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Création : 22/07/2016 à 03:03 Mise à jour : Hier à 17:47

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FICHE LECTURE : Terrienne

FICHE LECTURE : Terrienne
Vous ne respirerez plus jamais de la même manière

• AUTEUR : Jean-Claude Mourlevat.
• ANNÉE : 2011 (FRANCE).
• GENRE(S) : Jeunesse.
• THÈMES : Science-fiction, monde parallèle, danger, enlèvements, s½urs, amour, amitié, espoir, disparitions, étrange, fantastique, phénomènes paranormaux, sauvetage, famille, rencontres, quête, révélations, Terre, respirer, leçon de vie, humanité, drame, dystopie, courage, union, alliés, beauté de l'existence...
• PAGES : 387.

Après avoir reçu un étrange message de sa s½ur Gabrielle, disparue depuis un an, Anne se lance à sa recherche.
Accompagnée d'un vieil écrivain en mal de création, rencontré sur la route, elle passe alors brusquement de l'autre côté.
Et découvre un monde parallèle, un univers blanc, aseptisé, glacial. Là-bas, les habitants ne respirent pas, ne sourient pas, et les humains sont esclaves. Au milieu d'eux, elle comprend vite que sa soeur est retenue prisonnière, quelque part, et qu'elle est en danger. Anne va tout tenter... jusqu'au péril de sa vie.

Une quête insensée dans un monde parallèle, un roman à vous couper le souffle !

« On entre dans un roman de Jean-Claude Mourlevat comme dans un rêve. »

- LIRE

« Un auteur qui aime ses lecteurs. Qui les respecte et les honore. »

- Anna Gavalda

ஜ MON AVIS :

Et encore une lecture de cet été dont je ressentais le besoin impérieux de faire une critique sur le blog. En effet,-ma saison estivale a été comblée par de belles lectures, enrichissantes, intenses, surprenantes, épatantes, folles, rafraîchissantes. Celle-ci, je la dois à la citronnée Lemon June et à son talent pour vous mettre l'eau à la bouche : ici. Déjà que ce livre de Jean-Claude MourIevat m'attirait parce-que... ben, c'est Jean-Claude Mourlevat quoi, l'auteur de mon livre doudou de quand j'avais sept ans (mon premier emprunt à la bibliothèque municipale ♥), Le jeune loup qui n'avait pas de nom, et aussi du génial, fabuleux et saisissant Combat d'Hiver. Mais là, impossible de résister quand la belle et ingénieuse Booktubeuse nous parle si savamment de ses dernières lectures, on ne peut que se jeter à l'eau. Celle de Terrienne vous paraîtra froide, amère, peu engageante et presque provenant d'une autre planète, mais cette cure de jouvence signée Jean-Claude Mourlevat, dont les récits ont vraiment un certain charme et une poésie propre à lui, une patte emplie de douceur et somptuese qui nous emmène dans divers mondes parallèles plus à couper le souffle (dans le sens "c½ur qui frôle l'arrêt cardiaque à chaque seconde") les uns que les autres, vous remettra en mémoire ce que c'est d'être humain, d'être vivant, qui plus est sur une Terre aussi belle et propice à nous offrir les merveilleuses joies quotidiennes de l'existence. La couverture ne paye pas de mine pour beaucoup de monde mais au contraire, je la trouve particulièrement appropriée, de par son côté très épuré, voir très aseptisé. Elle se fait douce et discrète mais cette abondance de blanc, comme un halo autour du personnage principal complètement déboussolé, dégage aussi une certaine lumière qui nous éblouit. Ce roman est telle l'ampoule vacillante dans une obscurité poisseuse, opaque et dangereuse pour la sanité de l'esprit humain. Attention, vous entrez en territoire inconnu, un terrain miné dont vous ne sortirez pas indemne. Mais je vous assure, c'est pour votre bien. Je sais, c'est bizarre ce que je dis, mais vous allez comprendre.

Nous suivons grâce à ce livre l'aventure improbable d'Anne Collodi, jeune femme on-ne-peut-plus normale, presque banale dans un premier temps, qui ressemblerait presque à un mauvais récit de mafia dans les grandes lignes :-le jour de son mariage avec le beau et mystérieux (voir hermétique) Jens, la grande s½ur bien-aimée d'Anne, Gabrielle, se fait kidnapper par ce dernier et ses témoins. Un rêve éveillé qui tourne en cauchemar qui va s'étendre sur une année environ pour la famille Collodi, jusqu'à ce qu'Anne arrive miraculeusement à recevoir un appel à l'aide de sa s½ur à la radio, sur la fréquence entre NRJ et France Culture. En passant par France Inter, bien sûr. Oui, ça claque. C'est dingue, hein ? Et ce n'est que le début des événements improbables... Anne a désormais une piste à laquelle se raccrocher : CAMPAGNE. Non, pas comme le pâté (c'est la morfale qui parle). Vous pourriez me dire aussi que, la campagne française, c'est vaste. TROP vaste. Sauf que, non loin de la ville d'Anne (dont je ne me rappelle absolument pas le nom), il existe véritablement un lieu-dit du nom de CAMPAGNE (ouais, avec lettres en majuscules, s'il vous plaît). Ça semble facile, mais autrement il n'y aurait pas d'histoire. Et quelle histoire mes amis !

