
• ÉCRIVAIN : Stephen Chbosky.
• ANNÉE : 1999 (USA) ; 2008 (FRANCE).
• GENRE(S) : Épistolaire, contemporain, Young adult.
• THÈMES : Adolescence, amitié, différence, lycée, musique, amour...
• PAGES : 293.
La musique, les filles, la fête : c'est tout un monde que Charlie découvre...

Trois ans. Il m'aura fallu trois ans pratiquement avant de rédiger la chronique de ce livre que j'avais eu tant envie de lire et qui m'avait été si gentiment envoyé par les éditions Sarbacane, que je remercie d'ailleurs chaleureusement (avec bien du retard) pour m'avoir envoyé un de mes tout premiers services presse. Je m'excuse de tout c½ur que mes problèmes personnels m'aient empêché de tenir mes engagements. Service presse avec un marque-page trop classe et un adorable petit mot écrit dessus qui plus est, j'avais été choyée. Je l'ai conservé précieusement par ailleurs. Je suis incorrigible. Mais j'ai une excuse : à l'époque, j'étais totalement addict à mon ordinateur, de six heures du matin jusque minuit, je ne plaisante pas. Vous comprendrez donc que j'avais besoin de faire ma cure de désintox. Mais me voilà prête à faire la chronique de ce roman qui m'a séduite au plus haut point.
Le roman se présente sous forme de lettres, écrites par le héros de l'histoire, Charlie, alter-ego de l'écrivain himself, à une certaine amie, dont on ne découvrira jamais l'identité jusqu'à la fin. Mais est-ce important ? Pas vraiment non. Ce qui importe, c'est le contenu des dites lettres, où Charlie va décrire avec poésie, sincérité, ses états d'âme, son mal-être, ses incertitudes, et, petit à petit, la confiance en soi qu'il acquiert, au fur et à mesure qu'il réalise qu'il vaut quelque chose en tant qu'être humain, qu'il n'est pas insignifiant comme il le pense, telle une wallflower, quelqu'un qui se fond dans le décor. Si certains sont gênés par la manière dont le roman est écrit, sans chapitres, avec ces lettres comportant un brin de mystère vu que la destinataire nous est inconnue. Cela peut sembler étrange, déroutant, inhabituel. Et pourtant, c'est ça que j'adore le plus.
En premier lieu, cela rend le roman aérien, cela apporte une légèreté par rapport à la gravité de l'histoire et aux différents thèmes abordés certes avec doigté mais qui ne sont pas tout mignons tout gentils. On parle de la dure réalité de la vie mes loulous, notamment celle d'être lycéen et de passer à l'âge adulte. Rien que d'y penser, j'en ai le tournis... Ainsi, le livre découpé en lettres de deux pages chacune environ, parfois beaucoup moins, rend la lecture extrêmement agréable, et les pages se tournent d'elle-même. En dehors de l'aspect agréable et ménager le lecteur (pauvre chéri), je trouve que c'est un choix très ingénieux de la part de Stephen Chbosky, cela a son intérêt dans l'histoire.
Vu que son héros est à son image, Charlie a l'âme d'un écrivain, qui s'assied chaque soir ou presque pour écrire sa lettre quotidienne et noircir le papier, il en a le talent et la vocation, et on s'en rend compte justement avec son écriture (en réalité celle de Chbosky), qui nous transporte, comme si c'était à nous qu'il s'adressait. On se sent particuliers, privilégiés de lire ses lettres, intimes sans trop l'être, authentiques, profondes et touchantes.
Un autre moyen de se rendre compte du génie caché de Charlie, c'est grâce à sa relation avec son prof de lettres. Mais ça, j'en parlerais plus tard. Justement, les lettres, cela rend la relation avec le lecteur plus intime, comme si Charlie était notre ami à nous, et cela crée une meilleure connivence avec le lecture, qui s'identifie plus facilement aux personnages de l'histoire, comme s'ils faisaient partie de sa vie. D'ailleurs, c'est comme ça que je me sens vis-à-vis de Charlie, mais aussi vis-à-vis de Sam et Patrick, bien évidemment. Je ne suis pas prête d'oublier ces trois-là et je reviendrai toujours auprès d'eux comme on le ferait avec nos amis les plus chers.
Ce roman me fait office de roman-doudou en fait. Un livre de chevet indispensable dont je ne reste jamais bien loin. Je reprends toujours du plaisir à lire un passage, car chaque citation de ce livre est forte, marquante, pleine de vie et d'expériences de l'adolescence : l'amour de soi, l'amour des autres, la puissance de l'amitié, l'incompréhension, la peur, la tristesse, le pardon, la souffrance, l'espoir, l'allégresse, le bonheur, la joie, l'avenir.
