vingt ans plus tard qui rentre au bercail pour les vacances. Selon moi, c'est le point le plus réussi du roman : Scout a grandi et l'écrivain a justement l'ingéniosité de l'appeler désormais beaucoup plus Jean Louise, signe évident de son passage à l'âge adulte. Et Jean Louise est drôle, intelligente, lucide, mordante, mais au fond, elle reste toujours Scout, la petite fille qui portait des salopettes, qui avait comme meilleur ami d'enfance le maladroit mais touchant Dill, qui allait à l'école de Maycomb... La nostalgie est toujours là, et on sent que Jean Louise n'a toujours pas trouvé sa place dans ce monde en évolution. Ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est le fait d'aborder la relation enfants-parents, comment on peut parfois aduler nos aïeux en en oubliant qu'ils sont avant tout des êtres humains capables de faire des erreurs. J'ai trouvé cela important d'assister au cours du récit à cette confrontation entre Jean Louise et son père. L'histoire, comme dans Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, traite de la famille, de nos relations avec nos proches, de se forger sa propre identité et d'écouter sa conscience, mais aussi du racisme durant les années cinquante, avec des références à l'appui : la NAACP, la notion de ségrégation raciale, le KKK (le Klu Klux Klan), les relations noirs/blancs, ou plutôt l'inexistence de ce type de rapports interraciaux, au sein d'une société profondément hypocrite...

Dans les deux romans, Harper Lee arrive à traiter tous ces sujets sans s'emmêler les pinceaux, avec dextérité et pertinence. Cependant, je ne peux pas dire que Watchman a su me bouleverser comme son prédécesseur. Il est plein de justesse et constitue une très bonne suite mais la "magie" de Mockingbird a disparu de mon côté. Mockingbird est devenu un véritable monument de la littérature (et il mérite amplement sa réputation à mes yeux), je ne pense pas que Watchman s'élèvera à ce statut un jour, j'en suis même persuadée. Il mérite un certain succès ; néanmoins, je peux tout à fait comprendre les personnes qui n'aiment pas ce roman, qui trouvent ses dialogues vides, ou illogiques, ou manquant de consistance... Il est clair qu'il faut s'accrocher et que j'ai encore du mal à tout comprendre (et je confirme que, même quatre ans après, c'est toujours le cas...). Mais il y a tout de même un sens, un message, une ambition dans ces dialogues torturés entre Jean Louise et sa famille. L'écriture d'Harper Lee est en outre juste exquise et je suis ravie d'avoir pu enfin lire une autre ½uvre d'elle, de la retrouver.

Elle a cependant brisé un de mes mythes : Atticus Finch, ou l'un de mes personnages préférés tous romans confondus. Atticus Finch, celui qui est considéré (et à très juste titre) comme le plus grand héros du cinéma américain (merci au passage à Gregory Peck pour sa performance extraordinaire dans le film Du silence et des ombres, personne d'autre n'aurait pu selon moi jouer ce rôle) selon l'AFI, l'American Film Institute. Dans Watchman, Atticus est présenté sous son jour le plus sombre : il est en effet dépeint comme un être humain pouvant faire preuve de faiblesse et d'exactitude dans son jugement. La nature humaine fait que je devrais lui pardonner cette erreur mais je ne le ferais pas. Atticus Finch était mon symbole d'espoir, celui qui m'a donné foi en l'Humanité et en la justice dans Mockingbird. Je préfère me rappeler de lui comme cela plutôt que dans Watchman, où il a certes gardé son charme légendaire mais où je ne retrouve plus le modèle qui a défendu Tom Robinson et fait se lever toute l'assemblée des Noirs de Maycomb au procès avec ce passage qui fait trembler d'admiration : « Levez-vous, Miss Jean Louise : votre père est en train de passer. ». Atticus a perdu sa grandeur d'âme à mon sens et je peux comprendre ce choix d'Harper Lee car c'est tout bonnement humain d'aller en régression parfois (même souvent pour beaucoup). Simplement, ce n'est pas l'image que je souhaite garder de ce personnage exceptionnel qui me perturbe plus que jamais maintenant. Qui plus est, l'adage selon lequel la parole des anciens serait toujours d'or ne m'a jamais convaincue et Vois et poste une sentinelle semble me donner raison de ce que j'en retiens.