J'ai beaucoup admiré le courage d'Anne, sa détermination sans failles à ramener sa s½ur à la maison,-auprès de leurs parents dévastés, même si pour cela, elle doit se rendre en enfers. Elle pourra vous sembler un peu paumée sur les bords dans un premier temps, avec ces questions existentielles et métaphysiques somme toutes absolument farfelues, mais en réalité, j'avais la sensation qu'Anne pouvait voir au-delà de notre simple monde physique. Et en effet, c'est toute une question de croyances, de foi inébranlable, d'imagination et d'ouverture d'esprit dans ce récit. Afin de se rendre à CAMPAGNE et de voir ce fameux panneau sur le bord de la nationale [ajoutez ici un numéro], il faut avoir une véritable raison et volonté de s'y rendre. Cet endroit ne semble destiné qu'aux personnes ayant un besoin désespéré d'y accéder. Pour Anne, la question ne se pose même pas : elle doit retrouver sa s½ur Gabrielle à tout prix, cette situation insoutenable de séparation et de tourmente n'a duré que trop longtemps. Anne se raccroche à ce mince espoir qu'est la voix aphone de Gabrielle, si faible écho de la magnifique femme pleine de vie qu'elle était dans sa vie d'avant, résonnant sourdement dans sa tête, tel un mantra de solitude et de survie, comme à la dernière branche la reliant à l'envie de vivre. Plus rien ne semble avoir de saveur ou de sens sans sa grande s½ur chérie, dont Anne est si proche, si attachée à elle. On pourrait presque croire qu'elles sont s½urs jumelles tant leurs âmes le sont, ne faisant qu'un. Le récit est ponctué de petits flashbacks dans lesquels la tendresse, l'amour, l'affection et la complicité entre les deux frangines explose de partout. De quoi nous mettre le c½ur au bord des lèvres. La famille Collodi est constitué de deux parents charmants, dévoués à leurs enfants, les chérissant de tout leur être, compréhensifs et profondément bons. Quant aux filles, l'une est le petit rayon de soleil de la maisonnée, pétillante, spontanée, éclatante de santé, de joie et de malice ; l'autre est plus la lune, astre réfléchi, sérieux, plus pragmatique et la tête sur les épaules. Plus en retrait aussi, dans l'ombre de la grande s½ur éblouissante de beauté et d'envie de croquer la vie à pleines dents. Point de jalousie cependant. Anne est la première à ne pas tarir d'éloges concernant celle qui est bien plus qu'une s½ur : une meilleure amie, une confidente, quelqu'un qui ne vous laissera jamais tomber et fait tout pour ensoleiller vos jours. C'est une relation que j'ai trouvé profondément bouleversante et qui donne au récit une véritable intensité émotionnelle. Notre héroïne aurait même franchement tendance à se dévaloriser injustement en repoussoir pour bien montrer que sa s½ur est un spécimen unique et qu'elle, la petite et innocente Anne, mérite bien d'être dans l'ombre de son irradiante lumière (ça mériterait des baffes, ça). Pourtant, Anne va dépasser ses limites concernant les doutes qu'elle nourrit envers elle-même et c'est avec un c½ur rempli d'effroi à l'idée de ce qui l'attend et de ce que Gabrielle a pu endurer pendant 365 jours mais aussi vaillant qu'elle n'hésitera pas à se rendre à CAMPAGNE plusieurs fois afin de de se montrer vigilante et de tâter le terrain. Ingénieuse notre Anne, et elle ne se laisse pas démonter ! Vous l'aurez compris, elle m'a sacrément impressionnée et je dis chapeau pour son courage, car honnêtement, même pour quelqu'un que j'aime de tout mon c½ur, je ne saurais imaginer ce que je serais prête à faire afin de le sortir des flammes de l'Enfer dans lesquelles il est emprisonnée (c'était la révélation honte du jour...). J'en suis béate d'admiration, oui.

Heureusement, Anne ne sera pas seule pour son plan évasion grande s½ur (yep', j'invente des noms d'opérations comme Henry Mills dans OUAT), qui sera loin d'être de tout repos. Tout d'abord, elle passera des instants d'auto-stop inoubliables avec Etienne Virgil, un retraité célèbre écrivain, en panne d'inspiration. Ou plutôt, il est en son c½ur convaincu que tout ce qu'il a écrit ces derniers temps, notamment son roman à paraitre, ne vaut rien du tout. Alors qu'il a perdu foi en lui-même et en son imagination, pouvoir extraordinaire et inconditionnel des hommes, ce vieux monsieur respectable, serviable, gentil et extrêmement attachant va se retrouver embarqué dans la galère de la mission quasi suicide d'Anne malgré lui. Très vite, une relation toute particulière va s'instaurer entre personnages qui sortent du lot, de la masse informe de la société, qui se retrouvent en marge de cette dernière car ils remettent leur existence et le but de leur vie en question. De plus, j'ai trouvé cela très intelligent de la part de Mourlevat de nous apporter le point de vue de différentes tranches d'âges au niveau des personnages : Anne est l'adolescente qui est en train de devenir une jeune femme, de voler de ses propres ailes. Elle est au seuil de sa vie et en est alors au stade où on se pose beaucoup de questions sur le monde qui nous entoure et la place qu'on peut y avoir. Etienne, quant à lui, est arrivé au bout du chemin. Pourtant, il ne se sent pas accompli dans son être, il a la sensation que son talent d'écrivain a été gâché afin de plaire à la masse coagulée de lecteurs et afin de s'assurer une retraite paisible. Mais comment cela est-il donc possible dans l'âme torturée de cet homme bouillonne de ne pas exprimer sa vraie vision des choses sous forme de lettres distinctes, de mots intelligibles ? C'est que Monsieur Virgil n'avait pas encore vécu l'Aventure de sa vie, celle qui va le conduire à suivre Anne dans cette quête insensée à chercher une aiguille, ici sa s½ur, dans une botte de foin, l'austère CAMPAGNE donc. Et à cette aventure abracadabrantesque de bout en bout, Monsieur Virgil va s'y dévouer corps et âme. Alors qu'il n'avait rien demandé, il va risquer sa vie et sa raison pour sa jeune amie, il va être un soutien incontestable pour elle et je pense qu'Anne n'aurait pas pu aller bien loin sans la maturité et l'expérience de la vie de Monsieur Virgil, sans ses valeurs nobles et bonnes intuitions. La vie est constituée d'épreuves, d'embûches auxquelles il faut faire face, mais rien ne dit qu'on doive le faire seul. Il est humain de se faire aider par des âmes s½urs, des âmes qui nous comprennent et répondent à nos attentes et à notre empathie. Cette humanité solidaire est d'une beauté sans pareille.

