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FICHE LECTURE : La meilleure des vies

FICHE LECTURE : La meilleure des vies

• TITRE VO : Very Good Lives: The Fringe Benefits of Failure and the Importance of Imagination.
• AUTRICE : J.K.Rowling
• ANNÉE : 2015 (GRANDE-BRETAGNE) ; 2017 (FRANCE).
• GENRE (S) : Témoignage, essai.
• THÈMES : Discours, Harvard, développement personnel, apprentissage, espoir, combat, courage, amour de soi, échec, imagination, inspiration, tolérance, force, leçon de vie, réflexion, philosophie de vie, expérience personnelle, empathie, écriture,...
• PAGES : 88.

Invitée à prononcer le traditionnel discours annuel lors de la cérémonie de remise des diplômes de fin d'année à l'université Harvard, J.K. Rowling a transformé ce rituel convenu en un témoignage très personnel, dont chacun peut tirer une véritable leçon de vie.
Puisant directement aux sources de sa propre expérience, dont elle nous confie des épisodes méconnus, l'autrice dégage ici avec émotion, acuité et ironie des principes qui aideront toute personne à la croisée des chemins à méditer sur le sens de l'existence en général et de sa vie en particulier.
L'autrice souligne notamment les bienfaits insoupçonnés de l'échec et l'importance de l'imagination, non seulement comme faculté de création, mais comme pouvoir d'empathie.
La nature des sujets abordés et la puissance intemporelle de ce bref ouvrage circonstanciel en font un grand livre de sagesse éternelle.

« Il en va de la vie comme d'une histoire : peu importe ce qu'elle dure; ce qui compte, c'est qu'elle soit bonne. »
- Sénèque

ஜ MON AVIS : Un petit livre qui peut avoir un grand impact sur votre vie...

Tout d'abord, et pour ne pas perdre les bonnes habitudes, un grand merci aux éditions Grasset pour ce sublime envoi. Etant donné que l'ouvrage est très court (moins de cent pages) et que donc, je ne vais pas trop m'éterniser à son propos afin de ne pas vous en gâcher son contenu si intéressant, inspirant et enrichissant, juste une petite mise en avant de l'objet-livre.

Tout simplement car il le mérite à mille pour cent. Ce livre est petit, compact,-très léger, donc très agréable à tenir en main. De plus, c'est un hard-back et je sais que pour pas mal de lecteurs, ça signifie beaucoup. Sa couverture papier est superbe, très épurée et élégante, et, quand vous l'enlevez, cela vous dévoile un petit livre rouge avec des toques de diplômés américains dessus.

Bref, je pourrais m'extasier pendant des heures sur cet ouvrage qui fait divinement bien dans ma bibliothèque et continuer mon télé-achat, mais voilà, je tenais à souligner la qualité d'édition de cet ouvrage. Bravo, Grasset.

Maintenant, entrons dans le vif du sujet. Késako ? Qu'est-ce que ce livre peut bien nous raconter en une poignée de pages seulement, même pas cent ? Eh bien, toute l'expérience d'une vie, mes amis. Et pas des moindres : celle de notre maman magicienne, notre reine adorée, celle qui a marqué l'enfance et la vie de lecteur de beaucoup, j'ai nommé : J.K. Rowling.

Et une fois de plus, force est de constater que notre autrice bien-aimée sait manier les mots avec une dextérité que personne d'autre ne possède et qui, pour le coup, relèverait presque de la magie. Celle-ci, en tout cas, continue de faire mouche, cette fois dans le cadre d'un discours donné aux diplômés de Harvard de la promo 2008. Soit il y a presque dix ans, et pourtant, je peux vous assurer que les mots prononcés par J.K. ce jour-là ne tomberont pas dans l'oubli, qu'ils garderont éternellement leur valeur et leur force, et je remercie la maison d'édition anglaise Little, Brown and Company, et celle française de Grasset deux ans après, d'avoir eu l'intelligence remarquable de transmettre et de partager ces mots prononcés sur papier, de les graver noir sur blanc.

Même Albus Dumbledore n'aurait pas fait mieux en prononçant ces paroles qui vous forgent un individu et lui permettent d'avancer dans la vie. Qui plus est, de magnifiques illustrations viennent agrémenter la lecture et s'accordent parfaitement avec les propos pleins de bon sens et éclairants comme un phare dans la nuit de J.K.

Un vrai plus à ce livre petit par la taille mais grand par l'effet colossal qu'il produit sur nous, lecteurs, par la leçon de vie foudroyante qu'il nous donne, tel un nouveau jour qui se lève et qui nous éblouit. Je le garderai à tout jamais comme livre de chevet dans lequel me replonger dès que je me sentirai mal dans ma peau ou aurai la sensation de n'être qu'une moins-que-rien. Ce livre est une source de motivation perpétuelle qui en fait un indispensable à mes yeux afin d'aborder convenablement la vie.

Je vais vite conclure, car je ne voudrais pas vous priver de cette opportunité unique de découvrir d'autres pans de la vie de J.K. Rowling, qui, malgré ses malheurs, son désarroi, son sentiment d'abandon et de non-appartenance au monde, s'est rendue compte qu'on peut en survivre, surpasser ce chagrin presque morbide, et que la fidélité, la dignité, le respect et l'intégrité continuent à exister dans un monde malade qui peut sembler être un gouffre sans fin de noirceur.

Une fois de plus, J.K. confirme qu'elle a le c½ur grand comme ça, accompagné d'un humour qui n'a pas su être entaché des dures épreuves qu'elle a dû traverser, et elle nous prodigue des conseils réconfortants et qui nous poussent à aller de l'avant. Ce discours fait preuve d'une grande humilité, d'une sagesse exemplaire concernant la façon de percevoir autrui et soi-même, et surtout, Joanne a su, je pense et je l'espère grandement, atteindre en plein c½ur, toucher, émouvoir ces étudiants de la prestigieuse Harvard qui, elle le rappelle, sont brillants de leur travail acharné et n'auront sans doute aucun mal à trouver une place enviable dans ce bas monde.

Le fait qu'elle leur incombe comme mission d'élever la voix pour ceux qui n'en ont pas, de se servir de ce privilège qu'ils ont entre leurs mains d'être entendus et considérés comme importants pour se placer du côté de l'Humanité au lieu de celui du pouvoir, c'est un exemple qu'on devrait tous prendre comme maxime dans notre vie, qu'elle soit lumineuse de gloire, d'argent, de réussite, de succès, ou qu'on soit plus dans l'ombre. Tant qu'on a l'imagination d'un monde meilleur, une grandeur et une ouverture d'esprit, tout reste possible et réalisable. COUP DE C¼UR ♥

J'ai fait lire cet ouvrage à ma maman, et elle a su être conquise par son message instructif, rayonnant de vérité et de lucidité. Et vous, qu'en sera-t-il pour vous ?

« Nous n'avons pas besoin de magie pour transformer notre monde ; nous portons déjà en nous tout le pouvoir dont nous avons besoin. »
Tags : Fiche Lecture, service de presse, Grasset, J.K. Rowling ♥, La meilleure des vies, 2017, Témoignage, Discours, Harvard, développement personnel, apprentissage, espoir, courage, amour de soi, échec, imagination, tolérance, force, écriture, combat, inspiration, leçon de vie, réflexion, philosophie de vie, expérience personnelle, Empathie, essai, coup de coeur ♥
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#Posté le dimanche 17 décembre 2017 14:39

Modifié le vendredi 09 février 2018 17:38

FICHE LECTURE : Gary Cook - T1 : Le Pont des oubliés

FICHE LECTURE : Gary Cook - T1 : Le Pont des oubliés

• AUTEURS : Romain Quirot, Antoine Jaunin.
• ANNÉE : 2017 (FRANCE).
• GENRE(S) : Jeunesse.
• THÈMES : Monde post-apocalyptique, dystopie, aventure, action, espace, amitié, adolescence, drame, crise d'identité, adrénaline, espoir, volonté, mystère, science-fiction...
• PAGES : 393.

Ma chronique du tome 2 : ici.

Dans un monde recouvert par les flots, une seule chance de survie : embarquer à bord de gigantesques navettes spatiales.

Gary Cook a grandi sous le pont des Oubliés, l'un des derniers refuges sur cette Terre condamnée. A quinze ans, il passe la plupart de son temps avec Max et Eliott à bord du Neptune, leur modeste bateau de pêche. Les trois amis rêvent de prises fabuleuses et d'aventures.

Autour d'eux pourtant, le monde touche à sa fin. Chaque année, d'immenses navettes surgissent de la mer pour fuir dans l'espace. Des navettes auxquelles les Oubliés n'ont pas accès, jusqu'au jour où Gary apprend que, pour la première fois, l'équipage vainqueur de la terrible course fantôme gagnera sa place à bord de Deucalion VII. S'ils veulent faire partie du voyage, nos trois héros vont devoir prendre tous les risques...

ஜ MON AVIS : Une histoire submergée par les eaux qui nous emmène au-delà des nuages, vers le ciel et au-delà, le firmament des étoiles...

Je tiens à remercier chaleureusement les éditions Nathan pour ce sublime envoi. De recevoir des SP de chez eux, d'avoir ce partenariat avec eux, c'est toujours un grand plaisir et honneur. Et puis de la science-fiction en plus. Avec des navettes spatiales, itou, itou. C'est tout ce que j'aime, il en faut peu pour être heureux. Sérieusement, la SF est un de mes genres de prédilection. Il n'en fallait pas plus pour me convaincre de laisser sa chance à ce titre intriguant à la superbe couverture au dégradé de bleu et aux reflets argentés qui me faisait franchement de l'½il. Et qui, je le sais désormais, est à l'image parfaite du roman, mystérieux et envoûtant. J'ai succombé face à cette récente parution qui mérite amplement l'intérêt qu'elle suscite. La curiosité m'a piquée et je ne regrette strictement rien.