Pour conclure, je peux dire que Va et poste une sentinelle est un très beau roman qui dépeint les changements d'une société, d'une époque, d'une famille, avec brio, car ainsi va la vie. A nous de l'accepter ou non. Pour ma part, je suis d'avis que ce roman n'arrivera jamais à la cheville de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur. Suis-je déçue ? Pas vraiment, car je savais que Mockingbird était incomparable et qu'Harper Lee ne pourrait pas reproduire deux fois cet exploit. Cela n'aurait pas eu de sens et n'aurait procuré au lecteur aucun enrichissement quel qu'il soit. Watchman semble en réalité être l'autre face d'une même pièce : là où Mockingbird apporte de l'espoir dans sa noirceur environnante, Watchman apporte de la désillusion dans la vie de tous les jours, des années 50 ou d'aujourd'hui. En tout cas, c'est ce que j'ai ressenti au plus profond de moi au cours de ma lecture. Du coup, je trouve cela très intéressant de lire les deux romans de cette série Scout Finch écrite par une auteure hors-pair. Mais cela implique de ne plus reconnaître certains personnages tant aimés, de ne plus se sentir chez soi au sein de la ville de cette chère Miss Maudie, la bonne vieille Maycomb, en proie au racisme et à l'ennui ; c'étaient effectivement les risques qu'il fallait prendre pour poster la sentinelle qui prend le relais de l'oiseau moqueur. Pour ma part, je ne me lasserai jamais du chant sempiternel de cet oiseau qui chante pour notre bon plaisir uniquement, tandis que la sentinelle, je sais que je dois la poster à autrui, mais de se rappeler toute l'hypocrisie du monde, cela fait extrêmement mal chaque jour. Je préfère rester sur l'ancienne balancelle des Finch, à jouer gaiement avec Jem, Dill et Scout, comme dans l'ancien temps, libre à moi de faire ce choix. ★★★★★

Nanette ♥
Tags : Fiche lecture, Va et poste une sentinelle, Grasset, Littérature américaine, 2015, Harper Lee, roman, Ségrégation raciale, politique, années 50, racisme, vingtième siècle, classes sociales, ère de changement, bouleversements, communauté, peur de la différence, maturité, famille, conflits, désaccords, engagement, combat, convictions, valeurs, humanité, émancipation, courage, affirmer son opinion, désillusion, déception, place de la femme, parole libérée, passé, nostalgie, cicatrices, noirceur, enfance, apprentissage, espoir, Très bonne lecture
​ 8 | 4 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.239.236.140) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le jeudi 22 août 2019 10:51

Modifié le mercredi 04 septembre 2019 09:19

FICHE LECTURE : Tous les âges me diront bienheureuse

FICHE LECTURE : Tous les âges me diront bienheureuse
• AUTRICE : Emmanuelle Caron.
• ANNÉE : 2017 (FRANCE).
• GENRE(S) : Contemporain.
• THÈMES : Destin de femme, Russie, France, Angleterre, bolchévisme, mafia russe, violence, mort, drame, secrets, mystères, Histoire, bouleversements, confession, vérité,...
• PAGES : 272.

Qui est Ilona Serginski ? Qui est cette vieille femme, que sa petite fille, Eva, croit si bien connaître, et qui vit recluse dans une maison de retraite bretonne ? Aux portes de la mort, Ilona se met à parler une langue inconnue et réclame un prêtre pour confesser les crimes d'une existence dont il apparaît soudain que personne n'a démêlé les secrets. D'où vient-elle vraiment, quelle est son histoire ? Pour y répondre, il faudra plonger dans les replis de la tragédie russe et soviétique, et suivre la lignée d'Ilona, depuis les remous de la guerre civile en 1917, jusqu'à aujourd'hui. Traversant tous les âges, Ilona sera tour à tour la fille adorée d'un assassin, l'idole prostituée d'un ogre mafieux et la mère sacrifiée d'une enfant trop brillante. Ce premier roman dévoile le destin d'une femme, emblème de son siècle passionné et violent.