Avec toute mon effusion de sentiments coulants concernant notre duo d'apparence dépareillé mais aux c½urs qui battent à l'unisson telle une évidence, j'en ai oublié de vous décrire la singulière CAMPAGNE qui jouxte notre monde ! Quelle négligence ! Alors, je vous le dis d'entrée de jeu : oubliez les vaches dans le pré, les bottes de foin (pourtant, j'ai mentionné ce mot plus haut, désolée...), la représentation pastorale de la campagne baignée de soleil et aux verts pâturages parce-que, cette CAMPAGNE-là... est fade de chez fade. Je me l'imaginais de prime abord comme sur la couverture : d'un blanc immaculé, presque l'image qu'on se ferait du paradis (blaaaaaanc... pardon...), ou de l'atmosphère d'une chambre d'hôpital. Puis des immeubles de verre à la modernité esthétique se dessinent, tous en rang d'oignon. C'est le seul élément tangible à l'entrée de CAMPAGNE, car sinon : pas de climat ; ni tempéré, ni aride, ni pluvieux, NADA ; pas de reliefs à des kilomètres à la ronde... Cela rappelle l'héritage que le livre jeunesse incontournable de la Dystopie, Le passeur de l'incroyable Loïs Lowry, a laissé : la notion de SAMENESS, tout se ressemble ; pas d'individualisme, tout appartient et est régulé par la communauté. Les naissances, les études, les emplois, la vie conjugale... même la Nature, tiens ! Or, là, c'est pire car c'est VIDE sur une large étendue. Et quand ce n'est pas vide, c'est stérile et cela présente un paysage désolant. Merveilleux ! *ironieeeee, mon amieeeee* Ca a de quoi vous glacer le sang ! Quand je vous le clame haut et fort qu'Anne et Etienne sont des champions ! Et le pire de tout, c'est que les habitants de CAMPAGNE : ne respirent pas, ne rient pas, ne pleurent pas, ne tombent jamais malades, ne meurent pas vraiment car ils n'ont pas la même constitution que nous, osseuse et autre, sont froids COMME DES PICS A GLACES !! (au propre et au figuré. Surtout au figuré en fait) Bienvenue dans cet endroit où il fait bon vivre ! *rire nerveux* Allez, cela vous donne bien envie d'aller rencontrer ces gens si accueillants (hum), pleins de vie (humhum), si compatissants (HUMHUM)... En clair, des parangons du sentiment humain (HUMHUMHUM). Cette confrontation glaçante entre des personnages comme Anne et Monsieur Virgil, biens de chez nous, et les gens de là-bas, a vite fait de nous remettre en mémoire à quel point il est bon d'être humain, de ressentir les choses, heureuses comme malheureuses, de pouvoir pleurer tout notre soul afin de faire sortir la peine, de pouvoir rire aux éclats afin d'apporter un peu de chaleur dans nos c½urs érodés par le temps qui les entaille, de pouvoir se faire dorloter par maman quand on a un vilain rhume et de squatter le lit, emmitouflés sous une armada de couvertures douillettes et d'amour sans conditions, de pouvoir RESPIRER enfin. A chaque fois qu'Anne devait retenir sa respiration afin de ne pas se faire repérer par ce peuple qui ne supporte pas l'étrangeté, j'en avais mal à mes poumons, j'avais l'impression qu'on les broyait avec des étaux. Je n'ai jamais été aussi fière et soulagée d'être humaine, terrienne, à ce moment-là. Même si le plaisir assumé des autorités de CAMPAGNE à défenestrer les personnes qui sont dissidentes, différentes, rappelle avec la saveur amère d'un lait caillé les opérations nazies qui sont une réalité avérée, oui, j'ai le c½ur gonflé amour sans bornes pour notre monde. Celui des âmes charitables comme Monsieur Virgil, de la Terre qui nous offre ses trésors, ses mystères (les vrais reconnaitront cette chanson ♪ ♥), de ce bonheur qui ici bas n'a pas de prix (oui, je continue !).

J'ai été frappée d'effroi en découvrant que le monde de science-fiction totalement impromptu que nous décrivait Jean-Claude Mourlevat était le nôtre à ses heures les plus sombres. Un monde qui s'arrête de respirer et de ressentir quoique ce soit face à tant d'horreurs perpétrées, de kidnappings et d'assassinats d'âmes innocentes, d'une jeunesse asservie à une cause raciste, xénophobe et profondément arriérée et inhumaine, un monde tellement dégoûté de ce qui se passe en son sein qu'il ferme les yeux, devient passif et collaborateur, et laisse les quelques grains dans la machine patauger, voir se noyer dans tant de folie meurtrière et incontrôlable, d'une démesure qui laisse pantois, abasourdis. Heureusement que les quelques grains de sable en question ne vont pas suivre le troupeau abruti et renoncer à leur conviction que quelque chose cloche au c½ur de ce système aux racines foncièrement mauvaises. Le personnage de Bran, figure masculine principale de l'intrigue, pourrait vous laisser sceptique et difficilement tolérants. Après tout, il a participé à l'enlèvement de Gabrielle sans protestation. Ca commence bien, comme première approche... Cependant, Mourlevat nous "impose" son point de vue au même niveau que celui d'Anne. Ce qui nous "force" à le regarder de façon plus sympathique, à ne pas le juger trop vite sur un acte qu'il sait impardonnable, malin (sens étymologique du terme) et qui l'empêche de se regarder en face dans le miroir sans que sa culpabilité ne le frappe de plein fouet. Bran est un garçon métisse mi-terrien mi-de campagne (comment voulez-vous le dire autrement ?) éprouvé par la vie, qu'il a toujours vécu servile et confinée, avec pour seule kindred spirit Torkensen, un grand gaillard un peu simplet sur les bords mais au c½ur d'or tendre de nounours qui lui fait honneur. Il est la gentillesse incarnée. De quoi vous faire fondre le c½ur. Bref, j'ai appris à pardonner à Bran, à le connaître, à le comprendre et à l'aimer, tout comme Anne a su le faire en reposant sur lui. C'est un garçon qui va de l'avant, qui sait montrer sa valeur par ses actions et qui a su apprendre à devenir très droit, bon et honnête malgré le monde empli de mystères et de non-dits étouffés qui l'entoure. Je pense que sa nourrice y est pour quelque chose. Sous son masque de froideur se cache une femme au grand c½ur, qui a aimé tous les petits métisses qu'elle a allaités et élevés convenablement en comblant ce vide abyssal et affectif de la mère biologique écartée par Dieu seul sait de quelle façon... Elle a inculqué à Bran des valeurs pures et lui a insufflé la force de se battre pour ce qu'il croit être juste. Et je n'oublie pas Mme Stormiwell ! Cette femme est juste merveilleuse. Ses apparences d'employée et de femme docile et paisible (qui aime de tout son c½ur son mari, si cela peut vous rassurer) cachent une personnalité exaltée par tout ce qui fait l'être humain : ses rires cristallins et chaleureux, ses gouttes de pluie au coin des yeux, sa peau hâlée ou parfaitement laiteuse, ses petits inconvénients du style se moucher ou tousser, son sourire jusqu'aux oreilles, et par-dessus tout... le souffle et le bruit de l'humain qui respire, qui emplit tout l'espace et ce silence de mort, solitaire et désarmant. A chaque fois que Mme Stormiwell se trouvait dans les parages, je me sentais toute chose. Elle me remettait en mémoire toute la splendeur d'être un habitant de la Terre, la joie immense d'aimer, d'être aimé, de donner, d'apprendre, de s'exprimer. Ce qui m'a laissé sans voix et m'a redonné espoir, c'est le fait qu'Anne va être constamment accompagnée et soutenue par des personnes de ce monde-là, pourtant à l'origine des enlèvements de Terriennes. Chacun va apporter sa part à l'édifice pour qu'Anne puisse enfin serrer sa s½ur dans ses bras et lui affirmer que tout ira mieux dès lors. Le chemin a été difficile à arpenter mais chacun s'est donné du mal, malgré les menaces planant telle une épée de Damoclès au-dessus de leur tête, au nom d'une humanité qui appartient à tous in fine, au-delà des différences.