Qui plus est, il s'agit du premier tome d'une saga prometteuse, qui m'a complètement immergée dans un univers extrêmement visuel, somptueux et travaillé, digne d'un film, touché par des instants de poésie et des étincelles venant d'une autre galaxie... ou plutôt d'immenses tours blanches, qui embrassent le ciel caché par des nuages d'un gris terne et diantrement impressionnantes, tant au niveau des proportions que ce qu'elles symbolisent. J'ai eu la chance d'en découvrir plus sur ce nouveau titre intriguant grâce à ses deux auteurs, un réalisateur et un journaliste (ce n'est pas rien !), qui ont su m'embarquer dans ce monde hostile et à couper le souffle à la fois avec passion, en m'offrant le plus chaleureux des accueils. Et puis, quoi de mieux que de rencontrer les "pères" d'un personnage que je considère comme un autre de mes nombreux amis d'encre et de papier, j'ai nommé : Gary Cook !

Cet adolescent de quinze ans, joliment surnommé "Cookie" (et voilà, j'ai faim), est un héros auquel on va s'agripper dès les premiers instants de l'histoire. Certes, il est loin d'être le stéréotype fantasmé du garçon ténébreux, bad boy, au buste en V, aux abdos parfaitement dessinés ou bien encore quarterback de son équipe de football américain ou bien alors capitaine de son équipe de foot (on va rester dans des standards français hein) et qui en attraperait vite le melon. Ajoutez à cela que sa vie au sein de cette atmosphère humide et brumeuse n'est pas bien folichonne et peut se résumer aisément : de la pêche, manger du poisson (et croyez-moi, vous allez en être dégoûtés), prendre soin de SON poisson phosphorescent Météor et aller boire une étrange boisson qui se décline en plusieurs couleurs au bar L'Amiral de Simone. Bref, il y aurait de quoi déprimer et trouver Gary, sa bulle dans laquelle il évolue, ses petits bourrelets, ses craintes, sa maladresse, son petit côté étourdi, toujours un peu ailleurs, dans la lune (ou devrais-je les étoiles), et ses ambitions d'attraper un orqual dans ses filets inintéressants.

Eh bien, justement, c'est ça que j'ai aimé par-dessus tout. Les clichés, les scénarios type, les personnages stéréotypés, dans cette histoire, vous les jetez à la poubelle, oubliés (jeu de mots totalement involontaire !) ! Ce premier roman pondu par deux amis talentueux et à l'esprit foisonnant d'idées est empreint d'un réalisme saisissant, mélangé à des instants-clés qui vous en feront perdre votre oxygène. Que je m'explique : le caractère profondément humain s'incarne par les différents personnages de l'histoire. Personne n'est mis dans une case, personne n'est jugé et ils ont tous, autant ados qu'adultes, plusieurs nuances de caractère qui font qu'aucun d'entre eux ne nous est véritablement antipathique. Pas même George, le père de Gary, et pourtant il y aurait de quoi. Pour mieux élaborer cet exemple-ci, on peut compatir pour George car il essaye désespérément de comprendre son fils, de renouer avec cet ado perdu dans ses pensées et qui ne sait plus vers qui se tourner et en quoi avoir foi. Pourtant, la faiblesse de caractère de George face à l'autorité, et son fatalisme navrant le perdront, et il se montrera impitoyable à appliquer une loi injuste, presque absurde, au sein du monde étriqué et opprimé par un gouvernement invisible des Oubliés, afin de maintenir un semblant d'ordre. Les règles, toujours les règles.

Je pense que cet exemple est assez probant pour démontrer que les personnages de cette saga toute belle toute neuve ne sont ni blancs, ni noirs. Ils sont gris, tels les nuages sur lesquels ils lèvent leurs yeux le matin, en vu et su du ciel, qui a disparu de leur horizon, ce qui les maintient sous leur pont, isolés de tous. Ils ont tous un background et une vision de la réalité qui explique leurs actes et leur comportement face à la société. Leurs croyances, leurs rêves, leur expérience du monde régissent leurs émotions et leurs actes. Ils sont humains tout simplement, ils ont leurs faiblesses comme tout le monde et ne cherchent pas à être des héros. Juste à survivre et à faire de leur mieux dans ce qu'ils font. Cela leur apporte une réelle consistance et une crédibilité qui fait plaisir à lire et à ressentir.

Des personnages tels que le grand-père d'Eliot ont vu leur monde s'effondrer, issus de l'ancienne génération (soit la nôtre, qui n'a fait que des conneries, excusez le vocabulaire), le soleil, les bonbons, les téléphones portables, tout un mode de vie disparaître, leurs proches partir un par un et ils en ont fini par se renfermer et ne plus dévoiler leurs sentiments. Et pourtant, c'est un c½ur en or qui se cache dans cette poitrine d'ours mal léché, ainsi qu'une force de lion et un sang-froid admirables. Simone est un personnage qui m'a fortement touchée. Son antre est telle l'ancre qui maintient le bateau à flot, un repère indispensable dans la vie de Gary. Cette femme, mère avant tout, a le c½ur noble et débordant d'amour. Elle a vu "Cookie" grandir et la tendresse muette entre les deux m'a bouleversée, car elle me rappelle mes proches et dont ce que j'ai moi-même vécu sur le plan humain et émotionnel.

Néanmoins, le personnage qui m'a le plus agréablement surpris est Dean. De prime abord froid comme un pic à glace (ou plutôt comme un spectre, vu le nom de son bateau), ce jeune garçon plus à même de répondre à la définition de "ténébreux" va laisser paraître l'envers de l'iceberg. Dean est un garçon écorché vif à la vie, qui s'accroche jusqu'à la dernière branche (bon, vu la disparition partielle des arbres dans ce récit, ce n'est pas la meilleure métaphore que je pouvais faire...), qui va retenir son souffle jusqu'au bout sans trembler. C'est le genre de personnages qu'on aurait tendance à juger trop rapidement, dû à de mauvaises premières impressions, alors qu'en réalité, Dean est un battant qui a de bonnes raisons de hurler toute sa rage au monde, de façon verbale et corporelle. Et même si cela n'excuse pas tout, il reconnaît sans broncher ses erreurs et ça, je dis chapeau.

Mais surtout, je pense que Gary Cook est une ode à l'amitié, celle qui est belle et puissante, qui rassemble des âmes s½urs, des esprits connectés entre eux, tel une évidence. Quant on sait que les influences des deux auteurs sont le film Les Goonies et les romans du grand Stephen King (avec le "Club des ratés" de Ça ou encore les enfants de Stand by me pour ne citer qu'eux), rien d'étonnant. En effet, on ne va pas suivre que les péripéties et les émois d'adolescent du jeune Gary, homme à en devenir, mais aussi celles du trio inséparable formé avec Max et Eliott. On aura même le privilège d'en voir la naissance dans un flash-back plus que touchant, au goût amer de nostalgie.

Certes, il y aura des embrouilles, des divergences d'opinion, car les trois garçons ont chacun leur tempérament et leur façon de penser. Pourtant, c'est ensemble qu'ils sont les plus forts, en apprenant des uns les autres. Max est le type qu'on a vite fait d'admirer, car, contrairement à Gary, qui reste souvent pétrifié, tétanisé d'effroi, il ose faire face à l'adversité, répondre aux brimades des "grands affreux", les roublards du navire rival du Spectre. Eliott est le centre névralgique, la colonne vertébrale du groupe. Comme son grand-père, sa ténacité à rester fidèle à ses idéaux et à ses rêves est impressionnante et cette force, il va l'insuffler à ses deux amis. Ces trois-là forment un trio soudé, très proche et solidaire et j'ai pris un immense plaisir à m'insérer dans leur bande sur le modeste bateau du Neptune, à les voir grandir en maturité et à les encourager à la poursuite de leur victoire, de leurs aspirations.

__________« Si tu ne sais pas pourquoi tu te bats, tu n'as aucune chance de gagner. »

Bien sûr, l'arrivée au sein de l'équipe de choc de l'énigmatique et courageuse Lou (qui apparemment se serait appelée Lucie à un moment donné ??), qui ne manque pas de caractère et qui est représentative de cette population de privilégiés abritée dans les tours blanches, ne va pas arranger les choses au moment de la tension qui s'instaurera entre nos trois mecs (avec le pauvre Eliott qui se retrouve au milieu d'un "drame", en réalité) et qui va accentuer le fait que Gary est plus en retrait et effacé que ses deux camarades, en particulier un. Ah, les garçons et leurs relations avec la gente féminine, ça les rend tous choses et leur fait perdre leur bon sens parfois... Que voulez-vous, on ne les changera pas. Néanmoins, avec tout ça, c'est Gary qui reste mon petit chouchou, ce garçon intelligent, à l'esprit vif et aux belles réflexions sur la vie, qui va sortir de sa carapace, s'imposer, oser. Je l'aime, c'est tout !

N'empêche que, décrite comme ça, je donne l'impression que Lou va uniquement semer la zizanie dans le groupe. Mais ce sera un mal pour un bien, car elle va in fine apporter un vent de fraîcheur et déclencher chez Gary une prise de conscience qui va le faire sortir de sa coquille, lui faire se poser les questions nécessaires dans le but d'aller regarder ailleurs que sous le pont afin de parvenir à une vie meilleure. Ce réveil se fera progressivement au fil de l'histoire et on prendra un grand plaisir à voir Gary évoluer et ne plus se laisser ronger par ses angoisses et sa lâcheté.