FICHE LECTURE : Tous les âges me diront bienheureuse
ஜ MON AVIS :

Que dire, que dire...

Tout d'abord, un immense merci aux éditions Grasset de m'avoir à nouveau accordé leur confiance et pour ce chaleureux envoi qui me faisait grande envie (merci Emilie aka Bulledop d'avoir présenté ce livre dans C'est au Programme). Paru à cette rentrée littéraire, ce premier roman signé Emmanuelle Caron m'a donc permis de découvrir une nouvelle autrice au sein du paysage littéraire, par le biais de l'histoire rocambolesque, teintée de faibles lueurs de lumière jusqu'à la sortie tant attendue de ce tunnel de mort, de fuite, d'errance et de soumission pour une femme à la beauté glacée de Russie prénommée Ilona.

Cette histoire de toute une vie va nous ramener loin de notre époque actuelle, dans une URSS bolchévique, violente et sanglante, où l'on tue ou bien l'on est tué. C'est dans cette environnement particulièrement hostile et malsain que va grandir la jeune Ilona Serginski. Suivant l'idéal de son père, un pope dévoué au communisme, elle va devenir assassine et vendre son corps et son âme à une cause qui la dépasse entièrement. La vie ne lui aura fait aucun cadeau, si ce n'est en la personne du petit poupon Eva, mais à quel prix... En tout cas, Ilona ne lui pardonne pas, à cette existence tâchée, et elle ne se le pardonne pas non plus. Ce passé qui lui ronge les entrailles et qui continue à hanter sa conscience, Eva, sa petite-fille bien aimée, n'en sait strictement rien. A ses yeux, Ilona est sa baba chérie, sa Babouchka à laquelle elle est tant attachée, et qu'elle relie dans son esprit à la Bretagne de son enfance, faite de douceur, de crêpes, et d'une atmosphère paisible et rassurante. Mais derrière le soleil, se cache la lune...

Ce récit avait toute l'étoffe pour en devenir un grand, une épopée humaine spectaculaire qui nous amène sur le chemin à reculons de la rédemption d'une femme, de sa prise de conscience qu'elle était manipulée et abîmée entre les mains d'un marionnettiste effarant et terriblement séducteur qui en avait fait sa poupée de chair et de sang. Or, ce combat de femme sur lequel l'épée de Damoclès plane constamment ne m'a pas entièrement convaincue. Je refais mon expérience de lecture avec beaucoup de "si". Je me dis que, si j'avais été dans de meilleures dispositions, moins fatiguée de ma semaine d'études (qui m'ont fait repoussé cette lecture à beaucoup plus tard que prévu par ailleurs, toutes mes plus sincères excuses), si je n'avais pas lu ce roman de moins de trois cent pages d'une traite, si j'avais pris le temps d'étudier plus en profondeur les spécimens humains qui y sont présentés, en m'arrêtant plus sur les détails, peut-être que mon ressenti en demi-teinte aurait été différent. En tout cas, je retiens une chose importante, et un bon point sur ce roman : il nous donne envie de le redécouvrir. Rares sont les livres qui nous font un tel effet dans notre société de consommation.

Je déplore néanmoins une narration trop fragmentaire à mon goût, avec quelques allers-retours et la suite d'une autre trame qui m'ont soit semblé inutiles, soit m'a déroutée. Je m'attendais à un récit plus linéaire, avec un flashback permanent entre le passé tumultueux et traumatisant d'Ilona, son cheminement semé d'embûches et de souffrance vers la libération émotionnelle, physique et morale, et le passé entre la Babouchka et sa petite fille adorée, la reconstruction d'une femme forte au c½ur et l'âme meurtris, qui peut enfin goûter à un amour et à un mode de vie purs. Tel était ma vision des choses. Or, le récit ne nous présente qu'une infime partie de la relation entre la Baba et sa petite Eva, qui a permis à la Eva désormais adulte de grandir choyée et forgée pour affronter le réel, éduquée par une femme aimante, reconnaissante, et si brave. Même si cela peut sembler évident, cet amour si enraciné et puissant que les deux femmes se portent, d'une génération à une autre, ces moments de tendresse et de bonheur entre elles m'ont manqués, cela aurait alloué un parallèle frappant et intéressant entre le pan d'Histoire sombre et tragique qu'a vécu la Russe sur le territoire soviétique et l'autre moitié de sa vie, nettement plus lumineuse et gratifiante.