Pour conclure, je dirais que Jean-Claude Mourlevat a frappé fort avec ce titre qui a su m'ébranler des pieds à la tête. L'écriture nous transporte, malgré quelques répétitions qui m'ont fait grincer des dents (qu'est-ce qu'on a pu me morigéner à propos de ça !) mais rien de bien méchant cependant. Cela n'enlève pas à l'auteur la magie de sa plume, fluide, limpide comme de l'eau de roche, qui scintille de minuscules éclats telle une fée. Oui, cette plume, je la vois bien comme une fée qui saupoudre ses univers et ses rebondissements haletants de poussière qui nous fait nous envoler. Pas le temps de souffler, le train est en marche et une personne nous attend pour un sauvetage qui ne s'est que trop fait attendre ! Il va falloir affronter les autorités en instance, faire preuve d'un sang-froid inégalable, tout en mettant son torse à plat, aucun signe de respiration ne doit transparaître pour passer incognito. Le risque de se faire tuer balancé par la fenêtre est très élevé mais pas de panique ! Les amis sont là pour ça, leur aide ne souffre aucun obstacle. Celle d'un très beau et charmant jeune homme au c½ur paumé sur ses origines et au c½ur repentant et celle d'un vieil homme esseulé par la course effrénée de sa vie qui a célébré l'Amour à chaque instant avec sa radieuse femme de l'auto-route et désormais avec sa choyée petite fille, si attentive, attendrissante et vivace, ne seront pas de trop ! Si l'armée n'est pas à nos trousses, l'angoisse omniprésente que l'être aimé soit déjà mort et un désert aride et inhospitalier à la vie humaine garderont notre tension fortement élevée, sans inquiétude ! Rien de tel que la splendide musique du groupe Keane pour nous envoûter et nous raccrocher à l'humanité et à la liberté chéries. Vivez, mes amis, tout comme la plume de cet auteur est vibrante d'imagination et de réalisme tout à la fois, vibrante de cette dignité d'être colportrice de la beauté de ce bas monde, de ses arts, de ses relations humaines, de ce pied frétillant qui prend contact avec un sol frais de rosée et vigoureux dans chaque fibre de son brin d'herbe, de ses cinq sens exaltés en tous coins, de cette envie d'avoir les yeux plus grands que le ventre et de savourer chaque instant, les bons comme les mauvais. Imaginez tout ce que vous aimez, tout ce que vous détestez, tout ce qui vous touche ou rebute au plus haut point, tout ce qui vous enchante, tout ce qui vous attriste, tout ce qui vous fait dire que la vie vaut la peine d'être vécue. Cela vous plait de plus en plus et cela vous va de moins en moins. Ainsi va le cours de la vie et vous ne changeriez cela pour rien au monde. L'écriture et l'imaginaire de Jean-Claude Mourlevat, magicien bienveillant de la littérature jeunesse, vous ouvre la porte à cette réalité, VOTRE réalité : vous êtes en vie, ça n'a pas de prix et ce n'est pas à prendre. Prenez une grande inspiration. Respirez et espérez.-Prêts à vous jeter à l'eau de la CAMPAGNE et à croire vous aussi, l'esprit aussi attisé par la curiosité et scintillant que les enfants ? Si votre c½ur en fait le souhait, CAMPAGNE pourrait se trouver sur le bord de votre route... Il suffit juste d'y croire...

« Je suis amoureuse de cette Terre sur laquelle j'ai mes pieds. Je l'aime avec tous ses défauts, toutes ses tares. Je l'aime à cause de ça. J'aime le trop froid et le trop chaud, la pluie, la boue, les embouteillages, les examens ratés, les cartes postales moches, les mensonges, les larmes, les blessures et la mort. J'aime ce qui manque et ce qui dépasse, j'aime le trop et le pas assez, je veux me brûler aux orties et aux casseroles, ça ne me dérange pas, je veux bien égarer mes clés, avoir mal à la tête, être trompée (pas par Bran), être bousculée. Mais je prends aussi les bonnes choses. Je veux être caressée, je veux manger des banana split, je veux écouter de la bonne musique, recevoir des lettres, voir naître des bébés, faire la sieste, aller à Venise... Je veux faire entrer l'air dans mes poumons... Je veux respirer. »
Tags : Fiche Lecture, Gallimard Jeunesse, Jean-Claude Mourlevat, 2011, Terrienne, Roman jeunesse, Science-fiction, Monde parallèle, danger, enlèvements, Soeurs, amour, amitié, espoir, disparitions, étrange, fantastique, phénomènes paranormaux, sauvetage, famille, rencontres, quête, révélations, Terre, respirer, leçon de vie, humanité, drame, dystopie, courage, union, alliés, beauté de l'existence, Très belle lecture
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#Posté le mercredi 01 novembre 2017 05:00

Modifié le vendredi 10 novembre 2017 06:20

FICHE LECTURE : E.V.E.

FICHE LECTURE : E.V.E.

SCIENCE-FICTION | 2017 | CARINA ROZENFELD | YOUNG ADULT, THRILLER, FUTUR INDÉTERMINÉ, ENQUÊTE, ROMAN D'ANTICIPATION, MACHINES, INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, NOUVELLES TECHNOLOGIES, MODERNITÉ, RÉVOLTE, ANARCHIE, QUÊTE D'IDENTITÉ, HUMANITÉ, AMOUR, AMITIÉ, APPRENTISSAGE, SURVEILLANCE...
384 pages | 16,95¤.

Entité. Vigilance. Enquête. ELLE IGNORE QUI ELLE EST, POURTANT ELLE SAIT TOUT DE VOUS.

➜ Elle s'appelle EVE. Elle n'a aucune idée de son apparence. Elle ne ressent rien. Et pourtant le monde n'a pour elle aucun secret, parce qu'elle le perçoit à travers les yeux de millions d'êtres humains. 24 h sur 24, elle assiste à leur quotidien. Son rôle ? Surveiller la population et signaler en temps réel les crimes et les délits. EVE est infaillible... jusqu'au jour où elle assiste à l'agression de la jeune Éva Lewis sans parvenir à identifier le coupable. Pour comprendre ce qui s'est passé, EVE investit à l'insu de tous le corps d'Éva. Et découvre le plaisir grisant de la vie réelle.