Je trouve que Stephen Chbosky a su retranscrire la réalité d'un adolescent, en l'occurrence lui-même, de manière tout à fait remarquable, de sorte que cela nous parle à tous et nous touche en plein c½ur, comme si on se sentait enfin compris d'une certaine manière. Voilà l'effet que ça m'a fait en tout cas. Instantanément, je suis tombée sous le charme du personnage de Charlie, qui est un personnage bouleversant, adorable et authentique. Je n'avais qu'une seule envie : pénétrer dans les pages du livre afin de lui faire un gros câlin et de ne plus jamais le lâcher, tant il avait besoin de se sentir aimé, accepté, avoir de l'importance aux yeux de quelqu'un, lui qui ne se trouve rien de particulier et insignifiant. Je mourrais d'envie de l'inonder de mon amour.
De plus, je ne pouvais que le comprendre, car moi aussi j'ai parfois l'impression de me fondre dans le décor, d'être invisible et d'avoir la sensation que tout m'échappe, que je n'ai aucun lien d'appartenance avec le reste du monde, cette sensation de vide et d'indifférence qui est dure à supporter. Il faut dire que Charlie en traverse des vertes et des pas mûres, c'est loin d'être évident de faire face à de telles épreuves et je ne pouvais que ressentir de la peine et de la compassion pour lui. En parlant de ça, lors de la révélation finale de ce qui le taraude depuis son enfance, ce traumatisme dont il ne parvient pas à se rappeler, malgré ses efforts, je me suis effondrée car je ne m'y attendais absolument pas. Stephen Chbosky amène cela au fil des pages avec des sous-entendus très subtils, jusqu'à la bombe atomique, qui nous explose en pleine figure. Elle ne m'a pas épargnée, c'est certain. Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse cogiter tout seul, niark niark niark (mon rire démoniaque est à peaufiner, je sais). Chbosky a du talent, indéniablement. Beaucoup, beaucoup de talent. Son roman m'a marqué comme un feutre indélébile. Rien que ça.
Ce qui m'a le plus rapproché de Charlie, bien sûr, c'est sa passion dévorante pour la littérature. Rien de tel pour rassembler les gens qu'une passion vivace comme celle-là. Et mes amis, quand j'ai vu sa liste de lecture (rien que ça, c'est trop trop cool), je me suis dis que j'avais trouvé mon âme s½ur (sorry Sam). Sérieusement : L'étranger (cocorico), Peter Pan, Gatsby le Magnifique, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur,... Rien qu'en énumérant ces titres, je me fais un orgasme littéraire à moi toute seule (oui, je me sens bien). Je vous l'avais dis : des âmes s½urs. Cela m'a fait un bien fou, et dès que Charlie s'égrenait sur ses diverses lectures, qui le passionnent plus les unes que les autres, je souriais à moi-même jusqu'aux oreilles car il décrivait exactement ce que je ressens dès que je m'immerge dans un livre, comme si c'était moi qui parlait. Ce fut une expérience de lecture unique, jamais je ne m'étais sentie aussi proche d'un personnage sur ce point. Il n'en fallait pas plus pour me conquérir. Le pouvoir des livres est puissant (quelle intelligence, merci Captain Obvious !), souvenez-vous de cela. L'auteur y rend hommage à sa manière, en lui donnant sa place importante, et ça, j'aime. J'achète, cf. Jean-Marc Généreux.
Mais en plus d'avoir des goûts littéraires du feu de Dieu, le mignon petit Charlie écoute de la musique du tonnerre. Je ne peux qu'approuver. Pour ne citez qu'une chanson, une seule, j'ai choisi sans aucune hésitation celle-ci : Landslide ♪ par Fleetwood Mac, un groupe que j'aime de tout mon c½ur. Cette chanson est sûrement ma préférée d'eux, elle est emplie de beauté, de nostalgie, d'amour inconditionnel. Elle correspond parfaitement au sentiment d'infini que Charlie ressent lors de la virée en voiture, cette libération après tant d'incertitudes et de difficulté à s'accepter soi-même. Elle lui colle à la peau, je dirais. Stephen Chbosky m'a séduite également par sa preuve de bon goût.