D'autre part, j'ai trouvé qu'Eva avait une place infime dans l'intrigue, excepté pour la fin de la narration des malheurs d'Ilona, qui est juste déchirante, à fendre le c½ur et qui rattrape largement les trois quarts de l'histoire qui m'ont laissée mi-figue mi-raisin, avec des étincelles dans cette trame de narration inhabituelle, parfois brouillonne et la plupart du temps brumeuse, de moments forts, durs, intenses, bouleversants et absolument saisissants, qui ne peuvent PAS vous laisser de marbre, par-ci par-là. Des instants de récit criant de vérité, de cruauté qui vous glace le sang dans les veines et qui vous foudroie le c½ur et votre sensibilité.

Je sais qu'Ilona est le personnage central du roman, la femme "bienheureuse" du titre (qui est, par ailleurs, diantrement bien choisi et marquant), elle a su vaincre dans l'adversité et aimer brutalement, quitte à s'embraser, mais Eva est un personnage-clé dans l'histoire de son existence, elle constitue le moteur qui lui a donné la force inexorable d'aller de l'avant. On en revient donc au fait que ces moments de l'enfance d'Eva, de l'après épisode traumatique (je ne suis pas prête de m'en remettre pour ma part), étaient nécessaires à mes yeux pour faire la lumière sur ce passé qui ne passe pas et dont la vieille femme a le besoin indispensable de confesser avant de mourir de sa bonne mort, et pour mieux le mettre en connexion avec le présent.

Oui, on sait quand même des choses d'Eva, qu'elle a été actrice, qu'à sa façon elle a été une femme remarquable comme sa grand-mère, à la beauté inoubliable, puis qu'elle a perdu son aura, sa flamme, qui commence seulement à renaître, et cela nous permet de mieux comprendre la personnalité énigmatique d'Ilona, mais j'en aurai voulu tellement plus ! Je crie haut et fort ma frustration ! Je sais que, quand l'auteur nous donne toutes les clés de son récit, ce n'est pas drôle. C'est presque rebutant. Mais là, c'est comme si on m'avait donné une miette de pain alors que la miche est juste sous mes yeux, si alléchante (les métaphores de nourriture et moi, c'est une grande histoire d'amour). J'ai l'impression d'être passé à un côté d'une potentiel pépite, à tous les niveaux, et cela m'énerve. Et cette amourette avec un autre personnage, pourtant fort sympathique, je ne dis pas, qui arrive comme un cheveu sur la soupe, NON NON NON ! Quel est l'intérêt ? De dire que la vie continue, "the show must go on" dans le cadre du spectacle et du théâtre ici, qu'on peut trouver l'amour même avec les personnes les plus improbables ? C'est un très joli discours, mais soit on le développe suffisamment, au point qu'il empiète sur la trame principale ou qu'il la complémente (ce qui serait tout de même mieux), soit on l'évoque le temps d'un minuscule chapitre, comme c'est le cas présent, et pour ma part, je ne vois pas ce que ça vient faire là.

Et enfin la chose, ou plutôt la personne, la plus incompréhensible, qui m'a clairement décontenancée, pour mon petit esprit malmené : Siméon. OK, Ilona a besoin d'un prêtre pour se confesser. OK, le fait qu'il parle russe, la langue maternelle que la vieille femme ne cesse plus de déblatérer à cause de son esprit rongé de remords, j'avoue que c'est un bon point pour lui. Mais j'ai eu l'amère sensation qu'il ne servait UNIQUEMENT qu'à ça dans toute cette aventure sens-dessus dessous. Certes, on a le droit à quelques chapitres de son background personnel, mais cela m'a plus mis dans la panade et dans l'ennui qu'autre chose. J'ai trouvé que ce personnage manquait particulièrement de consistance pour qu'on s'attache, que son histoire, qui avait pourtant de quoi nous parler et nous émouvoir, était mal ficelée, mal amenée et donc qu'elle m'est restée hermétique et froide. Impossible de compatir ou de comprendre quel était l'enjeu de cette sous-intrigue. A part le fait que Siméon arrive comme une fleur à la fin dans la chambre d'hôpital, sur les talons d'Eva, dans l'unique visée de recueillir la confession d'Ilona. Point barre. Un personnage en somme très plat, qui a pourtant sa place de choix dans le récit, et auquel je ne me suis ni identifiée, ni attachée un tant soit peu. Le néant total.