L'AUTEURE : Carina Rozenfeld est née à Paris en 1972. Après des études d'urbanisme, elle a travaillé dans l'édition et la presse. Aujourd'hui, elle se consacre à l'écriture et est l'auteur d'une vingtaine de romans. Chez Syros, elle a publié Les Clefs de Babel (coll. Soon, 2009), qui a obtenu de nombreux prix littéraires, dont le renommé prix des Incorruptibles, et qui figure sur la liste de l'Education nationale pour les collégiens ; Les Sentinelles du futur en 2013, deux Mini Syros Soon et un roman dans la collection Tip Tongue, Qui a vu le Phantom of the Opera ?, en 2016.

FICHE LECTURE : E.V.E.
Une fois n'est pas coutume, je tiens dans un premier temps à remercier de tout c½ur les éditions Syros pour ce bel envoi qui me faisait tant envie et que j'ai tout simplement savouré après réception. L'attente a été vraiment dure, car cette nouveauté livresque me faisait les yeux doux avec sa couverture futuriste et son contraste avec son rose chatoyant et son bleu foncé, sa jeune fille violacée baignée d'un bleu plus clair, comme si elle voyait le ciel dans son horizon (oui, j'ai de l'imagination), un monde plus vivant. Du coup, le fait que ma demande de service de presse ait été acceptée n'a rendu sa lecture que plus douce et jouissive. Ce fut un véritable enchantement et vous avez toute ma gratitude. Ajoutons à cela que j'avais eu la chance de rencontrer Carina Rozenfeld, l'auteure, lors des Imaginales 2017 (dans mes Vosges ♥) et elle s'est montrée toute douce, très avenante.

FICHE LECTURE : E.V.E.
Sa gentillesse se lit sur ces traits et s'en est trouvée confirmée lors de ce bref entretien. Je n'avais pas grand chose à lui dire et j'étais embarrassée car, comme je le lui ai expliqué, j'avais tellement entendu de bien d'elle mais je n'avais jamais encore eu le temps de lire un de ses romans. En réponse, elle m'a souhaité le meilleur bienvenue qui soit dans son petit univers, avec le plus mignon et gentil des sourires. J'ai ainsi été conquise par le chant de son héroïne Abrielle dans La Symphonie des abysses (mon petit achat au stand où elle se situait), et E.V.E. fut une autre belle découverte, qui m'a confirmé que j'avais bien frappé à la bonne porte au niveau paradis littéraire. Cette nouvelle parution nous plonge au sein d'un futur plus ou moins proche, dans une mégalopole de trente millions d'âmes, à l'instar de Tokyo et de sa périphérie, prénommée Citypolis. Un nom qui, je pense, n'a pas été choisi au hasard tant il symbolise l'anonymat de cette ville, qui ressemble à n'importe laquelle des grandes capitales de notre époque actuelle. Elle en est vide de personnalité, je me la représentais dans mon esprit immaculée, lambrissée de plaques en verre propres comme un sou neuf. Voilà, une grande ville proprette à l'éclat bien terne et inintéressant. Pourtant, elle possède une particularité qui pourrait nous séduire.

FICHE LECTURE : E.V.E.
Je souligne bien le pourrait car cette particularité a un désavantage conséquent. En effet, cette ville est exempte de criminalité, la violence y a fait une chute libre grâce aux fameuses E.V.E.s (Entité. Vigilance. Enquête) dont fait partie la nôtre. Celle-ci va nous narrer son histoire pour le moins peu commune, son quotidien où elle doit s'introduire tel un parasite dans la vie privée des différents citoyens afin de s'assurer que leurs signes vitaux ne s'affolent pas. Ébats sexuels, rendez-vous amoureux, moments gênants de la vie de tous les jours, sont donc épiées par ces entités dont on ne sait rien, si ce n'est qu'elles assurent la sécurité et la protection au sein de Citypolis.

FICHE LECTURE : E.V.E.
En avertissant directement les agents d'intervention. On peut comprendre que ce système aussi efficace que redoutable peut en perturber certains malgré ses attraits (j'ai été impressionnée en tout cas). En comparaison, notre service de surveillance est loin de servir nos intérêts *raclements de gorge*. Bref... Ce point de vue d'un esprit machinal, préparé à répondre à des questions toutes faites et à un certain automatisme, va s'ouvrir et s'épanouir à l'Humanité lorsqu'il va être témoin d'un crime d'une grande brutalité qui était totalement imprévisible. Son immersion va permettre à la victime d'avoir son corps maintenu en vie d'une manière miraculeuse, mais son âme, elle, a déjà rejoint les cieux. Notre narratrice peu ordinaire, E.V.E., va alors pouvoir jouir des sensations, celle de respirer, de rire, de sentir le soleil ou la pluie sur sa peau, celle d'être aimée, de ressentir de l'amitié, du désespoir, celle enfin de choisir sa destinée. E.V.E. va constituer un personnage attachant et attendrissant, que je ne pouvais que comprendre : face à la beauté de la vie humaine, à sa complexité et à cet émerveillement et joie que cela procure, comment résister ?

FICHE LECTURE : E.V.E.
Notre programme de vigilance aux origines bien sombres (préparez-vous à un choc de ce côté-là d'ailleurs) va alors s'humaniser au fil des pages, se libérer des carcans de la vitre derrière laquelle elle est confinée, même si elle va se sentir terriblement mal, culpabiliser à l'idée de voler à la défunte Éva son corps, de violer sa propriété en somme, et de mentir aux yeux de tous. In fine, E.V.E. est le personnage que j'ai trouvé être le plus intelligent, empathique, sensible et brave, altruiste, de l'histoire. Le personnage le plus remarquable de par son comportement, son attitude et ses pensées qui relèvent d'un véritable apprentissage pour cette entité aux fonctions de prime abord purement robotiques.

FICHE LECTURE : E.V.E.
J'ai beaucoup aimé le raisonnement que cela amène, à savoir : quelle est la frontière entre l'Homme et le fruit de sa création, le robot ? Une conception scientifique et technologique a-t-elle le droit de s'approprier des caractères humains, d'être considérée comme telle ? Si, au départ, le fait qu'E.V.E. insuffle le souffle de vie nécessaire au corps d'Éva afin que ce dernier ne devienne point un véritable cadavre est somme toutes assez surprenant, voir effrayant, très vite, j'ai vu E.V.E. comme une personnalité, un individu hors normes qui, lui aussi, avait le droit de vivre pour lui-même. Cette entité est certainement bien plus humaine, juste et sensée que l'essentiel des personnages nés-humains dans ce roman, qui paraissent bien fades en comparaison. J'ai fortement apprécié l'optimisme que la vision de l'auteure apporte sur le sujet de la high-tech,-de son empreinte croissante sur notre vie.