Un autre détail qui relève du réalisme, ainsi que des inspirations littéraires et cinématographiques et des connaissances mythologiques des deux auteurs : ils ne font pas dans la dentelle. Pour être plus précise, rien ne sera épargné aux personnages de ce roman, la vie ne leur fera pas de cadeaux : désillusions, maladie, désarroi, deuil, tristesse infinie, manque d'un être aimé, rage face à l'impuissance et à l'injustice. Autrement dit, un flot d'émotions se déferle sur vous durant l'avancée de l'intrigue et gare à la noyade... Gary lui-même va devoir faire face à différentes révélations sur ses proches, ce qui à de quoi donner la boule au ventre, et il restera malgré tout toujours combatif, fidèle à lui-même et n'abandonnant jamais ses amis, vaille que vaille. Les décisions qu'il aura à faire à son jeune âge seront déchirantes mais cela ne l'empêchera jamais d'aller de l'avant du mieux qu'il le peut. Quand je vous le disais que je l'adore ce petit !

Je lis très peu de romans écrits à quatre mains, faute de m'y intéresser particulièrement, alors que je suis très admirative à l'idée de deux esprits qui s'accordent pour nous offrir une histoire imaginée à deux, en toute harmonie et complicité. Dans le cas de celui-ci, je peux dire que c'est rondement bien fait. C'est-à-dire que les talents, les idées, la plume des deux auteurs se mélangent impeccablement dans la visée de nous proposer un contenu homogène, clair et extrêmement fluide, captivant, agréable à lire et dynamique, avec une justesse et des scènes d'action qui nous laissent baba et une écriture contemplative et onirique qui n'alourdit pas le récit, loin de là. On vit chaque scène comme si on y était, avec juste les mots qu'il faut pour nous ouvrir les yeux face à ce monde abandonné, effondré et qui continue d'être menacé, on parvient à tous se représenter dans notre esprit, les lieux, les personnages, les situations, et, une fois la lecture commencée, difficile de s'arrêter, à moins d'y être obligé bien sûr. Le roman nous tient en haleine jusqu'aux dernières pages, qui nous offrent un cliffhanger retentissant, stressant et palpitant, qui change complètement la donne. C'est explosif et on a de quoi ronger notre frein en silence en attendant la suite d'ores et déjà annoncée à paraître pour la mi-2018.

Pour conclure, je dirais que je ne peux que vous conseiller cette lecture qui vous fera prendre le large, tant sur l'eau que dans le ciel, et qui a su me fasciner de bout en bout, en plus de me faire connaître deux auteurs qui ont du génie à revendre et dont le pari est, pour moi, amplement relevé, à savoir : écrire le livre qu'ils auraient voulu lire à l'âge de Gary, en s'imprégnant de leur culture cinématographique et littéraire très riche (et que j'approuve à fond les ballons - You'll float too ! - Ça, sors de ce corps-!). Et encore, pour moi, il ne s'agit dans le cas de ce tome introducteur que d'une mise en bouche exquise et qu'on est absolument pas préparés à ce qui va suivre. Gary ayant dépassé sa timidité et son manque de confiance en soi, étant armé de ce qu'il sait sur son passé qui lui était jusqu'alors incompréhensible, va-t-il aller jusqu'au bout de sa quête, qui va au-delà du simple fait de s'enfuir d'un monde en ruines, en état de destruction imminente et dangereux de tous les côtés ? Mystère et boule de gomme, c'est une horrible sensation. Mais c'est un mal pour un bien. Patience est mère de toutes les vertus...

Pour ceux qui n'ont pas lu ce livre, je pense que les ados et pré-ados sauront sans problème s'imprégner de l'univers aux teintes légèrement rétro de Gary Cook, à la croisée des films d'animations de Miyazaki dans les années 80 axés sur l'écologie avec finesse, poésie, mélancolie et luminosité et le monde hostile, dépeuplé et sans ressources de Mad Max, où la survie ne tient qu'à un fil et où la colère gronde. (Ces deux références cinématographiques dépeintes dans la quatrième de couverture de Nathan sont très bien choisies à mes yeux pour donner un point de repère à ceux qui n'ont pas encore cédé face à l'effet Gary Cook) Tout cela vu à travers le filtre du grand voyage initiatique de l'enfance à l'âge adulte des Goonies ou d'un Stand by me. D'ailleurs, je verrais bien ce livre adapté en film ou en anime japonais, voir en BD, car le scénario est très bien ficelé, et les images exprimées au fil de l'histoire sont si fortes et imprégnées de bleu et de parcelles du monde qu'elles s'impriment sur notre rétine. Le potentiel est là pour des adaptations futures, y'a plus qu'à l'exploiter moi je dis !

Vous l'aurez compris, ce début de saga ne regorge que des bons ingrédients qui permettent de concocter sa propre recette, constituée de personnages forts, complexes, auxquels on peut aisément s'identifier, d'un monde surprenant envahi par le bleu des eaux et le gris des nuages et qui nous reste très hermétique, empli de mystères, et de Deucalion, immenses vaisseaux spatiaux qui percent le ciel en vue d'un espoir de vie meilleure dans d'autres contrées lointaines. Espérons que le naufrage qu'a subi le fils de Prométhée ne se reproduise plus... Il n'y a plus qu'à patienter pour le tome deux, qui nous fera nous envoler vers l'infini et l'au-delà... ou pas ! COUP DE COEUR ♥ (intergalactique et assumé)

« On est jamais content là où on est », disait l'aiguilleur du Petit Prince. Je souhaite de tout c½ur à Gary de trouver le bonheur ailleurs maintenant qu'il a ouvert les yeux sur le quotidien morne et désespérant qu'il vivait sur une Terre post-apocalyptique, et qu'il retrouve surtout la personne qu'il désire tant et qui n'a jamais cesser de lui manquer... La suite au prochain épisode.

Et vous, vous jetterez-vous vous aussi sur cette magnifique petite pépite ? Vous laisserez-vous tenter ? ;)

« La vraie bravoure, c'est de sortir du chemin que le sort a tracé pour toi. »

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↑ Et ça, c'est pour l'excellente bande-annonce du roman (eh ouais, la classe) qui déchire sa maman !
(ok, je sors...) ϟ

+ Pour le petit délire intergalactique, je vous mets une musique marquante de mon enfance : ♪
(et on ne remercie surtout pas ma Licorne de m'avoir refoutu en tête Ilona Mitrecey lol !)
Tags : Fiche lecture, Gary Cook, Le pont des oubliés, Tome 1 ♥, éditions Nathan, Service Presse, Romain Quirot, Antoine Jaunin, 2017, Jeunesse, Monde post-apocalyptique, aventure, action, espace, amitié, adolescence, drame, crise d'identité, adrénaline, espoir, volonté, mystère, science-fiction, dystopie, coup de coeur ♥
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#Posté le mercredi 06 décembre 2017 14:08

Modifié le dimanche 18 août 2019 09:48

FICHE LECTURE : Lady Helen ~ Le pacte des mauvais jours (T2)

FICHE LECTURE : Lady Helen ~ Le pacte des mauvais jours (T2)
• AUTRICE : Alison Goodman.
• ANNÉE : 2017 (AUSTRALIE ; FRANCE).
• GENRE(S) : Dark fantasy.
• THÈMES : XIXe siècle, Angleterre, époque de la Régence anglaise, drame, surnaturel, démons, apprentissage, place de la femme, aristocratie, romance, fiction historique, chasseurs de démons, énigme, quête, mystère, amour, surnaturel...
• PAGES : 590.

Été 1812... Après les événements scandaleux du bal marquant son entrée dans le monde, Lady Helen s'est réfugiée à Brighton, station balnéaire à la mode, où elle suit l'entraînement indispensable pour devenir une Vigilante du Club des mauvais jours. Tandis qu'elle se débat pour oublier son éducation de jeune fille du monde et se consacrer à sa nouvelle vocation guerrière, Helen se rend compte que son mentor, Lord Carlston, mène son propre combat intérieur. L'énergie pernicieuse des Abuseurs a-t-elle empoisonnée son âme ou une autre force le conduit-t-elle à ces violents accès de folie ? Quelle que soit la réponse, Helen est déterminée à aider cet homme auquel elle se sent attachée par un lien profond mais interdit...
Mais Lady Helen doit aussi obéir aux ordres de l'organisation secrète. La mission qui lui est confiée l'amènera-t-elle à le trahir ?

« Une intrigue riche et mystérieuse avec une pointe de romantisme. Des personnages obscurs et attachants qui nous font rêver. Un roman fantastique dans un contexte historique qui séduira à coup sûr le lecteur ! Absolument addictif. » - Sud Ouest

« La dimension psychologique de tous les personnages est remarquable et on se laisse entraîner dans une histoire folle, vivant avec intensité une aventure fantastique qui joue avec habileté du gothique en vogue à l'époque. » - Notes bibliographiques

« Sous la Régence anglaise, un drame inventif et saisissant, avec du surnaturel démoniaque au tournant : génial. » - The Bookseller

L'AUTRICE : Alison Goodman est née en 1966 en Australie et vit à Melbourne. Elle possède un master ès arts et anime des ateliers d'écriture avec des étudiants. Son premier roman, Singing the Dogstar Blues (1998) a reçu de nombreux prix et a été traduit dans plusieurs pays. En 2002 elle a publié un roman policier, Killing the Rabbit. Paru en Australie en 2008 et salué par la critique, le dyptique Eon/Eona a été vendu dans dix-huit pays.