Pour conclure, je dirais que Tous les âges me diront bienheureuse est un roman en définitive assez inégal, avec des éclairs de moments narratifs qui sauront marquer l'imaginaire et la mémoire du lecteur, mais aussi avec des phases d'incompréhension qui nous laissent perplexes et incertains, faites de métaphores peut-être trop élaborées pour mon cerveau bouillonnant et de réminiscences qui restent dans le flou, et un ramdam de cavales en tous genres, de la Russie au Caucase en passant par le sud de la France et l'Angleterre, à l'issue qui se dessine assez rapidement et facilement, tout en ne nous laissant pas au bout de nos peines. Cet oscillation constante entre désapprobation, déception et frustration d'un côté et surprise, voir stupéfaction, chamboulement de la petite âme fragile et admiration face à cette femme aux multiples facettes et à la force de caractère impressionnante, tant face à la relation nocive entretenue avec un mafieux russe, aux deux tempéraments de feu mère/fille qui vont s'affronter, qu'à son amour dévorant et empli de bienveillance et de calme pour la petite fille Eva, ce yo-yo émotionnel m'a désemparée et fait donc que je suis à moitié convaincue. Néanmoins, je ne regrette pas cette lecture car elle m'a fait découvrir une écriture forte et fragile à la fois, qui n'hésite pas à prendre des risques et à nous manipuler par le bout du nez, une écriture pleine de douceur et d'âpreté que j'ai hâte de retrouver. Je salue tout de même Emmanuelle Caron pour ce premier roman, première pierre à l'édifice qui sera constitué de romans plus aboutis, polis encore par la suite au fur et à mesure que cette plume singulière s'aiguisera et se fera plus mordante, structurée et généreuse. La gemme a besoin de travail et de patience avant de briller mais son éclat se fait déjà remarquer. Je ne peux vous dire qu'une chose : laissez sa chance à cet ouvrage, tout comme moi je lui en laisserai une seconde, afin qu'on fasse plus ample connaissance et qu'on soit plus tolérants l'un envers l'autre.

« Je me suis donnée au Mal. J'ai tué beaucoup de gens. »
Tags : Fiche Lecture, Éditions Grasset, Tous les âges me diront bienheureuse, Emmanuelle Caron, Rentrée Littéraire 2017, Roman contemporain français, Destin de femme, Russie, Bolchévisme, Mafia russe, violence, mort, drame, Secrets, mystère, Histoire, bouleversements, confession, vérité, Angleterre ♥
​ 13 | 89 | Partager
Commenter

Plus d'informationsN'oublie pas que les propos injurieux, racistes, etc. sont interdits par les conditions générales d'utilisation de Skyrock et que tu peux être identifié par ton adresse internet (3.239.236.140) si quelqu'un porte plainte.

Connecte-toi

#Posté le jeudi 16 novembre 2017 04:40

Modifié le mardi 28 novembre 2017 09:02

Design by Lunartic

Signaler un abus

Abonne-toi à mon blog ! (2 abonnés)

RSS

Skyrock.com
Découvrir
  • Skyrock

    • Publicité
    • Jobs
    • Contact
    • Sources
    • Poster sur mon blog
    • Développeurs
    • Signaler un abus
  • Infos

    • Ici T Libre
    • Sécurité
    • Conditions
    • Politique de confidentialité
    • Gestion de la publicité
    • Aide
    • En chiffres
  • Apps

    • Skyrock.com
    • Skyrock FM
    • Smax
  • Autres sites

    • Skyrock.fm
    • Tasanté
    • Zipalo
  • Blogs

    • L'équipe Skyrock
    • Music
    • Ciné
    • Sport
  • Versions

    • International (english)
    • France
    • Site mobile