ஜ Avec un juste-milieu qui nous permet de nous poser beaucoup de questions et de nous montrer plus tolérant, compatissant avec notre prochain et le monde qui nous entoure. Et de croquer la vie à pleines dents également, car ce don que nous avons en tant qu'êtres vivants ayant notre libre-arbitre est très précieux. Bref, ce roman prenant de bout en bout dégage plein de bonnes ondes, et je ne peux que vous le recommander ♥

« Je m'appelle E.V.E. Je suis. C'est tout ce que je sais de moi. Je ne vois rien, je n'entends rien, je n'ai pas de sensations, je n'éprouve aucune émotion. Je n'ai aucune idée de mon apparence, de la façon dont je suis née, de qui m'a créée. Pourtant, le monde n'a aucun mystère pour moi, parce que je le perçois à travers les yeux de millions d'êtres humains. »

Source des images : We♥it.

FICHE LECTURE : E.V.E.
Tags : Fiche Lecture, Service Presse, E.V.E., Carina Rozenfeld, Editions Syros, 2017, Science-fiction, Young Adult, thriller, futur indéterminé, enquête, Roman d'anticipation, machines, Intelligence Artificielle, nouvelles technologies, modernité, révolte, anarchie, quête d'identité, humanité, Amour ♥., Amitié ♥, apprentissage, surveillance
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#Posté le mercredi 23 août 2017 06:33

Modifié le jeudi 24 août 2017 13:59

FICHE LECTURE : Dracula

FICHE LECTURE : Dracula

FANTASTIQUE, ROMAN ÉPISTOLAIRE | 1897 | BRAM STOKER | VAMPIRES, MAL, TRAQUE, FOLIE, HORREUR, ÉPOUVANTE, MYSTÈRE, GOTHIQUE, AVENTURE, FRISSONS, SENSUALITÉ, MÉTAMORPHOSE, ÉTRANGE, RELIGION, PIÉTÉ, AMITIÉ, CARPATES, TRANSYLVANIE, ANGLETERRE VICTORIENNE, LONDRES, MYTHE, MORT, DÉMONS, HUMANITÉ...

➜ De Londres au fin fond des Carpates, quel périple ! En arrivant à Bistritz, Jonathan Harker est épuisé. Mais son hôte, le comte Dracula, a tout prévu : une chambre est retenue à l'auberge. Le lendemain, Jonathan prendra la diligence jusqu'au col de Borgo. De là, une calèche le conduira au château.
Mais pourquoi les habitants du village se signent-ils avec des mines épouvantées quand Jonathan leur dit où il compte se rendre ? Pourquoi lui fait-on cadeau d'un crucifix ? De guirlandes d'ail ? Il est vrai que ce pays est celui de toutes les superstitions...
Malgré ces mises en garde, Jonathan Harker poursuit sa route. Certes, ces montagnes escarpées, ces loups qui hurlent dans le lointain ont de quoi vous faire frissonner. Mais enfin, nous sommes au XIXe siècle, que diable ! Et Jonathan est un homme raisonnable...

FICHE LECTURE : Dracula
Aujourd'hui, je vous présente un grand classique de la littérature du XIXème qui n'a même plus besoin d'être présenté à vrai dire : je vais vous parler du fameux Dracula, qui nous fait trembler depuis 1897 et qui n'a cessé d'inspirer la littérature, le cinéma, la musique et la télévision en faisant proliférer le peuple des enfants de la Nuit, j'ai nommé les vampyrs (communément "vampires" chez le commun des mortels). Une fois n'est pas coutume, et vous allez y être rapidement habitués (si vous ne l'êtes pas déjà d'ailleurs), c'est l'adorable Pauline de la chaîne Pinupapple & Books (pour sa vidéo spéciale Lectures d'Halloween, c'est ici) qui m'a définitivement décidée à lire cet incontournable ouvrage littéraire, à mettre entre les mains de tous les lecteurs au moins une fois dans leur vie afin de se faire sa propre opinion. Et pourquoi donc avais-je tant tergiverser à me plonger dans les ténèbres les plus noires avec ce roman, moi qui suis si friande de littérature de l'ère victorienne et fantastique par-dessus le marché ? Tout simplement car je nourrissais beaucoup de préjugés à son égard. Ce roman, qui est un pilier à lui tout seul, qui est à l'origine d'un univers si prolifique et étendu qui continue à prospérer de nos jours, en particulier chez les ados mais aussi chez un public plus âgé, aurait dû capter immédiatement mon intérêt et suscité mon envie. Or, j'ai eu un temps l'effet tout inverse.

FICHE LECTURE : Dracula
Laissez-moi juste vous narrer le début de ma petite longue histoire avec Dracula.-Il y a six ans, alors que j'étais en quatrième, le thème de notre étude en cours de Français était la littérature fantastique. L'aboutissement de tous ces cours a été un exposé sur une oeuvre classique de fantastique à choisir parmi une liste. Tandis que la plupart des élèves se sont jetés sur la nouvelle La dame de pique de Pouchkine (le texte le plus court sur l'ensemble proposé bien sûr), je me suis pour ma part intéressée aux pavés de la liste, y étant accoutumée. J'ai alors dû faire le choix, et pas des moindres, entre Frankenstein et Dracula, deux romans pour lesquels je nourrissais des préjugés incommensurable et injustifiés. Dans l'un, le fantôme de Boris Karloff planait, et dans l'autre, ma saturation des créatures aux dents longues me donnait des relents d'acidité. In fine, j'ai dévoré le Prométhée moderne et je dois avouer que je ne regrette pas de l'avoir fait passé en premier, tant il m'a transpercé le c½ur et me marque encore aujourd'hui de par son intelligence et sa force. Mary Shelley devait sûrement avoir un bel esprit éclairé, sa plume est remarquable. Cependant, celle irlandaise de Bram Stoker l'est aussi, et c'est avec une grande fierté et un baume au c½ur que j'ai refermé Dracula après une lecture minutieuse et pas à pas, celle-là. Le temps de puiser la force et la volonté d'un groupe de personnes au dessein noble, au c½ur pur et à l'ingéniosité redoutable. Voilà mes préjugés effacés du tableau, prêts à reposer au tombeau à tout jamais.