MA CHRONIQUE DU TOME 1

ஜ MON AVIS :

Attention mes amis ! Cette nouvelle chronique va envoyer du pâté, je vous le dis ! Enfin, si j'arrive à reprendre mon souffle et à me remettre de mes émotions. Cela ne fait 'que' quelques jours que j'ai terminé ce second tome qu'il me tardait tant de lire et force est de reconnaître qu'il m'a ébranlé à un point où les mots me manquent et où je me noie dans les méandres de mon c½ur brisé en mille morceaux... Mais je sais qu'Alison Goodman saura nous offrir les clés de son cliffhanger absolument insoutenable dans le tome trois. Il n'y a plus qu'à ronger son frein, et avec le sourire s'il vous plaît. Je suis à ramasser à la petite cuillère, aidez-moi... Oh, agonie ! Oh désespoir ! Bref, je coupe court à ma mélopée tragique et je remercie du fond de mon petit c½ur malmené (avec les morceaux qui en subsistent) les éditions Gallimard Jeunesse pour ce merveilleux envoi. Comme toujours, ils ne lésinent pas sur l'apparence de l'objet-livre et, à choisir entre les deux tomes, j'avoue que ma préférence va pour celui-là, tant au niveau de l'esthétique que du contenu ! Après avoir été fébrilement accueillie dans le 'Monde', avec en point d'orgue un bal qui tourne au cauchemar mais qui permet également à Helen de se révéler entièrement à sa véritable nature de Vigilante, notre héroïne façon Jane Austen va devoir quitter sa famille afin d'enfin commencer sa formation et intégrer définitivement le Club des mauvais jours, par le biais d'un pacte qui implique bien des contraintes... Finie la jolie robe jaune d'Elizabeth Bennet et les bonnes m½urs d'une jeune fille bien rangée, place aux cheveux à la garçonne et aux vêtements d'homme ! Je trouve que ce look lui sied à la perfection sur la couverture française, avec la ville de Brighton et ses bas-fonds qui s'élèvent, menaçants et gigantesques en arrière-plan, et avec les tons orange, noir et la dorure de la calligraphie et des gravures, cela fait de ce livre un vrai petit bijou ! ♥ Encore un grand merci à Gallimard Jeunesse, je suis toujours sur un petit nuage !

Et, en effet, il y a de quoi être comblée ! Depuis la fin du tome un, je trépignais d'impatience à l'idée de voir Helen de se libérer du carcan de cette société patriarcale étouffante afin d'embrasser ses pouvoirs et sa véritable force intérieure. Qui plus est, elle sera très bien accompagnée dans cet apprentissage qui va se révéler corsé mais aussi gratifiant. Ce second tome va justement permettre aux différents personnages de nouer des liens plus profonds, pour mon plus grand bonheur. Ce second tome tant espéré a su répondre à toutes mes attentes, et même au-delà. Le livre s'ouvre sur une page de résumé hyper pratique du tome précédent, au cas où l'on aurait oublié le bal déchaîné chez l'oncle Pennyworth. Cependant, il est bon d'avoir les détails tout frais en mémoire, cela va servir par la suite... A présent, je vous souhaite la bienvenue dans la ville de Brighton, qui attire tout un essaim d'aristocrates avides de réunions raffinées, de bon air frais, de promenades et de sensations fortes en allant nager dans la mer pour les plus intrépides à la belle saison. Pour Helen, ce ne sera pas une partie de plaisir, malheureusement... Je m'en doutais que l'entraînement serait rude et qu'Helen aurait ses périodes d'incertitude, mais je n'étais absolument pas prête pour ce qui allait se dérouler. Beware, ça va saigner de tous les côtés. Si le premier tome avait été palpitant autant dans l'entrée de jeu au sein du monde tordu et effarant des Abuseurs que au niveau des réflexions et hésitations que se fait notre chère héroïne sur sa place dans la société, laquelle choisir, ce second tome vous fera quant à lui avoir des chaurées lors de scènes d'actions maîtrisées, qui prennent tout leur sens au fil de l'histoire et qui vont vous faire pâlir d'angoisse et d'appréhension. Le train une fois en marche prend une quatrième vitesse et ça ne rigole plus ! Déjà que, contrairement à certains lecteurs, je n'avais reproché aucune lenteur au premier tome, qui va à son rythme et met en place un univers foisonnant de détails immersifs et démonstratif des recherches de l'autrice et de sa passion dévorante et respectueuse pour son sujet, mais là, le temps mort est banni de toute page et l'imbroglio de sous-intrigues nous emmène dans une farandole folle ! Et à aucun moment je n'ai eu envie que cela s'arrête !

Je ne sais pas comment mon c½ur a réussi à résister durant six cent pages qui défilent à une allure digne d'un marathon, pour finir sur le bord de la route, esseulé et encore brûlant de cette fièvre qui monte à la tête avec la sauce que nous balance Alison Goodman en pleine figure ! Les personnages ne sont pas en reste, bien évidemment, et je me suis creusée les méninges pour savoir comment ils avaient survécu à tout ce qui venait de leur tomber dessus en un temps si resserré. Un mois ! My god ! Un mois qui regorge de palpitations et d'épouvante, d'inquiétude et de tristesse pour une vie entière ! Mes pauvres chéris ! Je suis béate d'admiration de la maturité d'Helen face à de telles épreuves. Cela force le respect et fait déborder mon c½ur d'autant plus d'amour fou et protecteur envers sa petite personne. En effet, Helen ne rechigne pas à la tâche. Elle est une authentique battante, qui fait toujours de son mieux, notamment aussi pour assimiler les techniques de combat et le mode de vie intégral d'un Vigilant comme il se doit, mais elle suit également son instinct. Si vous voulez, notre jeune femme a quitté un monde protocolaire très stricte et aberrant pour un autre (youpiiii). Auparavant, on attendait d'elle qu'elle soit une jolie jeune fille, obéissante à sa figure paternelle (ici, son oncle, qui n'apparaît plus, quel soulagement ! Une envie de meurtre en moins !) et étant convenablement élevée, sachant rester polie et se taire afin de ne pas repousser d'éventuels prétendants. Cela vous donne à vous aussi un désir violent de vous insurger ? Me voilà rassurée. Dans ce second tome, on demande à Helen d'être ce qu'elle n'est pas, c'est-à-dire un homme : savoir se montrer viril, ne pas laisser ses émotions dominer notre raison (car c'est bien connu, les femmes sont des êtres si émotifs qu'elles sont incapables d'agir intelligemment par elles-mêmes !), rester impassible et être capable de boire comme un trou et de jurer comme un charretier quand la situation l'exige ! Notamment car notre petite chérie va se rendre à Lewes et Brighton dans des lieux... pas très fréquentables disons. Pour une lady de la haute qui a toujours eu pour mission de conserver son honneur et sa féminité, c'est un peu dur à encaisser. Maintenant, ajoutez à cela que les hommes du Club des mauvais jours (rappel important : Helen est la seule femme Vigilante d'Angleterre) la considèrent et la traitent toujours comme une femme, c'est-à-dire qu'ils la regardent de haut, en se disant qu'elle n'est bonne qu'à accueillir les ténèbres des autres, telle sa défunte mère, femme, être du pêché originel. On croirait rêver tellement c'est absurde ! Et pourtant, malgré cette intimidation constante et franchement à la limite du harcèlement, Helen va réagir telle une reine : en restant elle-même tout en apprenant ce qu'il y a de mieux à retirer de l'enseignement du Club des mauvais jours. Ce qui inclut de savoir repérer un Abuseur, dans quelle catégorie il se situe, le faire fuir/parlementer, exacerber ses réflexes et puiser au mieux dans cette puissance qui s'accroit en elle et qui la laisse sans voix (et moi aussi). Bref, Helen va être une élève patiente et assidue, mais pas cruche non plus. Elle ne va pas se laisser marcher sur ses pieds, va totalement s'investir dans sa nouvelle fonction aux inconvénients plus que dérangeants, et faire preuve d'une noblesse d'âme et d'une générosité qui auraient rendu son adorable tante Léonore très fière d'elle et de la lady qu'elle est indéniablement, j'en suis certaine. D'ailleurs, cette femme me manque mais pas son mari. Je suis méchante, et nah.

Après, ce qui est loin de la laisser de marbre (et comment pourrait-on lui en vouloir ?), c'est le fait d'avoir Carlston comme 'coach sportif' et précepteur. Je veux bien le même, soit-dit en passant ! ♥ Mais la folie dégénérative en moins, ce serait cool. Notre Seigneurie va en effet être atteint d'un mal qui le ronge à petit feu, puis la flamme prend d'un coup et nous vivons alors une descente aux enfers en pente raide qui nous fait tomber de haut. De très haut. Cela m'a prise sur le qui-vive parce que Lord Carlston est présenté durant l'intégralité du tome un (ou presque...) comme un être très sur de lui et maître de lui-même, qui ne se laisse jamais démonter et qui fait preuve d'un sang-froid qui laisse son empreinte. De quoi se sentir toute petite à côté. Or, dans le cas présent, notre cher Carlston a le sang chaud, ça bout là-dedans ! Plus d'une fois, Sa Seigneurie va se trouver au plus bas et tenter vainement, avec son âme de combattant aguerri qui ne succombera point au Mal, de se défendre de toutes ses (maigres) forces face à ce qu'il lui arrive de manière foudroyante. J'ai ressenti une peine immense pour lui et beaucoup de tendresse en voyant toute la sollicitude que lui apportaient ses compagnons d'armes mais aussi ceux qui constituent sa véritable famille dans ce monde qui lui est hostile : Mr. Hammond et Miss Margaret, notre Helen adorée bien sûr, Quinn & Darby ainsi que Délia. J'ai été agréablement surprise de voir les risques qu'Helen a pris pour sa meilleure amie, quitte à faire une grave entorse au serment qu'elle n'avait même pas encore prêté. Délia ne méritait pas de croupir dans un asile, personne ne mérite un enfermement pareil. Et puis, je l'aime beaucoup cette jeune femme, elle est gracieuse, lumineuse et pétillante, un doux et moelleux nuage blanc enchanteur face à tout cet amoncellement de noir. J'ajouterai que Délia apporte un regard en tant que représentante de la 'bonne société' à la fois ingénu et frais. C'est-à-dire que la jeune femme va avoir beaucoup à assimiler et ce qu'il va se passer lors des activités au sein du club va profondément la choquer généralement. Cependant, elle ne cessera jamais de soutenir Helen et lui faire montre de sa gratitude sincère du mieux qu'elle peut, malgré ses maladresses, ce qu'on peut aisément comprendre.