Je terminerai en abordant une autre grande qualité de ce livre (il n'a que des qualités de toute manière, humhum), à savoir les différents degrés de relations humaines tissés par l'auteur. La relation centrale unit Charlie, Sam et Patrick, mes trois chouchous d'amour. Je préfère ne pas épiloguer sinon cela va prendre des pages et des pages (je dis toujours ça et je tiens jamais mes promesses, haha), et puis de toute manière, quand des personnages sont merveilleux, on n'a pas grand chose à dire de plus, pas vrai ? Je dirais juste que Sam est une jeune femme formidable, forte, qui a terriblement besoin de se sentir aimée comme elle le mérite, qui se cherche encore, mais qui n'a pas honte de ses sentiments, de ses convictions et qui est une vraie perle, une véritable amie, qui vous prend sous son aile, vous redonne confiance, vous épaule et vous fait des smoothies (qu'est-ce que je l'aime). Quant à Patrick, il est hilarant, le demi-frère rêvé, un super pote, avec qui on adorerait se faire Rocky Horror Picture Show en live (c'est mon lifegoal, sérieux) et même l'atelier bricolage du lycée (quand je vous le dis que ce roman a un fort effet sur moi). Mais il est à la fois vulnérable, à l'instar de Charlie, il a ses fêlures et lui aussi on voudrait lui faire un immense câlin de Bisounours. Je les aime d'un amour inconditionnel tous les trois, leur amitié est inébranlable et superbe.
La relation entre Charlie et son professeur de littérature a aussi sa part importante dans l'histoire. J'ai trouvé le prof de litté de Charlie merveilleux, passionnant et passionné, inspirant, et qui croit en Charlie et son potentiel de toutes ses forces, c'est une relation que j'ai trouvé puissante et sublime, et qui m'a rappelé les relations que j'entretenais moi-même avec mes professeurs de lycée, qui étaient encourageants, qui dégageaient des ondes positives et qui ne cessaient de m'enrichir de nouvelles lectures qui ont fait de moi la lectrice que je suis aujourd'hui. Enfin, à une autre échelle, Stephen Chbosky aborde les relations familiales.
Ensuite, le lien fraternel entre Charlie et sa grande s½ur Candace est très beau je trouve : on a l'impression que, de par sa maturité et aussi son innocence, Charlie joue le rôle du grand frère, voulant à tout prix protéger sa grande s½ur de ses mauvaises fréquentations et du mal qu'elle se fait. Celle-ci, sous sa carapace de grande s½ur impassible, est en réalité très fragile et aimerait rendre la pareille à son petit frère, l'épauler au mieux face à sa souffrance et son incompréhension de certaines choses (dont le fameux traumatisme sous-jacent dans la famille, mais dont personne n'est au courant de l'existence jusqu'à...). Leur complicité est belle à voir et leurs efforts pour se rapprocher l'un de l'autre également.
Les parents de Charlie sont moins présents, mais ils ont également leur place : je trouve qu'ils sont de très bons parents, un peu dépassés par la vie qu'ils mènent, mais qui font de leur mieux pour leurs enfants et pour les comprendre surtout, et ça c'est beau.
Tout ce tissu de relations humaines qui place Charlie comme noyau de son monde humain rend le roman fort, authentique, et réel à nos yeux, car nous sommes tous les propres noyaux de notre univers, dans lequel gravitent toutes les personnes qui nous sont chères, qui nous permettent d'avancer, de nous construire en tant qu'individu, et qui nous offrent leur amour et soutien. Je pourrais même affirmer que ce roman est fait à partir du matériau émotionnel humain, tant les émotions ressenties au fil des pages sont crédibles aux yeux du lecteur, terriblement réelles et nous parlant d'elles-mêmes.
Il est temps de conclure. Que puis-je dire d'autre à par que Le monde de Charlie est un somptueux roman, écrit d'une main de maître par Stephen Chbosky, qui nous livre son expérience de l'adolescence et du passage à l'âge adulte à travers son adorable personnage et que ce livre mérite tout le succès qu'il a eu ces dernières années ?
Je dois vous avouer que je suis à court de mots pour décrire à quel point ce livre m'a marquée et que je ne suis pas prête de l'oublier de sitôt, que je le relirais même avec plaisir. Il m'a laissée haletante, pantoise et si je n'ai pas réussi à vous convaincre de le lire, je ne sais pas quoi faire d'autre pour vendre ma marchandise (humour).
Juste un conseil : oubliez vos appréhensions (si vous en avez), et jetez vous à corps perdu dans la lecture de ce fragment de vie qui se lit à la vitesse d'une voiture décapotable lancée sous un tunnel. Vous ne perdrez pas votre temps, j'en suis persuadée.
Je vous recommande, petite parenthèse, également le film réalisé par Chbosky en personne, c'est une adaptation tout à fait réussie avec trois fabuleux acteurs. Mais le livre, c'est mieux quand même. Alors lisez-le, conseil d'amie. Pour ma part, il fait partie de ma liste de lecture personnelle, sans aucun doute. COUP DE FOUDRE ϟ
otakuandco, Posté le lundi 01 mai 2017 10:17
Yep :D