
• ANNÉE : 2018 (FRANCE).
• GENRE (S) : Jeunesse.
• THÈMES : Fantastique, contes de fées, pouvoirs magiques, méchants, héros, bien, mal, manichéisme, amitié, aventure, faire ses propres choix, tolérance, différence, acceptation de soi, grandir, individualité, avoir sa propre façon de penser, réflexion, maturité, liberté, mérité, justice, bienveillance, solidarité, entraide, ingéniosité, alliance, malice, enfance, intelligence, dangers, soutien, noirceur, terreur, dragon, identité sexuelle, propagande, manipulation des opinions, stratagème, légendes, affranchissement, briser les préjugés, aller au-delà des traditions, us et coutumes, changement, renouveau, crise d'identité, bravoure, gentillesse, humour, roman d'apprentissage...
• PAGES : 168.
Orage est un petit seigneur des ténèbres. Comme son père et son grand-père avant lui, son destin est tout tracé : il devra un jour enlever une princesse et perdre le combat contre le chevalier qui viendra la sauver. Tout ceci ennuie déjà beaucoup Orage, et plus encore les leçons interminables qu'il reçoit pour devenir un vrai méchant !
Son idée ? Enlever la princesse immédiatement pour être débarrassé et faire enfin ce qui lui plait !

Tout d'abord, je tiens à remercier du fond du c½ur les éditions Poulpe Fictions pour ce premier partenariat. Je suis véritablement comblée et j'avais juste hâte de me jeter sur ce petit livre jeunesse à la couverture si adorable. Chose dite, chose faite !
Ce très beau roman jeunesse signé Julien Hervieux dénonce le manichéisme, les clichés et la structure narrative répétitive et lassante que l'on retrouve dans presque tous les contes de notre enfance chérie : « Et ils vécurent heureux jusqu'à la fin des temps et eurent beaucoup d'enfants... » On la connaît bien, cette ritournelle ! Le but ici est au contraire de faire comprendre aux enfants qu'il n'y a pas de gentils ou de méchants pré-définis dans la vie, et qu'ils ne doivent pas laisser leur jugement être corrompu par la routine ou les préjugés. Ce que je ne peux qu'approuver !
- Maman...
- Tu veux que je regarde s'il y a un monstre sous ton lit, n'est-ce pas ? demanda sa mère dans un sourire.
La comtesse se pencha gracieusement sous le lit de son fils, puis se redressa, satisfaite.
- Tu peux dormir en paix, mon chéri. Il y a bien un monstre sous ton lit.
- Ouais, chuis d'garde, fit une voix gutturale provenant du plancher.
Orage s'enfonça confortablement dans son oreiller. Plusieurs monstres-sous-le-lit vivaient au château. Mais Gérard était son préféré. Lorsque la comtesse souffla la dernière chandelle avant de refermer la porte derrière elle, Orage entendit la voix de Gérard dans l'obscurité :
- Bonne nuit, seigneur Orage. Dormez bien. Si l'moindre chevalier ou la moindre princesse essaie d'entrer pendant la nuit, j'les claque sévère. »
Bref, à travers les yeux de ces deux jeunes enfants au c½ur empli de bienveillance et de tolérance, intrépides et à la soif de liberté et de justice d'être acceptés tels qu'ils sont, le jeune lecteur, et même la plupart des adultes oublieux de leurs leçons passées, apprend qu'il ne faut pas juger les personnes d'après les premières impressions qu'elles nous laissent, et leur laisser une chance, et même plusieurs, de prouver leur valeur.
Ainsi, le comte et la comtesse de Sombreflamme (jolie oxymore au passage !), parents du petit Orage, forts sympathiques au demeurant, ne sont au fond que d'honnêtes gens qui, eux aussi, se sont fait prendre au piège de cette stratégie machiavélique déployée par les "gens de bien" où, au vu de leur ascendance familiale, ils jouent le rôle de parias afin d'assurer la "pérennité" du royaume. De leur côté, le roi et chevalier mesquins et poltrons de ces terres, misogynes et au sens de l'honneur qui tire vers le 0 pointé, sont auréolés de gloire pour leurs vils mensonges, leur position en haut de cette hiérarchie savamment élaborée leur assurant protection, prospérité et sécurité. Cela ne vous rappelle-t-il pas un certain royaume de France ou même d'autres de nos contrées de par le monde ? Vous l'aurez compris : ne vous laissez jamais ranger dans des cases toutes faites, et n'acceptez pas de vous laisser faire écraser par ce qui vous semble totalement injuste et injustifié. JA-MAIS !
Je terminerai ma chronique sur un élément de cette histoire déjà de la mort qui tue qui apporte un vrai petit plus : les illustrations de Carine-M. Je ne connaissais pas le travail de cette artiste auparavant, mais je suis carrément tombée en amour devant ce qu'elle nous propose au fil des pages de cette savoureuse et pétillante histoire. Ses dessins en noir et blanc sont juste sublimes et regorgent totalement de cette magie de l'enfance qui fait mouche à chaque fois sur ma personne. Qui plus est, son trait de crayon s'accorde parfaitement à la plume pleine d'humour, de verve, de dynamisme et d'authenticité de Julien Hervieux. Pour en avoir un petit aperçu, c'est par ici que ça se passe ! (Blog de l'illustratrice)
Pour conclure, ce petit roman vaillant et qui nous dit tout ce qu'il y a de plus vrai aura su conquérir mon c½ur encore avide de contes de fées (oui, même à mon âge) qui, cette fois-ci, prend une toute autre direction. Effectivement, la vie n'est pas écrite à l'avance, toutes nos pages sont encore vierges et c'est à nous de choisir quelle type d'encre les noircira ! Le champ des possibles nous est ouvert !

- Le tandem écriture/illustrations apporte un vrai charme à ce livre qui a déjà beaucoup de qualités.
✗ - Le chevalier Lauriers, qui aurait mérité plus de baffes de la part de Gérard je trouve...
la-belle-magie-de-disney, Posté le mardi 06 novembre 2018 11:21
72- j'aurai réussi à te mettre quelques articles en chiffre rond