Pour en revenir au sang chaud de Carlston, cette accumulation d'énergie négative et démoniaque qui parcourt l'entièreté de son corps parfaitement constitué (Helen ne lésine pas sur les détails, la coquine) va in fine avoir un effet positif. Cela va lui permettre inconsciemment de percer sa carapace et de s'évader du carcan établi par le règlement drastique en matière de relations humaines et de liberté individuelle du Club des mauvais jours. Ce règlement constitue clairement un manque de bon sens et est un abus total en matière d'exigences de loyauté envers la couronne et de piétinement de la vie privée. Mais bon, pas la peine de pousser ma gueulante à ce sujet, je pense que vous avez compris de quoi il en retourne. En dehors de la fatigue extrême qui le consume insatiablement et de son instinct meurtrier et sauvage qui n'est pas du luxe, Lord Carlston va se montrer sous un autre jour, passionnel et vibrant d'amour dans chaque fibre de son être pour la belle Helen, si forte, brave et naturelle. Et croyez-moi que vous allez le sentir sur l'ensemble de tout votre petit corps, et que cela ne vous laissera pas indifférent ! Qui plus est, la tension sexuelle atteint à un moment son paroxysme et mes aïeux... Ce passage a dû être périlleux à écrire et néanmoins, il est réussi de bout en bout ! Mes félicitations à la cheffe ! Remarquable, un moment d'amour à l'état pur qui va bouleverser tous vos sens et vous faire fondre littéralement sur place. Pour moi qui n'était pas une partisane de la première heure de ce couple, j'ai eu la révélation de ma vie dans ce tome deux. C'est d'une évidence qui crève les yeux ! Et pourtant, cela ne m'empêche pas d'éprouver beaucoup de sympathie et d'amitié pour le Duc de Selburn, qui est un sacré coriace qui ne lâche pas le morceau. Etant extrêmement perspicace, sa Grâce a vu clair dans la petite comédie d'Helen et tient à comprendre, à creuser ce mystère insoluble au plus profond et à rester à ses côtés. Je pense que ce personnage insupporte tout le monde sauf moi ! Certes, le fait qu'il va se montrer ardent à protéger Helen et à sous-estimer ses capacités, la gênant plus qu'autre chose dans son 'travail', m'a fait lever les yeux au ciel. Contrairement à Carlston, il ne la laisse pas voler de ses propres ailes et prendre ses propres décisions et on pourrait voir en lui plus un père de substitution qu'un ami ou potentiel fiancé. Elle est assez grande pour se débrouiller toute seule, enfin ! (et pour d'autres choses aussi...) Il m'a fait un peu penser à Mozart (chouchouuuu ♥ quand même) dans le tome trois de Phobos (ou comment faire un parallèle entre une ½uvre de YA/SF et YA/historique, rien à voir avec la choucroute !), qui couve constamment Léonor, sans vraiment la croire et défendre ses idéaux et ses droits. Cependant, je prends la défense du Duc car il est une bonne personne, un homme d'honneur et je pense qu'Helen a besoin de quelqu'un comme lui à ses côtés pour l'épauler et lui faciliter la tâche. Et puis bon, il n'entrave pas le couple Carlsten (oui, je leur ai déjà trouvé un petit nom, tiens !) donc il ne me dérange pas. Dans le tome un, je reconnais que mon c½ur chavirait un peu pour lui, et c'est toujours le cas, je me le garde pour moi du coup ! ♥

Au niveau des nouveaux personnages, j'ai adoré celui de Sprat. Fillette de douze (presque treize !) ans, qui n'a pas dû connaître une enfance facile et qui en bave encore, à la porte de l'adolescence, à grandir dans un milieu dégradant et qui ne lui promet pas un bel avenir. Sprat en a vu des vertes et des pas mûres, et ce n'est pas rien de le dire. Elle va se montrer pleine de ressources pour aider Helen dans sa quête, et heureusement qu'elle est là, même. Notre personnage phare va réussir à accomplir plein de choses par elle-même, mais sans les encouragements et l'aide apportées de façon bienveillante par ses amis et alliés, aurait-ce été le cas ? Difficile à dire. Cette solidarité très forte est primordiale dans le roman, et chaque personnage se l'apporte l'un à l'autre, à une échelle plus ou moins grande. Par exemple, Helen se prend d'affection pour la jeune Sprat, qui connaît d'ores et déjà un sort terrible à son jeune âge, ayant vu des choses qu'elle n'aurait pas dû voir et étant forcé à grandir trop vite pour gagner sa vie par ses propres moyens, et pas des plus légaux. Elle va donc tout faire pour lui donner un accueil des plus chaleureux à German Place, une sorte de refuge pour cette enfant qui ne manque pas de verve quand il s'agit de parler l'argot, avec un brin d'humour salace et retentissant qui ne fait pas de mal à une mouche, au contraire, et ce lien inextricable entre chaque personnage, qu'il soit bon, lumineux, ou empoissonné, se ressent jusqu'au plus profond de... l'estomac, et de l'âme. Que ce soit Mr. Hammond qui hausse enfin la voix face à la figure autoritaire qu'est sa s½ur (il était temps, même si j'apprécie Margaret et que je compatis à sa situation peu enviable au vu de ses sentiments, ce n'est pas une raison pour être désagréable avec tout le monde), au-deçà de leur profonde complicité, ou encore le couple trop mignon formé par Mr. Quinn et Darby, dont l'amour est si vibrant et éloquent qu'il n'a même pas besoin de mots pour se voir, il y en a pour tous les goûts et chaque personnage de l'histoire va s'affirmer et camper sur ses positions d'une manière inébranlable. La relation qui m'a cependant le plus ébranlé et qui me fait battre le c½ur plus fort et rend ma proportion à la larmichette plus latente est celle entre Darby, la servante et future Terrène, et sa maîtresse Helen. D'un côté, nous avons la jeune domestique qui a tout laissé derrière elle, la situation qu'elle avait difficilement obtenu au sein de la maisonnée de Lord Pennyworth, au prix de tant d'efforts, la vie qu'elle avait toujours connu, celle d'une société 'normale', afin de suivre Helen et de l'accompagner pour le meilleur et pour le pire, avec une foi et une confiance sans failles provenant de ce c½ur en or. De l'autre côté, nous avons une jeune aristocrate qui, jusqu'il y a peu, avait encore un esprit innocent de ce qui l'entourait et qui est infiniment reconnaissante de la dévotion de Darby, qu'elle considère plus comme une s½ur ou une kindred spirit. Qui plus est, c'est Darby qui va insuffler à Helen le courage de faire les choses à sa manière, d'être la seule femme avec du pouvoir dans un cercle resserré d'hommes sous la tutelle d'un misogyne et homophobe (Mr. Pike, je vous déteste. Cordialement.), de rester fidèle à ses valeurs et à ce en quoi elle croit avec sa force de femme, de Vigilante, qui lui est propre et exceptionnelle. L'évolution de Darby est remarquable, de la petite servante discrète à un esprit robuste et une volonté qui ne vacille pas de faire le Bien et de le propager, il n'y a qu'un pas. Ce passage m'a gonflé le c½ur de fierté, de soulagement et m'a tout bonnement illuminé de l'intérieur (non, je ne suis pas une Abuseuse).