FICHE LECTURE : Dracula
L'aspect épistolaire d'un roman ne m'a jamais effrayée, bien au contraire. C'est un type de lecture que je rencontre peu souvent et, quand cela est le cas, je plonge d'autant plus à corps perdu dans l'histoire car c'est comme si j'étais dans la confidence, que j'étais un personnage à part entière qui va lui aussi faire évoluer le récit et apporter du soutien à l'auteur de la lettre ou du journal rien qu'en lisant. Cela exacerbe mon immersion dans le récit et rend mes sens plus affûtés, mes émotions plus ardentes et authentiques encore. Cela nous permet de plonger clairement dans les états d'âmes des personnages, de découvrir leur ressenti précis face aux événements : le désarroi de Jonathan Harker, le désespoir amoureux de John Seward,-l'abysse de tristesse d'Arthur Holmwood, la compassion et rage de vaincre de Van Helsing, le soutien de Quincey et les craintes de la douce Mina.

FICHE LECTURE : Dracula
Tout cela transpire des divers lettres jetées à la mer, journaux testaments d'une entreprise inévitable et morbide, au profit de l'Humanité, et cela est purement, simplement captivant. Cependant, ce qui est en ressort par-dessus tout, et qui se dégage de chaque pion de cette intrigue noire et à couper le souffle, y compris de Dracula himself, c'est de la détermination. De chaque fibre de leur être, ces personnages aspirent à accomplir quelque chose de grand, inspirés par le bien de l'Homme ou le Mal de l'Enfer, à laisser une trace indélébile sur Terre, libératrice ou néfaste. Et je n'ai pu qu'être contaminée par cette envie oppressante d'Agir, de faire face aux pires obscénités du démon pour permettre un meilleur futur à ce monde embrumé. En ouvrant ce livre phare, je me suis embarquée dans une sacrée aventure mystique, qui a enclenché tous mes sens.

FICHE LECTURE : Dracula
L'écriture de Bram Stoker pourra vous sembler trop "pompeuse" ou alambiquée mais je l'ai justement adoré pour cela, elle m'a fait ressentir tous les états d'âme des personnages au plus profond de moi, ce qui a décuplé ce que je pouvais moi-même éprouver durant mon intense et périlleuse lecture et j'ai pu ainsi en savourer toute l'essence. Surtout, j'ai été profondément touchée par la bienveillance attentive que les personnages démontrent les uns envers les autres, ils se soutiennent, s'épaulent, et jamais personne ne se retrouve abandonné, malgré les risques de vampirisme injecté par les crocs de Dracula.

FICHE LECTURE : Dracula
Ou bien la lourdeur de la tâche de tuer un être humain possédé par un démon d'un autre niveau. Cela m'a fait du bien que des sentiments aussi nobles pouvaient être de mise, là où notre monde est toujours si cruel et de surcroît, dans une histoire aussi noire ! Quel beau contraste ! Cela m'a redonné espoir et cela constitue une lumière, un phare dans ce récit semé d'angoisse. Après, peut-être est-ce la traduction que j'ai lue qui donne une telle aura à ce roman, je l'ai beaucoup apprécié malgré les nombreuses répétitions et les fautes de frappe qui ont parsemé ma lecture et qui m'ont sauté aux yeux, même après une longue journée de travail.-Du coup, j'en saurais d'autant plus curieuse de lire la version irlandaise originelle et je continuerais mon épopée draculienne en compagnie de Dracula, l'Immortel, écrit notamment par un descendant de Bram, Dacre Stoker.

Ce dernier semblait armé de bonnes intentions et de fidélité envers l'oeuvre pour le moins éternelle de son aïeul (voir informations en fin de livre). Cela m'a rendue vraiment avenante envers cette suite "officielle" qui saura me donner tous les éléments de réponses dont j'ai besoin concernant la naissance de l'amitié Mina/Lucie, la rencontre entre Mina et Jonathan, le cas Renfield... En attendant de me procurer cet ouvrage, je ne peux que vous conseiller chaudement la lecture de ce grand classique qui aura marqué ma vie de lectrice et que je suis très fière d'avoir lu !

Source des images : We♥it.

« Sans doute les larmes font-elles du bien parfois ; sans doute rafraîchissent-elles l'atmosphère comme le fait la pluie... »

FICHE LECTURE : Dracula
Tags : Fiche Lecture, Dracula ♥, Grand classique, Littérature irlandaise, XIXe siècle, Pinupappleandbooks, Halloween, Fantastique, roman épistolaire, 1897, Bram Stoker, Vampires ♥, Bien/Mal, traque, folie, horreur, épouvante, mystère, gothique, aventure, frissons, sensualité, métamorphose, étrange, religion, piété, amitié, Carpates, Transylvanie, Angleterre victorienne, Londres, mythe, mort, démons, humanité
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#Posté le vendredi 18 août 2017 11:25

Modifié le lundi 21 août 2017 03:37



"No matter how many weapons you have, no matter how great your technology might be, the world cannot live without love."

Source des gifs : eathons.
Tags : le château dans le ciel ♥, Hayao Miyazaki ♥, 1986, Studio Ghibli. ♥, steampunk, écologie, nature, technologie, humanité, amour, top 5 Ghibli favoris, favorite animated movies ♥, Japan ♥, Laputa ♥, Laputa : Castle in the sky
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#Posté le mardi 11 juillet 2017 10:28

FICHE LECTURE : La tresse

FICHE LECTURE : La tresse

CONTEMPORAIN | 2017 | LAETITIA COLOMBANI | LIBERTÉ, ESPOIR, HUMANITÉ, SOLIDARITÉ, FEMMES, FORCE, COURAGE, RÉVOLTE, DÉTERMINATION, LUTTE CONTRE LA DISCRIMINATION, FOI, CROYANCE, ESPÉRANCE, COMBAT...

➜ Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.

Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l'école.

Sicile. Giulia travaille dans l'atelier de son père. Lorsqu'il est victime d'un accident, elle découvre que l'entreprise familiale est ruinée.

Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu'elle est gravement malade.

Liées sans le savoir par ce qu'elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est destiné et décident de se battre. Vibrantes d'humanité, leurs histoires tissent une tresse d'espoir et de solidarité.

FICHE LECTURE : La tresse
Tout d'abord, merci aux éditions Grasset pour ce généreux envoi. Cela me fait chaud au c½ur. Merci aussi à Emilie de la chaîne Youtube Bulledop de m'avoir fait découvrir ce titre "parfait pour l'été" pour reprendre ses mots. En effet, si vous cherchez une lecture à la fois légère, au niveau du nombre de pages s'entend, aérienne, rafraîchissante de par ses bouffées d'espoir et l'écriture de l'auteur, simple, percutante, fluide et qui nous parle à tous, mais qui allie aussi son efficacité à une intensité émotionnelle et du message, des valeurs véhiculées, alors oui, La tresse est fait pour vous et votre chaise longue pour parer aux chaleurs lourdes qui nous tombent dessus en ce moment. Et puis une lecture qui ne tourne pas autour du pot, qui est sans fioritures superficielles, ça me dépayse aussi. Je n'étais pas très familière du travail de notre écrivain multifonctions (actrice, réalisatrice et scénariste, rien que ça) mais je n'hésiterai pas à me pencher dessus à l'avenir. En tant qu'auteur, ce qui est sûr, c'est que c'est une réussite à mes yeux, pari réussi, et j'espère que ce n'est le début de sa propre tresse tissée avec ce destin-là. Moi, en tout cas, elle m'a convaincue et j'ai envie de découvrir plus des pensées de cette femme sur notre monde dans d'autres ouvrages.