Je me rends compte que je n'ai pas encore parlé de Lowry et du comte d'Antraigues ! Ma chronique n'aura pas de fin à ce rythme... Cependant, comment pouvais-je passer à côté de ces deux personnages-clés ?Pour ce qui est de Lowry, ça va aller vite. Ce personnage est insolant, haïssable, grossier, à la limite de l'indécence (quoique, il l'a déjà dépassé depuis longtemps...), cruel et qui prend un plaisir vicieux et à vomir de la souffrance des autres. Alors qu'il était un Terrène, censé être valeureux et noble de c½ur et d'âme ! Bah, tu parles ! Son antipode, le comte d'Antraigues, est un Abuseur et pourtant absolument pas le personnage répugnant qu'on attendait qu'il soit. Contrairement à Lowry, qui est véritablement un être humain, avec son propre corps et sa propre identité, et qu'on attend de lui une certaine humanité, c'est le comte d'Antraigues qui est en réalité est un homme de parole, qui a certes dû apprendre à être rusé et impitoyable afin de protéger les siens, sa femme Antoinette et son fils Julien (non-rejeton d'Abuseur), qui sont tous les deux indubitablement humains. Il est conscient que la vie humaine, qu'il a emprunté à de nombreuses reprises à plusieurs personnes pour 'renaître', a une grande valeur et ses sentiments sont sincères et puissants. Je n'ai pas pu le détester malgré sa nature. Son humanité est là, inébranlable, et cela a brisé bien des préjugés. Oui, les hommes peuvent être des affreux et les Abuseurs des gens de bien, qui se débrouillent comme ils peuvent pour se faire accepter et jouir de leur existence. Cela semble simple énoncé comme cela mais cela étoffe le récit de façon à faire s'élever une voix contre l'intolérance et la discrimination autre de féminine et au sujet de la parité hommes/femmes (ce qui est déjà un lourd dossier). Cela apporte une profondeur supplémentaire au récit qui est non négligeable et qui nous amène à user un peu de nos petites têtes et à se poser pour réfléchir. J'ai aussi beaucoup aimé l'insertion de personnes ayant véritablement existées, comme dans le premier tome, de façon à étoffer et donner du matériau au contexte dans lequel l'intrigue se déroule (comme avec la mention récurrente du Prince régent), mais aussi à les utiliser de façon stratégique et percutante de sorte à réaliser un tour de force assez assourdissant (l'introduction à la Reine Charlotte en est somme toutes un exemple éloquent). Ici, c'est Martha, la baigneuse émérite de Brighton, femme de quatre-vingt ans toujours aussi vaillante et émerveillée face à la mer et aux beautés de la vie, qui est évoqué et apparaît de façon ponctuelle pour jouer les rôles de messagère et de source d'inspiration pour Helen, qui doit, littéralement et de façon imagée, se jeter à l'eau. Des lieux comme la bibliothèque indispensable de Donaldson me donnent quant à eux l'envie de véritablement les visiter, même si mon imagination a déjà fait la moitié du chemin. La plume de l'autrice, à l'instar d'un pinceau, nous dépeint avec délice et un enthousiasme contagieux la douceur de vivre de Brighton, son air pur, son eau salée, ses bibliothèques, lieux majestueux d'enrichissement et de plaisir de la lecture et du savoir, et ses fêtes enjouées, qui raviront de joie le Carlin. Petit surnom tout à fait affectueux (et qui ne manque pas de me faire pouffer comme une gamine à chaque fois) d'Elizabeth Brompton, que j'ai adoré dans ce tome. Elle ne se dépareille jamais de son panache, de sa spontanéité qui redonne le moral et elle fait une merveilleuse amie, rayon de soleil un peu trop aveuglant mais qui sera toujours au petit soin pour vous même quand vous même vous vous négligerez. Elle peut paraître ridicule ou envahissante pour certains, mais moi, je la trouve géniale et je l'affirme haut et fort. Sa mère, c'est une autre histoire en revanche...

Pour conclure, je dirais que, si vous cherchez une Regency romance à la saveur délectable des romans de Lady Jane, une écriture démentielle et singulière, qui se déguste comme une gourmandise et ce, sans modération aucune (lâchez-vous !), et qui est imprégnée de vie, d'amour, de sentiments intenses, porteuse d'un message fort qui laisse la part belle à la gente féminine, qui n'a rien à envier à celle des hommes, cette saga est faite pour vous ! Vous vous sentirez transportée en pleine félicité, vous verrez. L'autrice a su être se montrer à la hauteur de mon impatience presque farouche, mais je suis amoureuse folle de cette saga et de ce qu'elle a à nous offrir, que voulez-vous ! Le travail acharné et brillant de l'autrice, tant sur les fioritures que sur la pression permanente exercée sur les personnages et sur ses révélations, ses retournements de situation qui nous laissent sur le derrière et nous brisent le c½ur, est saisissant de bonne volonté qui a porté ses fruits et je me suis véritablement régalée, comme l'aurait dit Patrick Fiori. L'imbroglio de situations retorses et dont il est difficile de s'extirper autour d'un seul artefact sordide et sanglant, loin de rendre l'avancement et la compréhension de l'intrigue compliqués et déroutants, ne la rendent que plus trépidante et rondement bien menée ! Chapeau, l'artiste ! Je suis scotchée ! En tout cas, moi, c'est quand on veut qu'on me fait entrer dans le Club ! Non, je ne suis pas sadomaso (vous êtes rassurés ?). J'ai tout simplement envie de sauver mon prochain, soit le monde entier, rien que ça, et avec une partenaire aussi époustouflante qu'Helen, je n'ai rien à craindre ! Cela me donne envie de me surpasser ! Et avec un Carlston qui me sursurre des mots doux en italien à l'oreille en prime, je ne peux qu'accepter la proposition, huhu. Et un duc de Selburn aussi, pour ma sécurité et mon confort. Je suis exigeante il parait. C'est que je suis parfaitement confiante concernant le fait qu'Alison Goodman ne me décevra avec le tome trois, qui clôturera la trilogie et que j'attends déjà de pied ferme. Il m'en faudra du courage et de la préparation, pour aller botter le derrière de Philip, récupérer le précieux colligat et affronter ce dénouement final que je ne suis pas prête à vivre (et à en survivre par ailleurs). Saga de mon c½ur, tu me manques déjà... COUP DE FOUDRE ϟ

« - C'est beau, la mer, répliqua Martha. Mais c'est aussi une vraie salope, passez-moi l'expression. Ma mère avait coutume de dire : "Ne tourne jamais le dos à la mer, et rappelle-toi que ce qu'elle cache est toujours plus dangereux que ce qu'elle montre."
Helen plongea les yeux dans les flots sombres.
- Elle est comme les Abuseurs.
- Comme les Abuseurs, approuva Martha Gunn. Et comme bien des humains. »
Tags : Fiche lecture, service de presse, Gallimard Jeunesse, 2017, Alison Goodman, Dark fantasy, Angleterre, époque de la Régence anglaise, drame, surnaturel, démons, apprentissage, place de la femme, aristocratie, romance, fiction historique, chasseurs de démons, énigme, quête, mystère, amour, XIXe siècle, Coup de foudre ♥
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#Posté le mercredi 18 octobre 2017 08:39

Modifié le lundi 30 octobre 2017 11:37

FICHE LECTURE : Neverland

FICHE LECTURE : Neverland
• AUTEUR : Timothée de Fombelle.
• ANNÉE : 2017 (FRANCE).
• GENRE(S) : Roman contemporain ; livre-mémoire.
• THÈMES : Enfance, nostalgie, aventure, souvenirs, beauté, mémoire, passé, amour, famille, joie, grandir, imagination, espoir, réflexion, apprendre...
• PAGES : 117.

« Je suis parti un matin d'hiver en chasse de l'enfance. J'avais décidé de la capturer entière et vivante. "Regarde, elle est là, tu la vois ?". Je l'avais toujours sentie battre en moi, elle ne m'avait jamais quitté. Mais c'était le vol d'un papillon obscur à l'intérieur, le frôlement d'ailes invisibles, dont je ne retrouvais qu'un peu de poudre sur mes bras au réveil. »

Neverland est un retour au pays d'enfance, un irrésistible voyage vers ces hauts territoires perdus que nous portons tous en nous.

Après ses immenses succès en littérature jeunesse (Tobie Lolness, Gallimard, 2006 ; Vango, Gallimard, 2010 ; Le Livre de Perle, Gallimard, 2014), Timothée de Fombelle signe ici son premier livre pour adultes.

ஜ MON AVIS :

Après avoir fait un trip d'acide et de sang qui se retrouve en flacon dans le frigo, je me suis dit qu'un peu de douceur dans ce monde de brutes, cela me ferait le plus grand bien. Cette goulée d'air frais,-c'est Timothée de Tombelle qui me l'a insufflé, grâce à son nouvel ouvrage, intitulé Neverland. Un symbole fort quand on connaît la réputation de l'auteur en tant que star de la littérature jeunesse. Tobie Lolness, Vango, Le livre de Perle... Ces livres ont su enchanter beaucoup de lecteurs, petits et grands, et faire parler d'eux. J'ai donc trouvé cela particulièrement touchant que, pour sa première fois dans le monde des adultes, exclusivement, l'auteur ne garde jamais sa tendresse toute prononcée pour son jeune lectorat bien loin de lui, allant jusqu'à rallumer la flamme pour que notre âme d'enfant se revigore. C'était juste l'étincelle qu'il fallait, cette seconde étoile tout droit jusqu'au matin. Or, ce chemin jusqu'au firmament se fera par des voies de terre, sous de grands arbres à l'ombrage réconfortant et salutaire, et au détour de la rivière. Timothée de Tombelle aurait dit : « Si je dois faire un livre pour les grands, autant parler des touts petits. » (merci Piko) Cette sollicitude et cette intention toutes particulières m'ont touchée jusqu'au plus profond de mon c½ur. Ajoutez à cela que j'ai pu acheter ce merveilleux livre à l'auteur en personne. Il a été si accueillant et sympathique, ce fut un immense plaisir. Avec d'autres visiteurs, qui lorgnaient sur les titres cités ci-dessus, j'ai pu discuter de l'effet que des milliers d'histoires nous procuraient. Impossible de se souvenir de toutes dans le moindre détail, mais en garder une empreinte, une trace indélébile, une odeur, une sensation, un instant de grâce, c'est ce qui rend l'action de lire aussi belle.