FICHE LECTURE : La tresse
L'intrigue suit le parcours incroyable de trois femmes qui partagent une même détermination, force de volonté et aspiration à la liberté qui m'ont laissée sans voix. Je me suis de suite attachée à ces trois figures d'espoir, d'acharnement et qui refusent de se faire écraser par une société injuste, abjecte et discriminante à tous les points de vue : sexisme, racisme, religion, opinions divergentes, maladie... Le roman s'ouvre sur la condition plus bas que terre de Smita, l'Indienne dite "Intouchable", ceux que le Mahatma Gandhi appelait "les enfants de Dieu", les rejetés dans la hiérarchie hindoue. Smita a dû accepter sa place de Dalit sans mot dire, et est contrainte à ramasser la merde des autres (littéralement parlant) chaque jour pour gagner sa vie. Ce livre peut être qualifier de féministe, mais ce que je trouve intelligent de la part de l'auteur, c'est qu'elle montre que la discrimination n'a pas de sexe.

FICHE LECTURE : La tresse
Par exemple, le mari de Smita est au même rang qu'elle, sauf qu'il doit lui récolter les rats (encore littéralement parlant) qui deviennent sa seule possession et nourriture pour lui et sa famille. Alors que ce dernier accepte d'une façon déconcertante son rang dégradant et sa destinée funeste, Smita, quant à elle, refuse de s'excommunier de sa religion ancestrale, ancrée comme elle est en sa foi en Vishnou, mais ne peut permettre que sa si belle et gracieuse fille, Lalita, qui a dit "non" et n'a pas ployé face au Brahmane de l'école alors qu'elle n'a que six ans, devienne une ramasseuse d'excréments comme sa mère et grandisse dans la puanteur. De par sa situation effarante et presque inimaginable à mes yeux, Smita a forcé mon respect et son cheminement vers la liberté totale et l'éducation de sa fille adorée,_qui devient un pèlerinage symbole de foi inébranlable et de jours meilleurs, m'a fascinée de bout en bout.

FICHE LECTURE : La tresse
Nous découvrons ensuite le second point de vue qui est celui de Guilia, ou le personnage auquel je me suis le plus identifiée je dirais. En effet, cette jeune sicilienne est à peine plus âgée que moi et voue une passion dévorante pour la littérature, que ce soit romans ou poésie des auteurs de son pays, qui la rendent fière (voir citation que j'ai sélectionnée)._Qui plus est, elle ne s'intéresse nullement aux sorties en boîte, aux orgies d'alcool avec les copains, elle est une jeune fille calme, appliquée, et qui accorde une importance primordiale à sa famille et à ses collègues à l'usine familiale, des femmes dévouées à leur travail comme elle qu'elle considère comme des s½urs.

FICHE LECTURE : La tresse
J'ai trouvé que Giulia avait de splendides valeurs, et une belle évolution au travers de ce roman (nos trois femmes la vivent toutes en fait) : de jeune fille docile et vénérant le papa et la mamma sicilienne, Giulia se transforme en un papillon qui ouvre grand ses ailes, un vrai petit bout de femme enflammé par l'amour que lui prodigue Kamel, un jeune homme qui, comme elle, défend ses idéaux bec et ongles et qui lui insufflera un véritable optimisme, une confiance sans failles. Ils forment un couple magnifique et inspirant. Enfin, Sarah, la quadragénaire canadienne, est à l'image de la femme moderne, working girl modèle, wonder woman à plein temps : elle réussit tous ses dossiers à son cabinet, elle est une femme qui séduit, deux mariages, trois beaux enfants, et le Graal de sa carrière, qui a demandé tant de sueur et de larmes, est a portée de mains, mais la maladie va tout gâcher.

FICHE LECTURE : La tresse
Pour conclure, je dirais que ce roman est une jolie pépite à mettre entre toutes les mains cet été, et à lire au moins une fois dans sa vie. Ça en vaut le détour. Au fur et à mesure que ces trois destins de femmes se font écho et s'entremêlent, le roman atteint un climax avec le personnage de Sarah, qui connaît la plus libératrice des évolutions et remises en question et cela nous met une sacrée claque dans la figure. Celle dont la fille a une sensibilité exacerbée face à la souffrance d'autrui (un point dans lequel je me reconnais bien aussi) va désamorcer la bombe qui sommeillait en elle et se montrer reconnaissante et apaisée de la vie qu'elle mène, malgré la mandarine qui la ronge à petit feu. Je vous laisse profiter de la force de frappe des phrases de l'auteur, qui deviennent de plus en plus intenses au fil du roman, et je remercie encore Grasset pour ce sublime envoi. Voilà une lecture que je ne suis pas prête d'oublier, et je me replongerai avec plaisir entre ces pages, qui ont un doux parfum de liberté et de force humaine (je vous jure que cette senteur existe), afin de me faire une piqûre de rappel._Pussiez vous trouver votre Vishnou, votre Kamel ou votre Magic Ron (et non, je ne parle pas de celui d'Harry Potter) auquel vous raccrocher. COUP DE C¼UR ♥

« A la clameur des discothèques, Giulia préfère le silence feutré de la bibliothèque communale. Elle s'y rend chaque jour à l'heure du déjeuner. Insatiable lectrice, elle aime l'ambiance des grandes salles tapissées de livres, que seul le bruissement des pages vient troubler. Il lui semble qu'il y a là quelque chose de religieux, un recueillement quasi mystique qui lui plaît. Lorsqu'elle lit, Giulia ne voit pas le temps passer. »

Source des images : BibliObs, bythelake, Booknode, We♥it, http://resistelacomediemusicale.fr.

FICHE LECTURE : La tresse
Tags : Fiche lecture, La tresse, Service Presse, Grasset, Laetitia Colombani, Liberté, espoir, humanité, solidarité, femmes, force, courage, révolte, détermination, lutte contre la discrimination, foi, croyance, espérance, combat, coup de coeur ♥
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#Posté le vendredi 09 juin 2017 14:58

Modifié le mardi 20 juin 2017 14:36

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