Si Le Livre de Perle, pour ne citer que lui, m'évoquait un doux marshmallow, au vu de la fabrique de guimauve qui est en background de l'histoire, ou la texture d'un rêve dont on ne parvient pas à se réveiller totalement, Neverland, quand à lui, a une empreinte sensorielle qui prend la forme d'un nuage. Un nuage cotonneux, moelleux à souhait, qui prend toutes les formes qu'on lui prêterait au gré de notre imagination, lapin, c½ur, une personne qu'on aime, et où l'on perçoit Peter Pan, Wendy, Michael et John ou encore Mary Poppins et son indémodable parapluie, se préparant à se laisser porter par un vent sauvage, libre. Ce nuage prenait le goût de tous les parfums de notre enfance, la confiture de grand-mère, la pomme d'amour, l'odeur du pin dans la forêt parsemée de feuilles, au sol recouvert de boue et à l'air revivifiant. La saveur de la neige qu'on s'essaye désespérément d'attraper et de faire fondre sur la langue. Les flaques d'eau qui n'attendent que de se faire éclater par des enfants en imper jaune et aux bottes caoutchouteuses, toujours prêtes pour un petit moment d'insouciance (tu vas attraper froid !) et de légèreté. L'auteur évoque à un moment donné l'image de la barbe-à-papa, symbole de l'enfance éphémère et miroitante. Cette fumée traditionnellement rose n'a jamais été l'un de mes péchés mignons, j'ai dû en manger deux, trois fois lors des instants dorés de mon enfance. Mais elle amène instantanément à notre esprit des images de fêtes foraines, de célébration de la famille, du bonheur d'être ensemble, une douceur sucrée. Timothée de Fombelle l'assimile à un caillou sec une fois qu'elle entre en bouche, son volume s'évapore, tel le temps traître qui passe. Cet ouvrage, c'est un peu comme une boîte à trésors. Vous savez, cette boîte à chaussures, à bonbons, ou bien ce petit coffret qu'on vous a offert, afin de rassembler tous vos souvenirs. Brochures, photos, emballages de nourriture, articles de journaux, lettres, billets de concert, tickets de cinéma, petits mots fugaces, dessins, vos premiers bijoux scintillant de préciosité,... Toutes ces babioles qui ne valent rien en argent mais qui sont chères à votre c½ur, elles sont là, ici, à portée de main et votre attachement presque absurde vous empêche de vous en séparer. Eh bien, Neverland, c'est la collection des souvenirs. Ceux qui vous ont rendus plus grand, plus fort, ces instants qui n'arrivent qu'une seule fois dans une vie, ce que vous ne rencontrerez plus jamais car cela est le propre de l'enfance. Ce court récit est un sublime cheminement vers ce que l'on croit avoir perdu, ne se remémorer que par des traces minimes, survivances d'un passé révolu, où tout semblait être mieux. En réalité, notre mémoire nous joue de sacrées tours et fait parfois des merveilles. Les sentiments éprouvés s'incrustent dans votre chair, qui est colorée d'autant de marques indélébiles. Et tant que nous avons encore la force de rêver, on se retrouvera toujours, et le sentier menant à l'enfance, bien caché dans un énième détour dans une forêt touffue, vous ouvrira grande la porte à une sublime cascade.

Timothée de Fombelle m'a fait tomber amoureuse de son récit, incurablement. Une fois de plus, son écriture faite du matériau même de la poésie m'a emporté vers d'autres cieux, sa grandeur est sans pareille. Je me suis retrouvée capturée dans une bulle bien chaude, où l'amour explosait à profusion, les arbres étaient vigoureux et au vert frais, la rivière limpide. Je sentais qu'une grande aventure avait commencé. Pourtant, il a fallu que je reste immobile plantée de l'autre côté de la rive, tandis que mon moi enfant sautillait gaiement de rocher en rocher et s'élevait dans les hauteurs, visant toujours plus haut. Lorsqu'il a fallu refermer le livre, cela fut retentissant. Je m'étais évadée le temps d'une matinée, en compagnie de la plume ciselée et des mots plein de sagesse, de beauté et de vie de Timothée de Fombelle. Je l'avais entendu dire que, pendant la rédaction de cet ouvrage, il lui arrivait parfois de n'écrire que trois maigres lignes après avoir cheminé à grandes enjambées dans les bois tout un après-midi, ingurgitant de l'air vivifiant et pur dans ses poumons, la tête tendue vers le ciel et ses yeux en capturant le bleu. Cela semblait fort peu mais il en était satisfait car ainsi, cela représentait exactement ce qu'il avait voulu dire, par essence. Effectivement, chaque mot dans cette histoire est pesé, mûrement réfléchi, et correspond à un état d'âme, une sensation, une envolée, qui prend des ampleurs lyriques. Timothée de Fombelle a l'art de faire résonner joliment ses mots, de rendre ses tournures de phrases belles, intenses, à l'image de la vie. Comme si cela coulait de source, tel un flot jaillissant qu'on ne peut endiguer et qui déferle sur nous comme autant de caresses entraînantes et bienveillantes. On pourrait dire aisément qu'il a un certain pouvoir magique, une belle âme et un c½ur accordé, et cela est à chérir à tout jamais.

Tout comme notre enfance par ailleurs. Des fois, certes, elle incise, elle fait mal, elle nous donne des bleus au c½ur à cause de ce que l'on voudrait vivre à nouveau, de cette nostalgie qui fait de notre c½ur un lourd fardeau et qui avachit nos épaules, qui ont déjà tant donné d'elles-mêmes, en portant de tout leur poids l'amour, le chagrin, le deuil, la souffrance, le mépris, l'incompréhension. J'aime pour ma part imaginer l'enfance comme étant un arc-en-ciel, le contraire de la vie soi-disant morne et grisonnante d'un adulte qui marche indubitablement vers la tombe. L'enfance est à l'image de la montagne que l'on gravit. On sue, on en perd son souffle, on manque d'air,
on a les jambes qui flagellent, un poing sur le côté, des ampoules au pied, des égratignures aux genoux, et pourtant... Et pourtant, l'arrivée vaut le détour. Un panorama inimaginable s'ouvre devant nos yeux hagards et incrédules. Puis vient le temps de redescendre vers la plaine tranquille, qui panse nos blessures. Bien que celles-ci restent inscrites en nous... Le temps érode nos c½urs, la nostalgie, bien que souvent mélancolique, sert de baume pour nos petits c½urs fragiles. Pour reprendre une autre image utilisée par l'auteur, l'enfance est telle la lumière réchauffante et dorée qui vient baigner notre maison, nos fenêtres lorsque le soleil va aller trouver son sommeil. Cette lueur orangée, aveuglante, a enveloppé ma propre enfance et j'en garde un souvenir vivace, qui fait office de bouillotte quand mon c½ur a trop froid. Ce cocon tout doux tout chaud, c'est aussi la famille qui nous entoure, qui nous soutient, qui prend soin de nous et place leur confiance sur nos frêles épaules d'enfant qui se cherche et veut se prouver à lui-même et à ceux qu'il aime. Vous êtes prévenus, à travers le prisme de l'enfance de l'auteur, c'est nos souvenirs qui vont être revigorés. Préparez-vous à vous exclamer : « Mais, de Fombelle, c'est moi ! » (Flaubert style)

Pour conclure, je vous conseillerai juste de grimper sur votre cheval, de vous engager dans cette balade qui vous promet de belles escales mais aussi des moments de remise en question. Il suffit de se laisser aller, de lâcher prise, et de plonger à pic dans ce tourbillon de vie. Votre c½ur est en vrac comme vos vêtements dans vos tiroirs mais vous aurez le courage de chasser vos propres dragons, vous verrez. Ecrivez des poèmes, célébrez l'amitié. Emportez avec vous vos filets à papillon car vous avez une chasse difficile qui vous attend : celle de l'enfance. Suivez les lucioles (pas les araignées, ouf !), courez après le feu follet de l'enfance. Dites à vos proches que vous les aimez, car ils vont et viennent, dans ce drôle de tourbillon. Vous allez découvrir ce que signifie l'appellation pain perdu. Vous allez voir de la lumière poindre sous la porte car une âme livresque comme la vôtre se cache derrière. Vous allez aimer, intensément, rire, douter de vous, avoir peur mais des bras seront toujours là pour vous enserrer. Vous allez apprendre à vivre et vous en aller. Croquez dans cette madeleine de Proust, laissez-là fondre dans la bouche et reprenez-en même une seconde bouchée si vous le souhaitez. Laissez votre bonne étoile vous guider. Partez à l'aventure. Neverland est telle une ode à la vie, un rêve éveillé qui offre un regard nouveau sur le monde. C'est un parcours initiatique qui vous ébranle et qui vous saisit l'âme. Le coup de foudre ϟ s'impose. Magique.

« [...] quand j'ouvris, alors qu'ils avaient déjà tous les deux disparu depuis longtemps, cette lettre écrite à vingt ans, je ressentis le tremblement de terre que provoque en nous la parole tenue toute une vie. Le même bruit que font les rêves d'enfants quand ils se réalisent. »
Tags : Fiche lecture, Neverland ♥, Timothée de Fombelle., L'iconoclaste, 2017, Enfance. ♥, Souvenirs... ♥, Amour ♥., Famille ♥, joie, passé, nostalgie, grandir, imagination ♥, espoir, réflexion, apprendre, mémoire, aventure, livre-mémoire, Roman contemporain français, Coup de foudre ♥
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#Posté le jeudi 12 octobre 2017 17:06

Modifié le jeudi 11 juillet 2019 08:50

FICHE LECTURE : L'île aux mensonges

FICHE LECTURE : L'île aux mensonges

FANTASTIQUE | 2015 (USA) ; 2017 (FRANCE) | FRANCES HARDINGE | DIX-NEUVIÈME SIÈCLE/EPOQUE VICTORIENNE, SOCIÉTÉ PATRIARCALE, PLACE DES FEMMES, SCIENCES, FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES, EVOLUTION DES ESPÈCES (DARWIN), SECRET, ENQUÊTE, DRAME, SUSPENS/THRILLER, MYSTERES...

➜ 1860... Faith Sunderly est la fille d'un révérend et éminent naturaliste. Accusé d'avoir trompé la communauté scientifique, celui-ci part s'exiler avec sa famille sur une île au large des côtes anglaises. Mais des menaces se propagent, jusqu'au drame. Que son père lui a-t-il caché ? Défiant les convenances sociales, avec toute la fougue de ses quatorze ans, Faith osera-t-elle faire surgir la vérité ? Une vérité qui pourrait se révéler fort dangereuse...

Une héroïne passionnée, follement audacieuse et féministe avant l'heure. Une intrigue captivante,
une écriture magnifique.

FICHE LECTURE : L'île aux mensonges
Tout d'abord, je tiens à remercier les éditions Gallimard jeunesse pour ce sublime envoi, qui, comme toujours, n'a pas déçu mes attentes. J'avais découvert ce titre grâce à la géniale Lili Bouquine, dans cette vidéo Update lecture, et elle en avait parlé comme d'un coup de c½ur à ne pas manquer. Vous pensez bien que je ne me suis pas faite prier ! Rien que la couverture est à tomber. Elles le sont toutes, soit dit en passant, et je tenais à vous présenter les trois principales sur les images de mon article car je trouve qu'elles ont toutes une esthétique et une vision du roman différentes et pourtant parfaitement justes. Elles ont toutes un petit quelque chose d'envoûtant, qui va happer le lecteur d'abord d'un point de vue visuel et par l'aura que le talent des illustrateurs dégage, et après lecture, ces choix artistiques font prendre tout leur sens. Le contenu est donc de qualité et au rendez-vous et en plus, il donne un nouvel éclairage aux détails de la couverture, et inversement, c'est un véritable travail de connivence et cela met vraiment le livre en valeur et correctement. J'ajouterai que ce livre le mérite amplement, et pas étonnant qu'il ait gagné le prestigieux Prix Costa de nos amis les Angliches. J'ai été un peu interpellée en voyant mentionné sur la couverture PRIX COSTA DU MEILLEUR LIVRE DE L'ANNEE - Pour la première fois depuis Philip Pullman.

FICHE LECTURE : L'île aux mensonges
Donc personne n'avait été primé depuis ?? Eeeet... il suffit de se rendre à la quatrième de couverture pour apprendre que Hardinge et Pullman sont les seuls récipiendaires du prix dans la catégorie jeunesse. Certes, je trouve que les ½uvres destinées aux enfants/adolescents manquent encore de reconnaissance, mais c'est déjà un progrès ! D'autant plus que, dans le cas des deux auteurs cités ci-dessus, leurs ½uvres respectives ont su marqué l'imaginaire et le c½ur des lecteurs, petits et grands, de par leur profondeur, leur ouverture d'esprit et leurs idées aussi larges que le monde. Leur création est source d'inspiration, de lumière et d'émerveillement, de par les émotions profondément humaines et fortes dégagées, des personnages uniques en leur genre auxquels on peut aisément s'identifier et des aventures qui en valent le détour pour tout ce qu'elles peuvent nous apporter. Commençons par la couverture française. Elle peut sembler un peu enfantine avec ses traits peu marqués par rapport aux deux autres (anglais standard et collector)-et elle me rappelle à cet égard la couv' vf. des Sorcières du Clan du Nord (ma chronique ici). J'ai trouvé que ces deux romans se rejoignaient de par leur écriture très douce, digne d'un conte ancien, mais en abordant des sujets très adultes, tels que la noirceur de la souffrance, nos plus vils desseins motivés par l'égoïsme et la jalousie, appliqués à des c½urs très jeunes. La pureté de l'enfance y est remise en cause.

FICHE LECTURE : L'île aux mensonges
L'île aux mensonges met l'accent sur le fait que l'endroit où la famille Sunderly va se retrouver exilée à cause de l'infamie scientifique du père est un tel engrais pour la propagation de rumeurs et autres ragots qui permettent de juger éhontément les gens qui en sont victimes sans les connaître, que Faith, la jeune héroïne, va s'empêtrer dans ses propres mensonges savamment orchestrés afin de prendre sa vengeance sur ces gens qui l'ont insulté, elle et sa famille, et lui ont fait un mal irréparable. D'où les lianes sur la couverture qui émergent de tous les coins, représentation de l'arbre aux mensonges qui a poussé de manière formidablement anormale dans la grotte sombre dans laquelle Faith le protège. Je me suis très rapidement attachée à cette héroïne forte, à l'esprit insatiable de connaissances afin de parfaire son intelligence, qui était pourtant interdite à la plupart des femmes de son temps. Normalement, c'est le très jeune frère de Faith qui doit faire preuve de vivacité d'esprit, digne de son sexe d'homme, pour pouvoir succéder convenablement à son érudit et pieux père. Ce que l'adolescente a du mal à accepter.

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Elle qui fait partie du sexe faible, au crâne diamétralement plus petit (soi-disant), n'a pas le droit de participer à des conversations élevées, sous peine de faire montre de son exceptionnelle culture, ce qui serait inacceptable et scandaleux aux yeux de la gente masculine et machiste. La curiosité est un vilain défaut, en particulier pour une femme, et pourtant c'est ce mal qui ronge Faith, qui ne supporte pas d'être maintenue dans l'ignorance. Cette âme si jeune est pourtant déjà bien torturée par cette société étriquée qui ne lui permet pas d'être pleinement elle-même, qui la force à se contenir constamment et à ne pas exploser comme une cocotte face à tant de stupides conventions, injustices, et négligence volontaire des gens envers ceux dont la réputation est traînée dans la boue. La jeune fille, dont le prénom représente très bien la foi et la confiance que son paternel va placer en elle concernant son plus secret dessein, va être poussée à bout face au traitement révoltant et cruel que sa famille va recevoir des habitants de cette île, dont la condescendance et la vicissitude vont l'en éc½urer.

FICHE LECTURE : L'île aux mensonges
Elle va ainsi planter de belles graines de mensonges, qui vont proliférer et donner à l'arbre des fruits à la saveur amère de son désespoir. Un mensonge gros comme une maison pour une vérité enfouie, inavouable, quelle ironie. Tel le fruit défendu de l'arbre de la connaissance, l'arbre à mensonges, qui vous susurre des tentations séduisantes comme le serpent d'Eden, va plonger Faith dans une abîme de noirceur qui pourrait la pousser aux pires extrémités. Faith va se penser mauvaise, pourrie jusqu'à la moelle, elle en a assez de se taire et de rester la jeune fille terne et silencieuse que tout le monde s'imagine qu'elle est. Une fille sans saveur, sans aucune initiative, et qui reste dans l'ombre. Faith est au contraire un esprit éclairé, à la stratégie très élaborée. Pleine de courage et d'audace, elle ne s'en laisse pas conter et en a dans le ventre. Son combat indirect, quoi qu'éloquent, face à cette société patriarcale, sans pour autant trahir sa dévotion sincère et émouvante envers son propre père, personnalité différente des autres hommes de l'île, bien fats et hypocrites, m'a beaucoup parlée et touchée. Ce qui fait de Faith pour moi un personnage honorable et fort louable. L'Enfer est pavé de bonnes intentions, mais elle saura trouver le chemin de la sortie en se rendant compte qu'elle est allée trop loin. Notamment avec le malmené Paul (qui méritait mieux).

FICHE LECTURE : L'île aux mensonges
En conclusion, j'ai trouvé ce roman jeunesse absolument incroyable. Il nous dépeint les différentes facettes de la femme, à quel point celle-ci est plus nuancée, dense et intelligente que l'homme ne pourrait la croire capable, et surtout les diverses armes qu'elle utilise face à cette société du mâle dominant qui l'étouffe.Faith m'a impressionnée de par son sang froid, qui va atteindre un climax de folie carrément dingue ; la mère, Myrtle, n'est pas à mettre de côté et à dénigrer, bien au contraire, je m'en veux de l'avoir jugée trop rapidement. D'autres femmes de l'histoire sauront faire preuve de dévouement, de bravoure mais aussi d'une férocité et d'une malice silencieuse à vous hérisser le poil. Quand au secret le plus enraciné de l'Humanité, difficile à dire si le pasteur y aurait trouvé la clé tant recherchée au bout du compte. Son acte de service délibéré et son sacrifice sur l'autel de la vérité l'honorent.

Cependant, ne serait-pas notre foi qui mettrait en lumière toute chose existante, notre croyance en des valeurs et des êtres immuables ? A méditer. En tout cas, mon verdict est sans appel : COUP DE FOUDRE ϟ A mettre entre toutes les mains cet automne. Frissons, mystère et palpitations garantis.

« Faith avait comme une faim en elle, alors que les filles ne devaient pas avoir faim. Elles étaient censées grignoter avec modération lors des repas, et leur esprit aussi était censé se contenter d'un régime frugal. Quelques mornes leçons données par des institutrices fatiguées, quelques promenades ennuyeuses, des distractions d'écervelées. Mais pour Faith, cela ne suffisait pas. Le savoir - n'importe quel savoir - l'attirait irrésistiblement. Et elle trouvait un plaisir aussi délicieux qu'empoisonné à le dérober à l'insu de tous. »

Source des images : Couverture Gallimard Jeunesse ;mykindabook ;theperksofbeingabookseller ; tomato-bird ; bigbooks-strongcoffee ; lady-caryatid ; beingflorence.

FICHE LECTURE : L'île aux mensonges
Tags : Fiche lecture, Service Presse, L'île aux mensonges, Gallimard Jeunesse, 2017, Frances Hardinge, Prix Costa, Fantastique, Dix-neuvième siècle, Epoque victorienne, société patriarcale, place de la femme, sciences, Fouilles archéologiques, évolution des espèces (Darwin), secret, enquête, drame, suspens, thriller, mystères, Coup de foudre ♥
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